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Les combattants vendéens de la famille Cochard

Pierre Cochard et son fils ainé François qui étaient membres de l’assemblée communale lors de l’établissement du cahier de doléances des Cerqueux en 1789 ont respectivement, 70 et 45 ans en 1793.
Ils vont, sans doute, encourager, soutenir les membres de la famille qui vont combattre mais aucune trace d’eux en tant qu’acteurs directs n’a été retrouvée.
Trois des fils de Pierre, le patriarche qui a eu 19 enfants et l’un de ses gendres vont être combattants de la Grande Armée Catholique et Royale.

Pierre Cochard, 3ème fils du patriarche Pierre

Pierre Cochard, le troisième fils que Pierre a eu avec sa première femme Marie Madeleine Goupil, a 41 ans en 1793. Il a épousé Perrine Henry en 1772 dont il a eu trois fils, Pierre, Louis et Joseph. Il est cultivateur à la Sèvrie.
Il va être de tous les combats de 1793, ceux de Mars décrits par Pierre Devaud mais il participera aussi, aux victoires vendéennes à Chemillé en avril, à Bressuire et à Thouars en Mai, à Coron, Torfou et Saint Fulgent en septembre. Il sera aussi présent lors de la défaite des vendéens à Cholet le 17 octobre puis il va suivre l’armée catholique et royale lors de virée de galerne. Il va passer la Loire, élire La Rochejaquelein généralissime, prendre, avec lui, Laval le 23 octobre. Il sera à Granville le 14 novembre, au Mans le 12 décembre lors des déroutes des vendéens et sera capturé à Savenay le 23 décembre 1793 (3 nivôse an II). Il sera, aussitôt, condamné à mort comme brigand de la Vendée, et exécuté par la commission militaire séante à Savenay.

Pierre Cochard, fils de Pierre, petit-fils du patriarche Pierre

Pierre va entrainer son fils Pierre Cochard né à la Sèvrie le 7 mars 1774, dans cette aventure. Il a épousé Marie Landré, originaire de la paroisse Saint Pierre de Cholet en 1792.
Il a 19 ans lorsqu’il part combattre le 14 mars 1793, il est blessé d’un coup de baïonnette à la cuisse gauche à Martigné-Briand.
Il est charpentier et charron au bourg des Cerqueux pendant la guerre, il va fournir des roues, des moyeux et des planches à l’armée Vendéenne.
Il déclare que pendant le conflit, il lui a été brûlé 40 charretées de planches, des roues, son mobilier, ses effets, 6 charges de grains, le tout pour 8 000 francs.
Comme son père, il est passé outre Loire pendant la virée de galerne, mais lui en reviendra.
Ils auront, lui et sa femme Marie,9 enfants.
Il s’est battu à nouveau en 1799 aux Aubiers et en 1815 aux Echaubrognes et à Thouars.
En 1825, il possède une petite maison qu’il habite pour 47 frs/an.
Il meurt le 8 janvier 1835 à l’âge de 61 ans. Ce sont ses fils, Pierre, Eustache et Esprit Théodore qui déclarent son décès aux Cerqueux de Maulévrier.

Jean Joseph Cochard, 12ème enfant du patriarche Pierre

Le deuxième fils du patriarche Pierre à avoir combattu est son douzième enfant qu’il a eu avec sa deuxième femme Marie Jeanne Augereau.
Jean Joseph Cochard est né le 28 novembre 1769 à la Cantinière. Il a 24 ans lorsqu’il part combattre en 1793. Lui aussi sera de tous les combats, victoires et défaites et lui aussi va participer à la virée de galerne. Il est fait prisonnier avec 98 autres combattants, probablement à Savenay en Décembre 1793. Il est fusillé à Nantes, dans les carrières de Gigant, le 17 Janvier 1794, après avoir été condamné à mort par la commission Bignon.
« Cochart Jean, domicilié à St Aubin, département des Deux-Sèvres, condamné à mort comme brigand de la Vendée, le 28 nivôse an 2 (17 Janvier 1794), par la commission militaire séante à Nantes ». (1)
« Le 28, Jean Cochart et 96 autres sont condamnés à mort… Total, en 10 séances, 1969 condamnations à mort…C’est hors de Nantes, au lieu-dit les Carrières ou les Rochers de Gigant, que ces malheureux étaient fusillés. On employait surtout des hommes ad hoc, des déserteurs allemands, qui, ne sachant pas le français, étaient sourds aux plaintes ». (2)

(1) Vendée historique, 1906, p.196
(2) Charles Berriat-Saint-Prix, La Justice révolutionnaire à Paris et dans les départements, d’après des documents originaux la plupart inédits, 1865

La « commission militaire et révolutionnaire », la plus importante est la dénommée dans l’historiographie « commission Bignon », instituée par les représentants en mission Bourbotte, Prieur de la Marne et Louis Marie Turreau, le 14 décembre 1793, après la bataille du Mans. Transférée à Savenay, puis à Nantes, elle prononce en Loire-Inférieure, du 19 décembre 1793 au 10 février 1794 pas moins de 2637 jugements, dont 2620 condamnations à mort pour rébellion armée, sur simple constatation d’identité, sans entendre de témoins et sans lecture de procès-verbaux d’arrestation ou de dépositions écrites. L’accusé simplement est appelé, son cas est évoqué, et il reçoit presqu’aussitôt la sentence. Les fusillades sont perpétrées non loin de la grande prison de l’Entrepôt à Nantes, dans les carrières de Gigant » (1)

(1) Bruno Hervé, Noyades, fusillades, exécutions : les mises à mort des brigands entre justice et massacres en Loire- Inférieure en l’an II

Nantes

Pierre Cochard, 13ème enfant du patriarche Pierre

Le troisième fils du patriarche à avoir combattu est son treizième enfant qu’il a eu avec sa deuxième femme Marie Jeanne Augereau. Il s’appelle lui aussi Pierre Cochard. Il est né à la Sèvrie le 7 mai 1771, il a donc 22 ans lorsqu’il participe aux combats en 1793. On retrouve la trace de sa participation dans le « Mémoire de proposition de pensions et gratifications » (1816, archives de Clisson). Il épousera Rose Angélique Michel en 1800 aux Cerqueux. Il est alors laboureur à la Sèvrie. Pierre décédera en 1819 à 48 ans.

Perrine Louise Cochard, 8ème enfant du patriarche Pierre, veuve de Jacques Gourdon

Perrine Louise Cochard, 8ème enfant du patriarche est née en 1761. Elle épouse, en premières noces, Jacques Richard, le 25 septembre 1782 à Etusson. Suite au décès de celui-ci, elle se remarie avec Jacques Gourdon le 29 mai 1786 aux Cerqueux de Maulévrier. Celui-ci sera tué au combat à Saint Aubin de Baubigné en 1793.

Perrine Louise perçoit une pension de 50 francs en 1816, en tant que veuve d’un combattant vendéen.

27 juin 1816 : Pensions accordées à 319 veuves d’anciens combattants et à 2 femmes blessées : noms des militaires, grade, noms des veuves, domicile (commune et arrondissement), montant de la pension. Archives départementales de la Vendée : https://etatcivil-archives.vendee.fr/ark:/22574/s005dfad1e460098/5dfad1e53b510

Louis Cochard, neveu du patriarche Pierre

Louis COCHARD le frère de Pierre le patriarche a eu un fils avec son épouse Jeanne Guesdon, lui aussi nommé Louis Cochard en 1752 à la Grande Goinière de Saint Aubin de Baubigné.
Il est cultivateur à « La Grande Goinière » et « Les Roches Mousset » et enfin à la Sèvrie avec son épouse Marie Banchereau qui lui donnera un fils, Jean, lui aussi blessé pendant le conflit.
Il fera les 3 guerres (1793, 1799 et 1815) et en 1793 recevra un coup de feu au bras gauche qui le gênera par la suite dans les mouvements.
Il figure sur l’état nominatif des militaires de l’armée vendéenne ayant droit à une seule indemnité de 100 francs en1815. (1)

(1) Archives départementales du Maine et Loire,1 M 9-15

Jean Cochard, fils de Louis, petit neveu du patriarche Pierre

Jean Cochard le fils de Louis est né à la Sèvrie, le 7 juillet 1771.
Dans le « Mémoire de proposition de pensions et gratifications » (1816, archives de Clisson), on trouve Jean Cochard, blessé aux combats de Thouars et la Chataigneraie mais aussi aux Archives Départementales des Deux-Sèvres (R67-200) en1824, Aide aux anciens soldats :
Jean Cochard soldat a reçu 2 coups de feu à la jambe gauche et à l’épaule gauche aux batailles de Thouars et de la Chataigneraie

Il ne fera que la campagne de 1793 et sera classé comme « estropié » en 1825.
Il était tisserand Cultivateur à la Sèvrie. En janvier 1810 il épousera Thérèse Chabosseau (qui n’est pas issue de la famille Chabosseau des 4 familles). Jean Cochard décédera en 1838 au village de Gaudy à Saint Aubin de Baubigné, à 67 ans.
Le beau-frère de Jean, Pierre Chabosseau sera, lui aussi, blessé de 2 coups de feu à la cuisse gauche et à l’épaule gauche au combat de Jallais.

Perrine Françoise Cochard, fille de François, petite fille du patriarche Pierre, veuve d’André-Gervais Brouard

André-Gervais Brouard est né en 1777 aux Cerqueux. Il est le fils de Joseph et de Perrine Renaudin. Il est cultivateur à la Petite Foucherie en 1813, année où il épousera Perrine Françoise Cochard, l’une des filles de François Cochard, petite fille du patriarche Pierre, née en 1790 à l’Augerie. Ils auront une fille, Françoise.
Engagé très jeune à16 ans dans le conflit, il servira comme soldat et passera la Loire.
Il décède à 42 ans en 1819 et sa veuve obtiendra un secours de 50 frs après 1830. (1)

(1) Archives départementales du Maine et Loire, Dossiers Vendéens

Son frère François combattit à ses côtés et fut blessé, et 3 de ses cousins : François Martin, Louis et Perrine Brouard furent tués.

Magdeleine Cochard, 11ème enfant du patriarche Pierre et son mari Mathurin Challet

Tragédie aux Margirandièresjuin et août 1794

Magdeleine Cochard, 11ème enfant du patriarche Pierre est née le 19 avril 1768 à la Cantinière, en la commune de Saint-Aubin-de-Baubigné. Elle épouse le 21 juillet 1789, le jour précédant la Grande Peur, Mathurin Challet, de 3 ans son ainé, veuf de Marie Berson. Ses témoins sont : son père Pierre Cochard et son beau-frère Jacques Gourdon.
Le couple s’installe dans l’une des borderies des Margirandières. De cette union vont naître 3 enfants : Magdeleine Rose en avril 1790, Marie en mai 1792 et Mathurin Pierre le 2 juin 1794.

10 jours plus tard, le 12 juin 1794, Mathurin Challet est tué par l’incursion d’une colonne républicaine.

Magdeleine meurt, deux mois plus tard, le 25 août 1794. Meurt-elle des suites de son accouchement ? de coups et blessures reçus en juin ? nous ne le savons pas.
Ils laissent leurs trois enfants âgés de 4 ans, 2 ans et 2 mois, orphelins de père et de mère.

Mathurin Pierre, le petit orphelin, épousera le 13 mai 1823, dans l’église des Cerqueux, Jeanne Perrine Devaud, la petite fille de Pierre Devaud (auteur du livre de la Gère) , liant ainsi les familles Cochard et Devaud.

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Le Poitou

Des Pictes à Charlemagne

Ce sont les celtes Pictes (qui tirent leur nom de l’habitude qu’ils ont de se peindre ou de tatouer le corps) qui vont donner naissance au Poitou. Les tribus pictes s’installent sur tout le territoire allant de la Loire au nord jusqu’à la Charente au sud, et du Massif-central à l’est, jusqu’à l’océan. Le territoire avait deux oppida sur ses extrémités : Limonum (Poitiers) et Ratiatum (Rezé). Ratatium est le premier port poitevin avant l’arrivée des Romains. Les celtes Pictes introduisent la charrue, la herse, la faucille, la faux, et pratiquent la chasse, la pêche, l’élevage, l’apiculture, la culture des céréales, du lin et du chanvre.

A l’arrivée des Romains, les Pictes sont très hostiles et fournissent le plus gros contingent pour libérer Vercingétorix (20 000 picto-santones). Malgré la défaite, les armées pictes, menées par le chef Ande Dumnacus, continuent de lutter pour leur indépendance et assiègent les armées romaines de Caninius réfugiés dans Limonum (Poitiers). Après une première victoire, ils sont défaits et massacrés aux Ponts-de-Cé, par les armées de Caius Fabius venues en renfort.

Au regard de la vaillance du grand peuple Picte, de leur force et de leur courage, les Pictes ne durent pas verser tribu à Rome. Sous Auguste et durant la “Paix Romaine”, Limonum (Poitiers) fut la métropole administrative et militaire tandis que Mediolanum Santonum (Saintes) devint la métropole religieuse et économique du centre-ouest. La confédération celtique à laquelle appartient le Poitou est démembrée et divisée. Durant deux siècles et demi, le Poitou va connaître une grande prospérité. Les oppida gaulois deviennent de belles agglomérations. Limonum atteint 50 000 habitants. Six grandes voies romaines en partaient en direction de Nantes, Angers, Tours, Lyon par Bourges, Bordeaux par Saintes et Toulouse par Limoges.

Au IVe siècle, Limonum restaurée et prospère devient Poitiers. Place forte Poitiers résiste à l’assaut des Vandales, mais les Wisigoths s’installent en Poitou vers 462. En 507, Clovis défait les Wisigoths à Vouillé, à quelques lieues de Poitiers. Alaric qui commandait les Wisigoths, fut tué et ses soldats furent complètement battus.

Intégrée au Royaume des Francs, la région va connaître une période très troublée. Pour la seconde fois le sort de la Gaule va se jouer en Poitou avec l’invasion sarrasine d’Abd-er-Rahman. En 732, les Poitevins et les Francs de Charles Martel sauvent le Poitou, la Gaule et la Chrétienté à Moussais-la-Bataille, en défaisant complétement les armées arabo-musulmanes et en tuant leur chef.
De Clovis à Charlemagne, durant plus de trois siècles, ce sera l’anarchie. L’église en sera l’élément modérateur et l’élément fédérateur du peuple du Poitou et de la Charente. De nombreux monastères et abbayes sont édifiés.

Les comtes-ducs de Poitou

Banniere du Poitou

A partir de 820, la région est régulièrement envahie par les Normands. Les Normands pillent et incendient le Poitou pendant un siècle. Une dynastie prend naissance en ces temps troublés, issue des puissants seigneurs francs qui ont en charge la défense du Poitou. Ils combattent les Aquitains au sud, les Normands sur les côtes, les Bretons au nord. Ranulf Ier (Rannoux Ier) est le fondateur de cette puissante et véritable dynastie.

Les Comtes de Poitou, défenseurs de l’Aquitaine (Berry, Limousin, Auvergne et Gascogne), vont donner au Poitou un rayonnement européen qu’il n’aura jamais plus après. Ils créent une cours, des institutions, Ils partent en croisade et consolident leur pouvoir qui va de la Loire aux Pyrénées. En guerre permanente avec les comtes d’Auvergne et de Toulouse, les comtes de Poitou ne peuvent empêcher les empiêtements au nord du domaine poitevin par les comtes de Bretagne avec l’aide du roi de France et des comtes d’Anjou.

De puissantes seigneuries jalonnent le Poitou (Thouars, Châtellerault, Mauléon, Bressuire, Commequiers, Retz, Parthenay, Lusignan, Chauvigny, Châtelaillon, Surgères, Pons, …). En 1066, le vicomte deThouars est à la tête des guerriers poitevins qui participent à la conquête de l’Angleterre avec Guillaume de Normandie. Il en ramènera une grande fortune, grâce à laquelle il bâtira plusieurs édifices religieux. Le diocèse de Poitiers est très grand en superficie et en rayonnement.

Le XIIe siècle voit émerger une culture intellectuelle remarquable. Langue d’oïl et langue d’oc se côtoient, les troubadours répondent aux trouvères en répandant l’idéal chevaleresque. L’architecture poitevine produit des cathédrales qui servent de modèles aux pays voisins. Guillaume VII comte de Poitou partira avec les armées poitevines en croisade en Palestine, puis en Espagne.

Aliénor de Poitou devient l’héritière du comté, ainsi que du duché d’Aquitaine. Après le divorce avec Louis VII en 1152, elle donne le Poitou à Henri Plantagenêt, roi d’Angleterre, comte d’Anjou et du Maine. Elle retourne en Poitou qu’elle gouverne au nom de son fils, Richard (futur Coeur-de-Lion) comte de Poitou, parti en croisade.

Richard « le Poitevin » (Richard « Coeur-de-Lion ») réprima les révoltes seigneuriales mais mourut au siège de Chalus en 1199. Aliénor gouverne le Poitou et en assure la transmission à Jean sans Terre. En 1204, Aliénor la Grande, la Poitevine, meurt. Philippe Auguste en profitera pour rattacher, en quelque années, le Poitou à son royaume malgré la résistance des seigneurs poitevins. Ainsi prennent fin les grandes heures ou « glorieuses heures » du Poitou et le puissant règne des comtes-ducs. A la fin du XIIe siècle, l’art roman poitevin s’enrichit peu à peu à l’architecture ogivale (du style dit « Français » et Angevin). L’autonomie intellectuelle du Poitou va disparaître avec l’intégration politique dans le royaume de France et la guerre de Cent Ans (1340-1453).

Le Poitou français

Richard Coeur-de-Lion, comte de Poitou, a transmis sa province à son neveu Othon de Brunswick, qui deviendra plus-tard empereur germanique. En 1241 le Poitou est donné en apanage à Alphonse, fils de Louis VIII en 1241, mais la noblesse locale, menée par les Lusignan et le légitime comte de Poitou, Richard de Cornouailles, se révolte et obtient l’appui d’Henri III d’Angleterre. Les deux prétendants au trône comtal du Poitou vont s’affronter à Taillebourg, en 1242. Le roi d’Angleterre soutient les Poitevins, le roi de France soutien son frère Alphonse. Le roi de France bat les armées picto-anglaises. En 1245, Alphonse acquiert la seigneurie de Fontenay et fait de la ville, la tête de pont de l’administration royale en Bas-Poitou.

En 1259, Henri III renonce à ses prétentions sur le Poitou. Alphonse de France, frère de Saint Louis, nouveau comte de Poitiers, établit une ébauche de monarchie absolue en Poitou.
En 1271, à la mort d’Alphonse, le Poitou est réuni au domaine royal et forme la sénéchaussée de Poitiers qui n’inclut pas le Saumurois !
Le Poitou, trop puissant et vaste, est démembré, certaines parties sont données à la Bretagne, d’autres à l’Anjou et aux provinces limitrophes.

Le Haut et le Bas Poitou

Le Bas-Poitou est une partie du gouvernement militaire de Poitou créée par un arrêt du Conseil du 26 avril 1670. Par opposition au Haut-Poitou, il est défini à l’ouest d’une ligne de démarcation établie entre Coulonges et Saint-Martin-de-Sanzay suivant le cours de l’Autise et du Thouet. Sa capitale, située à Fontenay-le-Comte, accueille l’un des deux lieutenants généraux du gouvernement, l’autre étant à Poitiers. Un autre arrêt, daté du 6 juillet 1670 exclut du Bas-Poitou les faubourgs de Thouars, de Parthenay et de Saint-Loup.

Toutefois, la singularité du Bas-Poitou apparait dès le milieu moyen-âge et témoigne de son éloignement vis à vis du reste du Poitou. Cette singularité tient à la fois aux caractéristiques naturelles (marais, collines) du Bas-Poitou, fort différentes des plaines céréalières du Haut-Poitou, mais aussi à la situation géographique de cet espace soumis aux attaques maritimes et aux invasions Bretonnes et Angevines.

Du fait de la proximité de l’Atlantique, le Bas-Poitou a été beaucoup plus influencé que le reste de la province poitevine par le protestantisme. Les liens commerciaux entretenus par La Rochelle avec les espaces calvinistes du Nord de l’Europe ont entrainé la diffusion rapide de cette nouvelle confession dans cette ville ainsi que dans le bocage.

Les guerres de religion

Entre 1621 et 1628 la ligue catholique mène une campagne depuis Nantes et reprend les territoires Huguenots du Bas-Poitou et de l’Aunis. Les Huguenots du Bas-Poitou et d’Aunis affrontent les troupes de Louis XIII. L’armée protestante est défaite et environ 4000 protestants sont massacrés. Le reste de l’armée huguenote du Bas-Poitou se réfugie à la Rochelle, qui finit elle aussi par tomber, en 1628, après un long siège.

Les protestants ayant survécut connaissent des persécutions.
En 1685, l’annonce par l’intendant Foucault de la conversion totale du Poitou à la religion Réformée, sert de justification à la révocation de l’Edit de Nantes.
Après les Guerres de Religion, la province est extrêmement pauvre et désolée. L’émigration de l’élite protestante est une catastrophe économique pour la région. Cette émigration poitevine se fera en direction des Pays-Bas, des Pays Baltes, de l’Amérique et de l’Afrique du Sud. De très nombreux picto-charentais fuient vers l’Amérique du Nord. Ils créeront l’Acadie en Nouvelle-France, mais seront déporté par les troupes britanniques vers la Louisiane. C’est le Grand Dérangement. Certains reviendront en Poitou (dans les Brandes) et en Bretagne (à Belle-Ile).

Disparition du Poitou, lors de la Révolution

Lors de la Révolution française, les départements sont créés. La Constituante divise le Poitou (avec les provinces d’Aunis, de Saintonge et d’Angoumois) essentiellement en cinq départements : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Charente et la Charente-Maritime. De nombreuses parties de l’ancien Poitou se trouvent aujourd’hui en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire et Haute-Vienne.

Pour en savoir plus

Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou

par Henri Beauchet-Filleau et Paul Beauchet-Filleau

Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57394970?rk=64378;0

Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562599j?rk=21459;2

Tome 3 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6560296n?rk=42918;4

Tome 4 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k320140r?rk=107296;4

Traité des fiefs sur la Coutume de Poitou

M. Jean-Baptiste-Louis Harcher, Lieutenant général au siège de la Duché-Pairie de Thouars

Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65340437.texteImage

Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6534044n.texteImage

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Zouleikha ouvre les yeux

Le Roman

Nous sommes au Tatarstan, au cœur de la Russie, dans les années 30. A quinze ans, Zouleikha a été mariée à un homme bien plus âgé qu’elle. Ils ont eu quatre filles mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n’est bonne qu’à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari se fait assassiner et sa famille est expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu’elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin, elle découvre qu’elle est enceinte. Avec ses compagnons d’exil, paysans et intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à l’établissement d’une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c’est là qu’elle donnera naissance à son fils et trouvera l’amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmanes l’empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.

L’auteur

Gouzel Iakhina
Gouzel Iakhina

Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie). Elle a étudié l’anglais et l’allemand à l’université de Kazan, puis a suivi une école de cinéma à Moscou, se spécialisant dans l’écriture de scénarios. Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme Neva ou Oktiabr. Zouleïkha ouvre les yeux est son premier roman. Elle vit aujourd’hui à Moscou, avec son mari et sa fille.

Récits de lecteurs

Dès les premières pages on tombe sous le charme de Zoulheikha, Yeux verts, ce petit bout de femme soumise sans aucun autre choix, peu éduquée mais sensible et délicate, qui en parallèle de sa religion musulmane est profondément attachée aux croyances païennes héritées de sa mère.
Ce n’est pas facile de contenter un esprit… L’esprit de l’étable aime le pain et les biscuits, l’esprit du portail, la coquille d’oeuf écrasée. L’esprit de la lisière, lui, aime les douceurs.
De minutieuses descriptions, comme celle de la préparation de la bania (la salle consacrée au bain rituel, située en dehors de l’isba) accompagnent l’introduction de ce livre qui va ,suite à un rêve prémonitoire, nous emmener vers une aventure longue et douloureuse dans une Russie en pleine ébullition, où sévit la dékoulakisation menée par Staline.

A travers les yeux de Zouleikha, on saisit, l’esprit des steppes, au-delà des arbres, pulsant comme des fleurs dorées, celui de la prison comme un grand organisme concentré sur l’effort de rester en vie. On visualise les peintures d’Ikonnikov, miettes de culture dans une nature la plus hostile, comme des fenêtres et des leçons d’histoire, telles que le jeune Youssouf les voit. On accompagne, le brillant docteur Leibe qui, longtemps, semble préférer le délire psychotique, tiède, aveuglant et protecteur face à tout ce qui fait mal à voir.

La dékoulakisation

Site Les Yeux du Monde – 2013

 

A partir de 1928, l’URSS mène une propagande importante pour convaincre les paysans de rejoindre kolkhozes et sovkhozes, structures présentées comme modernes, possédant des machines agricoles notamment. Ces structures permettaient, selon cette propagande, d’arracher les paysans de l’archaïsme pour se moderniser et avoir une vie meilleure. Cependant, malgré cette propagande active, on assiste à une certaine réticence de la part des paysans. Le seul moyen a donc été la contrainte…

Une affiche de propagande pour les kolkhozes Une affiche de propagande pour les kolkhozes

En décembre 1929, on estime à 13% seulement la proportion de paysans appartenant à des kolkhozes ou à des sovkhozes. Staline trouve que la collectivisation ne se fait pas assez vite. Les koulaks, c’est-à-dire ceux qui ont des grandes fermes employant des ouvriers agricoles, ont notamment du mal à accepter ce nouveau système. En décembre 1929, Staline annonce ainsi vouloir « le passage de la limitation des tendances exploiteuses des koulaks à la liquidation des koulaks en tant que classe », ce qu’approuve le Politburo en 1930. Une entreprise de liquidation des koulaks qui résistent à la collectivisation est alors lancée : c’est la dékoulakisation. Dans la réalité, tous ceux qui s’opposent à la collectivisation sont présentés comme koulaks. Or, la grande masse des paysans s’opposaient à la collectivisation. En 1930, face à la menace collectiviste, de nombreux paysans préfèrent abattre leur cheptel plutôt que de les donner aux structures collectives : plusieurs dizaines de millions de têtes sont ainsi perdues.

Pour faire face au mécontentement paysan, les expropriations et exécutions se multiplient et les camps du Goulag se remplissent. Le Goulag est une administration centrale qui dirige des camps en Sibérie ou au Kazakhstan. Souvent, les koulaks sont déportés en famille dans ces régions périphériques afin de les mettre en valeur. Ce sont les « colons spéciaux » qui, surveillés, ne peuvent quitter leur nouvelle région et travaillent dans des chantiers où la mortalité est élevée. En 1930 et 1931, on compte environ 1,8 million de victimes de la dékoulakisation. Or, ceux qui résistaient étaient souvent les paysans les plus dynamiques. Les campagnes se retrouvent à la fois décapitées et terrifiées.

Des conséquences profondes sur les résultats de l’agriculture

En 1930, l’URSS réalisant de bonnes récoltes, Staline estime que l’on peut prélever encore plus sur la production agricole afin de vendre du blé à l’étranger, notamment à l’Allemagne, contre des crédits et des machines. Ainsi, en 1931 et en 1932, les livraisons, imposées, sont de plus en plus excessives. Les kolkhozes sont soumis à des exigences extrêmes, si bien qu’ils ne peuvent plus nourrir le bétail et même les travailleurs. Par ailleurs, les kolkhozes ne peuvent plus ressemer. Cette situation aboutit à de nombreuses famines, et à l’Holodomor, qui signifie « extermination par la faim » : cette famine frappa durement le Kouban et l’Ukraine, et fit entre 2,5 et 5 millions de morts.

En 1935, la dékoulakisation est jugée comme étant achevée, les koulaks en tant que classe sociale ayant cessé d’exister.

La « dékoulakisation » dans les campagnes d’URSS

Film muet de 1928

Dans un village enneigé d’URSS, des manifestations sont organisées pour dénoncer les « Koulaks », paysans aisés et petits propriétaires s’opposant à la collectivisation des terres et refusant de satisfaire la collecte agricole.
Date de diffusion : 13 juin 1928
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000915/la-dekoulakisation-dans-les-campagnes-d-urss-muet.html

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La vie antérieure

Ta mère et moi faisons partie de ta vie antérieure ?
– Papa, il faut me croire. Maman et toi êtes inscrits en moi, je suis avec vous, y compris lorsque les circonstances ne le permettent pas.
Le jour venu, lorsque tu prendras connaissance des évolutions de ma vie, tu comprendras que je suis relié à vous et, à travers vous, à mes grands-parents et aux Carpates.
Cette nouvelle évolution est étrange, pleine de contradictions, mais je n’oublie pas une seconde que vous êtes mon âme, et que je n’en ai pas d’autre.
Je ne vous ai pas trahis et ne le ferai jamais. Et même si je venais à oublier tous les mots qui faisaient le lien entre nous, nous continuerons à parler comme avant.

Aharon Appelfeld (1932-2018), Le garçon qui voulait dormir

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Le petit verger de cognassiers

Autre chose vue au retour d’une longue marche sous la pluie, à travers la portière embuée d’une voiture: ce petit verger de cognassiers protégé du vent par une levée de terre herbue, en avril.
Je me suis dit (et je me le redirai plus tard devant ces mêmes arbres, en d’autres lieux) qu’il n’y avait rien de plus beau, quand il fleurit, que cet arbre-là. J’avais peut-être oublié les pommiers, les poiriers de mon pays natal.
Il paraît qu’on n’a plus le droit d’employer le mot beauté. C’est vrai qu’il est terriblement usé. Je connais bien la chose, pourtant. N’empêche que ce jugement sur des arbres est étrange, quand on y pense. Pour moi qui décidément ne comprends pas grand-chose au monde, j’en viens à me demander si la chose « la plus belle », ressentie instinctivement comme telle, n’est pas la chose la plus proche du secret de ce monde, la traduction la plus fidèle du message qu’on croirait parfois lancé dans l’air jusqu’à nous ; ou, si l’on veut, l’ouverture la plus juste sur ce qui peut être saisi autrement, sur cette sorte d’espace où l’on ne peut entrer mais qu’elle dévoile un instant. Si ce n’était pas quelque chose comme cela, nous serions bien fous de nous y laisser prendre.
Je regardais, je m’attardais dans mon souvenir. Cette floraison différait de celle des cerisiers et des amandiers. Elle n’évoquait ni des ailes, ni des essaims, ni de la neige. L’ensemble, fleurs et feuilles, avait quelque chose de plus solide, de plus simple, de plus calme ; de plus épais aussi, de plus opaque. Cela ne vibrait ni ne frémissait comme oiseau avant l’envol ; cela ne semblait pas non plus commencer, naître ou sourdre comme ce qui serait gros, d’une annonce, d’une promesse, d’un avenir. C’était là, simplement. Présent, tranquille, indéniable. Et, bien que cette floraison ne fût guère plus durable que les autres, elle ne donnait au regard, au cœur, nulle impression de fragilité, de fugacité. Sous ces branches-là, dans cette ombre, il n’y avait pas de place pour la mélancolie.

Philippe Jaccottet, Blason vert et blanc, recueil Cahier de verdure, Gallimard

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Sauvages

Un millier de sauvages
S’apprêtent à combattre.
Ils ont des armes,
Ils ont leur cœur, grand cœur,
Et s’alignent avec lenteur
Devant un millier d’arbres verts
Qui, sans en avoir l’air,
Tiennent encore à leur feuillage.

Paul Eluard, Perspective, recueil Capitale de la douleur, Gallimard

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Mère,

Comment as-tu formé ma tête dans le secret de tes entrailles ?
Comment, par quels songes jamais dits, as-tu modelé mon cerveau de façon à ce qu’un jour une phrase m’affole et me détourne de mes projets ?
Nos projets sont un labyrinthe de verre avec des traces de doigts sur les portes : le palais des glaces à la foire. Nous y entrons que pour en chercher la sortie.

Christian Bobin, Un bruit de balançoire, Gallimard

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