Louis CARTAIS est né le 1/07/ 1870 à Nieul l’Espoir (86). Sa mère MAILLET Radégonde décède le 25/09/1871, Louis est âgé d’à peine 15 mois. Il est recueilli par sa tante Marie MAILLET (sans doute à la mort de sa mère), comme l’indique le recensement de Nieul l’Espoir (86) en 1872.
Au recensement de 1876, il n’est plus avec sa tante. En l’état de mes recherches, je ne sais pas, où et avec qui, il a vécu ensuite.
Les recherches à Villedieu du Clain (ou semble-t-il son père Louis Cartais a vécu) ont été infructueuses. Peut-être a-t-il été remis à l’assistance publique ? confié à une famille ? ce ne sont en l’état que des hypothèses.
En 1890 (il a 20 ans), il fait partie de la « classe » 1890 (jeunes nés en 1870). Son dossier militaire matricule 1471 lors du recrutement à Poitiers en 1890 et son duplicata nous informent des éléments suivants : – Au moment de l’établissement de son dossier militaire en 1890, il habite Villedieu du Clain, il est domestique, il mesure 1m67, il a les cheveux bruns et il a une cicatrice à la cuisse droite. – En 1890, 1891 et 1892, il est ajourné (dispensé momentanément de service militaire) pour faiblesse, sans autre précision. -Par contre en 1893, il est Bon (pour le service). – Il est incorporé au 125ème RI (Régiment d’Infanterie) le 11 septembre 1893 sous le matricule n°4066. – Il effectue son service et est libéré le 25 septembre 1894 (envoyé en congé, avant d’être versé dans la réserve). – Il effectue des périodes d’exercices en 1897, 1900, 1904 et 1907. – Le 1er novembre 1894, il passe dans la réserve de l’armée d’active. Le 1er novembre 1904, il passe dans l’armée territoriale. Le 1er novembre 1907, il passe dans la réserve de l’armée territoriale et y est confirmé le 1er octobre 1910.
Le 02 juin 1902 Louis CARTAIS se marie avec Marie Adrienne PAIN à Poitiers (Vienne)
Louis CARTAIS, 31 ans, domestique Son père Louis Cartais consent au mariage par un acte passé le 29 mai 1902 devant l’officier civil de la commune de Nieul l’Espoir Marie Adrienne PAIN, 25 ans, femme de chambre Marie Adrienne PAIN fille mineure naturelle reconnue de Louise Marie Radégonde Pain sans résidence connue comme la-dite épouse assistée du sieur Augustin, son tuteur ad hoc, nommé par délibération de la commission administrative des hospices de Poitiers, consentant au mariage de sa pupille
Sur le registre d’état civil relatant ce mariage des éléments étonnent : Le père de Louis Cartais consent au mariage par un acte passé devant l’officier civil Marie Adrienne PAIN fille mineure naturelle reconnue de Louise Marie Radégonde Pain est sans résidence connue Son tuteur ad hoc est le sieur Augustin… sans autre précision Ad hoc : Expression latine qui en droit qualifie un acte spécialement fait pour une formalité déterminée. Nous pouvons en déduire que le sieur Augustin n’était le tuteur de Marie Adrienne que pour cet acte de mariage…
En 1915, il est rappelé sous les drapeaux du 21 février 1915 au 21 mars 1915. Le 30 mars 1915, il est classé dans le service auxiliaire du 68ème RI à Poitiers. Le 23 octobre 1915, la commission de réforme de Poitiers le renvoie dans ses foyers à compter du 10 novembre 1915 pour « atrophie des muscles de l’épaule gauche après flegmon suite de piqure antityphique » Définition Antityphique : Larousse : « qui prévient ou guérit le typhus. » Universalis : « qui prévient ou guérit la typhoïde » Il est membre du service auxiliaire du 68ème RI du 30 mars 1915 au 11 novembre 1915 (décision de la commission de réforme de Poitiers du 27 janvier 1916).
Libération du service militaire, 2 informations contradictoires : En bas à droite du dossier militaire : 1er octobre 1916 En bas à gauche de la 2ème page sous la partie masquée : 30 novembre 1918 (commission du 25 novembre 1918) Réflexion : Louis CARTAIS est mort le 24 juillet 1917 à Poitiers, son dossier militaire n’en fait pas mention… Pourquoi une date de libération le 30 novembre 1918 par décision de la commission le 25 novembre 1918 ? Pour permettre à sa veuve de percevoir une pension ?
Le 24 juillet 1917, Louis CARTAIS meurt à l’Hôpital n°15 (HC n° 15 Poitiers – Collège Saint-Joseph, boulevard Bojon – 320 lits – Fonctionne du 11 août 1914 au ? – source : https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=40498). L’hôpital est un hôpital annexe ouvert dès les premières heures de la guerre pour accueillir les soldats blessés
Le 24 juillet 1917 à Poitiers décède Louis CARTAIS, soldat au 68ème Régiment d’Infanterie territoriale n°1471, domicilié à Nieul l’Espoir où il est né le 1er juillet 1870, époux de Marie Adrienne Pain. Fils de Louis CARTAIS et de feu Radégonde MAILLET. Décédé à l’Hôpital n°15. « Mort pour la France ».
Son décès est porté sur l’état civil normal et non sur la transcription des décès de soldats par l’armée.
Il est considéré comme « Mort pour la France » sur son acte de décès mais Mémoire des Hommes indique « Non mort pour la France »
Pourquoi ? Sur la base de quel acte ? Il est probable que sa date de libération de l’armée 1er octobre 1916 ou 30 novembre 1918 soit la cause de cette interprétation… Le fait qu’il est mort à l’Hôpital n°15 peut permettre de penser qu’il est resté à l’hôpital de la fin de son service actif le 11 novembre 1915 jusqu’à sa mort le 24 juillet 1917, ou qu’il est retourné à cet hôpital après être retourné chez lui.
Les causes de sa mort : Asystolie indique le document Mémoire des Hommes Doctissimo Asystole : Insuffisance cardiaque : incapacité qu’a le coeur à fournir un apport sanguin suffisant pour répondre aux besoins métaboliques de l’organisme et est caractérisé par une diminution de la capacité cardiaque à l’effort. Ensemble des phénomènes dus à l’insuffisance cardio-vasculaire et au trouble profond de la circulation qui en résulte« (Garnier-Del. 1958).
Question : la vaccination anti typhoïdique reçue par Louis CARTAIS a provoqué un flegmon (un abcès) puis une atrophie des muscles de l’épaule gauche… l’arrêt cardiaque qui a provoqué sa mort a-t-il été une conséquence de ce problème lié à la vaccination ?
Il est de constitution faible (ajournement de son entrée au service militaire) mais il n’est âgé que de 47 ans…
Article paru dans Charlie Hebdo Laure Daussy · Foolz · Mis en ligne le 5 août 2021 · Paru dans l’édition 1515 du 4 août 2021
C’est un village d’irréductibles. À Courlay, petite ville de 2 500 habitants des Deux-Sèvres, subsiste une communauté d’un millier d’habitants, les fidèles de la « Petite Église », appelés aussi « dissidents ». Ils suivent un culte catholique resté figé depuis la Révolution française : ils sont les descendants de ceux qui ont refusé la Constitution civile du clergé. On imaginait des sortes d’intégristes plus fanatiques que les pires cathos, et voilà que l’on découvre qu’ils votent à gauche et ne jurent que par l’école publique… Reportage dans le Bocage, où l’on chemine de paradoxe en paradoxe. La Petite Église, c’est un ovni, entre des amish et des punks.
On nous avait prévenus : « Ils sont très discrets », « ils ne veulent parler à personne ». On tente malgré tout d’aller à la Plainelière, quartier de 200 habitants de la commune de Courlay. C’est ici que se situe la chapelle principale des dissidents. Elle est privée, impossible d’y pénétrer, certains en ont été sortis manu militari. Quand on n’est pas membre de la Petite Église, interdiction d’y entrer, sauf, exceptionnellement, pour des funérailles. La clé de la chapelle reste toujours dans les mains des descendants du dernier prêtre de la communauté, Pierre Texier, mort en 1826. Ses descendants sont aussi chargés du culte de cette communauté sans prêtre.
Nous voilà donc dans ce hameau à la recherche des dissidents. Comme il n’y a personne dans les rues, on sonne à une porte. C’est Colette qui nous ouvre. « Oh là là ! les dissidents, on ne les fréquente pas trop. Oui, il y en a un peu, ils vont à la chapelle tous les dimanches, les dames sont en chapeau, ils sont une centaine à peu près. » On discute quelque temps avec elle, et c’est tout juste si elle ne dit pas qu’ils sont un peu bizarres, ces gens-là. Innocemment, on lui demande : « Et vous ? Vous allez dans quelle chapelle ici ? » Voilà que Colette nous annonce se rendre précisément dans la fameuse chapelle. Pourtant, celle-ci n’est accessible qu’aux dissidents. Mais alors, Colette en serait-elle ? De sa petite voix fluette, elle nous dit : « Oui, j’en fais partie. » On nous avait bien prévenus qu’ils étaient discrets… Notre habitante semble ne plus trop savoir pourquoi elle en fait partie. Presque gênée, elle nous dit : « On est nés comme ça, on a été élevés comme ça, eh oui… » Ses quatre enfants perpétuent ce culte aussi, « mais ils ne peuvent pas venir trop souvent à la messe. Ils habitent loin », dit-elle. En fait, ils n’habitent qu’à 2 km, à Courlay. Autour d’elle, le village se vide. « Il y a de moins en moins de croyants, les habitants s’en vont. Des Anglais ont même acheté la maison d’à côté. »
Il y avait les cathos dans l’école privée, et les dissidents dans l’école publique
Non loin d’elle, un voisin qui jardine. Il ne veut pas être cité par son prénom, on l’appellera Pierre. Né dans le village, il est lui aussi membre de la Petite Église. Très affable, il a moins de mal à nous parler, même s’il ponctue notre entretien de « mais je ne devrais pas vous dire tout ça ! ». D’emblée, il nous dit : « ça diminue, ça va mourir doucement. » Ses propres enfants, d’ailleurs, partis dans d’autres villes, ne pratiquent plus du tout, et il s’en fiche un peu : « Tant pis, je serai le dernier. » Il se souvient : « C’était très strict quand j’étais jeune. » La Petite Église, c’est la religion catholique telle qu’elle se pratiquait avant la Révolution. Par exemple, le carême est strictement respecté : « On ne mange pas de viande pendant quarante jours, pas d’oeufs pendant la semaine sainte. À l’époque, tout le monde trouvait ça difficile, maintenant les véganes font pire », rigole-t-il. Mais la Petite Église, ce sont aussi des messes très longues, qui durent trois heures, des prières matin et soir, et des vêpres. Dans le village, le point d’orgue, c’étaient les grandes communions d’une centaine d’enfants avec des processions dans les rues, lors de la Fête-Dieu. Les gendarmes venaient de Courlay pour gérer la circulation tellement il y avait de monde.
Avec Pierre, on touche à l’un des paradoxes des membres de la Petite Église. Il nous explique qu’il a toujours voté à gauche, « car il faut de la solidarité ». Et il est loin d’être le seul parmi les dissidents. Logiquement, on imaginait que les membres de la Petite Église seraient royalistes. Que nenni. « Quand même, ça fait 250 ans qu’il y a la république », nous rétorque d’ailleurs un autre dissident, sans rire. Et ils ne votent même pas à droite : ce serait faire comme les catholiques ! Pierre était même instituteur dans une école publique à Cerizay, une ville à quelques kilomètres. Tous les enfants de dissidents étaient scolarisés à l’école publique. « C’était pour se différencier », nous explique-t-on. Il y avait une volonté farouche de ne pas se retrouver aux côtés des cathos, et surtout de n’avoir rien à faire avec les prêtres de la « Grande Église », comme certains l’appellent. Dans le village, il y avait donc les cathos dans l’école privée, et les dissidents dans l’école publique.
Mais une telle proportion d’enfants de dissidents dans les écoles publiques du village a entraîné des entorses à la laïcité bien surprenantes, jusque dans les années 1970–1980. C’est un autre enseignant qui nous le raconte, Marcel Roulet, le dernier instituteur de l’école de la Tour Nivelle, près de Courlay, à la retraite depuis 2007. Originaire du sud du département, il s’est retrouvé là lors de sa première affectation, et y est resté pendant quarante-cinq ans, instituteur d’une classe unique, 20 gamins de 4 à 11 ans. Lui n’est pas un dissident, mais il a très vite compris qu’ici c’était une particularité incontournable du terroir. Un « hussard noir » de la République aurait eu des sueurs froides. L’école « s’adaptait » : pas de viande à la cantine pendant le mois du carême. Surtout, avant leur communion à la Fête-Dieu, les enfants de dissidents ne se rendaient plus à l’école pendant un mois entier pour aller « se préparer » à l’église. Il ne restait plus alors que deux ou trois enfants dans les classes. Marcel Roulet en avait parlé à l’inspecteur, qui laissait passer. « Pour me couvrir, j’envoyais une liste des enfants absents. » Aujourd’hui, le maire de Courlay, André Guillermic – premier maire, d’ailleurs, à ne pas être un dissident, élu en 2008 –, nous assure que ce n’est plus le cas, « pour la raison simple qu’il n’y a presque plus de communiants ».
Autre « entorse » à la république, les dissidents sont les seuls à pouvoir, en France, passer par l’église pour se marier avant de se rendre à la mairie. Normalement, le mariage civil précède le mariage religieux. Au XIXe siècle, c’était pire : certains n’allaient pas du tout à la mairie. Aujourd’hui, c’est le seul « culte » en France qui a ce droit, officieux. « C’est sans doute important pour ceux qui fonctionnent comme ça », nous répond le maire de Courlay, quelque peu langue de bois. Surtout, en matière de mariage, il y a quelques années, c’était impensable qu’un dissident ne se marie pas avec un autre dissident. L’endoctrinement était très fort : il fallait rester entre soi, pour perpétuer le culte. Maintenant, il y a de plus en plus de mariages « mixtes ». Notre instituteur de village, Marcel Roulet, s’est lui-même marié avec un membre de la Petite Église. Pareil pour le maire de Courlay.
Longtemps, la ville a été coupée en deux. Le bal des cathos, le bal des dissidents (au moins, pas de risque de mariage mixte). La boulangerie des cathos et la boulangerie des dissidents, et ainsi de suite. « Parfois, les enfants se jetaient des pierres. » Un autre habitant croisé dans le bourg nous raconte : « Quand les enfants cathos jouaient ici sur la place, les enfants de dissidents jouaient ailleurs. » La guerre des boutons dans les Deux-Sèvres.
Aujourd’hui, la séparation la plus visible et la plus surprenante qui subsiste se trouve… au cimetière. Il est littéralement coupé en deux. À droite, les dissidents ; à gauche, les cathos. Et les sépultures ne sont pas dans le même sens : les unes vers l’ouest, les autres vers l’est. Dans les tombes des dissidents, la tête est tournée vers l’est, vers Jérusalem. La tombe du dernier prêtre, Pierre Texier, fait face à celles des prêtres de l’Église catholique. Mais comme il n’y a plus de place, les morts plus récents de la communauté sont maintenant du côté des cathos, et toujours séparés : les nouvelles concessions se situent le long d’un mur, tout au fond du cimetière. Un grand espace vide les sépare des autres rangées. Le maire, en tout cas, nous assure : « Ce n’était pas une demande de leur part, maintenant, tout ça, c’est fini. Tout le monde s’entend bien. Pour les crémations, on ne va pas faire un jardin du souvenir pour chacun
Dans la Petite Église, quelque chose nous frappe : il n’y a aucun engagement politique pour promouvoir telle ou telle valeur, contrairement aux cathos. Ni aucun prosélytisme. « Ce n’est pas une secte, ils ne se considèrent pas comme des « élus ». Ils se sont longtemps vécus comme persécutés, ils se sont recroquevillés sur eux », explique Baptiste Cesbron, auteur d’une recherche universitaire sur la Petite Église (lire l’encadré ci-dessous). « On vivait en vase clos », confirme Guy Talbot, élevé dans la Petite Église, aujourd’hui habitant à Niort. « On était la risée dans les écoles au début du siècle. Mon père était fouetté avec des orties dans les champs par les autres élèves. » Quand il avait 18 ans, un ami journaliste est venu lui demander de faire un reportage sur la Petite Église. Le père de Guy lui a dit : « Si tu le fais, tu prends tes affaires et tu ne remets plus les pieds ici. » Le paradoxe, c’est qu’aujourd’hui il donne des conférences sur la Petite Église. Il a obtenu « l’autorisation » du chef de la communauté pour en parler. Et il le fait, malgré tout, « en mémoire de [son] père ».
Guy Talbot, lui aussi, se présente comme « de centre gauche ». Mais jusqu’où les dissidents soutiennent-ils les valeurs de gauche ? Le mariage pour tous ? « On n’est pas très branchés mariage pour tous », reconnaît-il. Un jeune LGBT dans une famille de dissidents ? « Je ne sais pas répondre. » Pour d’autres questions, c’est comme si la communauté ne s’était pas prononcée. Étonnamment, l’IVG, cheval de bataille des cathos, ne semble pas susciter de débat. Il faut dire qu’a priori l’IVG n’était pas un sujet de débat public avant la Révolution française. On découvre en tout cas des survivances bien rigoristes. « Un dissident qui se suiciderait n’aurait pas le droit à une cérémonie dans la chapelle », nous dit Guy Talbot. C’est arrivé à un de ses proches, il y a une vingtaine d’années. La personne alors en charge de l’Église a refusé les funérailles sans autre forme de procès. De même, pour de futurs mariés, si cohabitation il y a – ou pire, une mariée enceinte ! –, c’est mariage en urgence, avant le lever du soleil, pour que personne ne les voie, juste en présence des témoins. « C’était une pratique qui se faisait avant la Révolution. » Inutile de préciser que le divorce n’est pas accepté. Et avec tout ça, ça vote à gauche !
Talbot, qui s’est marié avec une non-dissidente, s’est retrouvé exclu de la communauté. Quand on lui demande si ce n’est pas un peu intolérant : « On ne se posait pas la question en ces termes. » Les membres de la Petite Église ne sont pas à un paradoxe près : Talbot garde malgré tout une affection particulière pour sa communauté d’origine. « C’est une communauté qui meurt. Elle n’a jamais dérangé, je souhaite qu’elle meure en paix », insiste-t-il. Une communauté figée dans le temps, mais dont les membres répètent en boucle « no future », si c’est pas des amish punk, ça ! ●
La fin du monde a eu lieu en 1789
Comment expliquer qu’une Église fossilisée en 1789 existe toujours ? La Petite Église est l’une des « dernières survivances des guerres de Vendée », explique Baptiste Cesbron, auteur d’une étude universitaire sur le sujet. Celle-ci naît d’abord de l’opposition farouche à la Constitution civile du clergé de 1790. Les hommes d’Église devenaient des sortes de fonctionnaires. Le diable en personne pour beaucoup de cathos de l’époque. Plus de 75 % des prêtres de Vendée sont devenus réfractaires et refusaient de prêter serment. Ils seront parfois persécutés. Pour la Petite Église, ce sont des martyrs. Deuxième élément, le concordat signé par Bonaparte avec l’Église catholique (1801), qui organisait les relations entre l’État et le pape, le futur empereur obtenant un droit de regard sur la nomination des évêques. « Ça leur est apparu comme une offense, une trahison pour ceux qui étaient morts », raconte Cesbron. « Il y eut des anticoncordataires dans toute la France, là où d’ailleurs il y avait eu des poches antirévolutionnaires. Seule la Petite Église existe encore. Pourquoi ? Car ils se sont recroquevillés sur eux, certains d’être victimes d’une machination pouvoir public-Église destinée à leur faire regagner la religion concordataire », explique Cesbron. Pourtant, avec la loi de 1905 et la séparation des Églises et de l’État, plus de concordat. Mais la Petite Église demeure malgré tout. Plusieurs évêques leur proposent de revenir dans le giron de la Grande Église, sans succès. Elle restait une figure honnie, trop moderne à leurs yeux. « Tout ce qui vient après 1789 n’existe pas », nous dit Guy Talbot. Ce qui a joué aussi localement, c’est l’incroyable dynamisme économique dont ont fait preuve les membres de la Petite Église. Ils créaient un maximum d’entreprises pour que tous leurs membres soient embauchés sur place. Aujourd’hui, à la Plainelière, il y a presque plus d’entreprises que d’habitants. Toutes ont été fondées par des dissidents. L. D.