Musicienne

C’étaient des jours improbables
Ou elle était lassée
De toujours jouer les partitions
Qu’elle avait déjà jouées

Brisés les arpèges de la harpe
Qui l’avait si souvent accompagnée
Rompue l’harmonie
De notes envolées

Ses études au conservatoire
Commencées à l’âge de 6 ans
Dans sa Russie natale
L’avait forgé
Aprement

Le clavecin et le piano-forte
Etaient toujours là
Pour lui prêter main forte
Dans ces instants là

Elle ne doutait jamais de Purcell
Ou de Rameau
C’était ses doutes à elle
Qui résonnaient en écho

Le soleil, vainqueur de nuages
Une cantate de Clérambault
Au Théâtre des Dames
Avec ses compagnes
Du groupe Il Buranello
Lui apporta du réconfort

Souvenir du concert du groupe Il Buranello
Dimanche 24 novembre 2019
Au Théâtre des Dames, Les Ponts de Cé

Il Buranello, dans une cantate de Louis-Nicolas Clérambault

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Frêle silhouette

Le vide s’est installé
En bleu et gris
De sable et d’eau

Le ciel ennuagé
S’est associé
A l’immensité
De la mer
Au loin

Les nuages ont peint
Les sommets alentour
De leur obscurité

Quelques silhouettes d’arbres
Se fondent
Dans le vert de la pente

Le temps s’est figé
Dense et vibrant
De solennité
La vie s’est crispée
Dans l’instant

Seul, le moine
Frêle silhouette sur la plage
Témoigne
D’une humanité existante
A la nature brute

La taverne aux poètes
Atelier d’écriture
15 juin 2024

Evocation du tableau de Caspard David Friedrich : le moine et la mer

Suite à la lecture d’un extrait du poème : Un peu d’or dans la boue de Guy Goffette publié en 1991 – La vie promise – Gallimard

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En espoir de cause – 2

Cause, causons, causette
Nous sommes dans une partie concave,
Dit l’un,
Non, dans une partie convexe,
Dit l’autre,
Qu’on vexe, qu’on vexe,
Qui donc est vexé ?

La culture, dans doute…
Victime de coupes sombres,
D’injonctions,
De diktats,
Muse, musons, musette

L’agriculture en déroute ?
Sur sa route pleine d’obstacles
C’est la grande débâcle
Sa perte de sens
L’a frappée de disgrâce
Crève, crevons, crevette

Le poil se hérisse
Pour soutenir les femmes
Suivies, poursuivies
D’assiduités salaces
Harcelées, malmenées
Couche, couchons, couchette

Les causes ne manquent pas
Pour s’indigner
Se lever
Manifester
Ne pas faire qu’en causer.

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T comme Transporteur – T comme Traversée du siècle en camion

Georges Chabosseau, mon grand-père paternel est né le 13 février 1902 à Boucoeur, hameau de la commune de Saint-Varent dans le nord des Deux-Sèvres.
A 9 ans il est placé comme garçon de ferme. A 10 ans, son père meurt de trop d’alcool dans une rue de Thouars. A 14 ans, son oncle Louis Auguste Chabosseau le prend sous son aile. Ils vont ramasser œufs, volailles, cochons dans les fermes puis les transportent et les vendent à Thouars. C’est le début de l’amour de Georges pour la mécanique, les camions, le transport.

Georges assis aux côtés de son oncle Louis Auguste Chabosseau au poste de conduite

Le camion qu’ils utilisent a été construit par le constructeur automobile Marius Berliet à Lyon en 1912 – 1913. A partir de 1914, la production de ce camion sera exclusivement réservée à l’armée pour le transport des troupes et du matériel d’intendance.

Le 13 février 1922, Georges a 20 ans. Il est mobilisé au bureau de recrutement de Niort avec le grade de 2ème classe. Sur le fascicule de mobilisation, il est indiqué qu’il habite Louzy et exerce la profession d’entrepreneur de transports. Il a probablement continué et développé l’activité exercée avec son oncle.

Il est affecté au Centre de mobilisation du Train quartier Langlois (la caserne Verneau, aujourd’hui) à Angers. Il rejoint ensuite Bordeaux pour embarquer, destination Casablanca au Maroc.
Georges fait son service militaire au sein de la 1ère compagnie du 123ème Escadron du Train des Equipages Automobiles. Arrivé simple soldat, il est tout d’abord mécanicien monteur, il obtient le permis de conduire, devient chauffeur de camion puis chauffeur du colonel.

Georges devant la Delahaye du Colonel avec son copain Henri Guindon (1922-1923)

Au début des années 30, Georges avec 3 associés créent une entreprise de transport.

Ils transportent principalement des cailloux pour remblayer les routes et les chemins qu’ils chargent dans les carrières de la Gouraudière et de Ligron.

En juin 1940, lors de l’exode, la famille Chabosseau, celles des associés de mon grand-père et d’autres thouarsais s’entassent dans deux camions et trois voitures, direction le sud. Ils descendent jusqu’à Captieux puis Maillas dans les Landes près de Mont de Marsan ou ils arrivent le 21 juin 1940. Ce jour-là, les Allemands s’emparent de Thouars.

Le 9 juillet 1940, mon grand-père Georges, dépose à la mairie de Maillas, son fusil de chasse et ses cartouches. La famille Chabosseau, les familles des associés et des réfugiés belges s’entassent dans les véhicules pour remonter à Thouars.

Georges au côté du camion Unic 8314 XL 1, utilisé pendant l’exode (photo prise à la fin des années 40)

Le camion est un Unic CD 2 produit dans l’usine Codra (Compagnie des Diesels Rapides, d’où le sigle CD), à Puteaux. Il est équipé d’un moteur diesel quatre temps à chambre de précombustion permettant une charge totale de 8 tonnes. Il a été fabriqué de 1932 à 1938. En mai 1940, la situation militaire de la France se dégrade au point que la direction d’Unic décide de déplacer tout l’outil de production dans l’usine Marot de Niort.

Georges et ses trois associés : Maurice Bréchelier, Marcel Cousin et Adrien Martineau

Au début des années 50, mon grand-père Georges, se sépare de ses associés et crée sa propre société de transport. Mon père Marc le rejoindra quelques années plus tard.

Camion Unic Lautaret

À partir de 1952, Unic est complètement intégré dans le groupe Simca et en devient la division véhicules industriels. Au Salon du véhicule industriel 1954, la nouvelle cabine Unic remporte la médaille d’argent ! Très reconnaissable à sa ligne moderne et à sa calandre ornée de 3 barres, elle préfigure un rajeunissement complet des modèles.

La société de transports Chabosseau a eu une activité artisanale de transport de fourrages, de céréales, de résidus d’huile de palme qui étaient incorporés aux aliments destinés au bétail, d’engrais, de bois pour la menuiserie, de plâtre pour la construction pendant une trentaine d’années des années 50 à sa cessation d’activité en 1978.

Dans les années 1960-1970 j’ai passé de longues journées dans le CD2 des années 30, toujours en service, dans le Lautaret qui m’a bien souvent conduit de Thouars en Normandie, de Normandie à Paris puis de Paris à Thouars

Les moyens de transport existent depuis la nuit des temps et ont évoluer en fonction des évolutions et découvertes : le bateau, la roue, la traction animale, la machine à vapeur, les chemins de fer, l’automobile, l’aviation, les containers…

Le transport routier est depuis les années 50 une composante essentielle de la chaîne d’approvisionnement. Le mot camion tire probablement son origine d’une parenté avec chemin (camino en espagnol par exemple) ou avec le latin chamulcus (« charriot bas »)…

Ce moteur de développement qui a grandement contribué aux 30 glorieuses est désormais remis en question : comment le transport de marchandise va-t-il pouvoir évoluer ? va-t-on trouver de nouvelles technologies plus performantes, plus rapides, plus efficaces et moins coûteuses ? et surtout, plus écologiques ?

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Philomène et Eulalie

Philomène et Eulalie
Sont devenues amies
Un jour de commémoration
Des morts de la Nation.

Auguste et André
Etaient nés, la même année.
Le 4 août 1914
Ils étaient enrôlés
Dans la grande mêlée.

Les deux poilus
Agés de trente ans
Avaient déjà vécus
Une vie de paysans.

Quitter cette vie
Quitter Philomène et Eulalie
Fut un grand déracinement
Un innommable arrachement.

Philomène et Eulalie
Firent l’apprentissage de la solitude
Leurs journées s’emplirent d’inquiétude
Ce fut le premier grand défi
De leurs jeunes vies

Elles apprirent à se débrouiller seule
Labourer, faucher, confectionner les meules
Par tous les temps, aller à pied
Apporter leurs légumes au marché

André, fut le premier à tomber
Depuis le début des combats
Il était à Verdun, assiégé
Début mars 1916, un shrapnel traversa
Son crâne de haut en bas

Auguste, lui, résista plus longtemps
Il prenait des nouvelles, de temps en temps
De Philomène et de la petite Marie-Anne
Qu’ils avaient adoptée de toutes leurs âmes

En avril 1918, ce fut son tour
A Grivesnes, dans la Somme
Une balle le cueillit au détour
Il n’eut plus de visage d’homme

Au pied du monument aux morts
Une fois que les clairons se turent
Le destin changea leurs sorts
Philomène et Eulalie se reconnurent

De veuves, elles devinrent combattantes
D’envies envahissantes, rassurantes, réconfortantes
Elles allaient, vivre à fond la vie, à chaque instant
Laisser sur le bord du chemin, les tourments

Eulalie se souvenait maintenant
De tous ces délicieux moments
Vécus avec Philomène, son amie
Qui était, elle aussi, à son tour, partie.

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En espoir de cause – 1

Mobilisons-nous !
Battons-nous !
Défendons-nous !
Notre cause est juste
Lynchons les injustes

De quelle cause parlons-nous ?
D’une cause, brève de comptoir ?
Porteuse de désespoir :
De nos élus, tous vendus,
Repus, corrompus…
De la vie chère
Bien trop chère…
De la planète qui s’échauffe, 
Se réchauffe…
De causes perdues
De malentendus
Trop bien entretenus…

De quelles causes causons-nous ?
De l’incapacité à penser l’avenir,
D’anticiper, de prévoir, de planifier…
De l’incapacité à accueillir,
A intégrer, à insérer…
De l’incapacité à réjouir,
La jeunesse
Par de vaines promesses
De travail émancipateur,
De paysages charmeurs…

Engageons-nous
A soutenir nos proches
A nourrir les oiseaux
A prendre soin des ânes

Engageons-nous
Sans gilet jaune,
Vert, rouge ou bleu
A être debout

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Ouverture de l’entaille

Je n’ai pas su voir l’entaille,
provoquée par l’ancienne collision,
que j’avais oubliée.

Je connais pourtant tes cicatrices
par bien des côtés conductrices
et créatrices d’incertitudes.

Le train a poursuivi sa chute
Je ne l’ai pas vu venir
Seules les odeurs de cendres et de rouille
ont été restituées.

Nous pensions bien faire en fermant l’enclos
Nous nous y pensions à l’abri, à niveau.
Il n’en fut rien
La porte s’est ouverte
sur un avenir incertain.

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Impermanence

Lamentations, intransigeance et force
Ne servent à rien
Vieilles photos et souvenirs
Ne sont qu’illusions reconstruites

La permanence des faits
N’existe pas
La fugacité, la fragilité
Sont la réalité

L’instant est roi
Le temps coule entre nos doigts
L’adaptation au déséquilibre,
A l’impermanence
Guide nos pas

Le passé est reconstruit
L’avenir se désire
D’illusions
Nous vivons

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Les hyènes et l’éléphant

L’éléphant de porcelaine
Est très en colère
Il marche avec haine
Sur le troupeau de hyènes
Qui s’est figé dans sa fuite

Va-t-il se lancer à leur poursuite ?
Ou bien s’immobiliser
Dans sa hargne vengeresse ?
La harde montre toute sa détresse
De l’avoir provoqué

La matriarche s’est muée
En protectrice de l’éléphanteau d’albâtre
Posé sur le manteau de la cheminée
Elle reproche aux hyènes
De s’être interposées

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Le dépit des pies

Quatre pies
S’écrient
Postées en sentinelles
A la cime des sapins

Qu’est-ce qu’elles épient ?
De quels ennemis
Se méfient elles
Pour battre ainsi des ailes

J’ai trouvé
Au pied du gros charme
L’un des parents pie
Mort

A-t-il été victime
D’une baie assassine ?
D’un choc brutal ?
D’un vil animal ?

J’ai admiré :
Le puissant bec,
Les serres acérées,
Les plumes vertes et bleues
Etagées
Sur le plumage noir et blanc

J’ai transporté
Le corps
Dans le champ d’à côté
Pour dernière demeure

Je fus surpris
De voir
Les quatre pies
Descendre et tournoyer
S’écrier, s’écrier
En un dernier adieu

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