Combattre la poussière

Aujourd’hui, comme hier
Il faut combattre la poussière
Toute notre vie,
On essuie.

Des coups de pied
Des coups de gueule
On s’en prend, plein la gueule
De se sentir épiés.

Grâce au réconfort
On se sent fort
A-t-on tort ?

Face à la mort
De combattre la poussière
Aujourd’hui, comme hier.

Réintégration

J’ai cherché
Ton corps
De l’autre côté
Des contreforts

Je l’ai retrouvé
Proche du précipice
Avant qu’il ne glisse

Tu avais pourtant
Peur
Du torrent
De la ravine

Tu n’as pas prévenu
On t’a attendu
Puis perdu
De vue

Du côté obscur
Tes démons
Tes blessures
Ne t’ont pas quitté

Avant de glisser
Tu as survolé ton corps
Tu es remonté de la faille
Tu t’es réintégré

Poème à varier

De quelle variété es-tu ? toi,
Le poème plein d’émoi
Es-tu de moi ?
Nous sommes ensemble, à tu et à toi.

Que puis-je te demander ?
Me consoler,
Des sentiments avariés,
Des paroles contrariées ?

Ecouter mes plaintes
Sur les vices
Qui se glissent
Dans les interstices ?

M’apporter quelques bribes de réconfort,
Monter à l’assaut des châteaux-forts,
Mener un combat de tranchées
Contre le doute
Auquel je m’arc-boute
Sans flancher.

Ne pas être avare
De paroles d’affection
M’aider à larguer les amarres
Pour que je prête plus d’attention
Sans dédain
Aux autres humains.

Point de fuite

Tu n’y penseras point,

Le poing arrive à point nommé
Pour mettre un point final
Au point de croix entamé

De moins en moins au point
De plus en plus au loin
Tout arrive à point
A qui sait attendre

La mise au point
C’est le choix
Du point visé
Du point de fuite

Sans prendre la fuite
Mais apprendre de suite
Le point à atteindre
Le point culminant

Larmes

Alarme !
Les larmes
Coulent
Roulent
Sur ses joues
Couvertes de boue.

Malgré le poids des ans,
Les yeux pourtant,
Etincèlent.

Je décèle
Ce qu’elle recèle.
Son port altier
Son costume soigné
Révèlent.

Elégance
Intelligence
Pensées subtiles.

Quel chagrin inutile
A pu la blesser
A l’en faire pleurer ?

Longue route

Que le printemps, toute l’année
poursuive sa route
de saxophones amusés.

Que le brouillard et les arbres givrés
t’inspirent d’éclatants reflets,
de subtils accords béats
conjugués de mots-débats.

à destination de Gérard Delahaye (1978)
https://www.gerarddelahaye.fr/

Passion selon Saint Mathieu

Abbaye de Fontevraud
En retard
Dans le réfectoire
La Passion selon Saint Mathieu.

L’acoustique
Est ronde
Forte
Et pleine.

Les récitatifs
S’enchainent.
Les boucles évoluent
Se déploient
S’enroulent
Et se répètent.

Le cornet à bouquin
Les violoncelles
Dominent
Par moments.

Fermer les yeux
Pour mieux
Percevoir.

Pour apercevoir,
Ce tablier de cuir
Sur un pantalon d’époque
Et des chausses
En feutre.

Retour sinueux
Par des petites routes
Un chevreuil, aperçu
Dans les phares.

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