Passion selon Saint Mathieu

Abbaye de Fontevraud
En retard
Dans le réfectoire
La Passion selon Saint Mathieu.

L’acoustique
Est ronde
Forte
Et pleine.

Les récitatifs
S’enchainent.
Les boucles évoluent
Se déploient
S’enroulent
Et se répètent.

Le cornet à bouquin
Les violoncelles
Dominent
Par moments.

Fermer les yeux
Pour mieux
Percevoir.

Pour apercevoir,
Ce tablier de cuir
Sur un pantalon d’époque
Et des chausses
En feutre.

Retour sinueux
Par des petites routes
Un chevreuil, aperçu
Dans les phares.

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Réintégration

J’ai cherché
Ton corps
De l’autre côté
Des contreforts

Je l’ai retrouvé
Proche du précipice
Avant qu’il ne glisse

Tu avais pourtant
Peur
Du torrent
De la ravine

Tu n’as pas prévenu
On t’a attendu
Puis perdu
De vue

Du côté obscur
Tes démons
Tes blessures
Ne t’ont pas quitté

Avant de glisser
Tu as survolé ton corps
Tu es remonté de la faille
Tu t’es réintégré

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Momo et Dédé

les voisins de derrière

Derrière la haie de tuyas
Du pavillon des parents
Vivaient
Dans leur minuscule maison
Les voisins, Olivier

Le père, un ancien des chemins de fer
Modeste, la mère, femme au foyer
Et leur fils Maurice, Momo

Momo, il était comptable
Dans une briqueterie
A Langeais

Chaque vendredi soir
Il revenait
A Thouars
Chez ses parents
80 kilomètres
Par les petites routes
En scooter

Le lundi matin
Ou quelque fois
Le dimanche soir
Voyage retour

Vêtu du même imper mastic
Celui de Colombo
Penché, tout tordu
Sur le côté
De sa machine
On le voyait
Arriver
Et repartir

Les Olivier
Ils ne parlaient à personne
Mais étaient en bisbille
Avec chacun
De leurs proches voisins
A l’exception
De mes parents

A cause du chat de l’un
De la clôture de l’autre
Des mauvaises odeurs
Des peaux de lapins tannées
De ceux du dessus

De notre fenêtre de chambre
Nous les observions
Dans leur toute petite véranda
Le père qui marchait
Marchait
Pour évacuer

A l’heure de la retraite
Après la mort de ses parents
Momo est venu habiter
Tout seul
La minuscule maison

Il nous faisait un peu peur
Il avait repris
Les habitudes de son père
Marcher
Marcher
Autour de la table
De la véranda

Un jour
Mon père
M’a emmené
Ramasser
Des bouteilles en verre
Sur la voie ferrée
De l’autre côté
De la rue
Devant chez nous

Depuis des années
Momo jetait ses bouteilles
La nuit
Sur la ligne de chemin de fer

Petit à petit
La maison, pas entretenue
Se délabrait
Le jardin
S’ensauvageait
Momo
Se décharnait

Mes parents
Ont commencé
A lui apporter
A manger
De temps en temps

Ils finirent
Progressivement
A entrer
Dans la maison

Il pleuvait dans la véranda
Nous l’avions vu
Mais aussi dans la chambre à coucher
Et dans la pièce donnant sur la rue
Jamais ouverte

Amaigri
Efflanqué
Pourquoi n’achetait – il plus
A manger

Momo avoua
Que depuis 10 ans
Qu’il était en retraite
Il n’avait rien touché
Il n’avait rien demandé
Il avait vécu
Sur ses économies
Mais il n’avait plus rien

Mes parents avaient agi
Plan de sauvegarde
Assistante sociale
Services de la Mairie

Pension de retraite débloquée
Maison retapée
Jardin débroussaillé
Momo put se remplumer
Des plateaux-repas
Lui furent apportés

Il retourna boire
Des coups
Au café
Et recommença
A jeter
Ses bouteilles
Sur la voie

Devenu sénile
Incapable
De rester vivre
Seul
Il finit
Ses jours
A la maison de retraite
De Oiron

Après quelques années
A l’abandon
La maison
Fut rachetée
Par Dédé
A sa sortie de prison

Lui aussi
Appréciait
Le contenu
Des bouteilles

Quand nous rendions visite
A nos parents
Nous discutions avec Dédé
De la pluie
Du beau temps
Du rugby

Il apportait
A mes parents
Des fleurs de son jardin
Des œufs de ses poules
Il vint tondre la pelouse
Quand mon père a décliné
Et continua toujours
Jusqu’au décès de ma mère

L’entraide
Avait changé de sens

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21 – 22 septembre 2024 à Thouars : Hommage à une famille de photographes : les Dupitier

21-22 septembre 2024 : Journées Européennes du Patrimoine

Hommage à une famille de photographes thouarsais : les Dupitier

Les samedi 21 et dimanche 22 septembre, les Journées Européennes du Patrimoine seront l’occasion, pour la Shaapt, de rendre hommage à une famille de photographes bien connus des Thouarsais, les Dupitier.

Dans le nouveau local de la Shaapt, place Saint Médard, une exposition retracera le parcours de cette famille liée à l’évolution de l’art photographique.

Parallèlement sera présenté et mis en vente l’ouvrage consacré à la famille Dupitier.

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15 juin 2024 : En balade autour de Mauléon avec la SHAAPT

A quelques jours de l’été, la Shaapt propose une incursion dans le bocage, pour se souvenir que Mauléon, qui s’appelait autrefois Châtillon-le-Château, faisait partie du duché de la Trémoïlle. Cette journée découverte nous emmènera des ruines du Château de la Durbelière, où naquit La RocheJacquelin, à Mauléon, avec la visite du musée, entièrement rénové.

Cette journée sera aussi l’occasion d’évoquer la mémoire de Louise de Châtillon, dernière héritière de cette lignée dont la Shaapt à récemment acquis le portrait et qui vous sera présenté en avant-première.

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En Suisse

1er voyage

J’ai enfourché
Mon destrier vélo
Pour rejoindre
Ma dulcinée.

Pédaler
Les bottes dans les sacoches,
Dormir sous la tente,
800 kilomètres
En quatre jours.

A Decize, dans la Creuse
Faire la course
Avec des jeunes de passage.

A Champagnole, dans le Jura
Sur le petit plateau
Monter, monter
Avaler les lacets.

Arrivée
A Gumefens
Au bord du lavoir
Epuisé.

Gérard et Annie

Retrouver
La motofaucheuse
Au bord du lac
De bon matin.
Couper
L’herbe fraiche
Odorante.

Aller
A la chasse
Aux chardons,
Aux rumex
Equipé
Du pistolet
Désherbant.

C’est Dimanche,
La famille Morard
Dans ces beaux costumes :
Celui d’Armailli pour Gérard,
Les robes à fleurs pour Annie
Et Lorette, leur fille
Le petit costume sombre
Pour le fils, Pierre-Michel
Va à la messe.

Avec l’avaloir propulseur
Nous avons rentré le foin
Au grenier
Au-dessus des vaches.
C’est l’heure de la traite
Gérard va de vache en vache
Poser la trayeuse
Pour récupérer le lait.
Pendant ce temps
Nous poussons les déjections
Dans le racloir mécanique
Ou nous donnons
A boire
Aux veaux.

Annie nous a acheté
Des brosses à dent,
Neuves.

Au p’tit déj
C’est bombance
Du gruyère,
Du vrai !
En abondance.

C’est un grand jour,
La montée à l’alpage.
Des heures de montée
A canaliser
Les vaches
Les pousser, ramener,
Rattraper…
Toute la famille est là,
Les fermiers
Qui ont confié
Leurs vaches
Pour l’été,
Aussi.

Arrivée
Au chalet
La récompense est là :
Déguster
La crème
Avec les cuillers en bois
Ouvragées
Accompagnée
Des biscuits bricelets.

2ème voyage

Nous sommes revenus
En Mazda.
« Les voitures japonaises
C’est étroit
A l’avant. »

Avec le tracteur
J’ai fauché,
Le pré
Dans la pente.
J’étais monté
En grade.

Dans le Valais
A Grimentz
Nous avons admiré
Les chalets
Montés sur des pilotis
En bois
Surmontés
De loses
Pour éviter
La remontée
Des rats.

Le matin
Nous avons été surpris
Sous la tente
« Des sujets de Mitterrand…
Pas étonnant… »

A Zinal
Nous avons retrouvé
Le Trift,
Nous avons lavé
La salade
Dans le torrent.

3ème voyage

Après avoir découvert
Des éphélants, des mouifs
Et des bonnes journées
Avec, Anne, Dany et Anto
Nous avons retrouvé Gérard
A l’alpage.
Nous avons dégusté,
De nouveau,
De la crème
Avec les cuillers
En bois
Ouvragées.

4ème voyage

De retour d’Italie
C’est par le tunnel
De ferroutage
Du Simplon
Que nous sommes arrivés.

Le pèlerinage
A Zinal
S’imposait.
Une nuit
Au Trift
Bien sûr.
C’était vraiment désuet
Et tenu
Par des français.

La raclette
Indispensable
A outrance.
Puis,
Rhum arrangé
Et thé Pu-Erh
Pour digérer.

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A l’armée

Je ne me suis pas alarmé
Je n’y ai pas échappé
J’ai été enrôlé.

Basques, Ch’tis, gars des Deux-Sèvres
Nous avons été regroupés
Au 6ème Régiment d’Artillerie
A Hettange-Grande.

Faire les classes

Le peloton
Pour devenir
Sous-Off.

Marches de reconnaissance
La mitrailleuse 12-7
Sur le dos
A tour de rôle.

Maneuvre

Au camp de Bitche
Froid glacial
Beaucoup de neige.
Dormir sous la tente
Au petit matin,
Rechausser
Les brodequins
Gelés
Durs comme du bois.

Tirer à blanc
Sur les rouges
Petites tâches
Sur la neige.

1ère perm

J’ai raté le train
A Austerlitz.
J’ai agrippé
Un train
Pour Poitiers
Je suis attendu
A Saumur.

Le père
D’un autre bidasse
De Moncontour
Me ramène
Au pied
De Saint-Jouin de Marnes

Je n’ai pas le loisir
D’admirer
L’église romane.

Thouars
18 kilomètres.
Valise
Sac à viande
Empli
De linge sale.
Il va falloir
Marcher
Marcher
Traverser la plaine
De Noizé.

Aux lueurs de l’aube
Arrivée
Au 21
Exténué.

Dormi
Mangé
Aperçu les copains
Et je suis reparti.

Monté en grade

Brigadier
Brigadier-Chef
Maréchal des Logis
J’ai réussi
Je suis chef de chambrée.

J’apprends à lire
Aux Ch’tis
Je leur lis
Les lettres
De leurs petites amies
Et je leur réécris.

Responsable de la troupe

Observations au théodolite
Au bord de la Meuse.
Le Sous-off
Qui a fait l’Indo
Cuve sa cuite.

Les chauffeurs de Jeep
En profite
Pour faire des rallyes-rodéos.
L’un d’eux se plante
Sur une bosse
Et manque
De se retourner

J’en suis quitte
Pour une peur
Rétrospective.


Le groupe doit se plier
A l’exercice
Du tir
Au pistolet.

A l’aller
Dans le camion GBC
Les gars à l’arrière
Protestent
Ils ont froid
Ils sont frigorifiés
Il faut négocier.

Dans la salle
De tir
Ils se sont réchauffés
Et ne veulent plus, repartir.

Permissions sur place

Pour aguicher
Quelques lorraines engoncées
C’est à Thionville
Que l’on allait
Où, au bal
A Hettange-Grande
Pour essayer
D’emballer
Sous les regards courroucés
Des mères.

Sport

Avec les basques
Et Boutin
De Romans, dans la Drôme
Dont le père
Fabrique des chaussures
Entrainement de rugby
Le mercredi.

Parties de foot
Endiablées
Sur le terrain
Du régiment.

Noël 1974

En pyjama orange
Nous sommes prisonniers.
De l’ouest
Du Sud-Ouest
Où du Nord
Le partage se fait
Dans la chambrée
Bondée
Par les armes
Entourés.

Libéré

15 au jus,
Puis 10,
Puis 5,
C’est la quille.

On promet
De s’écrire
De se revoir.

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