1939-1945 2ème Guerre mondiale

Une femme à Berlin

Une femme à Berlin (allemand : Eine Frau in Berlin) est un témoignage autobiographique d’une jeune Allemande sous la forme d’un journal allant du 20 avril au 22 juin 1945. Il relate, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la chute du Troisième Reich et la prise de la ville de Berlin par l’Armée rouge, dont les soldats se livrent à cette occasion à des exactions et meurtres dont des viols de guerre massifs pendant plusieurs mois, et dont la jeune femme est victime à plusieurs reprises.

Le témoignage

Le texte décrit la vie quotidienne des Berlinois, notamment des femmes, au printemps 1945, tout près de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La population est dans l’attente et l’angoisse de l’arrivée imminente des troupes soviétiques, et les habitants sont livrés à eux-mêmes dans le chaos de la débâcle allemande, l’État allemand — le Troisième Reich — étant sur le point de capituler. Les habitants, conscients de la profonde ire animant les troupes soviétiques à leur égard, notamment engendrée à la suite de l’invasion de leur pays en juin 1941 et à la profusion de crimes de guerre alors perpétrés en URSS par les instances nazies de 1941 à 1944, sont tenaillés tant par la faim que par la peur et entièrement mobilisés par la recherche du minimum vital.

Après la capitulation allemande le 8 mai 1945, l’occupation soviétique se révèle rapidement être un cauchemar pour les femmes, victimes de violences sexuelles perpétrées par les soldats de l’Armée rouge. On estime que cent mille femmes ont été violées pour la seule ville de Berlin durant cette période.

Cependant, malgré l’horreur, l’auteure développe son témoignage avec une certaine rationalité : elle n’exprime aucune haine à l’égard de l’occupant et parvient, malgré la souffrance, les humiliations et le traumatisme à faire la part des choses, non sans sarcasme. Avec un regard acéré, elle montre l’ampleur du ressentiment de ses compatriotes à l’égard d’Adolf Hitler, mais aussi les petites et grandes mesquineries qui révèlent la véritable nature des uns et des autres lorsque l’ordre social est bouleversé. En particulier, au moment de l’arrivée des soldats dans la ville, elle évoque son étonnement de découvrir des femmes parmi les sous-officiers de l’Armée rouge, étrangeté pour elle de la condition féminine en URSS là où les femmes sous le Troisième Reich évoluaient dans des limites continuatrices du triptyque des 3K. (Kinder, Küche, Kirche. « Enfants, cuisine, église », rôles traditionnels dévolus aux femmes sous l’empire allemand et le Troisième Reich.)

L’auteure étant libre de ses opinions — aucun compagnon ou membre de sa famille à ses côtés, elle indique à son entourage dans les abris qu’elle « prend juste des notes » et aux Soviétiques qu’elle perfectionne son russe — cet écrit préfigure donc, malgré sa diffusion décalée auprès du public allemand, la période du réalisme en littérature qui va succéder à l’effondrement de l’idéologie politique dominante l’année 1945.

Personnages principaux

La narratrice

La narratrice, qui ne donne pas son nom dans son récit, est une jeune femme qui décrit sa vie dans son journal et témoigne des événements auxquels elle assiste pendant huit semaines : la bataille de Berlin, la chute du Troisième Reich puis l’occupation de l’Allemagne par les Soviétiques. Elle se présente comme salariée d’une maison d’édition, a longuement voyagé en Europe durant sa jeunesse et maîtrise les bases de différentes langues, dont le russe et le français. Elle se décrit comme une « blondinette de trente-ans toujours habillée du même manteau d’hiver ». D’abord domiciliée dans un appartement abandonné, elle se réfugie chez une veuve lorsque le domicile de cette dernière est endommagé. Elle souffre d’abord de la faim, puis des bombardements, devant se terrer dans des abris anti-aériens. Après l’arrivée des troupes soviétiques — à la suite de leur victoire dans la bataille de Berlin — de nombreux soldats de l’Armée rouge lui font subir de très fréquents viols collectifs, sans que personne n’intervienne pour elle, ni pour les autres femmes victimes. De fait, terrorisée et humiliée, elle recherche la « protection » d’un haut-gradé de l’armée occupante afin de devenir sa « chasse gardée », tout en y trouvant un moyen d’avoir accès à de la nourriture. Une fois l’Armée rouge restructurée et le départ des Soviétiques des quartiers civils de Berlin, elle fait partie des femmes des ruines, ayant pour tâche de reconstruire la capitale.

La veuve

Femme de 50 ans qui a eu une vie aisée avant la guerre, la veuve recueille la narratrice et partage son appartement avec elle et son sous-locataire, monsieur Pauli. Ayant elle aussi été victime d’un viol, elle montre de l’empathie envers la narratrice et développe une certaine complicité avec elle. Toute autant préoccupée par sa survie que les autres Berlinois, elle est reconnaissante de la nourriture apportée par les Soviétiques et tente d’arrondir les angles quand les événements s’aggravent. Sous la pression de monsieur Pauli, elle demande à la narratrice de déménager une fois les Soviétiques partis, et qu’elle n’amène plus de nourriture qu’elle récupérait auprès des militaires.

Monsieur Pauli

Sous-locataire de la veuve, cet homme rentre de la guerre et dit souffrir de névralgie, ce que la narratrice pense être en réalité une névrose de guerre. Bien qu’étant censé être le « protecteur » des deux femmes avec qui il partage un appartement, il n’empêche pas leurs viols. Comptable de profession, il sympathise avec les Soviétiques durant leur séjour et demande à la veuve de faire partir la narratrice une fois qu’elle ne ramène plus de nourriture.

Petka

Petka est l’un des premiers soldats soviétiques ayant violé la narratrice. Par la suite, il débute un harcèlement envers elle, exprimant combien il l’aime et son désir de l’épouser. Une fois l’arrivée de gradés dans l’appartement de la narratrice, il n’éprouve plus que haine envers elle, et, étant porté sur l’alcool, a de nombreux accès de violence envers elle.

Anatol

Anatol est un lieutenant soviétique d’origine ukrainienne, et le premier gradé que la narratrice a débusqué afin de mettre fin aux viols massifs dont elle était victime. Décrit comme grand et fort, facilement « manœuvrable » bien que violent, il est exploitant laitier dans le civil.

Le maïor

Homme aimable et réservé, alors qu’il désire avoir une relation sexuelle avec la narratrice, le maïor (major, en russe : Майор) met un point d’honneur à savoir si elle le désire et à préciser vouloir partir si ce n’était pas le cas. La narratrice accepte, car Anatol a été muté et qu’elle a toujours besoin d’une « protection ». Il fournit les habitants de l’appartement en nombreux moyens de subsistance et reste jusqu’au départ des troupes.

Gerd

Gerd est le fiancé de la narratrice parti à la guerre. Son souvenir est une des rares sources de réconfort pour la narratrice. Cependant, une fois rentré à Berlin après le retrait des troupes soviétiques des quartiers civils, il ne supporte pas le témoignage de la narratrice et des autres femmes à propos de leurs viols, les qualifiant de « chiennes impudiques ». Il quitte la ville sans que la narratrice sache s’il reviendra un jour.

L’auteure : Marta Hillers

Marta Hillers en 1931.

Marta Hillers est une journaliste allemande, née le 26 mai 1911 à Krefeld (Empire allemand) et morte le 16 juin 2001 à Bâle (Suisse). Elle est principalement connue pour avoir été l’auteur d’un récit autobiographique intitulé Une femme à Berlin (Eine Frau in Berlin) dans lequel elle raconte la vie quotidienne à Berlin au début de l’occupation soviétique, notamment du point de vue des femmes, victimes d’innombrables exactions et viols.

Biographie

Marta Hillers étudie à la Sorbonne, puis effectue de nombreux voyages dans toute l’Europe. Outre l’allemand, sa langue natale, elle maîtrise le français et le russe.
Elle se trouve à Berlin en 1945 et doit faire face à l’occupation par l’Armée Rouge.
Les mémoires de Marta Hillers, Une femme à Berlin, sont publiés pour la première fois en 1954, en anglais et de façon anonyme. Son journal a été écrit pendant la chute de Berlin.
Marta Hillers se marie dans les années 1950, déménage en Suisse dans la région francophone de Genève, abandonne le journalisme, après avoir au préalable publié de nouveau son journal en allemand en 1959. Cette publication déclenche une controverse, compte tenu de son utilisation possible à des fins de propagande en pleine guerre froide. Toutefois, l’ouvrage ne se vend pas bien et est très critiqué.
Ayant été accusée de bafouer l’honneur des femmes allemandes, Marta Hillers refuse toute nouvelle publication de son journal.
Ce n’est qu’après sa mort — survenue en juin 2001 — qu’Une femme à Berlin peut de nouveau être publié. Il devient un best-seller en 2003, grâce à l’intérêt grandissant porté soixante ans après aux conditions sociales de l’époque.
L’ouvrage rend compte de l’indiscutable étendue des viols commis à Berlin, comme l’attestent par ailleurs les documents hospitaliers de l’époque, qui à eux seuls mentionnent environ cent mille cas. Il est estimé que deux millions de femmes en Allemagne subirent des viols durant la période d’occupation par l’Armée Rouge.
En 2008, un film d’une durée de 131 minutes, dont le scénario est directement inspiré de son journal, Anonyma – Eine Frau in Berlin, sort en salles.
Une femme à Berlin est la seule œuvre littéraire connue de Marta Hillers.

Femmes des ruines

Berlin, juillet 1946. Des femmes déblaient la Jägerstraße.

Les femmes étant la grande majorité de la population civile demeurant à Berlin, elles sont réquisitionnées au déblaiement des ruines et à divers travaux de soutien. La narratrice, travaillant à la fois dans une usine et à la blanchisserie pour soldats, tout en étant victime du trauma du viol et à l’incertitude sur son avenir.

En 1945, 30 % de la ville de Berlin est en ruines, et la quasi-totalité des bâtiments sont gravement endommagés. Le nombre de femmes des ruines ayant reconstruit la capitale allemande est estimé à soixante mille.

Berlin, enlèvement de décombres
Berlin, enlèvement de décombres Auteur : KHALDEI Yevgeny Efim
Des Femmes enlèvent les décombres dans une rue de Berlin
Des Femmes enlèvent les décombres dans une rue de Berlin Auteur : ITTENBACH Max

C’est deux mois à peine après la fin de la guerre, en juillet, qu’Yevgeny Efim Khaldei a saisi Berlin, enlèvement de décombres. Célèbre photoreporter russe, il a suivi la progression des troupes soviétiques en Allemagne, leur entrée dans Berlin, mais également le quotidien de la capitale durant des premières semaines d’occupation.
Le cliché montre une scène devenue habituelle pour les civils berlinois : organisés en plusieurs files et munis quelques outils (pelles et sceaux), ces derniers sont occupés à déblayer les ruines. Hommes, femmes et enfants s’occupent ici dans le calme d’une véritable butte formée par les décombres, tâchant de récupérer les briques encore entières (entreposées au premier plan en bout de file).

Si elle reprend le même motif que l’image précédente, Des femmes enlèvent des décombres dans une rue de Berlin, présente cependant plusieurs différences intéressantes avec celle-ci. D’une part, elle n’est pas l’œuvre d’un photographe appartenant au camp des vainqueurs mais d’un photographe allemand, Max Ittenbach. Prise en 1949 (les stigmates de 1945 sont encore bien présents dans la ville à cette période), elle met en scène un groupe exclusivement féminin qui, quatre ans après la fin de la guerre, poursuit le travail de déblaiement. L’enlèvement des décombres est en effet à un stade plus avancé que sur le cliché précédent : la route est assez dégagée, propre et praticable.

Des femmes enlèvent des décombres dans une rue de Berlin permet de rappeler le rôle particulier des femmes dans cet épisode de reconstruction. Avec autant d’hommes morts, prisonniers ou blessés à la guerre, c’est bien ces dernières, appelées rapidement « femmes des ruines » (ou « femmes des décombres ») qui sont dans les premiers temps chargées de remettre la ville en état, en déblayant les ruines, édifiant des montagnes de gravats, puis en rétablissant ce qui peut l’être.

Soldats de l’armée rouge à Berlin en 1945

Des soldats de l’Armée rouge se battent dans les rues de Berlin en 1945

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Suite française – Irène Némirovsky

Écrit dans le feu de l’Histoire, Suite française dépeint presque en direct l’Exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toute sorte, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Cocottes larguées par leur amant, grands bourgeois dégoûtés par la populace, blessés abandonnés dans des fermes engorgent les routes de France bombardées au hasard… Peu à peu l’ennemi prend possession d’un pays inerte et apeuré. Comme tant d’autres, le village de Bussy est alors contraint d’accueillir des troupes allemandes. Exacerbées par la présence de l’occupant, les tensions sociales et frustrations des habitants se réveillent…

Roman bouleversant, intimiste, implacable, dévoilant avec une extraordinaire lucidité l’âme de chaque Français pendant l’Occupation (enrichi de notes et de la correspondance d’Irène Némirovsky), Suite française ressuscite d’une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire.

De son village de Saône-et-Loire où elle est réfugiée, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Au fil de l’écriture et de l’avancée allemande, son roman se fait le miroir inquiétant du quotidien d’un pays sous le joug, jusqu’à ce que la réalité dépasse tragiquement la fiction lors de son arrestation en juillet 1942. Ainsi la grande Histoire précipite-t-elle le destin de la romancière et, avec lui, celui de Suite française. Son manuscrit inachevé, ses notes et nombreux écrits sont confiés à ses enfants dans une précieuse valise. Des années plus tard, sa fille, Denise Epstein, en exhume le roman Suite française. Il existait cependant deux versions de la fameuse suite romanesque : une version brute, originelle, la toute première (Denoël, 2004), et puis une seconde remaniée, plus ramassée, plus aboutie, celle que l’auteure envisageait de publier.

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Georges de 1935 à 1987

1935 : Décès de Marie Louise Bichon, la mère de Georges

Au mois d’octobre 1935, Marie Louise la mère de Georges meurt à l’âge de 57 ans. Georges à 33 ans, sa demi-sœur Georgette 16.

1940 : L’Exode de la famille Chabosseau

La famille Chabosseau, celles des associés de mon grand-père et d’autres thouarsais s’entassent dans deux camions et trois voitures, direction le sud. Ils descendent jusqu’à Captieux puis Maillas dans les Landes près de Mont de Marsan ou ils arrivent le 21 juin 1940.
Ce jour la, les Allemands s’emparent de Thouars (lire article juin 1940 à Thouars)
Le 9 juillet 1940, mon grand-père Georges, dépose à la mairie de Maillas, son fusil de chasse et ses cartouches. La famille Chabosseau, les familles des associés et des réfugiés belges s’entassent dans les véhicules pour remonter à Thouars.

Une image contenant texte

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Traduction du document ci-dessous

Laisser-passer
Les cinq voitures n°8341 R M 1 11 C Citroën
1955 XL 2 326 Liberty
46 XL 3 126 Citroën
534 XL 2 116 Renault
8314 XL 1 236 Unic Diesel
sont occupées par des réfugiés de nationalité belge, soit 48 personnes au total.
Ils veulent repartir et retourner dans leur pays en passant par Thouars.
Les postes de commandement et les autorités allemandes sont invités à aider les réfugiés, à faciliter leur déplacement dans la mesure du possible et surtout à les ravitailler en essence.
Captieux le 9 juillet 1940
Le transport nécessite pour 4 voitures environ 98 litres d’essence pour parcourir 100 km (Captieux est à 80 km au sud de Bordeaux) ils sont ravitaillés pour parcourir environ 200 km. Pour la cinquième voiture, le plein de gazoil devrait suffire.

Le camion Unic 8314 XL 1 qui a été utilisé pendant l’exode et mon grand-père Georges, photo prise dans les années 50

De retour à Thouars en juillet 1940, Georges, ses associés et leurs véhicules sont réquisitionnés par les allemands pour assurer les transports publics.
Ils assuraient les transports de personnes vers Bressuire, Parthenay et Saumur.

1943 : Décès de Georgette Pichot, la demi-sœur de Georges à l’âge de 24 ans

Le 28 novembre 1942, la demi-sœur de Georges, Georgette Pichot se marie avec Henri Bonneau. Leur bonheur est de très courte durée car Georgette meurt le 6 mars 1943 à 24 ans.
C’est la guerre, la vie n’est pas facile, Georges a 40 ans, il a perdu tous les siens, son père, sa sœur Emilienne, sa mère et maintenant sa demi-sœur.

1948 : Georges perçoit un héritage qui met fin à son conflit avec son beau-père

Le 13 février 1948 se retrouvent à l’étude de Me Charpentier notaire à Thouars : (Conservation des Hypothèques de Bressuire, Volume 1779, n°6, transcription du 18 mars 1948)
Désiré Victor Pichot le beau-père de Georges Chabosseau,
Les quatre enfants survivants que Désiré Pichot a eu avec sa première épouse Ernestine Gabriel :
Lucien André Pichot et sa femme Angélique Gourgand
Léopold Raymond Pichot et son épouse Antoinette Proust
Léa Lucie Pichot et son mari Louis Ennon
Lucienne Victoria Pichot et son mari Maurice Bulteau
Et mon grand-père Georges Chabosseau.

Désiré Pichot et sa première épouse Ernestine Gabriel ont eu deux autres enfants :
Moïse Léon Pichot mort au combat à 20 ans, le 16 juin 1915 dans le Pas de Calais et
René Hubert Pichot mort le 18 janvier 1942.

Les présents à l’étude de Me Charpentier sont réunis pour régler trois successions imbriquées ; celles de Marie Louise Bichon (épouse de François Constant Chabosseau puis de Désiré Victor Pichot), celle de René Hubert Pichot (fils du 1er mariage de Désiré Pichot) et celle de Georgette Pichot (fille du 2ème mariage de Désiré Pichot et de Marie Louise Bichon).
Un accord fini par être trouvé entre les parties. Mon grand-père Georges se voit attribué, en héritage, un montant de 80 000 Francs.
La famille Pichot lui propose de lui verser cette somme en lui cédant un pré arboré d’une surface d’1 hectare, 89 ares et 16 centiares situé au Pré de la Saulaie à Louzy, cadastré section C n°490p. Ce terrain est estimé à la valeur de 90 000 Francs ; charge è Georges de verser 10 000 Francs à la famille Pichot à titre de soulte. Ce qu’il fait aussitôt en réglant la somme au comptant devant le notaire.

1950 – 1975 : La Société de transports Chabosseau

Au début des années 50, mon grand-père Georges, se sépare de ses associés et crée sa propre société de transport. Mon père Marc le rejoindra quelques années plus tard.

Enveloppe utilisée par la société de transport Chabosseau dans les années 60

La société a eu une activité artisanale de transport de fourrages, de céréales, de résidus d’huile de palme qui étaient incorporés aux aliments destinés au bétail, d’engrais, de bois pour la menuiserie, de plâtre pour la construction.
Les premiers camions utilisés étaient des camions réformés par l’armée américaine à la fin de la deuxième guerre mondiale, les CD2, puis vinrent les Unic (photos ci-dessus) en camion simple ou semi-remorque (modèle Lautaret) et enfin un semi-remorque Mercédès.
La société a cessé son activité en 1978.

1986 – 1987 Décès d’Albertine et de Georges

Ma grand-mère Albertine décède le 10 avril 1986 et Georges, peu de temps après, le 10 février 1987.

Georges de 1935 à 1987 Lire la suite »

Juin 1940 à Thouars

18 JUIN 1940 : la Gare de Thouars est bombardée

Soldats polonais passant la revue à Airvault avant le 18 juin 1940.

C’en est fini de « la drôle de guerre » ! Depuis l’ouverture des hostilités en septembre 1939, rien ne se passait. Mais depuis le 10 mai 1940, les hommes du Reich sont entrés en France et les troupes françaises ne peuvent contenir l’avancée ennemie. Le président Lebrun nomme le maréchal Pétain président du Conseil. Bientôt, celui-ci quittera Paris, entrainant le gouvernement à Tours, à Bordeaux puis à Vichy.
C’est la débâcle ! Les populations fuient les combats et se refugient notamment dans l’ouest de la France jusqu’alors épargné.
Les armées françaises, désorganisées, subissent ordres et contre-ordres. En Thouarsais, on sait que le territoire est une cible avec le nœud ferroviaire que représente la gare et la réserve de munitions installée près de Puyravault.
A Airvault, au camp d’entrainement installé à Véluché, on prépare aussi l’évacuation. Pendant plusieurs mois, plusieurs milliers de soldats polonais de la 4ème division d’infanterie, réfugiés en France après l’invasion de leur pays par les nazis, ont vécu dans ce camp, dans la perspective de s’allier à l’armée française. Face à l’avancée allemande, ces soldats polonais décident de rejoindre l’Angleterre pour continuer le combat. Pour rejoindre Londres, ils doivent rejoindre le port de La Rochelle en train, transitant par Thouars.
18 juin 1940, il est 6h, c’est une belle journée estivale qui s’annonce. A la gare, l’activité est intense mais aussi dans tout le quartier où s’élèvent diverses usines. C’est l’heure de l’embauche.
Tout à coup, sans aucune alerte préalable, un avion allemand survole la ville et lâche cinq bombes en quelques minutes. Passé l’effroi, c’est la panique.
De nombreuses victimes sont à déplorer au sein même de la gare mais aussi alentour. Des civils et des cheminots bien sûr mais aussi vingt-six soldats polonais pris au piège dans leur train qui stationnait à quai. Au total, on dénombre 53 tués et des dizaines de blessés.
Ce bombardement meurtrier fait entrer le Thouarsais de plain-pied dans la guerre.

19 JUIN 1940 : on évacue le camp de munitions de Puyravault

 visuel ©amicale des pyrotechniciens

Face à l’avancée allemande, l’armée française est en pleine désorganisation. Les hommes du Reich sont annoncés à quelques kilomètres de Saumur. On décide de faire sauter les ponts de la Loire.
A Thouars, on se remet péniblement du bombardement de la gare, la veille, qui a fait 53 morts et plusieurs dizaines de blessés. Ces derniers ont été rapatriés à l’hôpital où on les soigne comme on peut.
A la gare, les voies ont été dégagées pour permettre de faire repartir les trains militaires qui étaient stationnés et qui n’ont pas été atteints. Alors que la population s’attend au pire, aménage les abris et protège les objets de valeur, on exfiltre de la ville 115 enfants réfugiés de la région parisienne pour les mettre à l’abri à Bouillé-Loretz.
A l’ERG, l’entrepôt de munitions, sans ordre de la haute hiérarchie, le chef d’escadron Bochot décide l’évacuation du site. Après avoir fourni les troupes encore présentes sur le territoire en munitions et en essence, et avoir fait partir un maximum de train chargés de munitions, Bochot organise le départ des militaires de l’ERG et de leur famille. Avec un sentiment d’abandon et de désappointement, la population thouarsaise voit partir en trains et voitures plus de 1500 hommes et leurs proches en direction d’Angoulême. Seuls quelques dizaines d’entre eux restent sur place pour assurer l’intendance et les derniers ravitaillements. Plus rien ne pourra empêcher l’arrivée des troupes allemandes.

20 JUIN 1940 : Les prémices de la bataille de Thouars

Fuyant vers le sud face à des troupes allemandes dévorant tout sur leur passage, l’armée française a détruit la plupart des ponts enjambant la Loire, entre Gien et Nantes. Mais rien n’y fait, à l’aide de canots et de barges, les soldats allemands traversent le fleuve. Aguerris, les hommes du génie ont tôt fait de réaménager des ouvrages de fortune sur les ruines des ponts détruits par les français pour faire passer leurs troupes et matériels. Mais à Saumur, contre toute attente, une résistance militaire s’organise. Face aux 12 000 hommes de la 1ère cavalerie de Prusse Orientale, 2200 soldats français gardent les armes, dont 790 élèves de l’école de Saumur, les fameux Cadets qui vont se battre héroïquement, pour l’honneur, retardant ainsi de quelques heures l’avancée allemande.
En fin de matinée, néanmoins, les premières troupes allemandes sont signalées entre Doué la Fontaine et Thouars, à Bouillé Loretz.
Ce même jour, à Borcq, près d’Airvault, où a été installé un camp de munitions provisoire, annexe de celui d’Angoulême, ordre est donné de détruire les stocks. Vers 14h, une incroyable explosion retentit, faisant vibrer les murs sur plusieurs kilomètres, affolant les populations qui n’avaient pas été prévenues.
Dans les fermes isolées des campagnes, on craint l’arrivée des « barbares » qui, dit-on, violent les femmes et coupent les mains des enfants. Parfois, on préfère fuir. Dans les villages, on se regroupe à plusieurs familles dans une même habitation. A Thouars aussi, chacun se terre, emportant les quelques objets de valeur dans des abris de fortune.
Dans la chaleur étouffante de ce début d’été, chacun sait que le pire est à venir…

21 juin 1940 : les Allemands s’emparent de Thouars

La Bataille de Thouars, souvent appelée « troisième bataille de Thouars » en référence à celles de 1793 et 1815, naît de l’ordre donné le 21 juin 1940 d’occuper la ville et de la défendre. Les rares troupes françaises encore présentes dans le secteur sont invités à rejoindre Thouars d’urgence, pour contrer l’avancée allemande. Des unités sont placées au nord de la ville sur la route en direction de Montreuil-Bellay mais aussi au sud sur le pont de Saint Jean et les côteaux du Thouet. Les derniers hommes restant au camp de munitions sabordent les amorçages afin qu’ils ne tombent pas aux mains des allemands.
En début d’après-midi, ceux-ci arrivent depuis Loudun et Saumur.
Aux premiers rangs se trouvent les motocyclistes suivis par les unités anti-char et les automitrailleuses. A distance se trouvent les troupes montées. Les premiers coups de feu éclatent et ne cesseront plus de toute la journée. Les allemands sont surpris par cette résistance inattendue et des victimes sont à déplorer des deux côtés. La tension monte au fil des heures. Au nord comme au sud de la ville, les combats font rage. Alors que des poches de résistance se forment, le gros des troupes allemandes s’emparent de la ville, déployant leur matériel.
Dans la rue du Château, des canons sont installés pour répondre aux offensives des soldats français depuis les hauteurs de Saint Jean et de Saint Jacques. On se bat toute la journée et en fin d’après-midi, un formidable orage éclate, point d’orgue de cette funeste journée.
Malgré un courage exemplaire, les soldats français doivent céder la place. Thouars entre dans la période d’occupation. A une civile venue se plaindre de destructions à la Kommandantur, un officier allemand rétorque : « En entrant dans une ville, nos troupes ont droit à 24 heures de pillage … »

22 JUIN 1940 : un premier geste de refus face à l’occupant

Alors que les derniers échanges de tirs se font entendre autour de Thouars, les allemands prennent possession de la ville, avec la rigueur et l’organisation qui les caractérisent. Les panneaux indicateurs sont germanisés, la croix gammée flotte sur la place Lavault et la Kommandantur est installée à l’Hôtel de Ville dans un premier temps.
Afin de faciliter leurs communications, les soldats déroulent à même le sol les câbles téléphoniques sur plusieurs dizaines de mètres. Dans un geste d’inconscience et d’héroïsme, le cheminot Alexis Lecleinche coupe les fils, sabordant ainsi les outils de communication allemands, comme un prélude aux actes de résistance qui se développeront en Thouarsais au fil de la guerre.
Las, Lecleinche est dénoncé et arrêté. Déporté en Allemagne, il mourra au camp de Diez en 1943.
Parallèlement, les derniers soldats français tentent toujours de retarder l’armée allemande afin de permettre à quelques 2400 militaires français d’évacuer par la gare de Parthenay. C’est la fameuse bataille de la Butte, durant laquelle les avions allemands vont larguer plusieurs bombes. Des civils et des militaires perdront la vie, dont un un soldat inconnu, enterré sur place.
En périphérie de Thouars, et en direction du sud, tous les villages voient passer les soldats allemands dont certains n’hésitent pas à violenter les habitants et piller les maisons. Coulonges Thouarsais, Geay, Sainte Gemme, Luché Thouarsais…. Là aussi, les combats sont violents. L’un des derniers chars français, le « Saint Georges » est anéanti par les allemands, son équipage tué, brûlé vif. Comme un trophée, les allemands ramènent le char à Thouars, place Lavault, où il restera exposé plusieurs semaines.

23 JUIN 1940 : les documents d’armistice transitent par Thouars

Alors que Bressuire est envahie à son tour, que les allemands se déploient sur le Thouarsais, que les dernières troupes françaises, dont les coloniales, embarquent dans les rares trains depuis la gare de Parthenay en direction du sud, l’Armistice a été signé en forêt de Compiègne le 22 juin, suite au discours du maréchal Pétain, quelques jours plus tôt, annonçant qu’il fallait cesser le combat.
Toutefois, cet armistice ne sera effectif que deux jours plus tard, après la signature de l’Italie, alliée du Reich. Le texte comprend vingt-quatre clauses et doit être remis au gouvernement réfugié à Bordeaux. Des gradés allemands quittent le wagon de Rethondes, le précieux document dans leur sacoche, et prennent la route vers l’ouest.
Le château de Ternay, a une dizaine de kilomètres de Thouars, a été réquisitionné pour accueillir le général Tippelkirch, membre du haut commandement et proche d’Hitler. Venant de Rethondes où il a assisté à la signature, il arrive au château le 22 juin, tard, dans la soirée, où il dîne et passe la nuit. Tippelkirch est chargé de donner les documents aux plénipotentiaires français qui les remettront à leur tour au gouvernement français.
La rencontre a lieu le lendemain, dimanche 23 juin, dans la matinée. Protégés par les hommes de la 1ère Division de cavalerie allemande, les plénipotentiaires se retrouvent à la Maucarrière entre Thouars et Parthenay. Les représentants français, drapeau blanc accroché à leur véhicule, ne restent que quelques minutes avant de filer vers la Gironde où les attend le maréchal Pétain et son gouvernement.
Ce dernier chapitre marque la fin de la Bataille de Thouars. Dès lors, les combats vont cesser, les coups de feu seront sporadiques. Le Thouarsais entre dans la sombre période humiliante de l’Occupation. Mais bientôt des hommes et des femmes se lèveront pour sauver la France.

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Retour à Lemberg

Philippe Sands, né en 1960, juriste international de renom, spécialisé dans la défense des droits de l’homme, intervient, auprès de la Cour internationale de Justice, de la Cour de justice des Communautés européennes…
Compte tenu de son renom, il fut convié, il y a quelques années, à donner une conférence à l’université de droit de Lviv, en Ukraine. Cette invitation va lui donner l’occasion de plonger dans le passé de sa famille et de découvrir les liens étroits existant entre sa famille et plus particulièrement son grand-père Léon Buchholz, natif de Lemberg, avec :

  • Hersch Lauterpacht (1897-1960), professeur de droit international, originaire de Zolkiew, près de Lemberg,
  • Raphael Lemkin (1900-1959), procureur et avocat, résidant à Lemberg à partir de 1921, et
  • Hans Frank 1900-1946, ministre du IIIème Reich, avocat préféré d’Hitler.

Raphael Lemkin et Hersch Lauterpacht sont deux juristes exceptionnels, hélas, peu connu du grand public, qui ont pourtant joué un rôle déterminant dans l’évolution de la perception des crimes de guerre et de la justice internationale.
Raphael Lemkin (1900-1959) a forgé le terme « génocide« , tandis que Hersch Lauterpacht a introduit la notion juridique de « crime contre l’humanité« .
Deux concepts absolument essentiels.
Ce sont effectivement ces termes juridiques qui ont permis, en 1946, de condamner à Nuremberg, les hauts dignitaires nazis et des années plus tard, la création de la cour pénale de la Haye pour crimes de guerre, comme en ex-Yougoslavie ou au Rwanda.

Ce qui est absolument incroyable c’est qu’aussi bien Lemkin que Lauterpacht soit originaire de Lviv, la capitale de la Galicie, l’ancienne province orientale de l’Empire austro-hongrois. Endroit où est né le grand-père de Philippe Sands.

Dans ses investigations, Philippe Sands a rencontré Niklas Frank, le fils de l’avocat d’Hitler, Hans Franck qui fut aussi gouverneur-général de la Pologne occupée. De passage à Lviv,en 1942, il annonça la mise en place de « la solution finale ».
Niklas avait 7 ans lorsque son père fut jugé et pendu à Nuremberg en octobre 1946.
Il a publié un ouvrage sur ce père, ayant pour titre « Mon père : un règlement de comptes », qui est un jugement lucide, sans la moindre concession sur les exactions commises par son père.
À Philippe Sands, il a déclaré : « Mon père était juriste ; il savait ce qu’il faisait… »

Lors de son enquête, Philippe Sands découvre une série de coïncidences historiques qui le conduiront des secrets de sa famille à l’histoire universelle.
C’est, en effet, à Lemberg (Lviv) que Leon Buchholz, son grand-père, passe son enfance avant de fuir, échappant ainsi à l’Holocauste qui décima sa famille ; c’est là que Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin, deux juristes juifs étudient le droit dans l’entre-deux-guerres. C’est là enfin que Hans Frank, haut dignitaire nazi, annonce, en 1942, alors qu’il est Gouverneur général de Pologne, la mise en place de la « Solution finale » qui condamna à la mort des millions de Juifs. Parmi eux, les familles Lauterpacht, Lemkin et Buchholz.

Comment ne pas être troublé par cet extraordinaire témoignage, qui transcende les genres, ou s’entrecroisent, une enquête palpitante, la coïncidence troublante de retrouver les traces des quatres personnages dans une la même ville et une réflexion profonde sur le pouvoir de la mémoire.

Lviv, Lemberg, Lwów, Lvov… ville carrefour de tragédies

Ville fondée au XIIIe siècle, l’ensemble architectural de son centre historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Longtemps polonaise, puis autrichienne de 1772 à 1918 sous le nom de Lemberg après le premier partage de la Pologne, redevenue polonaise sous le nom de Lwów au sein de la Deuxième République de Pologne (1919-1939), annexée par la Russie, puis par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, elle est actuellement la capitale de l’oblast de Lviv en Ukraine.

Lviv est une ville hautement symbolique des différentes tragédies qu’a connu l’Europe à travers les siècles.

1386-1772 : Lwów, ville polonaise

Lwów devient une ville multi-ethnique et multiconfessionnelle à majorité polonaise, et un centre de culture, de science et de commerce. Trois archevêchés y étaient installés : l’archevêché catholique latin, l’archevêché gréco-catholique (dit uniate) et l’archevêché arménien. Au XVIe siècle, la population juive atteint le millier de personnes.

1772-1918 : Lemberg, ville autrichienne
En 1772, à la suite de la partition de la Pologne, Lwów devint Lemberg, la capitale de la province autrichienne nommée royaume de Galicie et de Lodomérie. Ce régime laissa une grande empreinte sur l’architecture de la ville. En 1776, paraît la Gazette de Léopol, un périodique en langue française, premier journal d’Ukraine. En 1784, l’université laïque fut ouverte par l’empereur Joseph II. Les cours étaient donnés en latin, allemand et polonais puis, à partir de 1786, en ukrainien.
En 1867, la Galicie, toujours rattachée à l’Autriche-Hongrie, obtint une large autonomie et les Polonais bénéficièrent de certaines libertés culturelles, dans l’administration locale et l’éducation. Un mouvement patriotique ukrainien subsistait cependant.
Après la Première Guerre mondiale, lors de l’effondrement de l’empire des Habsbourg, la population ukrainienne locale proclama Lviv comme capitale de la république populaire d’Ukraine occidentale le 1er novembre 1918.

1918-1939 : Lwów, ville polonaise à nouveau

La ville, à majorité polonaise, retourne dans le giron polonais, après une absence d’État polonais de plus d’un siècle, et ce jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle est alors connue à l’étranger sous son nom polonais de Lwów. Lwów avait une forte communauté juive d’expression yiddish ou allemande : en 1939, près d’un tiers de la population, soit plus de 100 000 habitants, étaient des Juifs et la ville comptait cinquante synagogues.

1939-1945 : Lwów au cœur de la Seconde Guerre mondiale

En septembre 1939, la région fut envahie par les Allemands. Après des combats acharnés des forces polonaises retranchées dans le centre-ville, la ville fut totalement encerclée par la Wehrmacht le 14 septembre 1939.

En application du pacte germano-soviétique, l’Armée rouge envahit à son tour la région le 17 septembre 1939. Au terme de ce qui sera appelé la bataille de Lwów, la garnison polonaise capitula face aux Soviétiques le 22 septembre 1939. La région fut alors annexée par l’Union soviétique et incorporée à la République socialiste soviétique d’Ukraine selon une des clauses secrètes du pacte Molotov-Ribbentrop. Au cours de la période d’occupation soviétique de septembre 1939 à juillet 1941, la population, particulièrement les Polonais, subit une politique de soviétisation (collectivisation des entreprises) et de représailles (exécutions et déportations dans les régions Est de l’URSS).

Lors de l’opération Barbarossa, la ville est occupée en juillet 1941 par les troupes allemandes, les nazis et leurs auxiliaires ukrainiens débutèrent une politique de « purification ethnique et intellectuelle » avec notamment la destruction de l’intelligentsia polonaise (et de leur famille) lors du massacre des professeurs de Lwów.

Des pogroms sont déclenchés à Lviv, les 30 juin et 25 juillet 1941, sans discontinuer durant quatre semaines, durant lesquels 4 000 Juifs sont tués. Le 30 juin, ce sont un demi-millier de Juifs, qui sont arrêtés dans la rue à des barrages de contrôle ou à leur domicile.

Sept mille arrestations sont conduites systématiquement dans les semaines suivantes. Environ trois mille des personnes interpellées sont exécutées dans le stade municipal de Lviv.

Au début de novembre 1941, les Allemands créent un ghetto au nord de la ville qu’ils rebaptisent Lemberg, comme à l’époque de l’Autriche-Hongrie. Les Einsatzgruppen assassinent des milliers de Juifs âgés ou malades pendant qu’ils traversent le pont de la rue Peltewna pour rejoindre le ghetto. En mars 1942, les Allemands débutent la déportation des Juifs vers le camp d’extermination de Bełżec. En août 1942, plus de 65 000 Juifs sont déportés du ghetto de Lemberg et exterminés. Des milliers d’autres sont envoyés dans le camp de travail forcé voisin de Janowska. Au début du mois de juin 1943, le ghetto est détruit et des milliers de Juifs sont à nouveau massacrés à cette occasion.

Le 27 juillet 1944, la Wehrmacht est définitivement chassée de la ville par l’Armée rouge.

En 1945, après des siècles de présence polonaise, la région est annexée par l’Union soviétique et les Polonais survivants sont expulsés vers l’ouest, notamment vers Wrocław (en allemand Breslau), en Basse-Silésie, région jusque-là allemande, alors rétrocédée à la Pologne.

Sans Polonais, ni Juifs, cette ville, jusque-là creuset intellectuel et pluriculturel, est vidée de sa substance et des principaux habitants qui en avaient fait la réputation.

1991 : l’Ukraine devient un État indépendant. Lwów devient Lviv

L’histoire de l’Ukraine en tant qu’État indépendant est récente. Après un très bref épisode entre 1918 et 1920 l’Ukraine n’a acquis son indépendance qu’en 1991 dans le cadre de la dissolution de l’Union soviétique.

C’est le 24 août 1991 que l’Ukraine a pris sa liberté. À l’époque, le président russe, Boris Eltsine, soucieux d’évincer Gorbatchev, s’entend avec ses homologues ukrainien et biélorusse pour démanteler l’URSS… L’indépendance ukrainienne est ratifiée par un référendum, le 1er décembre 1991, à 90 %. Le « oui » est majoritaire, y compris en Crimée et dans le Donbass.

Très vite, les premières difficultés apparaissent avec la Russie. Il faut s’entendre sur le prix du gaz livré par la Russie et surtout sur le partage de la flotte de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol, en Crimée. La Russie revendique l’usage de ce port militaire ; l’Ukraine veut sa part de la flotte soviétique. Kiev et Moscou s’accordent pour une location du port durant vingt-cinq ans… L’Ukraine met quatre ans pour se doter d’une nouvelle Constitution, puis d’une monnaie, la hryvnia, du nom de l’ancienne devise qui était en cours au XIe siècle dans la grande principauté de Kiev…

2004 : La « révolution orange », un pas vers l’Europe

À l’époque, l’Ukraine peine à s’affirmer et à choisir son destin. Elle est écartelée entre une partie de la population, dans le sud-est du pays, qui se sent attachée au passé soviétique, et une autre partie, plus à l’ouest, qui souhaite emboîter le pas à la Pologne pour se rapprocher de l’Europe. Ces deux camps s’affrontent une première fois en 2004, lors de la « révolution orange », une protestation qui dure deux mois, jour et nuit, en plein hiver, sur la place de l’Indépendance à Kiev. Elle porte au pouvoir le président Viktor Iouchtchenko, un pro-européen.

Sous son impulsion, l’Ukraine renoue avec ses racines et revendique de plus en plus sa culture, sa langue. Viktor Iouchtchenko ouvre également les archives de l’ancien KGB et inaugure un mémorial pour le Holodomor, la famine artificielle provoquée en 1933 par Staline qui a causé la mort de 4 à 6 millions d’Ukrainiens. Il demande que cette tragédie soit reconnue comme un « génocide ». C’est encore un sujet d’affrontement avec la Russie qui refuse le qualificatif.

2014 : Deuxième révolution : fracture entre l’Ukraine et la Russie

Puis en 2010, c’est cette fois l’est de l’Ukraine qui remporte la présidentielle : arrive au pouvoir Viktor Ianoukovitch, originaire du Donbass. Il se tourne vers la Russie qui lui propose d’intégrer une union douanière. Ce choix provoque une deuxième révolution, en novembre 2013.

La fracture s’approfondit

Sur cette même place de l’Indépendance, à Kiev, la confrontation est cette fois plus violente. Elle fait plus d’une centaine de tués. La contestation l’emporte malgré tout en février 2014, tandis que Viktor Ianoukovitch s’enfuit en Russie. Un gouvernement pro-européen s’installe à nouveau à Kiev, tandis que la Russie dénonce un « coup d’État » mené par une « junte nazie ».

De là date la véritable fracture entre la Russie et l’Ukraine. Vladimir Poutine réagit en annexant la péninsule de Crimée, au Sud, une opération rondement menée par des forces spéciales sans insignes qui s’emparent du parlement local et font voter les députés à huis clos, avant d’organiser un référendum. À l’époque, l’Ukraine se remet à peine de sa révolution et se trouve incapable de réagir. Puis, la Russie organise la déstabilisation des territoires de l’est de l’Ukraine, avec l’envoi de « volontaires armés » venus « au secours » des populations locales.

Cette fois, l’armée ukrainienne parvient à contenir les séparatistes dans un réduit, autour des villes de Donetsk et de Lougansk. La ligne de front se stabilise grâce à un accord négocié à Minsk, en février 2015, avec l’aide de François Hollande et d’Angela Merkel. Mais la guerre s’installe en Ukraine. Le long de la ligne de front qui fait 500 km, les séparatistes soutenus par la Russie échangent régulièrement des tirs avec l’armée ukrainienne.

Un État reconnu et démocratique

Malgré le coût de cette guerre, l’Ukraine reprend sa marche en avant. Elle met à terre les dernières statues de Lénine. Elle affirme clairement, désormais, son choix de consolider son indépendance et de se rapprocher de l’Europe, voire d’entrer dans l’Otan. Petro Porochenko, un riche entrepreneur, est élu président. L’Union européenne offre à Kiev un accord d’association qui lui ouvre la porte de son marché. Les Ukrainiens obtiennent de pouvoir circuler en Europe sans visa. L’économie tout entière de l’Ukraine se tourne vers l’ouest, tandis que le commerce avec la Russie se réduit. Plus de 40 % des exportations ukrainiennes vont vers l’UE aujourd’hui. Le nouveau président ukrainien élu en 2019, Volodymyr Zelensky, maintient cette orientation.

En trente et un ans d’indépendance, l’Ukraine est passée par bien des secousses. Mais elle est devenue un État reconnu internationalement, un partenaire des Européens et des États-Unis, un pays relativement stable, souvent critiqué pour son niveau de corruption, mais démocratique et où règnent la liberté d’expression et le pluralisme.

2022 : Lviv carrefour de refuge suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie

Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, des milliers de réfugiés ukrainiens fuyant les combats se massent à Lviv pour prendre le chemin de l’exode en Pologne et vers d’autres pays européens.

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