Du 9 au 14 mai 2023 l’AGenA fête ses 50 ans
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Aux origines des langues et du langage
Jean-Marie Hombert, Gabriel Bergounioux, Jean-Pierre Bocquet-Appel, Christophe Coupé
Lorsqu’en 1866 les vénérables membres de la Société linguistique de Paris décidèrent d’exclure de leurs débats la problématique de l’origine du langage, nul n’aurait pu prévoir que cette question allait susciter tant de passions plus d’un siècle plus tard. Aujourd’hui, les linguistes mais aussi les anthropologues, les psychologues, les archéologues, les neurologues et les généticiens croisent leurs regards et parfois leurs fers, éclairant d’un jour nouveau cette interrogation ancienne. D’où vient le langage, cette faculté qui fait l’homme et nous distingue du règne animal ? Quels sont les mécanismes qui la sous-tendent et quelle est sa finalité ? Quel fut, parmi les premiers hommes, celui qui énonça le premier mot ? Par quel miracle la parole vient-elle à nos enfants ? Au-delà de la problématique du langage, c’est celle des langues d’aujourd’hui qui est abordée. Comment en est-on arrivé aux 6 000 langues actuellement parlées à travers le monde ? Pourquoi près de la moitié d’entre elles sont-elles en voie d’extinction ? Quel processus complexe a donné naissance aux créoles, les langues naturelles dont l’émergence est la plus récente ? A la lumière des dernières découvertes et des derniers travaux, cet ouvrage tente à son tour de répondre à ces différentes préoccupations. A travers les tentatives de reconstruction d’un protolangage, la quête lancinante de notre langue mère ou celle, utopique, de la langue parfaite, il poursuit une exploration débutée avec la publication des Origines de l’humanité. Celle de l’homme, de son mystère, de son essence.
L’origine des langues : Sur les traces de la langue mère – Merritt Ruhlen
Voici le livre, longtemps demeuré introuvable en France, par qui le scandale est advenu. S’ils s’accordent sur l’existence de plusieurs grandes familles de langues à travers le monde, les linguistes se disputent sur l’existence d’une quelconque parenté entre ces dernières. Ainsi, les langues d’Europe, membres de la famille indo-européenne, n’auraient aucun lien avec les autres. Merritt Ruhlen démontre le contraire : les langues actuellement parlées sur terre descendent toutes d’une seule « langue mère », qu’il reconstitue. Son hypothèse, parfaitement compatible avec les arguments fournis par l’archéologie et la génétique des populations en faveur de l’origine unique et africaine de l’homme, pose que l’expansion des langues a suivi l’évolution d’Homo sapiens à travers les âges et la planète. Depuis sa parution, cet ouvrage est au centre des débats entre linguistes, généticiens, archéologues : la similitude de certains mots, tel « mère », dans toutes les langues s’explique-t-elle par des dispositions cognitives communes à l’espèce ou bien par l’existence d’une langue première ? Dans un long épilogue à l’édition française, Ruhlen répond à ses critiques et conforte sa démonstration.
Atlas des langues : L’origine et le développement des langues dans le monde – Bernard Comrie, Stephen Matthews, Maria Polinsky
L’Atlas des langues est un ouvrage de référence, clair et facile à consulter, qui dresse un panorama captivant des langues du monde par régions géographiques. Richement illustré de photographies, cartes et tableaux, il vous permettra de découvrir et de comprendre les origines et le développement de ce système de communication exceptionnel qu’est le langage humain. Conçue et écrite par des spécialistes internationaux, cette somme apporte un éclairage exceptionnellement documenté sur la formidable aventure du langage parlé et écrit. L’étude des familles de langues, de leur répartition, de leur propagation et, dans certains cas, de leur déclin est illustrée de nombreuses cartes en couleurs, présentant la géographie des langues, de leur origine, il y a environ 100 000 ans, à nos jours. Les 5 000 ans d’histoire des systèmes d’écriture sont également étudiés et explicités par des exemples concrets et
des documents iconographiques retraçant leur évolution. À la croisée des connaissances linguistiques, archéologiques, historiques, culturelles et politiques, cet Atlas des langues apporte une connaissance approfondie du langage, cette exception humaine, complexe et fascinante.
Trois types de « majorité » sont à prendre en compte pour pouvoir se marier ou pour être considéré juridiquement comme civilement capable et responsable :
Par l’ordonnance royale de Blois promulguée en 1579, la majorité civile est fixée à 25 ans pour les deux sexes et la majorité matrimoniale est à 25 ans pour les filles et 30 ans pour les garçons.
Les enfants de moins de 25 ans étaient obligés d’obtenir le consentement de leurs parents pour se marier, les majeurs devaient « demander leur conseil », mais en cas de refus ils pouvaient passer outre.
Cette ordonnance précisait que tout curé qui célébrait un mariage sans le consentement des familles des futurs époux pouvait être puni pour le crime de rapt, ayant consacré une union « clandestine ».
Une déclaration de 1639 privait de leurs droits successoraux les enfants qui s’étaient unis par un tel mariage.
En 1692 est introduite la possibilité de « sommations respectueuses ».
Cela consistait à recourir à un notaire, qui se déplaçait à domicile, pour adresser une « sommation respectueuse » aux parents. Il fallait y recourir par trois fois, espacées d’un mois. Si les parents continuaient à s’opposer au mariage après le 3ème refus le mariage pouvait être célébré en passant outre, après qu’un Tribunal se fut prononcé sur le cas.
Durant ce laps de temps les parents espéraient voir leur enfant réfléchir et renoncer en se rangeant à leur avis. Cela était censé éviter un mariage précipité. Cela évitait également (principalement ?) d’avoir à verser une dot à la fille ou à procéder à un partage de biens quand on n’y était pas prêt.
Avec le code Napoléon en 1804, les enfants sont toujours obligés d’obtenir le consentement parental s’ils n’ont pas la majorité matrimoniale, fixée à 25 ans pour les garçons et 21 ans pour les filles.
A partir de 1896 au lieu de 3 sommations respectueuses une seule était nécessaire.
La loi du 21 juin 1907 remplaça cette procédure par une simple notification de projet de mariage.
Le 2 février 1933 une nouvelle loi fit disparaître cette obligation pour les enfants ayant atteint la majorité matrimoniale.
La dernière disposition fixant la majorité à 18 ans pour les garçons et les filles par la loi du 5 juillet 1974 leur permet de se marier librement.
Prenons pour exemple, l’âge de l’épouse lors du mariage, d’une généalogie d’une famille des Mauges entre 1750 et 1800 :
Sur les 77 femmes prises en compte pour l’analyse statistique, 41 ont moins de 25 ans soit 53%. Ce qui explique que dans de très nombreux actes de mariages, il est indiqué : « fille mineure de… ». De même pour les garçons ou il est indiqué : « fils mineur de… ».
Les sommations respectueuses restent rares, les jeunes gens acceptant généralement les décisions de leurs parents, surtout en matière matrimoniale. On en trouve toutefois en sous-série E (archives notariales). Elles ne sont, pratiquement jamais, mentionnées dans les actes de mariage. On peut soupçonner leur existence si les parents vivants d’une personne majeure ne sont pas présents dans l’acte de mariage.
L’étude du notaire qui les détient se trouve nécessairement dans la même ville ou dans l’étude notariale la plus proche du domicile des parents récalcitrants. Comme le mariage a lieu dès les formalités d’actes respectueux puis de publication des bans accomplies, il faut rechercher la sommation dans les répertoires ou les minutes du notaire de la ville dans les trois mois précédant le mariage.
On peut également s’appuyer sur les tables de l’Enregistrement (série C ou sous-série 3 Q) suivant le type d’actes recherchés : table des vendeurs, acquéreurs, contrats de mariage, testaments, etc… ou sur les répertoires des notaires (sous-série 5 E) pour les Archives du Département de Maine-et-Loire.
Alors qu’il projette de se marier, Michel-Victor Chabosseau, bien qu’il soit juridiquement majeur, ne souhaite pas déroger à la coutume, il entend obtenir conseil et consentement de ses parents.
Mais, ses parents, principalement son père, restent sur leur position et font savoir leur opposition à ce mariage à chaque fois que leur fils vient les voir et leur demander de consentir à ce mariage.
Le 27 Floréal an XIII (17 mai 1805) Michel-Victor demande au notaire de Coron, Maître Patou d’adresser une sommation respectueuse à ses parents pour obtenir leurs consentements à son mariage avec Marie Chéné :
Sommation respectueuse par Michel-Victor CHABOSSEAU à Michel CHABOSSEAU et Jeanne BRUNET, ses père et mère
Le 27 Floréal an XIII
Napoléon 1er par la grâce de Dieu et la constitution de l’Etat Empereur des Français et roi d’Italie à tous présentant avenir salut et avenir faisons que
Devant nous Pierre Patou notaire public résident à Coron arrondissement de Saumur Département de Maine et Loire soussigné et en présence des témoins ci-après nommés
A comparu Michel-Victor Chabosseau garçon majeur âgé de 25 ans accomplis du 29 germinal dernier an XIII demeurant présentement au moulin de la Thibaudière commune de La Plaine
Issu du légitime mariage de Michel Chabosseau avec Jeanne Brunet, ses père et mère demeurant à la Petite Chèvrie commune de Coron
Lequel nous a dit que désirant depuis très longtemps se marier légalement avec Marie Chéné fille majeure demeurant avec sa mère aux Bousselières commune de La Plaine, fille probe, laborieuse, ayant de bonnes mœurs et tenant une conduite rangée et régulière qui lui a fait mériter l’estime des honnêtes gens
Et avoir plusieurs fois sollicité avec un profond respect lesdits Michel Chabosseau et Jeanne Brunet, ses père et mère de vouloir bien consentir à se qu’il épousa la dite Marie Chéné sans pouvoir obtenir leur consentement
Pourquoi désirant faire constater sa soumission et son respect envers ses dits père et mère
Acte conforme à l’article 252 arrêté le 21 ventôse de l’an XII additionnel à la loi du 26 ventôse de l’an XI il nous requiert de vouloir bien nous transporter à la métairie de la Petite Chèvrie commune de Coron au domicile de ses susdits père et mère pour leur notifier qu’il désirait instamment obtenir leur consentement pour le mariage qu’il voulait contracter avec la dite Marie Chéné et pour leur dire qu’il les suppliait très respectueusement par notre organe et notre ministère de vouloir bien donner leur adhésion
en conséquence de cette réquisition nous notaire susdit et soussigné accompagné des citoyens Nicolas David et Joseph Dominique Marie Vallée demeurant tous les deux commune de Coron
ou étant arrivés et ayant trouvés les dits Michel Chabosseau et Jeanne Brunet, sa femme nous leur avons dit que leur fils Michel-Victor Chabosseau nous mande ce jourd’hui auprès d’eux par notre organe et ministère sa supplication respectueuse qu’il leur avait fait verbalement plusieurs fois avant ce jour et qu’il les priait et suppliait d’abandonner, par la présente de vouloir bien consentir à son mariage avec la dite Marie Chéné en qui il a mis depuis très longtemps son amitié et qui est un parti qui lui convient
lesquels nous ont dit savoir
la dite Jeanne Brunet, sa mère que puisque Michel-Victor Chabosseau son fils paraissait absolument décidé à se marier avec la dite Marie Chéné, elle ne voulait pas plus longtemps le contrarier en refusant son consentement pourquoi elle déclarait par la présente consentir à ce mariage
et le dit Michel Chabosseau père qui jusqu’à ce moment avait refusé son consentement à ce mariage dans l’espérance que son fils pourrait changer de sentiment et de décision mais que voyant qu’il persévérait toujours et qu’étant majeur de 25 ans il employait envers lui le moyen que lui fournit et procure la loi pour parvenir à terminer le mariage
il déclarait par la présente consentir à ce que son fils Michel-Victor Chabosseau se maria avec la dite Marie Chéné aussitôt qu’il le voudra et qu’il le dispensait de lui faire d’autre sommation respectueuse afin d’éviter les frais
De tout ce que nous avons dit le présent acte pour valoir au dit Michel-Victor Chabosseau fils ce que de droit et de raison
Fait et passé à la métairie de la Petite Chèvrie commune de Coron le 27 Floréal An XIII en présence des citoyens Nicolas David et Joseph Dominique Marie Vallée témoins et lecture faite les parties ont déclarer ne savoir signer
Mandons et ordonnons à tout huissier de justice de mettre la présente à exécution
A tout officier civil de la force de prêter forte quand ils se seront légalement requis
Et à tout procureurs impériaux près des tribunaux
La minute des présentes est signée David, Vallée et nous Patou notaire soussigné
Enregistré à Vihiers le 1er prairial de l’An XIII
Reçu 1 franc dix centimes
Signé Baranger pour le receveur général » (1)
Par cet acte, Michel-Victor a, enfin, obtenu les consentements de ses deux parents et le 28 mai 1805 (8 Prairial An XIII) il se marie avec Marie Chéné à La Plaine, Département de Maine et Loire :
Du 8ème jour du mois de Prairial An XIII de la république française sur les 6h du matin
Acte de mariage de Michel-Victor Chabosseau meunier âgé de 25 ans né commune de Coron, Département de Maine et Loire ,demeurant en cette commune, fils de Michel Chabosseau cultivateur demeurant commune de Coron, Département de Maine et Loire et de Jeanne Brunet tout les deux consentant d’après la sommation respectueuse à eux notifier par le citoyen PATOU, notaire à Coron le 27 Floréal dernier en présence des citoyens Nicolas David et Joseph Dominique Marie Vallée enregistrée en ce lieu le 1er de ce mois
Et Marie Chéné âgée de 22 ans née et domiciliée en cette commune, Département de Maine et Loire, fille du défunt Germain Chéné, menuisier de son vivant demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire et de Marie Egremond ici présente, ses père et mère
Ses actes préliminaires sont extraits des registres des publications de mariage faites à la mairie le 15 et le 22 Floréal. Ses actes préliminaires sont extraits des registres des publications de mariage faites à la mairie le 15 et le 22 Floréal dernier entre
Michel-Victor Chabosseau, meunier âgé de 25 ans, né commune de Coron, Département de Maine et Loire demeurant en cette commune, fils de Michel Chabosseau cultivateur demeurant commune de Coron, Département de Maine et Loire et de Jeanne Brunet, ses père et mère
Et Marie Chéné âgée de 22 ans née et domiciliée en cette commune Département de Maine et Loire fille du défunt Germain Chéné menuisier de son vivant demeurant en cette commune Département de Maine et Loire et de Marie Egremond ici présente, ses père et mère
Et affichés au terme de la loi le 15 et le 22 Floréal dernier
De tout informé, de tout les quatre actes, il a été donné lecture par moi officier public au terme de la loi les dits époux présent ont déclaré prendre en mariage
L’un Marie Chéné, L’autre Michel-Victor Chabosseau
En présence de
Pierre Froger tisserand âgé de 69 ans demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, frère de l’épouse à cause de Catherine Chéné
Pierre Paquier, tisserand âgé de 35 ans, demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, ami de l’époux
Mathurin Brunet, bordier âgé de 45 ans, demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, ami des époux
Jean Brémond, bordier âgé de 26 ans, demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, ami des époux
C’est pourquoi, moi, Fradin, maire de cette commune, faisant ses fonctions d’officier public de l’état civil, ai prononcé qu’au nom de la loi les dits époux sont unis par le mariage et ont les dits époux et témoins déclarés ne savoir signé sauf le citoyen Paquier
Lecture donné aux parties comparantes – Signatures : Fradin et Paquier (2)
À toutes les époques, la présence des parents à la célébration du mariage, qu’il soit religieux ou civil, valait consentement.
Or dans notre exemple, les parents ne sont pas présents au mariage de leur fils, bien qu’ils aient déclarer consentir à son mariage lors de la sommation respectueuse qui leur a été présentée par le notaire.
Il est probable que leur consentement ne signifiait pas encore acceptation.
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(1 et 2) Archives Départementales du Maine et Loire, La Plaine, Naissances, Mariages, Décès, 1792-1812, 6E240/6
Source de l’image de l’entête : Paysans des Mauges, fin XVIIIe siècle, Archives départementales du Maine-et-Loire, 11Fi 437…