5 mai 1793, l’armée vendéenne s’empare de Thouars
A Thouars, les forces républicaines, commandées par le général Quétineau, alignent 3 500 hommes. Les effectifs sont répartis de la façon suivante : 2 650 gardes nationaux divisés en cinq bataillons, 325 hommes du 8e bataillon de volontaires du Var, dit des Marseillais, 113 cavaliers divisés en cinq détachements et 62 canonniers des gardes nationales de Poitiers et Saint-Jean-d’Angély. Des volontaires de bataillons des Deux-Sèvres, de la Charente, de la Nièvre et de la Vienne sont également présents. (1) Les républicains disposent aussi de douze canons.
Les Vendéens sont quant à eux forts de 20 000 à 27 000 hommes. Entre un tiers et la moitié d’entre-eux sont armés de fusils. La cavalerie compte 750 hommes et l’artillerie dispose de six canons. Les insurgés sont menés par Jacques Cathelineau, Maurice d’Elbée et Jean-Nicolas Stofflet, Guy Joseph de Donnissan et Gaspard de Bernard de Marigny, Charles de Bonchamps et Jean-Louis de Dommaigné, Henri de La Rochejaquelein et Louis de Lescure. (2)
Sont présents aux côtés d’Henri de La Rochejaquelein, ceux de Saint Aubin de Baubigné, les Cochard, mais aussi, ceux de Coron, Michel-Victor Chabosseau et ses beaux-frères. Venant de Bressuire, René-Pierre Gellé et ceux de Pierrefitte se portent au pont de Saint Jean sous les remparts du Château. Les combattants vendéens des quatre familles sont tous à Thouars ensemble, sans se connaître et sans imaginer qu’un jour leurs descendants formeront une seule famille.
Le matin du 5 mai, les Vendéens arrivent devant Thouars au niveau du village de Ligron, dans la commune de Sainte-Radegonde, en chantant le Vexilla Regis. Les deux armées sont séparées par un cours d’eau : le Thouet. Les Vendéens sont à l’ouest de la rivière et les républicains à l’est. Le passage est praticable sur trois points : au nord, au Gué-au-Riche, près du village de Pompois, à quatre kilomètres de la ville de Thouars ; au centre sur le pont de Vrines, près du village de Vrines ; et au sud, au pied des vieilles murailles de ville de Thouars, au bac de Saint-Jacques et au pont de Saint-Jean qui deviendra le « pont aux Chouans ».
La bataille s’engage à cinq heures du matin. Bonchamps attaque au Gué-au-Riche, La Rochejaquelein et Lescure au pont de Vrines, d’Elbée, Stofflet et Cathelineau au bac Saint-Jacques et Marigny et Donnissan au pont Saint-Jean.
Quétineau fait déployer 1 000 hommes du bataillon des Marseillais et du bataillon de la Nièvre avec trois canons sur les coteaux pour défendre le pont de Vrines, tandis 300 hommes constitués de volontaires de la Vienne, de gardes nationaux d’Airvault et de gardes nationaux à cheval commandés par Delivenne prennent position au Gué-au-Riche. La ville de Thouars est quant à elle située sur un haut promontoire et est protégée par de vieilles murailles en assez bon état de conservation. (4)
Les affrontements s’intensifient à partir de huit heures du matin et restent longtemps indécis sur tous les points. À Vrines, les républicains ont laissé le pont partiellement coupé et barré par une charrette de fumier renversée. Sur ce point, les chefs vendéens peinent à entraîner leurs hommes et la fusillade est si vive que La Rochejaquelein doit s’absenter un temps pour aller chercher des munitions. Par deux fois, Lescure se présente seul sur le pont, sous le feu des républicains, pour tenter d’entraîner ses hommes, mais sans succès. Finalement, à trois heures de l’après-midi, La Rochejaquelein, Lescure, un chef nommé Forest et un paysan franchissent seuls le pont. La masse des Vendéens s’élance alors et passe sur la rive droite. Pendant ce temps, au Gué-au-Riche, Bonchamps et Dommaigné, à la tête de la cavalerie, parviennent à venir à bout des volontaires de la Vienne et des gardes nationaux d’Airvault. Ils repoussent également la cavalerie républicaine qui fuit et prennent à revers les troupes au pont de Vrines, achevant de les mettre en fuite. Quétineau ordonne la retraite sous les murs de la ville. (5)
Les Vendéens marquent ensuite une pause pour faire traverser le gros de leurs troupes et leurs canons. Les patriotes reprennent un temps courage et se mettent en bataille au nord de la ville, confiants dans la nature du terrain. Mais les tirs des canons vendéens les font fléchir et ils se replient à nouveau derrière les murs de la ville.
Les Vendéens se ruent ensuite sur les remparts au niveau de la rue de Paris et tentent des créer des brèches sur les points les plus faibles des murs, aux moyens de piques et de pioches. La Rochejaquelein se hisse lui-même sur les épaules d’un combattant nommé Toussaint Texier, agrandit de ses mains une brèche de la muraille, depuis laquelle il fait ensuite feu sur les patriotes. Les insurgés parviennent finalement à enfoncer la porte et entrent dans la ville.
Pendant ce temps, au pont de Saint-Jean, les canons commandés par Gaspard de Bernard de Marigny, ancien officier d’artillerie, finissent également par abattre la porte Maillot. Les forces de d’Elbée, Stofflet, Cathelineau et Donnissan s’engouffrent alors dans la ville par le sud. Les différentes colonnes font leur jonction dans le quartier Saint-Laon. (7)
Le général Quétineau fait hisser le drapeau blanc et les combats s’achèvent entre 17 et 19 heures. Le juge de paix Redon de Puy Jourdain est chargé de la capitulation auprès de Maurice d’Elbée.
À l’exception de quelques volontaires marseillais qui s’enfuient à la nage, la petite armée de Quétineau est presque intégralement faite prisonnière. Les républicains laissent entre 500 et 600 morts et 3 000 prisonniers.
Le butin est également important. Les Vendéens capturent douze canons et s’emparent de plusieurs milliers de fusils et de munitions. Ils saisissent un trésor de 500 000 livres constitué d’objets d’or et d’argent dérobés dans les églises et d’une presse aux assignats.
Les prisonniers sont enfermés dans la cour du château, où ils demeurent 24 heures sans manger et presque sans boire, et sont dépouillés de leurs uniformes, qui sont brûlés. Ils sont finalement relâchés le 7 mai en échange du serment de ne plus porter les armes contre la Vendée.
Mis à part quelques insultes de la part de Stofflet, le général Quétineau est traité très courtoisement par les chefs vendéens. Il dîne avec eux au château et partage la chambre de Bonchamps dans l’hôtel Brossier de la Charpagne, son ancien quartier-général devenu celui de l’armée vendéenne. Il refuse les offres faites par les chefs royalistes de rejoindre l’armée vendéenne ou de demeurer comme prisonnier sur parole. Le 8 mai, il obtient un passeport qui lui permet de quitter Thouars et il se présente à Doué au général Leigonyer qui le fait mettre aux arrêts.
14 septembre 1793, la tentative de l’armée vendéenne pour reprendre Thouars, se solde par un échec
Le 14 septembre 1793, le général vendéen Louis de Lescure rassemble 2 000 hommes, pour la plupart, paysans des Mauges dont des membres de la famille Cochard pour empêcher la levée en masse dont les recrues devaient être rassemblées à Thouars.
En raison du faible nombre de gardes nationaux en poste, il aurait pu s’emparer de la ville mais ses hommes refusèrent d’attaquer de nuit. Le lendemain, au point du jour, il s’empare du pont de Vrines puis entre dans les faubourgs. Mais les gardes présents sur place ont été rejoints par les troupes républicaines, au nombre d’environ 20 000 hommes, commandés par le général Gabriel-Venance Rey basées à Airvault. En infériorité, l’armée vendéenne doit battre en retraite. Lescure rappelle ses soldats occupés et se retire en bon ordre. (9)
Les pertes vendéennes furent de 20 morts, les pertes des Républicains de 6 morts et 15 blessés.
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(1) SAVARY Jean-Julien, Guerre des Vendéens et des Chouans, Tome 1, 1824
(2) GABORY Émile, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931réimpression 2009
(3) ROUSSEL Philippe, La croisade vendéenne (1793-1796), Thouars, 5 mai 1793, 1960, p 47
(4) AMIGLIO Daniel-Jean, Thouars et les armées vendéennes, cité dans « Histoire militaire des guerres de Vendée », COUTAU-BEGARIE Hervé et DORE-GRASLIN Charles (direction), Economica, 2010
(5) AMIGLIO Daniel-Jean, Thouars et les armées vendéennes, cité dans « Histoire militaire des guerres de Vendée », COUTAU-BEGARIE Hervé et DORE-GRASLIN Charles (direction), Economica, 2010
(6) Prise de Thouars par les Vendéens en 1793, Lithographie, Anonyme, XIXe siècle
(7) SAVARY Jean-Julien, Guerre des Vendéens et des Chouans, Tome 1, 1824
(8) DRAKE Thomas, (1818-1895), Vue de Thouars, le Pont des Chouans, entre 1856 et 1860, BNF
(9) BLANCHARD Pierre, Histoire des batailles, sièges et combats des Français, depuis 1792 jusqu’en 1815, Imprimerie Imbert, 1818
Serait ce Philippe Chabosseau qui tient ce superbe blog ? 😎
Je suis un peu en retrait de l’écriture en ce moment mais je suis toujours un peu beaucoup la généalogie … et je m’en veux !
A très vite et belle fin de journée
Caroline (LaDrolesse)
Merci Caroline pour ce commentaire sympathique
Pas facile d’écrire régulièrement mais quand la généalogie t’a prise par la main, elle ne te lâche plus…
C’est stimulant d’écrire, tu vas t’y remettre, c’est sur…
L’Asso de généalogie du 49 (Agena) fête ses 50 ans les 13 et 14 mai 2023 à Angers.
J’ai pris en charge l’organisation des conférences lors de ce salon.
J’espère t’y rencontrer
A bientôt
Amitiés
Philippe
Hello
Alors oui pourquoi pas aller à Angers !!! Il faut que j’approfondisse mes connaissances sur les Mauges et ses environs 😉