Grand-mère Paindessous c’était ma grand-mère … Oui, mais ? Elle a élevé ta grand-mère Grégoire me disait ma mère. Quand il y a plus de vingt ans j’ai commencé des recherches généalogiques, je n’ai pas commencé par elle… Et puis… elle m’intriguait, il fallait que je comprenne, que je sache, elle s’appelait Paindessous et le nom de jeune fille de ma grand-mère Grégoire, Marie-Anne c’était Gellé. Quel était donc le lien ?
Dans un premier temps, j’ai trouvé l’acte de naissance de grand-mère Paindessous : Philomène Cron née à Boussais dans le bocage bressuirais le 19 janvier 1887.
Les vrais souvenirs et les recherches
Eté 1956 : photos de famille
Ce jour d’été, une photo de famille est prise, ce qui est très rare. Ci-dessous, de gauche à droite : Je suis, le bébé au chapeau dans les bras de mon père Marc Chabosseau, il a 29 ans. Derrière son épaule ma mère Lucette Grégoire elle a 22 ans, elle m’a donné naissance à tout juste 20 ans.
Au centre, mon cousin Marc Bichon est dans les bras de la sœur de ma mère, Anne-Marie Grégoire – Bichon. C’est vraisemblablement mon oncle Roland Bichon qui prend la photo. Au centre toujours, à l’arrière-plan, mes grands-parents Grégoire encadrent mon cousin Marc. Mon grand-père Hubert Grégoire et ma grand-mère Marie-Anne Gellé. Au centre derrière mon cousin Marc, entre mes deux grands-parents Grégoire, quelqu’un que j’ai mis bien longtemps à identifier : Paul Cron. Enfin, au centre, assise, ma grand-mère Philomène Paindessous et debout à ses côtés mon grand-père Eléonor Paindessous. Il est probable, que cette photo ait été prise à l’occasion de la présentation par les deux sœurs de leur progéniture à leurs parents et grands-parents. Philomène (grand-mère Paindessous) est alors âgée de 67 ans.
Sous le figuier
Printemps 1968 : un vrai souvenir que j’avais oublié
La photo ci-contre a été prise en mars ou avril 1968. Je suis au premier plan à gauche, je me remets doucement d’une péricardite avec mononucléose qui m’a cloué au lit depuis octobre 1967.
Masqué, mon ami et voisin, Jean-Yves Faucon; au fond mon ami Philippe Tascher, ma soeur Anne qui rit derrière ses cartes et grand-mère Paindessous.
C’est la dernière photo où est présente grand-mère Paindessous. Elle n’habite, alors, plus à Fontenay mais elle réside dans une maison de santé annexe de l’hôpital de Thouars.
Elle y décédera, à peine, deux ans plus tard, le 20 février 1970, à l’âge de 83 ans.
2018 : retour sur les lieux
La maison de Fontenay
La maison de grand-mère Paindessous, 3 rue de la Patelière à Fontenay commune de Mauzé-Thouarsais, a bien changé… Elle est inhabitée, les deux cours ont disparues, l’escalier pour monter au grenier a été détruit, le figuier n’est plus là, les herbes folles ont envahies l’espace ainsi que le jardin. La confrontation de la réalité avec mon vrai-faux souvenir du chapitre 1 ne pardonne pas. La grange de mon rêve était à gauche alors qu’elle est en réalité à droite. La distance entre le champ de mon grand-père Paindessous et la maison ne dépasse pas quelques mètres…
Boussais
Quand nous sommes allé à Boussais, je ne savais pas encore que le lieu de vie de la famille de Philomène, la famille Cron était la Chèvrie… C’est donc le Boussais d’aujourd’hui que nous avons découvert…
Village de Fontenay, commune de Mauzé-Thouarsais, nord du département des Deux Sèvres.
Nous sommes venus voir Grand-mère Paindessous (Philomène). Nous n’étions pas venus voir Grand-père Paindessous, bien qu’il fût vivant et qu’il fût bien présent lors de cette visite. Je compris bien plus tard pourquoi nous venions voir Grand-mère Paindessous et non pas Grand-père et Grand-mère Paindessous. Nous, c’était, maman Lucette, papa Marc, mon frère Jean Marc et moi. Je n’ai pas le souvenir que ma jeune sœur Anne ait été du voyage. Comment étions-nous venus ? avec la 403 du Grand-père Georges ? à vélo ? … Thouars, Fontenay ce n’était pas tout près… (rue Frédéric Chopin Thouars > Fontenay : 1h30 à pied ; 30mn à vélo, 12 mn en voiture) C’était probablement un dimanche d’Octobre… Pourquoi Octobre ? parce que dans mon souvenir il y a le ramassage des noix… Un dimanche d’Octobre, oui mais de quelle année ? 1962, j’avais 8 ans… 1964, j’en avais 10 ?
Pour arriver à la maison de Grand-mère Paindessous, nous entrions par un portail rouillé à deux battants dans une première cour. Sur la droite, une petite dépendance surmontée d’un grand figuier, sur la gauche une grande grange vide, en pierres, qui avait dû servir à entreposer du foin. Cette cour, fermée par un mur de pierres donnait accès par un petit portail sur une deuxième cour. S’y trouvait un petit jardin de curé : plantes aromatiques, fleurs, persil, dominé par un arbre fruitier, un cerisier peut-être ? Nous arrivions alors, enfin, à la maison de Grand-mère. On pénétrait dans la cuisine ou plutôt dans la pièce à vivre, comme nous dirions aujourd’hui. La pièce était basse, au centre s’y trouvait une grande table ronde encombrée de verres, d’assiettes, de tasses, de couverts. Face à nous étaient assis, Grand-mère, petite bonne femme ratatinée habillée de noir et Grand-père, grand bonhomme à la moustache en forme de guidon de course. Ils finissaient de prendre le café, la lampée de gnôle à portée de mains pour faire rincette.
Après que les grands eurent discutés, Grand-père nous emmena voir son jardin. On retraversa les deux cours puis la rue pour accéder par quelques marches, en ayant ouvert la porte étroite, à son jardin. Il était fier de nous montrer ses belles carottes, ses choux, ses bettes-cardes… (bette-carde : poirée) Il nous entraina, ensuite, en prenant à droite en repartant de son jardin et longeant un haut mur, jusqu’à son champ ; un grand près au fond duquel trônait un noyer. C’était le but de l’expédition. Les grands nous y rejoignirent… Il y avait encore beaucoup d’herbe pour les lapins et puis encore pas mal de noix.
Sur le chemin du retour, tout à coup, arriva Monsieur Charton avec sa traction avant. Après les salutations de courtoisie avec les grands, j’eu le privilège de monter à l’avant de la traction pour parcourir les quelques mètres séparant le champ de la maison de Grand-mère.
Je savais qu’au-delà de l’endroit d’où venait Monsieur Charton, il y avait le grand porche pour arriver dans la ferme de Grand-père Grégoire. C’était la maison ou avait vécu, jeune, maman Lucette. Il me semblait y avoir vu entrer une charrette de foin tirée par des bœufs.
Je constaterai, plus tard, que la mémoire retisse, retricote, réordonne … Ce souvenir s’est construit sur des bases de réalité, la disposition de la maison de Grand-mère était proche mais inexacte, la grange en particulier est aussi sur la droite et non sur la gauche… il est impossible d’apercevoir la ferme de Grand père Grégoire et il n’y a jamais eu de porche…
1935 : Décès de Marie Louise Bichon, la mère de Georges
Au mois d’octobre 1935, Marie Louise la mère de Georges meurt à l’âge de 57 ans. Georges à 33 ans, sa demi-sœur Georgette 16.
1940 : L’Exode de la famille Chabosseau
La famille Chabosseau, celles des associés de mon grand-père et d’autres thouarsais s’entassent dans deux camions et trois voitures, direction le sud. Ils descendent jusqu’à Captieux puis Maillas dans les Landes près de Mont de Marsan ou ils arrivent le 21 juin 1940. Ce jour la, les Allemands s’emparent de Thouars (lire article juin 1940 à Thouars) Le 9 juillet 1940, mon grand-père Georges, dépose à la mairie de Maillas, son fusil de chasse et ses cartouches. La famille Chabosseau, les familles des associés et des réfugiés belges s’entassent dans les véhicules pour remonter à Thouars.
Laisser-passer Les cinq voitures n°8341 R M 1 11 C Citroën 1955 XL 2 326 Liberty 46 XL 3 126 Citroën 534 XL 2 116 Renault 8314 XL 1 236 Unic Diesel sont occupées par des réfugiés de nationalité belge, soit 48 personnes au total. Ils veulent repartir et retourner dans leur pays en passant par Thouars. Les postes de commandement et les autorités allemandes sont invités à aider les réfugiés, à faciliter leur déplacement dans la mesure du possible et surtout à les ravitailler en essence. Captieux le 9 juillet 1940 Le transport nécessite pour 4 voitures environ 98 litres d’essence pour parcourir 100 km (Captieux est à 80 km au sud de Bordeaux) ils sont ravitaillés pour parcourir environ 200 km. Pour la cinquième voiture, le plein de gazoil devrait suffire.
De retour à Thouars en juillet 1940, Georges, ses associés et leurs véhicules sont réquisitionnés par les allemands pour assurer les transports publics. Ils assuraient les transports de personnes vers Bressuire, Parthenay et Saumur.
1943 : Décès de Georgette Pichot, la demi-sœur de Georges à l’âge de 24 ans
Le 28 novembre 1942, la demi-sœur de Georges, Georgette Pichot se marie avec Henri Bonneau. Leur bonheur est de très courte durée car Georgette meurt le 6 mars 1943 à 24 ans. C’est la guerre, la vie n’est pas facile, Georges a 40 ans, il a perdu tous les siens, son père, sa sœur Emilienne, sa mère et maintenant sa demi-sœur.
1948 : Georges perçoit un héritage qui met fin à son conflit avec son beau-père
Le 13 février 1948 se retrouvent à l’étude de Me Charpentier notaire à Thouars : (Conservation des Hypothèques de Bressuire, Volume 1779, n°6, transcription du 18 mars 1948) Désiré Victor Pichot le beau-père de Georges Chabosseau, Les quatre enfants survivants que Désiré Pichot a eu avec sa première épouse Ernestine Gabriel : Lucien André Pichot et sa femme Angélique Gourgand Léopold Raymond Pichot et son épouse Antoinette Proust Léa Lucie Pichot et son mari Louis Ennon Lucienne Victoria Pichot et son mari Maurice Bulteau Et mon grand-père Georges Chabosseau.
Désiré Pichot et sa première épouse Ernestine Gabriel ont eu deux autres enfants : Moïse Léon Pichot mort au combat à 20 ans, le 16 juin 1915 dans le Pas de Calais et René Hubert Pichot mort le 18 janvier 1942.
Les présents à l’étude de Me Charpentier sont réunis pour régler trois successions imbriquées ; celles de Marie Louise Bichon (épouse de François Constant Chabosseau puis de Désiré Victor Pichot), celle de René Hubert Pichot (fils du 1er mariage de Désiré Pichot) et celle de Georgette Pichot (fille du 2ème mariage de Désiré Pichot et de Marie Louise Bichon). Un accord fini par être trouvé entre les parties. Mon grand-père Georges se voit attribué, en héritage, un montant de 80 000 Francs. La famille Pichot lui propose de lui verser cette somme en lui cédant un pré arboré d’une surface d’1 hectare, 89 ares et 16 centiares situé au Pré de la Saulaie à Louzy, cadastré section C n°490p. Ce terrain est estimé à la valeur de 90 000 Francs ; charge è Georges de verser 10 000 Francs à la famille Pichot à titre de soulte. Ce qu’il fait aussitôt en réglant la somme au comptant devant le notaire.
1950 – 1975 : La Société de transports Chabosseau
Au début des années 50, mon grand-père Georges, se sépare de ses associés et crée sa propre société de transport. Mon père Marc le rejoindra quelques années plus tard.
Enveloppe utilisée par la société de transport Chabosseau dans les années 60
La société a eu une activité artisanale de transport de fourrages, de céréales, de résidus d’huile de palme qui étaient incorporés aux aliments destinés au bétail, d’engrais, de bois pour la menuiserie, de plâtre pour la construction. Les premiers camions utilisés étaient des camions réformés par l’armée américaine à la fin de la deuxième guerre mondiale, les CD2, puis vinrent les Unic (photos ci-dessus) en camion simple ou semi-remorque (modèle Lautaret) et enfin un semi-remorque Mercédès. La société a cessé son activité en 1978.
1986 – 1987 Décès d’Albertine et de Georges
Ma grand-mère Albertine décède le 10 avril 1986 et Georges, peu de temps après, le 10 février 1987.
C’en est fini de « la drôle de guerre » ! Depuis l’ouverture des hostilités en septembre 1939, rien ne se passait. Mais depuis le 10 mai 1940, les hommes du Reich sont entrés en France et les troupes françaises ne peuvent contenir l’avancée ennemie. Le président Lebrun nomme le maréchal Pétain président du Conseil. Bientôt, celui-ci quittera Paris, entrainant le gouvernement à Tours, à Bordeaux puis à Vichy. C’est la débâcle ! Les populations fuient les combats et se refugient notamment dans l’ouest de la France jusqu’alors épargné. Les armées françaises, désorganisées, subissent ordres et contre-ordres. En Thouarsais, on sait que le territoire est une cible avec le nœud ferroviaire que représente la gare et la réserve de munitions installée près de Puyravault. A Airvault, au camp d’entrainement installé à Véluché, on prépare aussi l’évacuation. Pendant plusieurs mois, plusieurs milliers de soldats polonais de la 4ème division d’infanterie, réfugiés en France après l’invasion de leur pays par les nazis, ont vécu dans ce camp, dans la perspective de s’allier à l’armée française. Face à l’avancée allemande, ces soldats polonais décident de rejoindre l’Angleterre pour continuer le combat. Pour rejoindre Londres, ils doivent rejoindre le port de La Rochelle en train, transitant par Thouars. 18 juin 1940, il est 6h, c’est une belle journée estivale qui s’annonce. A la gare, l’activité est intense mais aussi dans tout le quartier où s’élèvent diverses usines. C’est l’heure de l’embauche. Tout à coup, sans aucune alerte préalable, un avion allemand survole la ville et lâche cinq bombes en quelques minutes. Passé l’effroi, c’est la panique. De nombreuses victimes sont à déplorer au sein même de la gare mais aussi alentour. Des civils et des cheminots bien sûr mais aussi vingt-six soldats polonais pris au piège dans leur train qui stationnait à quai. Au total, on dénombre 53 tués et des dizaines de blessés. Ce bombardement meurtrier fait entrer le Thouarsais de plain-pied dans la guerre.
19 JUIN 1940 : on évacue le camp de munitions de Puyravault
Face à l’avancée allemande, l’armée française est en pleine désorganisation. Les hommes du Reich sont annoncés à quelques kilomètres de Saumur. On décide de faire sauter les ponts de la Loire. A Thouars, on se remet péniblement du bombardement de la gare, la veille, qui a fait 53 morts et plusieurs dizaines de blessés. Ces derniers ont été rapatriés à l’hôpital où on les soigne comme on peut. A la gare, les voies ont été dégagées pour permettre de faire repartir les trains militaires qui étaient stationnés et qui n’ont pas été atteints. Alors que la population s’attend au pire, aménage les abris et protège les objets de valeur, on exfiltre de la ville 115 enfants réfugiés de la région parisienne pour les mettre à l’abri à Bouillé-Loretz. A l’ERG, l’entrepôt de munitions, sans ordre de la haute hiérarchie, le chef d’escadron Bochot décide l’évacuation du site. Après avoir fourni les troupes encore présentes sur le territoire en munitions et en essence, et avoir fait partir un maximum de train chargés de munitions, Bochot organise le départ des militaires de l’ERG et de leur famille. Avec un sentiment d’abandon et de désappointement, la population thouarsaise voit partir en trains et voitures plus de 1500 hommes et leurs proches en direction d’Angoulême. Seuls quelques dizaines d’entre eux restent sur place pour assurer l’intendance et les derniers ravitaillements. Plus rien ne pourra empêcher l’arrivée des troupes allemandes.
20 JUIN 1940: Les prémices de la bataille de Thouars
Fuyant vers le sud face à des troupes allemandes dévorant tout sur leur passage, l’armée française a détruit la plupart des ponts enjambant la Loire, entre Gien et Nantes. Mais rien n’y fait, à l’aide de canots et de barges, les soldats allemands traversent le fleuve. Aguerris, les hommes du génie ont tôt fait de réaménager des ouvrages de fortune sur les ruines des ponts détruits par les français pour faire passer leurs troupes et matériels. Mais à Saumur, contre toute attente, une résistance militaire s’organise. Face aux 12 000 hommes de la 1ère cavalerie de Prusse Orientale, 2200 soldats français gardent les armes, dont 790 élèves de l’école de Saumur, les fameux Cadets qui vont se battre héroïquement, pour l’honneur, retardant ainsi de quelques heures l’avancée allemande. En fin de matinée, néanmoins, les premières troupes allemandes sont signalées entre Doué la Fontaine et Thouars, à Bouillé Loretz. Ce même jour, à Borcq, près d’Airvault, où a été installé un camp de munitions provisoire, annexe de celui d’Angoulême, ordre est donné de détruire les stocks. Vers 14h, une incroyable explosion retentit, faisant vibrer les murs sur plusieurs kilomètres, affolant les populations qui n’avaient pas été prévenues. Dans les fermes isolées des campagnes, on craint l’arrivée des « barbares » qui, dit-on, violent les femmes et coupent les mains des enfants. Parfois, on préfère fuir. Dans les villages, on se regroupe à plusieurs familles dans une même habitation. A Thouars aussi, chacun se terre, emportant les quelques objets de valeur dans des abris de fortune. Dans la chaleur étouffante de ce début d’été, chacun sait que le pire est à venir…
21 juin 1940 : les Allemands s’emparent de Thouars
La Bataille de Thouars, souvent appelée « troisième bataille de Thouars » en référence à celles de 1793 et 1815, naît de l’ordre donné le 21 juin 1940 d’occuper la ville et de la défendre. Les rares troupes françaises encore présentes dans le secteur sont invités à rejoindre Thouars d’urgence, pour contrer l’avancée allemande. Des unités sont placées au nord de la ville sur la route en direction de Montreuil-Bellay mais aussi au sud sur le pont de Saint Jean et les côteaux du Thouet. Les derniers hommes restant au camp de munitions sabordent les amorçages afin qu’ils ne tombent pas aux mains des allemands. En début d’après-midi, ceux-ci arrivent depuis Loudun et Saumur. Aux premiers rangs se trouvent les motocyclistes suivis par les unités anti-char et les automitrailleuses. A distance se trouvent les troupes montées. Les premiers coups de feu éclatent et ne cesseront plus de toute la journée. Les allemands sont surpris par cette résistance inattendue et des victimes sont à déplorer des deux côtés. La tension monte au fil des heures. Au nord comme au sud de la ville, les combats font rage. Alors que des poches de résistance se forment, le gros des troupes allemandes s’emparent de la ville, déployant leur matériel. Dans la rue du Château, des canons sont installés pour répondre aux offensives des soldats français depuis les hauteurs de Saint Jean et de Saint Jacques. On se bat toute la journée et en fin d’après-midi, un formidable orage éclate, point d’orgue de cette funeste journée. Malgré un courage exemplaire, les soldats français doivent céder la place. Thouars entre dans la période d’occupation. A une civile venue se plaindre de destructions à la Kommandantur, un officier allemand rétorque : « En entrant dans une ville, nos troupes ont droit à 24 heures de pillage … »
22 JUIN 1940 : un premier geste de refus face à l’occupant
Alors que les derniers échanges de tirs se font entendre autour de Thouars, les allemands prennent possession de la ville, avec la rigueur et l’organisation qui les caractérisent. Les panneaux indicateurs sont germanisés, la croix gammée flotte sur la place Lavault et la Kommandantur est installée à l’Hôtel de Ville dans un premier temps. Afin de faciliter leurs communications, les soldats déroulent à même le sol les câbles téléphoniques sur plusieurs dizaines de mètres. Dans un geste d’inconscience et d’héroïsme, le cheminot Alexis Lecleinche coupe les fils, sabordant ainsi les outils de communication allemands, comme un prélude aux actes de résistance qui se développeront en Thouarsais au fil de la guerre. Las, Lecleinche est dénoncé et arrêté. Déporté en Allemagne, il mourra au camp de Diez en 1943. Parallèlement, les derniers soldats français tentent toujours de retarder l’armée allemande afin de permettre à quelques 2400 militaires français d’évacuer par la gare de Parthenay. C’est la fameuse bataille de la Butte, durant laquelle les avions allemands vont larguer plusieurs bombes. Des civils et des militaires perdront la vie, dont un un soldat inconnu, enterré sur place. En périphérie de Thouars, et en direction du sud, tous les villages voient passer les soldats allemands dont certains n’hésitent pas à violenter les habitants et piller les maisons. Coulonges Thouarsais, Geay, Sainte Gemme, Luché Thouarsais…. Là aussi, les combats sont violents. L’un des derniers chars français, le « Saint Georges » est anéanti par les allemands, son équipage tué, brûlé vif. Comme un trophée, les allemands ramènent le char à Thouars, place Lavault, où il restera exposé plusieurs semaines.
23 JUIN 1940 : les documents d’armistice transitent par Thouars
Alors que Bressuire est envahie à son tour, que les allemands se déploient sur le Thouarsais, que les dernières troupes françaises, dont les coloniales, embarquent dans les rares trains depuis la gare de Parthenay en direction du sud, l’Armistice a été signé en forêt de Compiègne le 22 juin, suite au discours du maréchal Pétain, quelques jours plus tôt, annonçant qu’il fallait cesser le combat. Toutefois, cet armistice ne sera effectif que deux jours plus tard, après la signature de l’Italie, alliée du Reich. Le texte comprend vingt-quatre clauses et doit être remis au gouvernement réfugié à Bordeaux. Des gradés allemands quittent le wagon de Rethondes, le précieux document dans leur sacoche, et prennent la route vers l’ouest. Le château de Ternay, a une dizaine de kilomètres de Thouars, a été réquisitionné pour accueillir le général Tippelkirch, membre du haut commandement et proche d’Hitler. Venant de Rethondes où il a assisté à la signature, il arrive au château le 22 juin, tard, dans la soirée, où il dîne et passe la nuit. Tippelkirch est chargé de donner les documents aux plénipotentiaires français qui les remettront à leur tour au gouvernement français. La rencontre a lieu le lendemain, dimanche 23 juin, dans la matinée. Protégés par les hommes de la 1ère Division de cavalerie allemande, les plénipotentiaires se retrouvent à la Maucarrière entre Thouars et Parthenay. Les représentants français, drapeau blanc accroché à leur véhicule, ne restent que quelques minutes avant de filer vers la Gironde où les attend le maréchal Pétain et son gouvernement. Ce dernier chapitre marque la fin de la Bataille de Thouars. Dès lors, les combats vont cesser, les coups de feu seront sporadiques. Le Thouarsais entre dans la sombre période humiliante de l’Occupation. Mais bientôt des hommes et des femmes se lèveront pour sauver la France.
Septembre 1923 – Georges vient de finir son service militaire
A son retour de son temps de service militaire, qu’il a effectué au Maroc, Georges est revenu à Louzy en septembre 1923. Il est encore militaire mais bénéficie d’une permission, avant d’être démobilisé en novembre 1923. A Louzy, il retrouve sa mère Marie-Louise, son beau-père Désiré Pichot et sa demi-sœur Georgette qui va bientôt avoir 5 ans. Il ne se sent pas chez lui. Il ne s’entendait pas avec son beau-père avant de partir au service militaire mais c’est encore pire à son retour. D’autres horizons se sont ouverts pour Georges, la confrontation d’idées et de projets avec ses camarades soldats, la découverte de ses propres capacités : lire, écrire, conduire, découvrir… Georges croit au progrès technique. Il a confiance en lui, il a déjà en tête de créer sa propre entreprise de transport. Pour son beau-père, la réussite consiste à posséder. Posséder des terres surtout. Ne pas dépenser, rogner sur tout pour s’enrichir. La cohabitation est de plus en plus difficile.
En 1925, Georges rencontre sa future femme
Albertine Alphonsine Augustine Cochard est née le 15 mars 1902 à Voultegon. Ses parents Jean Baptiste Cochard et Augustine Charrier ont quitté la campagne pour venir s’installer à Thouars vers 1920. La légende familiale raconte qu’il y tenait un café. Mes recherches tendraient à situer celui-ci rue Saugé, en face de la boulangerie Rifflet devant laquelle est photographiée Albertine (voir les articles « Albertine sur la photo ») et non Porte au Prévost, comme cela a été évoqué quelquefois. Comment et où Georges et Albertine se sont-ils rencontrés ? Si comme la légende familiale le raconte, la famille Cochard tenait un café, il est plausible de penser que c’est dans cet établissement que la rencontre eu lieu.
Georges et Albertine se marient le 23 novembre 1926 à Thouars
Georges et Albertine s’installent au 158 rue Louis Blancà Thouars
Georges et Albertine cherchent une maison à louer pour s’installer en attendant de pouvoir acheter une maison.
Il loue la maison construite par Alphonse Puchault, début 1927. (voir l’article « La maison de mes grands-parents »).
Ils achèteront cette maison « à la bougie » par l’intermédiaire d’Augustin Monory, l’oncle de Georges en 1929.
Cette maison changera d’adresse. La rue Louis Blanc sera pour partie rebaptisée en 1960. La maison située au 158 rue Louis Blanc jusqu’en 1960 devient, ensuite, le 7 rue Frédéric Chopin.
Georges et Albertine vont passer toute leur vie dans cette maison.
Georges crée une entreprise de transport
A la fin des années 1920, début 1930, Georges et ses 3 associés : Maurice Bréchelier, Marcel Cousin et Adrien Martineau ont créé une entreprise de transport. Ils transportaient des matériaux de construction, du ciment, du plâtre et du bois pour l’habitat, des cailloux pour les routes et les chemins, et aussi, des céréales, de la paille et du foin pour l’agriculture.
Les 2 enfants de Georges et Albertine
Mon père Marc naitra dans la maison, rue Louis Blanc, en août 1927, ma tante Odette également, en mars 1931.
Philippe Sands, né en 1960, juriste international de renom, spécialisé dans la défense des droits de l’homme, intervient, auprès de la Cour internationale de Justice, de la Cour de justice des Communautés européennes… Compte tenu de son renom, il fut convié, il y a quelques années, à donner une conférence à l’université de droit de Lviv, en Ukraine. Cette invitation va lui donner l’occasion de plonger dans le passé de sa famille et de découvrir les liens étroits existant entre sa famille et plus particulièrement son grand-père Léon Buchholz, natif de Lemberg, avec :
Hersch Lauterpacht (1897-1960), professeur de droit international, originaire de Zolkiew, près de Lemberg,
Raphael Lemkin (1900-1959), procureur et avocat, résidant à Lemberg à partir de 1921, et
Hans Frank 1900-1946, ministre du IIIème Reich, avocat préféré d’Hitler.
Raphael Lemkin et Hersch Lauterpacht sont deux juristes exceptionnels, hélas, peu connu du grand public, qui ont pourtant joué un rôle déterminant dans l’évolution de la perception des crimes de guerre et de la justice internationale. Raphael Lemkin (1900-1959) a forgé le terme « génocide« , tandis que Hersch Lauterpacht a introduit la notion juridique de « crime contre l’humanité« . Deux concepts absolument essentiels. Ce sont effectivement ces termes juridiques qui ont permis, en 1946, de condamner à Nuremberg, les hauts dignitaires nazis et des années plus tard, la création de la cour pénale de la Haye pour crimes de guerre, comme en ex-Yougoslavie ou au Rwanda.
Ce qui est absolument incroyable c’est qu’aussi bien Lemkin que Lauterpacht soit originaire de Lviv, la capitale de la Galicie, l’ancienne province orientale de l’Empire austro-hongrois. Endroit où est né le grand-père de Philippe Sands.
Dans ses investigations, Philippe Sands a rencontré Niklas Frank, le fils de l’avocat d’Hitler, Hans Franck qui fut aussi gouverneur-général de la Pologne occupée. De passage à Lviv,en 1942, il annonça la mise en place de « la solution finale ». Niklas avait 7 ans lorsque son père fut jugé et pendu à Nuremberg en octobre 1946. Il a publié un ouvrage sur ce père, ayant pour titre « Mon père : un règlement de comptes », qui est un jugement lucide, sans la moindre concession sur les exactions commises par son père. À Philippe Sands, il a déclaré : « Mon père était juriste ; il savait ce qu’il faisait… »
Lors de son enquête, Philippe Sands découvre une série de coïncidences historiques qui le conduiront des secrets de sa famille à l’histoire universelle. C’est, en effet, à Lemberg (Lviv) que Leon Buchholz, son grand-père, passe son enfance avant de fuir, échappant ainsi à l’Holocauste qui décima sa famille ; c’est là que Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin, deux juristes juifs étudient le droit dans l’entre-deux-guerres. C’est là enfin que Hans Frank, haut dignitaire nazi, annonce, en 1942, alors qu’il est Gouverneur général de Pologne, la mise en place de la « Solution finale » qui condamna à la mort des millions de Juifs. Parmi eux, les familles Lauterpacht, Lemkin et Buchholz.
Comment ne pas être troublé par cet extraordinaire témoignage, qui transcende les genres, ou s’entrecroisent, une enquête palpitante, la coïncidence troublante de retrouver les traces des quatres personnages dans une la même ville et une réflexion profonde sur le pouvoir de la mémoire.
Lviv, Lemberg, Lwów, Lvov… ville carrefour de tragédies
Ville fondée au XIIIe siècle, l’ensemble architectural de son centre historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Longtemps polonaise, puis autrichienne de 1772 à 1918 sous le nom de Lemberg après le premier partage de la Pologne, redevenue polonaise sous le nom de Lwów au sein de la Deuxième République de Pologne (1919-1939), annexée par la Russie, puis par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, elle est actuellement la capitale de l’oblast de Lviv en Ukraine.
Lviv est une ville hautement symbolique des différentes tragédies qu’a connu l’Europe à travers les siècles.
1386-1772 : Lwów, ville polonaise
Lwów devient une ville multi-ethnique et multiconfessionnelle à majorité polonaise, et un centre de culture, de science et de commerce. Trois archevêchés y étaient installés : l’archevêché catholique latin, l’archevêché gréco-catholique (dit uniate) et l’archevêché arménien. Au XVIe siècle, la population juive atteint le millier de personnes.
1772-1918 : Lemberg, ville autrichienne En 1772, à la suite de la partition de la Pologne, Lwów devint Lemberg, la capitale de la province autrichienne nommée royaume de Galicie et de Lodomérie. Ce régime laissa une grande empreinte sur l’architecture de la ville. En 1776, paraît la Gazette de Léopol, un périodique en langue française, premier journal d’Ukraine. En 1784, l’université laïque fut ouverte par l’empereur Joseph II. Les cours étaient donnés en latin, allemand et polonais puis, à partir de 1786, en ukrainien. En 1867, la Galicie, toujours rattachée à l’Autriche-Hongrie, obtint une large autonomie et les Polonais bénéficièrent de certaines libertés culturelles, dans l’administration locale et l’éducation. Un mouvement patriotique ukrainien subsistait cependant. Après la Première Guerre mondiale, lors de l’effondrement de l’empire des Habsbourg, la population ukrainienne locale proclama Lviv comme capitale de la république populaire d’Ukraine occidentale le 1er novembre 1918.
1918-1939 : Lwów, ville polonaise à nouveau
La ville, à majorité polonaise, retourne dans le giron polonais, après une absence d’État polonais de plus d’un siècle, et ce jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle est alors connue à l’étranger sous son nom polonais de Lwów. Lwów avait une forte communauté juive d’expression yiddish ou allemande : en 1939, près d’un tiers de la population, soit plus de 100 000 habitants, étaient des Juifs et la ville comptait cinquante synagogues.
1939-1945 : Lwów au cœur de la Seconde Guerre mondiale
En septembre 1939, la région fut envahie par les Allemands. Après des combats acharnés des forces polonaises retranchées dans le centre-ville, la ville fut totalement encerclée par la Wehrmacht le 14 septembre 1939.
En application du pacte germano-soviétique, l’Armée rouge envahit à son tour la région le 17 septembre 1939. Au terme de ce qui sera appelé la bataille de Lwów, la garnison polonaise capitula face aux Soviétiques le 22 septembre 1939. La région fut alors annexée par l’Union soviétique et incorporée à la République socialiste soviétique d’Ukraine selon une des clauses secrètes du pacte Molotov-Ribbentrop. Au cours de la période d’occupation soviétique de septembre 1939 à juillet 1941, la population, particulièrement les Polonais, subit une politique de soviétisation (collectivisation des entreprises) et de représailles (exécutions et déportations dans les régions Est de l’URSS).
Lors de l’opération Barbarossa, la ville est occupée en juillet 1941 par les troupes allemandes, les nazis et leurs auxiliaires ukrainiens débutèrent une politique de « purification ethnique et intellectuelle » avec notamment la destruction de l’intelligentsia polonaise (et de leur famille) lors du massacre des professeurs de Lwów.
Des pogroms sont déclenchés à Lviv, les 30 juin et 25 juillet 1941, sans discontinuer durant quatre semaines, durant lesquels 4 000 Juifs sont tués. Le 30 juin, ce sont un demi-millier de Juifs, qui sont arrêtés dans la rue à des barrages de contrôle ou à leur domicile.
Sept mille arrestations sont conduites systématiquement dans les semaines suivantes. Environ trois mille des personnes interpellées sont exécutées dans le stade municipal de Lviv.
Au début de novembre 1941, les Allemands créent un ghetto au nord de la ville qu’ils rebaptisent Lemberg, comme à l’époque de l’Autriche-Hongrie. Les Einsatzgruppen assassinent des milliers de Juifs âgés ou malades pendant qu’ils traversent le pont de la rue Peltewna pour rejoindre le ghetto. En mars 1942, les Allemands débutent la déportation des Juifs vers le camp d’extermination de Bełżec. En août 1942, plus de 65 000 Juifs sont déportés du ghetto de Lemberg et exterminés. Des milliers d’autres sont envoyés dans le camp de travail forcé voisin de Janowska. Au début du mois de juin 1943, le ghetto est détruit et des milliers de Juifs sont à nouveau massacrés à cette occasion.
Le 27 juillet 1944, la Wehrmacht est définitivement chassée de la ville par l’Armée rouge.
En 1945, après des siècles de présence polonaise, la région est annexée par l’Union soviétique et les Polonais survivants sont expulsés vers l’ouest, notamment vers Wrocław (en allemand Breslau), en Basse-Silésie, région jusque-là allemande, alors rétrocédée à la Pologne.
Sans Polonais, ni Juifs, cette ville, jusque-là creuset intellectuel et pluriculturel, est vidée de sa substance et des principaux habitants qui en avaient fait la réputation.
1991 : l’Ukraine devient un État indépendant. Lwów devient Lviv
L’histoire de l’Ukraine en tant qu’État indépendant est récente. Après un très bref épisode entre 1918 et 1920 l’Ukraine n’a acquis son indépendance qu’en 1991 dans le cadre de la dissolution de l’Union soviétique.
C’est le 24 août 1991 que l’Ukraine a pris sa liberté. À l’époque, le président russe, Boris Eltsine, soucieux d’évincer Gorbatchev, s’entend avec ses homologues ukrainien et biélorusse pour démanteler l’URSS… L’indépendance ukrainienne est ratifiée par un référendum, le 1er décembre 1991, à 90 %. Le « oui » est majoritaire, y compris en Crimée et dans le Donbass.
Très vite, les premières difficultés apparaissent avec la Russie. Il faut s’entendre sur le prix du gaz livré par la Russie et surtout sur le partage de la flotte de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol, en Crimée. La Russie revendique l’usage de ce port militaire ; l’Ukraine veut sa part de la flotte soviétique. Kiev et Moscou s’accordent pour une location du port durant vingt-cinq ans… L’Ukraine met quatre ans pour se doter d’une nouvelle Constitution, puis d’une monnaie, la hryvnia, du nom de l’ancienne devise qui était en cours au XIe siècle dans la grande principauté de Kiev…
2004 : La « révolution orange », un pas vers l’Europe
À l’époque, l’Ukraine peine à s’affirmer et à choisir son destin. Elle est écartelée entre une partie de la population, dans le sud-est du pays, qui se sent attachée au passé soviétique, et une autre partie, plus à l’ouest, qui souhaite emboîter le pas à la Pologne pour se rapprocher de l’Europe. Ces deux camps s’affrontent une première fois en 2004, lors de la « révolution orange », une protestation qui dure deux mois, jour et nuit, en plein hiver, sur la place de l’Indépendance à Kiev. Elle porte au pouvoir le président Viktor Iouchtchenko, un pro-européen.
Sous son impulsion, l’Ukraine renoue avec ses racines et revendique de plus en plus sa culture, sa langue. Viktor Iouchtchenko ouvre également les archives de l’ancien KGB et inaugure un mémorial pour le Holodomor, la famine artificielle provoquée en 1933 par Staline qui a causé la mort de 4 à 6 millions d’Ukrainiens. Il demande que cette tragédie soit reconnue comme un « génocide ». C’est encore un sujet d’affrontement avec la Russie qui refuse le qualificatif.
2014 : Deuxième révolution : fracture entre l’Ukraine et la Russie
Puis en 2010, c’est cette fois l’est de l’Ukraine qui remporte la présidentielle : arrive au pouvoir Viktor Ianoukovitch, originaire du Donbass. Il se tourne vers la Russie qui lui propose d’intégrer une union douanière. Ce choix provoque une deuxième révolution, en novembre 2013.
La fracture s’approfondit
Sur cette même place de l’Indépendance, à Kiev, la confrontation est cette fois plus violente. Elle fait plus d’une centaine de tués. La contestation l’emporte malgré tout en février 2014, tandis que Viktor Ianoukovitch s’enfuit en Russie. Un gouvernement pro-européen s’installe à nouveau à Kiev, tandis que la Russie dénonce un « coup d’État » mené par une « junte nazie ».
De là date la véritable fracture entre la Russie et l’Ukraine. Vladimir Poutine réagit en annexant la péninsule de Crimée, au Sud, une opération rondement menée par des forces spéciales sans insignes qui s’emparent du parlement local et font voter les députés à huis clos, avant d’organiser un référendum. À l’époque, l’Ukraine se remet à peine de sa révolution et se trouve incapable de réagir. Puis, la Russie organise la déstabilisation des territoires de l’est de l’Ukraine, avec l’envoi de « volontaires armés » venus « au secours » des populations locales.
Cette fois, l’armée ukrainienne parvient à contenir les séparatistes dans un réduit, autour des villes de Donetsk et de Lougansk. La ligne de front se stabilise grâce à un accord négocié à Minsk, en février 2015, avec l’aide de François Hollande et d’Angela Merkel. Mais la guerre s’installe en Ukraine. Le long de la ligne de front qui fait 500 km, les séparatistes soutenus par la Russie échangent régulièrement des tirs avec l’armée ukrainienne.
Un État reconnu et démocratique
Malgré le coût de cette guerre, l’Ukraine reprend sa marche en avant. Elle met à terre les dernières statues de Lénine. Elle affirme clairement, désormais, son choix de consolider son indépendance et de se rapprocher de l’Europe, voire d’entrer dans l’Otan. Petro Porochenko, un riche entrepreneur, est élu président. L’Union européenne offre à Kiev un accord d’association qui lui ouvre la porte de son marché. Les Ukrainiens obtiennent de pouvoir circuler en Europe sans visa. L’économie tout entière de l’Ukraine se tourne vers l’ouest, tandis que le commerce avec la Russie se réduit. Plus de 40 % des exportations ukrainiennes vont vers l’UE aujourd’hui. Le nouveau président ukrainien élu en 2019, Volodymyr Zelensky, maintient cette orientation.
En trente et un ans d’indépendance, l’Ukraine est passée par bien des secousses. Mais elle est devenue un État reconnu internationalement, un partenaire des Européens et des États-Unis, un pays relativement stable, souvent critiqué pour son niveau de corruption, mais démocratique et où règnent la liberté d’expression et le pluralisme.
2022 : Lviv carrefour de refuge suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie
Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, des milliers de réfugiés ukrainiens fuyant les combats se massent à Lviv pour prendre le chemin de l’exode en Pologne et vers d’autres pays européens.
Dans le 1er chapitre nous avons pu déterminer qu’Albertine avait été photographiée en 1920-1922 devant la devanture de la boulangerie Rifflet rue Saugé à Thouars.
La famille Cochard tenait-elle comme la légende familiale le suggère un commerce rue Saugé et non Porte au Prévost comme évoqué ? un café ?
La rue Saugé en 1910
Sur cette carte postale datée de 1910, deux commerces apparaissent : le café-restaurant Normand et la boutique E.DIACRE.
Sur l’acte de naissance d’Alexandre Louis Rifflet, les deux témoins sont des voisins du boulanger Rifflet : Anselme Grandin, 59 ans exerçant la profession de sellier et Eugène Normand, 46 ans, exerçant celle de cafetier ; le patron du café-restaurant Normand de la carte postale.
Emile Diacre tenait quant à lui, un commerce en vins et spiritueux. C’est dans son arrière-boutique qu’est conçu en 1926, un nouvel apéritif purement thouarsais, le Duhomard. Il s’agit d’un quinquina au nom évocateur d’une blague faite à Emile Diacre en 1922 à Massais.
Lors de la naissance des jumeaux Louis et Joseph Rifflet en mars 1910 ce sont d’autres voisins qui sont témoins : Gustave Moreau, 41 ans, tailleur et Léon Paindessous, 45ans propriétaire Ainsi que, lors du décès de Louis, a deux mois, en mai 1910 : Charles Gabot, 25 ans, sellier et Georges Guilbault, 22 ans, charcutier (un prédécesseur de la famille Fuzeau)
La rue Saugé en 1920
Sur cette autre carte postale datée de 1920, nous voyons les mêmes commerces et un commerce de sellerie-bourrellerie en premier. Le commerce d’Emile Diacre semble être resté à l’identique mais le café-restaurant ne s’appelle plus le café Normand.
Origine du nom de la rue Saugé La rue porte le nom de Saugé, en référence à Guillaume Saugé, un huissier venu de Niort en 1820. En 1822, Saugé prend part à l’insurrection organisée et portée par le Général Berton. Les conspirateurs de cette fameuse « affaire Berton » sont jugés à Poitiers. La sentence de la cour d’appel de Poitiers les condamne à la peine de mort. Berton est exécuté à Poitiers mais Saugé et un autre conspirateur nommé Jaglin sont guillotinés place Saint-Médard le 7 octobre. Avant de mourir, Saugé poussera ce cri : Vive la République !
Revenons au portrait de ma grand-mère Albertine sur la photo
Elle est vêtue d’une jupe longue, d’un corsage à rayures, recouverts d’un grand tablier. Elle porte des espadrilles aux pieds et une peau d’animal sur les épaules. Une tenue bien peu adaptée à un rôle de vendeuse au sein de la boulangerie. Nous ne pouvons émettre que des hypothèses : Elle faisait le ménage au sein de la boulangerie… Elle était venue rendre une visite impromptue à ses amies vendeuses dans la boulangerie… Elle participait aux travaux du café (l’ancien café Normand) tenu par ses parents en face de la boulangerie et se trouvait là lors de la prise de vue… En l’état de mes investigations… je n’en sais rien…
Qu’est devenue la boulangerie ?
Au recensement de 1936 rue Saugé
Ce n’est plus la famille Rifflet qui tient la boulangerie mais la famille Taudière. Georges Guilbault tient toujours la charcuterie voisine.
Sur cette capture d’écran de janvier 2021 le commerce du 10 Rue Saugé àThouars existe toujours. Le dernier boulanger s’appelait B. Meunier. La boulangerie a fermé il y a 15-20 ans. L’immeuble où se situait l’ancienne charcuterie Fuzeau a été déconstruit.
Ma grand-mère Albertine est l’une des descendantes de la tribu Cochard, dont les membres furent signataires du cahier de doléances des Cerqueux (extrême sud du Maine-et-Loire), combattants de l’armée vendéenne puis membres de la Petite Eglise lors la Révolution puis de l’arrivée au pouvoir de Napoléon. Née en 1902 à Voultegon (Nord des Deux-Sèvres), elle est la deuxième fille de Jean-Baptiste Cochard et d’Augustine Charrier.
Les parents d’Albertine : Jean Baptiste Cochard et Augustine Charrier
Ses parents se sont mariés le 18 avril 1899, à Voultegon, lors d’un double mariage, le leur et celui de la sœur de Jean Baptiste, Agnès Cochard avec le cousin d’Augustine, Auguste Charrier. Au recensement de 1901, Jean Baptiste Cochard est valet de ferme chez le fermier Billy. Augustine est lingère, leur fille Marie Louise a 9 mois (née le 22 juin1900). La famille habite dans le bourg de Voultegon à côté d’une autre sœur de Jean Baptiste, Arsène Elise. Au recensement de 1906, Jean Baptiste et Augustine habitent toujours le bourg. Jean Baptiste est domestique chez le fermier Gendron. Leur deuxième fille, Albertine, ma grand-mère, née le 15 mars 1902, complète la famille. La famille viendra, après la première guerre mondiale, habitée à Thouars pour y exercer des travaux moins pénibles que ceux liés à l’agriculture.
Où habite la famille Cochard à son arrivée à Thouars ?
La légende familiale raconte que mon grand-père Georges aurait rencontré sa femme Albertine Cochard dans le commerce que tenait ses parents à Thouars. De quel commerce s’agissait-il ? Où était-il situé ? D’une manière vague, il se serait agi d’un café, rue Porte au Prévost… Pas de trace de ce café dans les archives familiales… mais une photo de ma grand-mère devant un commerce…
Ma grand-mère Albertine qui, de toute évidence (au vu d’autres photos en ma possession), est la personne située à l’extrême gauche de la photo, étant née en 1902, la photo ne peut avoir été prise que vers 1920 – 1922. Albertine serait, alors, âgée de 18 – 20 ans.
De quel commerce s’agit-il ? Où est (était)-il situé ? En dehors de ma grand-mère Albertine, qui sont les autres personnes présentes sur la photo ?
Sur le fronton du commerce, une indication : L . RIFFLET, commençons les recherches de ce côté-là.
Derrière la vitrine, des pains… pas de doute c’est une boulangerie… A ma requête « Louis Rifflet » (j’ai supposé que le L, pouvait être celui de Louis), le fichier des décès de 1970 à nos jours établit par l’INSEE me livre une piste :
Alexandre Louis Gabriel Rifflet né le 11 octobre 1907 à Thouars, décédé le 24 novembre 1993 à Boulogne Billancourt.
En 1920-1922 Alexandre Louis Rifflet était âgé de 13-15 ans. C’est peut-être lui qui se trouve le plus à droite sur la photo, si c’est bien la famille Rifflet qui correspond à ma recherche…
Pour en savoir plus, recherchons son acte de naissance :
Le père d’Alexandre Louis Rifflet, se prénomme Louis Marie et il exerce la profession de boulanger lors de la naissance en 1907. La piste semble la bonne. Il semble probable que la deuxième personne sur la droite, l’homme à la casquette, les deux mains sur les hanches, soit le boulanger thouarsais Louis-Marie Rifflet.
Pour savoir qui sont les deux femmes au centre de la photo, je vais mener mes recherches dans deux directions : l’une d’entre-elle, peut-elle être, la sœur d’Albertine, Marie-Louise ? l’une d’entre-elle, peut-elle être, madame Rifflet ? une fille du boulanger ?
Après comparaison des photos représentant Marie-Louise jeune avec la photo des personnages devant la boulangerie, j’ai pu déterminer, qu’aucune des deux femmes n’était Marie-Louise. Il me fallait connaître la famille Rifflet pour aller plus loin.
J’ai tout d’abord réussi à trouver l’acte de naissance de Louis-Marie Rifflet, né à La Pouëze (Maine-et-Loire) le 10 novembre 1879 dans une famille de cultivateurs, propriétaire de leur terre. Cet acte me donne une autre indication précieuse, la date du mariage de Louis-Marie Rifflet, le 26 novembre 1904 avec Charlotte-Alexandrine-Nathalie-Joséphine Perdriau à Saint Georges sur Loire (Maine-et-Loire).
Combien ce couple a-t-il eu d’enfants ? a-t-il eu des filles ? où habitait la famille entre 1904, la date du mariage et 1920-1922, la date présumée de la photo ?
Le recensement de 1906 apporte une réponse. Louis-Marie Rifflet, sa femme Charlotte-Alexandrine-Nathalie-Joséphine Perdriau et leur ouvrier boulanger Aristide Raballaud habitent rue Saugé à Thouars !!!
Nathalie Perdriau-Rifflet est née en 1881 à Saint Georges sur Loire. De deux ans, la cadette, de son mari, elle ne peut pas être l’une des deux femmes de la photo. Les deux femmes semblent avoir moins de 40 ans, âge qu’avait madame Rifflet en 1920-1922. Un autre élément va venir corroborer cette hypothèse. Le 6 janvier 1918, un jugement de divorce est prononcé entre Louis-Marie Rifflet et sa femme Charlotte-Alexandrine-Nathalie-Joséphine Perdriau à Bressuire (Deux-Sèvres). En 1920-1922, elle n’est plus aux côtés de son mari à la boulangerie.
Le couple a-t-il eu d’autres enfants ? des filles ?
Les tables décennales des naissances de 1903-1912 et de 1913-1922 à Thouars ne donnent qu’un résultat : la naissance d’Alexandre Louis en 1907 et de deux jumeaux en mars 1910, Louis et Joseph.
Louis décède, deux mois après sa naissance, en mai 1910. Son frère jumeau Joseph lui survivra et décèdera le 28 février 1979 à Neuilly sur Seine.
Les deux femmes, au centre de la photo, restent des inconnues. Ce n’est pas, ma grand-tante Marie-Louise, ce n’est pas Madame Rifflet, ni une fille de ce couple. Il est plausible de penser que ces deux personnes étaient des vendeuses de la boulangerie dont j’ignore l’identité.
A ce stade de mes recherches, aucune piste répond aux questions : Où habite la famille Cochard à son arrivée à Thouars ?
Le 13 février 1922, Georges Chabosseau, mon grand-père, a 20 ans. Il est mobilisé au bureau de recrutement de Niort avec le grade de 2ème classe. Sur le fascicule de mobilisation, il est indiqué qu’il habite Louzy et exerce la profession d’entrepreneur de transports.
Il est affecté au Centre de mobilisation du Train quartier Langlois (la caserne Verneau, aujourd’hui) à Angers. Il rejoint ensuite Bordeaux pour embarquer, destination Casablanca au Maroc.
La traversée Bordeaux – Casablanca
Ces photographies sur plaques de verre ont été réalisées par Jean Thomas lors de sa traversée Bordeaux – Casablanca sur le Figuig en Mars 1922. Elles retracent, à l’identique, le parcours de Georges à son arrivée au Maroc.
Originaire de Saint Paul sur Sauve, village situé au nord-ouest de Toulouse, Jean Thomas est un scientifique-explorateur. Né le 14 juin 1890, Jean Thomas, après des études scientifiques est gravement blessé durant la guerre de 1914. En voiture ou side-car il accomplit des missions d’exploration au Maroc et dans toute l’Afrique Française de 1922 à 1931 pour le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, et pour l’Illustration et le Ministère des Colonies. Le Maroc constitue la première mission scientifique exploratoire de Jean Thomas. Du 14 mars au 4 août 1922, il étudie les pêcheries en vue de leur développement possible. Les photographies sur plaques de verre prises par Jean Thomas lors de sa traversée sur le Figuig en mars 1922 et celles de son débarquement à Casablanca
Le débarquement à Casablanca
Pourquoi Georges fait-il son service militaire au Maroc ?
L’histoire du protectorat français au Maroc
Au milieu du XIXe siècle, les routes méditerranéennes prennent une nouvelle importance pour les grands Etats européens. En 1856, un traité de commerce, ouvre le Maroc aux produits européens. En 1863, une convention franco-marocaine voit le jour. Pour la France, le Maroc était très important à cause de sa position stratégique. Pour développer ses ambitions économiques et territoriales, la France désirait créer un ensemble nord-africain homogène, sous son autorité.
Au début du XXe siècle, le Maroc s’endette de plus en plus envers l’Europe et particulièrement envers la France. En 1912, l’accord de Fès plaça le Maroc sous un protectorat. Le traité du protectorat divise le Maroc en zone française, espagnole, et internationale à Tanger. Pendant quatorze ans, le protectorat s’incarna dans la forte personnalité du Maréchal Lyautey, premier résident général (1912-1925) qui fit œuvre de conquête, d’organisation et de mise en valeur. Le ralliement des tribus, au nom du sultan, s’obtint en usant de diplomatie à l’égard des grands caïds ou en effectuant des opérations militaires.
Pendant son protectorat, la France a imposé plusieurs réformes qui visent en premier lieu à affaiblir l’impact de l’islam dans le pays, notamment chez les populations berbérophones et rurales, en supprimant ou en diminuant les lois de l’islam tout en leur substituant une justice à la française. Une partie du secteur agricole se tourne vers une agriculture moderne orientée vers l’exportation. Tandis que l’artisanat traditionnel connaît des difficultés, une industrie basée d’abord sur la richesse minière du pays se développe. Ces transformations entraînent d’importants mouvements de population à l’intérieur du Maroc (exode rural) et le développement d’un important centre économique sur la côte atlantique : Casablanca.
Georges est affecté au 123ème Escadron du Train des Equipages Automobiles à Casablanca
Le Train des Equipages
En 1807, dans le fracas des combats napoléoniens, le Train des Equipages naissant est en charge du seul transport de la farine, du pain, de la viande et du fourrage. Les transports de ravitaillement, exclusivement hippomobiles jusqu’en 1914, constituent toujours le centre des activités du Train des Equipages au début du XXe siècle. Lors de la motorisation des armées, le camion devient l’outil de base de ravitaillements plus variés, massifs et urgents. Transporteur de vivres, d’effets, de munitions et d’équipements, le soldat du Train devient, alors, aussi chargé de l’acheminement des troupes
Le Train automobile du Maroc 1920-1923
Avec ses moyens libérés par la fin de la Grande Guerre, Lyautey reprend ses opérations de pacification interrompues par manque de moyens.
De 1920 à 1921, les compagnies et convois auxiliaires assurent vers les postes un service très chargé et prennent part de façon incessante aux convois de ravitaillement. Les colonnes de pacification et l’installation de nouveaux postes exigent également des moyens importants du Train. Les comptes rendus parlent peu du Train automobile bien qu’il soit arrivé en cours d’opérations. Contraint de n’utiliser que les routes empierrées ou les pistes en parfait état, les camions du Train sont écartés des opérations de toutes premières lignes. Dispensé de certains périls, le Tringlot automobile essuie fréquemment le coup de fusil de pillards qui attaque bien entendu quand le moteur crée des difficultés. Il n’en demeure pas moins qu’en transportant les troupes et le ravitaillement jusqu’au bout extrême des routes empierrées, le Train automobile a largement contribué à la victoire sur la dissidence.
Le 123e Escadron
Entièrement automobile, le 123e Escadron basé à Casablanca est créé le 1er janvier 1921. Ses compagnies sont ventilées à Casablanca pour la 1ère et la 4ème, à Fez pour la 2e, à Meknès pour la 3e. L’escadron participe aux opérations de pacification du Maroc. Au plus fort de la campagne l’Escadron comprend 23 officiers, 1200 sous-officiers, conducteurs et ouvriers, des véhicules légers et 150 camions. Chaque compagnie est spécialisée, 1ère : triage et exploitation, la 2ème : transports sur Fez, Oujda, Taza, la 3ème : transports sur Meknès et Midelt, la 4 ème : transports sur Marrakech, Tadla, Agadir. En mars et avril, le 123ème Escadron reçoit 120 camions en renfort. En mai, le commandement envoie au Maroc, la 162e compagnie du 14e Escadron de métropole avec 100 camions. Le tonnage transporté est impressionnant compte tenu des matériels employés, 73000 tonnes en 4 mois et 30000 hommes.
Georges fait son service militaire au sein de la 1ère compagnie du 123èmeEscadron du Train des Equipages Automobiles
Georges obtient le permis de conduire. Arrivé simple soldat, il est tout d’abord mécanicien monteur, puis il est chauffeur de camion et enfin il devient le chauffeur du colonel.
Georges obtient son permis de conduire militaire le 16 août 1922. Il est autorisé à conduire les camions militaires Berliet et Ford et les véhicules de tourisme.
Bien qu’il soit affecté à la 1ère compagnie dont la mission est le triage et l’exploitation Georges a été en mission à Agadir avec son « copain » Henri Guindon comme les photos ci-dessous nous l’indiquent.
Avec mon copain H Guindon, devant la voiture du colonel et lors de son départ
La démobilisation et le retour en France
Georges termine son service militaire au Maroc en août 1923. Il embarque pour son retour à Cablanca le 16 août 1923. Il est démobilisé le 7 novembre 1923 après avoir bénéficié de 56 jours de permission. Il est de retour à Louzy puis à Thouars.
Il obtient le Certificat de Bonne Conduite.
Georges a franchi un cap, il a amélioré ses compétences en lecture et écriture et a acquis des connaissances en mécanique et en conduite. Et puis, il a commencé à réaliser ses ambitions. Entré à l’armée simple bidasse, il finit chauffeur du colonel.