Le Poitou

Des Pictes à Charlemagne

Ce sont les celtes Pictes (qui tirent leur nom de l’habitude qu’ils ont de se peindre ou de tatouer le corps) qui vont donner naissance au Poitou. Les tribus pictes s’installent sur tout le territoire allant de la Loire au nord jusqu’à la Charente au sud, et du Massif-central à l’est, jusqu’à l’océan. Le territoire avait deux oppida sur ses extrémités : Limonum (Poitiers) et Ratiatum (Rezé). Ratatium est le premier port poitevin avant l’arrivée des Romains. Les celtes Pictes introduisent la charrue, la herse, la faucille, la faux, et pratiquent la chasse, la pêche, l’élevage, l’apiculture, la culture des céréales, du lin et du chanvre.

A l’arrivée des Romains, les Pictes sont très hostiles et fournissent le plus gros contingent pour libérer Vercingétorix (20 000 picto-santones). Malgré la défaite, les armées pictes, menées par le chef Ande Dumnacus, continuent de lutter pour leur indépendance et assiègent les armées romaines de Caninius réfugiés dans Limonum (Poitiers). Après une première victoire, ils sont défaits et massacrés aux Ponts-de-Cé, par les armées de Caius Fabius venues en renfort.

Au regard de la vaillance du grand peuple Picte, de leur force et de leur courage, les Pictes ne durent pas verser tribu à Rome. Sous Auguste et durant la “Paix Romaine”, Limonum (Poitiers) fut la métropole administrative et militaire tandis que Mediolanum Santonum (Saintes) devint la métropole religieuse et économique du centre-ouest. La confédération celtique à laquelle appartient le Poitou est démembrée et divisée. Durant deux siècles et demi, le Poitou va connaître une grande prospérité. Les oppida gaulois deviennent de belles agglomérations. Limonum atteint 50 000 habitants. Six grandes voies romaines en partaient en direction de Nantes, Angers, Tours, Lyon par Bourges, Bordeaux par Saintes et Toulouse par Limoges.

Au IVe siècle, Limonum restaurée et prospère devient Poitiers. Place forte Poitiers résiste à l’assaut des Vandales, mais les Wisigoths s’installent en Poitou vers 462. En 507, Clovis défait les Wisigoths à Vouillé, à quelques lieues de Poitiers. Alaric qui commandait les Wisigoths, fut tué et ses soldats furent complètement battus.

Intégrée au Royaume des Francs, la région va connaître une période très troublée. Pour la seconde fois le sort de la Gaule va se jouer en Poitou avec l’invasion sarrasine d’Abd-er-Rahman. En 732, les Poitevins et les Francs de Charles Martel sauvent le Poitou, la Gaule et la Chrétienté à Moussais-la-Bataille, en défaisant complétement les armées arabo-musulmanes et en tuant leur chef.
De Clovis à Charlemagne, durant plus de trois siècles, ce sera l’anarchie. L’église en sera l’élément modérateur et l’élément fédérateur du peuple du Poitou et de la Charente. De nombreux monastères et abbayes sont édifiés.

Les comtes-ducs de Poitou

Banniere du Poitou

A partir de 820, la région est régulièrement envahie par les Normands. Les Normands pillent et incendient le Poitou pendant un siècle. Une dynastie prend naissance en ces temps troublés, issue des puissants seigneurs francs qui ont en charge la défense du Poitou. Ils combattent les Aquitains au sud, les Normands sur les côtes, les Bretons au nord. Ranulf Ier (Rannoux Ier) est le fondateur de cette puissante et véritable dynastie.

Les Comtes de Poitou, défenseurs de l’Aquitaine (Berry, Limousin, Auvergne et Gascogne), vont donner au Poitou un rayonnement européen qu’il n’aura jamais plus après. Ils créent une cours, des institutions, Ils partent en croisade et consolident leur pouvoir qui va de la Loire aux Pyrénées. En guerre permanente avec les comtes d’Auvergne et de Toulouse, les comtes de Poitou ne peuvent empêcher les empiêtements au nord du domaine poitevin par les comtes de Bretagne avec l’aide du roi de France et des comtes d’Anjou.

De puissantes seigneuries jalonnent le Poitou (Thouars, Châtellerault, Mauléon, Bressuire, Commequiers, Retz, Parthenay, Lusignan, Chauvigny, Châtelaillon, Surgères, Pons, …). En 1066, le vicomte deThouars est à la tête des guerriers poitevins qui participent à la conquête de l’Angleterre avec Guillaume de Normandie. Il en ramènera une grande fortune, grâce à laquelle il bâtira plusieurs édifices religieux. Le diocèse de Poitiers est très grand en superficie et en rayonnement.

Le XIIe siècle voit émerger une culture intellectuelle remarquable. Langue d’oïl et langue d’oc se côtoient, les troubadours répondent aux trouvères en répandant l’idéal chevaleresque. L’architecture poitevine produit des cathédrales qui servent de modèles aux pays voisins. Guillaume VII comte de Poitou partira avec les armées poitevines en croisade en Palestine, puis en Espagne.

Aliénor de Poitou devient l’héritière du comté, ainsi que du duché d’Aquitaine. Après le divorce avec Louis VII en 1152, elle donne le Poitou à Henri Plantagenêt, roi d’Angleterre, comte d’Anjou et du Maine. Elle retourne en Poitou qu’elle gouverne au nom de son fils, Richard (futur Coeur-de-Lion) comte de Poitou, parti en croisade.

Richard « le Poitevin » (Richard « Coeur-de-Lion ») réprima les révoltes seigneuriales mais mourut au siège de Chalus en 1199. Aliénor gouverne le Poitou et en assure la transmission à Jean sans Terre. En 1204, Aliénor la Grande, la Poitevine, meurt. Philippe Auguste en profitera pour rattacher, en quelque années, le Poitou à son royaume malgré la résistance des seigneurs poitevins. Ainsi prennent fin les grandes heures ou « glorieuses heures » du Poitou et le puissant règne des comtes-ducs. A la fin du XIIe siècle, l’art roman poitevin s’enrichit peu à peu à l’architecture ogivale (du style dit « Français » et Angevin). L’autonomie intellectuelle du Poitou va disparaître avec l’intégration politique dans le royaume de France et la guerre de Cent Ans (1340-1453).

Le Poitou français

Richard Coeur-de-Lion, comte de Poitou, a transmis sa province à son neveu Othon de Brunswick, qui deviendra plus-tard empereur germanique. En 1241 le Poitou est donné en apanage à Alphonse, fils de Louis VIII en 1241, mais la noblesse locale, menée par les Lusignan et le légitime comte de Poitou, Richard de Cornouailles, se révolte et obtient l’appui d’Henri III d’Angleterre. Les deux prétendants au trône comtal du Poitou vont s’affronter à Taillebourg, en 1242. Le roi d’Angleterre soutient les Poitevins, le roi de France soutien son frère Alphonse. Le roi de France bat les armées picto-anglaises. En 1245, Alphonse acquiert la seigneurie de Fontenay et fait de la ville, la tête de pont de l’administration royale en Bas-Poitou.

En 1259, Henri III renonce à ses prétentions sur le Poitou. Alphonse de France, frère de Saint Louis, nouveau comte de Poitiers, établit une ébauche de monarchie absolue en Poitou.
En 1271, à la mort d’Alphonse, le Poitou est réuni au domaine royal et forme la sénéchaussée de Poitiers qui n’inclut pas le Saumurois !
Le Poitou, trop puissant et vaste, est démembré, certaines parties sont données à la Bretagne, d’autres à l’Anjou et aux provinces limitrophes.

Le Haut et le Bas Poitou

Le Bas-Poitou est une partie du gouvernement militaire de Poitou créée par un arrêt du Conseil du 26 avril 1670. Par opposition au Haut-Poitou, il est défini à l’ouest d’une ligne de démarcation établie entre Coulonges et Saint-Martin-de-Sanzay suivant le cours de l’Autise et du Thouet. Sa capitale, située à Fontenay-le-Comte, accueille l’un des deux lieutenants généraux du gouvernement, l’autre étant à Poitiers. Un autre arrêt, daté du 6 juillet 1670 exclut du Bas-Poitou les faubourgs de Thouars, de Parthenay et de Saint-Loup.

Toutefois, la singularité du Bas-Poitou apparait dès le milieu moyen-âge et témoigne de son éloignement vis à vis du reste du Poitou. Cette singularité tient à la fois aux caractéristiques naturelles (marais, collines) du Bas-Poitou, fort différentes des plaines céréalières du Haut-Poitou, mais aussi à la situation géographique de cet espace soumis aux attaques maritimes et aux invasions Bretonnes et Angevines.

Du fait de la proximité de l’Atlantique, le Bas-Poitou a été beaucoup plus influencé que le reste de la province poitevine par le protestantisme. Les liens commerciaux entretenus par La Rochelle avec les espaces calvinistes du Nord de l’Europe ont entrainé la diffusion rapide de cette nouvelle confession dans cette ville ainsi que dans le bocage.

Les guerres de religion

Entre 1621 et 1628 la ligue catholique mène une campagne depuis Nantes et reprend les territoires Huguenots du Bas-Poitou et de l’Aunis. Les Huguenots du Bas-Poitou et d’Aunis affrontent les troupes de Louis XIII. L’armée protestante est défaite et environ 4000 protestants sont massacrés. Le reste de l’armée huguenote du Bas-Poitou se réfugie à la Rochelle, qui finit elle aussi par tomber, en 1628, après un long siège.

Les protestants ayant survécut connaissent des persécutions.
En 1685, l’annonce par l’intendant Foucault de la conversion totale du Poitou à la religion Réformée, sert de justification à la révocation de l’Edit de Nantes.
Après les Guerres de Religion, la province est extrêmement pauvre et désolée. L’émigration de l’élite protestante est une catastrophe économique pour la région. Cette émigration poitevine se fera en direction des Pays-Bas, des Pays Baltes, de l’Amérique et de l’Afrique du Sud. De très nombreux picto-charentais fuient vers l’Amérique du Nord. Ils créeront l’Acadie en Nouvelle-France, mais seront déporté par les troupes britanniques vers la Louisiane. C’est le Grand Dérangement. Certains reviendront en Poitou (dans les Brandes) et en Bretagne (à Belle-Ile).

Disparition du Poitou, lors de la Révolution

Lors de la Révolution française, les départements sont créés. La Constituante divise le Poitou (avec les provinces d’Aunis, de Saintonge et d’Angoumois) essentiellement en cinq départements : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Charente et la Charente-Maritime. De nombreuses parties de l’ancien Poitou se trouvent aujourd’hui en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire et Haute-Vienne.

Pour en savoir plus

Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou

par Henri Beauchet-Filleau et Paul Beauchet-Filleau

Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57394970?rk=64378;0

Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562599j?rk=21459;2

Tome 3 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6560296n?rk=42918;4

Tome 4 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k320140r?rk=107296;4

Traité des fiefs sur la Coutume de Poitou

M. Jean-Baptiste-Louis Harcher, Lieutenant général au siège de la Duché-Pairie de Thouars

Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65340437.texteImage

Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6534044n.texteImage

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