La majorité avait été fixée par l’édit royal de février 1556 qui stipulait que les garçons jusqu’à 30 ans, et les filles jusqu’à 25 ans, ne pouvaient se marier sans le consentement de leurs parents ou de leurs ascendants. Au-dessus de ces âges, les futurs époux devaient toujours requérir le consentement par des « sommations respectueuses ». Deux étaient exigées avant de pouvoir passer outre à un refus. L’ordonnance de Blois de 1579 décidait que tout curé qui célébrait un mariage sans le consentement des familles des futurs époux pouvait être puni pour le crime de rapt, ayant consacré une union « clandestine ». Une déclaration de 1639 privait de leurs droits successoraux les enfants qui s’étaient unis par un tel mariage.
Etude des conditions de vie de mes ancêtres
Sur les 77 femmes prises en compte pour l’analyse statistique, 41 ont moins de 25 ans soit 53%. Ce qui explique que dans de très nombreux actes de mariages, il est indiqué : « fille mineure de… ». De même pour les garçons qui devaient eux avoir 30 ans.
Mortalité prématurée
Le rôle assigné aux femmes pour assurer la continuité sociale, avoir de nombreux enfants, se conjugue à de mauvaises conditions sanitaires, entrainant une mortalité prématurée des femmes. Cette situation est illustrée par les exemples trouvés dans l’étude de la vie de mes ancêtres :
Les trois épouses de Pierre Cochard 1723 -1796 1ère épouse : Marie Madeleine GOUPIL Elle donne naissance à 8 enfants en 17 ans Elle décède à 40 ans des suites de son dernier accouchement 2ème épouse : Marie Jeanne AUGEREAU Elle a 4 enfants en 6 ans Elle décède 3 ans après la naissance de son dernier enfant à l’âge de 30 ans 3ème épouse : Mathurine CHARBONNIER Elle a 28 ans quand elle se marie avec Pierre Cochard qui en a 52 Elle va avoir 6 enfants en 15 ans Elle décède à 43 ans des suites de son dernier accouchement
Les deux épouses de François Cochard 1748-1823 1ère épouse : Marie VIGNEAU Elle donne naissance à 3 enfants en 13 ans de mariage Elle décède à 33 ans quelques mois après son dernier accouchement 2ème épouse : Marie CHAPEAU Elle a 8 enfants en 9 ans Elle sera mariée 40 ans et décédera à l’âge de 62 ans
Les deux épouses de Joseph Gellé 1714-1788 1ère épouse : Perrine METAIS Elle donne naissance à 4 enfants en 12 ans de mariage Elle décède à 45 ans des suites de son dernier accouchement 2ème épouse : Marie CIVRAIS Elle a 4 enfants en 7 ans Elle sera mariée 26 ans et décédera à l’âge de 56 ans
Les trois épouses de Joseph Gellé 1755-1809 1ère épouse : Marie Rose BEVILLE Elle donne naissance à 6 enfants en 9 ans Elle décède à 34 ans des suites de son dernier accouchement 2ème épouse : Marie SAUVESTRE Elle se marie à 33 ans et décède 2 ans plus tard sans avoir eu d’enfant 3ème épouse : Marie CHALON Elle se marie à 34 ans Elle va avoir 2 enfants en 3 ans Elle décède à 62 ans après 28 ans de mariage
Une mortalité infantile forte, une mortalité féminine surreprésentée dans les tranches d’âge de 25 à 45 ans.
Sur les 273 décès pris en compte pour l’analyse statistique, 29 ont lieu entre 0 et 4 ans soit 10,6% de l’échantillon, 4 entre 5 et 9 ans, 8 entre 10 et 14 ans, 2 entre 15 et 19 ans, 6 entre 20 et 24 ans, 49 décès interviennent avant l’âge de 25 ans soit 18% de l’échantillon. La mortalité féminine est surreprésentée dans les tranches d’âge de 25 à 45 ans, très probablement pour les raisons évoquées précédemment, le décès suite à un accouchement.
Ken Follett, né le 5 juin 1949 à Cardiff, est un écrivain spécialisé dans les romans d’espionnage et les romans historiques.
Fresque historique tout autant que saga familiale, les plus de 3 000 pages de sa Trilogie du Siècle nous font parcourir la majeure partie du XXème siècle de février 1914 à novembre 1989. Les familles vont traverser le tumulte des troubles sociaux, politiques et économiques de ce siècle. Les personnages de fiction se mêlent aux personnages réels de façon très crédible sans entamer la vérité historique.
La trilogie du Siècle
Tome 1 : La Chute des géants
A la veille de la guerre de 1914-1918, les grandes puissances vivent leurs derniers moments d’insouciance. Bientôt la violence va déferler sur le monde. De l’Europe aux États-Unis, du fond des mines du pays de Galles aux antichambres du pouvoir soviétique, en passant par les tranchées de la Somme, cinq familles vont se croiser, s’unir, se déchirer. Passions contrariées, jeux politiques et trahisons… Cette fresque magistrale explore toute la gamme des sentiments à travers le destin de personnages exceptionnels… Billy et Ethel Williams, Lady Maud Fitzherbert, Walter von Ulrich, Gus Dewar, Grigori et Lev Pechkov vont braver les obstacles et les peurs pour s’aimer, pour survivre, pour tenter de changer le cours du monde. Entre saga historique et roman d’espionnage, intrigues amoureuses et lutte des classes, ce premier volet du Siècle, qui embrasse dix ans d’histoire, raconte une vertigineuse épopée où l’aventure et le suspense rencontrent le souffle de l’Histoire…
Tome 2 : L’Hiver du monde
1933, Hitler s’apprête à prendre le pouvoir. L’Allemagne entame les heures les plus sombres de son histoire et va entraîner le monde entier dans la barbarie et la destruction. Les cinq familles dont nous avons fait la connaissance dans La Chute des géants vont être emportées par le tourbillon de la Seconde Guerre mondiale. Amours contrariées, douloureux secrets, tragédies, coups du sort… Des salons du Yacht-Club de Buffalo à Pearl Harbor bombardé, des sentiers des Pyrénées espagnoles à Londres sous le Blitz, de Moscou en pleine évacuation à Berlin en ruines, Boy Fitzherbert, Carla von Ulrich, Lloyd Williams, Daisy Pechkov, Gus Dewar et les autres tenteront de faire face au milieu du chaos. Entre épopée historique et roman d’espionnage, histoire d’amour et thriller politique, ce deuxième volet de la magistrale trilogie du Siècle brosse une fresque inoubliable.
Tome 3 : Aux portes de l’éternité
1961. Les Allemands de l’Est ferment l’accès à Berlin-Ouest. La tension entre États-Unis et Union soviétique s’exacerbe. Le monde se scinde en deux blocs. Confrontées à toutes les tragédies de la fin du xxe siècle, plusieurs familles – polonaise, russe, allemande, américaine et anglaise – sont emportées dans le tumulte de ces immenses troubles sociaux, politiques et économiques. Chacun de leurs membres devra se battre et participera, à sa manière, à la formidable révolution en marche.
Écrivain écossais, Peter May, né à Glasgow en 1951, habite depuis une dizaine d’années dans le Lot. Il a d’abord été journaliste avant de devenir l’un des plus brillants et prolifiques scénaristes de la télévision écossaise. Il y a quelques années, Peter May a décidé de quitter le monde de la télévision pour se consacrer à l’écriture de ses romans. Le Rouergue a publié sa série chinoise avant d’éditer la trilogie écossaise (parue d’abord dans sa traduction française avant d’être publiée, avec un immense succès, en anglais).
L’ile des chasseurs d’oiseaux
L’inspecteur Fin McLeod, meurtri par la disparition de son fils unique, est de retour sur son île natale, où un homme vient d’être assassiné. Là, chaque année, une douzaine d’hommes partent en expédition à plusieurs heures de navigation pour tuer des oiseaux nicheurs. Sur fond de traditions ancestrales d’une cruauté absolue, Peter May nous plonge au coeur de l’histoire personnelle d’un enquêteur en rupture de ban avec son passé.
L’homme de Lewis
On découvre le cadavre d’un jeune homme, miraculeusement préservé par la tourbière. Les analyses ADN relient le corps à Tormod Macdonald, le père de Marsaili, l’amour de jeunesse de Fin McLeod, et font de celui-ci le suspect n°1. C’est une course contre la montre qui s’engage alors pour découvrir la vérité : l’inspecteur principal est attendu sur l’île pour mener l’enquête et il n’épargnera pas le vieil homme, atteint de la maladie d’Alzheimer.
Le braconnier du lac perdu
Whistler était le plus brillant des amis de Fin. Le plus loyal. Par deux fois, il lui a sauvé la vie. Promis au plus bel avenir, il a pourtant refusé de quitter l’île où il vit aujourd’hui comme un vagabond. Sauvage. Asocial. Privé de la garde de sa fille unique. Or voici que Fin doit prendre en chasse les braconniers qui pillent les eaux sauvages de Lewis. Et Whistler est, d’entre tous, le plus redoutable des braconniers.
Gunnar Staalesen est né en 1947 à Bergen, en Norvège. C’est à la découverte des 6 volumes de la grande fresque sociale qu’il a consacrée à sa ville natale norvégienne : Le Roman de Bergen, que je vous invite.
» L’écriture de Staalesen fait mouche, avec son sens de la narration classique et la description pointue d’un pays beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. «
Le Roman de Bergen. 1900 L’aube, Tome 1
Le Roman de Bergen. 1900 L’aube, Tome 2
L’ébullition gagne Bergen, petite ville industrielle de Norvège, en ce jour glacial du XXe siècle naissant. Le chemin de fer se bâtit à toute allure, la famille royale est de passage et le meurtre du consul Frimann fait grand bruit parmi les notables. Tous sont fous de désir pour la sensuelle Maren Kristine Pedersen, qui a bien connu la victime. L’inspecteur Moland, pour son malheur, va succomber lui aussi…
Le rideau se lève sur Bergen dix ans après l’incendie qui l’a dévasté. Sven et Per, les fils de Christian Moland, sont devenus frères ennemis dans la grève sociale qui secoue la Norvège. Le conflit entre syndicalistes et police fait rage, et le monde s’affole, entre krach boursier et montée du fascisme. À Bergen, le vent glacial souffle toujours et une certaine » Mlle Pedersen » resurgit du passé…
Le Roman de Bergen. 1950 Le Zénith, Tome 3
Le Roman de Bergen. 1950 Le Zénith, Tome 4
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le ciel de Bergen s’assombrit. Le dramaturge Hjalmar Brandt se tourne vers l’Union soviétique de Staline ; Sigrid, l’épouse volage de Wilhelm Styrk, est séduite par le nazisme. Quand l’Allemagne occupe la Norvège, tous doivent choisir : la collaboration, la résistance, l’attente ou l’exil. L’enquête sur la mort du dernier amant de Mlle Pedersen est suspendue…
Le 17 mai 1945, Bergen célèbre la Libération. Bientôt, il faut juger les collaborateurs de l’occupant nazi. Vient le temps des découvertes : le rock’n’roll, les westerns, mais aussi les menaces de la guerre froide. Tandis que les enfants de la génération de 1900 prennent à bras-le-corps leur destinée et s’épanouissent dans les nouveaux quartiers, leurs parents vivent d’insondables exils intérieurs.
Le Roman de Bergen. 1999 Le Crépuscule, Tome 5
Le Roman de Bergen. 1999 Le Crépuscule, Tome 6
À Bergen, Veslemøy, onze ans, est trouvée en état de choc deux jours après sa disparition. Faute de témoins, l’enquête est suspendue. La Norvège traverse les années 1960 sur fond de guerre froide, entre crainte du conflit nucléaire et libéralisation des mœurs. Décidée à aller de l’avant, Veslemøy va devoir affronter son traumatisme, tout comme Bergen fait enfin face aux zones d’ombre de son passé.
Le soleil se couche sur un siècle de l’histoire de Bergen. Entre l’effroi lié au drame de la plate-forme pétrolière Alexander Kielland et l’espoir suscité par la chute du mur de Berlin, nul ne sait de quoi demain sera fait. Le passé, lui, révèle ses secrets aux dernières lueurs du crépuscule : la vérité sur l’affaire Veslemøy de 1962 et la résolution, cent ans après, du meurtre du consul Frimann.
En 1706, Haendel entame un voyage de trois ans en Italie qui le conduira à Rome, Florence, Naples et Venise. C’est à Rome, en avril 1707, qu’il achève la composition de son Dixit Dominus.
Désirant probablement impressionner ses protecteurs et bienfaiteurs romains (dont plusieurs cardinaux) qui l’avaient accueilli malgré sa confession luthérienne, Haendel, alors âgé de 22 ans, compose une œuvre originale qui, tout en rappelant certaines compositions chorales de Vivaldi, lui permet de faire une entrée remarquée sur la scène musicale. Elle touche si profondément les autorités religieuses que celles-ci lui proposent de se convertir au catholicisme, ce qu’il décline poliment.
La structure de l’œuvre, qui alterne ou conjugue chœurs et arias pour solistes (2 sopranos, contre-ténor, 2 ténors, basse) afin de souligner le contenu émotionnel du psaume, en fait une sorte de cantate sacrée en huit parties.
L’un des premiers grands disques de John Eliot Gardiner ! Le chef d’orchestre britannique enregistre en 1978 pour le label Erato le « Dixit Dominus » de Haendel, avec le Monteverdi Choir et le Monteverdi Orchestra, ancêtre des English Baroque Soloists. Une belle version, dynamique et épurée.
Ce divertissement fut composé pour la représentation d’une pièce de Molière « Le bourgeois gentilhomme » (commandée par le Roi Louis XIV). Il s’agit d’une musique de ballet. Le rythme que l’on entend est typique (rythme pointé : un peu « pompeux ») et représente la marche du Roi Soleil, Louis XIV.
Giovanni Battista Lulli, Marche pour la Cérémonie des Turcs, Le Bourgeois Gentilhomme Modo Antiquo, Federico Maria Sardelli François de Rudder, récitant Concert du 16 mai 2009, Sala Luca Giordano, Palazzo Medici Riccardi, Florence
Au théâtre
Comédie-ballet de Molière, avec la musique de Lully Mise en scène de Jérôme Deschamps Direction musicale Marc Minkowski, Thibault Noally, David Dewaste (en alternance) en partenariat avec Les Musiciens du Louvre
Le Bourgeois gentilhomme Jérôme DeschampsDernière comédie-ballet créée par Molière et Jean-Baptiste Lully en 1670, le Bourgeois Gentilhomme est certainement le chef-d’œuvre de ce genre hybride. … Jérôme Deschamps s’empare des aventures de Monsieur Jourdain, ce bourgeois qui s’ennuie et désire s’élever par la culture.
Les Indes Galantes Jean Philippe Rameau Air des Sauvages 1735
Cet air célèbre est tiré des Indes Galantes, le premier des six opéras – ballet qu’écrivit Jean Philippe Rameau en 1735. La scène « Les Sauvages » est à la fin de l’œuvre et voit la réconciliation entre les colonisateurs et les colonisés avec le calumet de la paix !
Les Sauvages – Les Indes Galantes – Jean Philippe Rameau Les Arts Florissants– William Christie
Les Sauvages – Les Indes Galantes – Jean Philippe Rameau Clément Cogitore
De Nêne à la Misangère des Gardiennes en passant par Marie-Rose Méchain, Lise Balzan ou Babette Rougier, sans oublier les nombreux personnages féminins de sa vingtaine de livres, Ernest Pérochon a fréquemment donné la place d’honneur à des personnages féminins dans ses romans.
Sous la plume d’Ernest Pérochon, les Deux-Sévriennes du bocage, de la plaine ou du marais s’émancipent progressivement des stéréotypes sociaux ou moraux de leur époque et prennent en main leur destin.
Geste éditions a entrepris de publier les œuvres complètes d’Ernest Pérochon (1885-1942.Le premier tome réunit quatre romans qui illustrent l’évolution de la condition féminine dans le milieu rural depuis la fin du XIXe siècle : Babette et ses frères (1939), Les Gardiennes (1924), Le Crime étrange de Lise Balzan (1929), Marie Rose Méchain (1931).
Ce premier tome relie des destins de femmes qui, au-delà de leurs différences, subissent les lois non écrites de codes sociaux dépassés. À travers l’histoire d’amour vécue par une jeune paysanne issue de la Petite Église à la fin du XIXe siècle, un récit de femmes de la terre exploitant seules l’exploitation familiale entre 1914 et 1918 et les portraits de jeunes filles issues de la bourgeoisie provinciale des années 1920, Ernest Pérochon illustre à sa manière le long combat des femmes pour leur émancipation, avec ses succès mais aussi ses échecs cruels.
Prix Goncourt en 1920 pour Nêne et auteur à succès d’une vingtaine de romans, Ernest Pérochon (1885-1942) fut tout d’abord instituteur en Deux-Sèvres et combattant de la Grande Guerre. Écrivain attaché à ses racines, son œuvre révèle aussi les préoccupations d’un homme conscient des mutations et des périls auxquels sa génération fut confrontée.
Babette et ses frères
L’action de « Babette et ses frères » se situe peu après la Guerre de 1870 et se déroule dans le milieu de le Petite Eglise en Poitou (dissidents ayant refusé le Concordat de Napoléon Ier).
La dissidente Babette est amoureuse d’un étranger athée et elle va devoir le payer très cher.
L’émotion engendrée par la lecture de cette dénonciation des violences intrafamiliales faites à l’héroïne ne peut laisser de marbre le lecteur actuel. Trop de faits divers tragiques rappellent que ces comportements d’un autre âge perdurent dans notre société. L’intégrisme religieux a le même visage et engendre les mêmes comportements quel que soit le dogme auquel il se réfère.
Extrait
« En ces cantons, tous ceux des villages avaient pris le fusil lors de la Grande Chouannerie. Tant soit la guerre mauvaise et folle, un jour, la paix vient. Les batailleurs du Bocage avaient donc fini par faire leur paix avec les Bleus. Et, depuis ce temps, personne n’avait plus bougé, hormis quelques fous. Sur le coup, pourtant, un levain de dépit était resté chez certains, notamment chez les prêtres. Ces prêtres, un peu plus tard, avaient blâmé le pape et ses évêques d’avoir accepté le marché que leur avait offert l’Empereur de Paris. Ils avaient parlé de trahison. Ils avaient dit à leurs ouailles :
Nous sommes les seuls vrais prêtres.
Et leurs ouailles les avaient écoutés.
Mais les prêtres étaient morts. Et, alors comment faire ? Il n’y avait plus qu’à rentrer tête basse,
Au giron de l’Eglise romaine. Beaucoup s’y étaient résignés. Mais il était resté quand même un certain nombre d’entêtés qui n’avaient point voulu céder. Ils formaient de petits îlots dans les paroisses. Peu à peu, la plupart de ces îlots, s’étaient effrités, avaient fondu.
Peu après la guerre contre les Prussiens, la Petite Eglise Réfractaire du Bocage ne comptait plus guère que deux milliers de fidèles. Ils habitaient presque tous en voisinage, part dans la paroisse de Fontclairin, part dans celle de Pontchâteau et des Ardriers. C’était là leur canton, en un pays très couvert, un pays d’eaux vives et de bois. Et le lieu de leur rassemblement aux jours des grandes fêtes était le village de Bellevue en la paroisse de Fontclairin.
Depuis que leurs derniers prêtres avaient gagné le Paradis, les Réfractaires, sentant leur faiblesse, se serraient autour de Bellevue. Ceux qui avaient essaimé dans les cantons voisins n’attendaient qu’une occasion pour se rapprocher des autres. C’est que la population catholique les entourait comme une grande eau. Isolés, ils se sentaient perdus, noyés. Au pays de Bellevue, ils étaient chez eux. Ils étaient à touche-touche ; ils se sentaient cœur à cœur et cela fortifiait leur courage.
Les gens d’Eglise guettaient pourtant, là comme ailleurs. Ils tâchaient de tirer à eux les moins fermes ou les plus démunis ou encore, parmi les jeunes, ceux qui se laissaient engourdir d’amour par une personne de l’autre bord.
Ils ne réussissaient pas souvent. Tous les faibles étaient déjà partis. C’était le noyau qui restait ; il ne s’émiettait pas.
« Nous sommes bons chrétiens, disaient les Réfractaires ; nous sommes catholiques mais non catholiques romains. Mieux que les autres, nous honorons Jésus et Notre Dame. Nous honorons tous les Saints ; tous ! Le Bon Dieu ne saurait nous prendre en faute. »
Ils priaient et priaient et non du bout des lèvres. Ils marquaient durement le carême, les quatre-temps, les vigiles. Ils méprisaient les catholiques pour les accommodements qu’ils cherchaient avec la régler ancienne. Eux, tout ce qui avait été ordonné, ils le faisaient. Et même ils passaient outre.
A ce prix, leur conscience était en paix. C’était leur force. »
Les gardiennes
Printemps 1915, dans l’univers rural d’un village du marais poitevin dans les Deux Sèvres.
La guerre dure depuis l’été 1914. Les derniers hommes valides d’âge mûr ont été mobilisés. Ne restent plus que les enfants, les vieux et les invalides. Les femmes doivent désormais faire face, seules aux travaux des champs, qui avant la guerre n’étaient qu’affaires d’hommes.
La grande Hortense, Francine, Léa et Solange se font les gardiennes de leur milieu rural, chargées de préserver leur patrimoine en attendant la paix. Ces femmes au quotidien extraordinaire doivent s’organiser, se mobiliser et se battre pour faire vivre les fermes. Ernest Pérochon illustre à sa manière le long combat des femmes pour leur émancipation, avec ses succès mais aussi ses échecs cruels.
Hortense Misanger, 58 ans, la grande Hortense, femme forte et énergique, dirige l’activité de 4 maisons :
– la sienne, Château-Gallé, située dans la plaine
– celle du Paridier, de sa fille Solange et du gendre Clovis
– celle de la cabane Richoix, ferme maraichine de son fils Norbert et de sa femme Léa
– la boulangerie du cousin Ravisé, veuf parti à la guerre, désormais tenue par Marguerite, 17 ans, et Lucien, 15 ans.
Deux autres fils célibataires, Georges et Constant sont dans les tranchées.
Claude, le mari d’Hortense, est usé par une vie de travail et n’arrive plus à faire face. Pour lui prêter main forte, ils vont recruter une femme à tout faire. Ce sera Francine, 20 ans, gamine de l’assistance publique…
Les deux thèmes récurrents des romans ruraux de Pérochon, la condition de la femme et l’amour impossible, atteignent dans ce livre leur summum. L’intensité mélodramatique a pour support une écriture moderne, avec un style vif qui donne envie de connaitre la suite.
« Les gardiennes » ont fait l’objet d’une adaptation au cinéma de Xavier Beauvois, avec Nathalie Baye et Laura Smet.
Les gardiennes film de Xavier Beauvois
Le crime étrange de Lise Balzan
Marie-Rose Méchain
Lise Balzan (1929) et Marie-Rose Méchain (1931), héroïnes des deux autres romans de cette réédition, incarnent chacune à leur manière l’émancipation des femmes de ce début de XXe siècle. Marie-Rose Méchain, véritable figure de la femme émancipée ressemble à s’y méprendre à l’archétype de la célèbre garçonne aux cheveux courts. Elle parvient à échapper à un destin tout tracé par son milieu social originel. A côté de cet exemple de la réussite féminine, la fragile orpheline qu’est Lise Balzan contrebalance cette idée du triomphe de la femme. Lise plonge progressivement vers la folie. Son « crime étrange », le meurtre de son beau-père, révèle les failles psychologiques laissées par la guerre à la jeune génération.
Nêne
La jeune Madeleine est gagée comme domestique chez Michel Cordier, un fermier veuf, pour s’occuper de deux enfants, Eulalie et Georges, et tenir la maison. Elle s’attache peu à peu aux enfants, allant même jusqu’à dilapider ses économies, pour qu’ils soient au moins comme les autres, et même mieux. Elle doit cependant subir les attaques du diabolique Boiseriot, ancien valet de la ferme, jaloux et catholique de surcroît. Dans une atmosphère oppressante, où trois mondes, catholiques, dissidents (réfractaires) et protestants se supportent difficilement, toujours à la limite du conflit, la situation de Madeleine se dégrade progressivement.
L’attachement, progressivement contrarié, que l’héroïne a envers les deux orphelins (de mère) de la famille de dissidents, où elle a été embauchée, est le ressort essentiel de l’intrigue. S’y ajoute les amours de son frère qui, sous l’emprise de l’alcool, perd un bras dans une machine. La dévergondée qu’il espérait épouser ira vers le père des deux orphelins…
Nêne est le deuxième roman d’Ernest Pérochon, comme « Le Chemin de plaine », il est terminé au printemps 1914. La Grande Guerre empêche la parution de ces deux titres qui ne sortent qu’en 1920. Le roman est édité localement, puis il reçoit le prix Goncourt1920 ; ceci grâce en partie au gros travail de promotion de l’écrivain niortais et berrichon Gaston Chérau auprès des membres du jury.
Ernest Pérochon naît à Courlay, dans les Deux-Sèvres, à la ferme du Tyran. C’est le Bocage bressuirais, un pays de petites parcelles de terre médiocre, entourées de haies vives (les palisses) et reliées par des chemins creux. Les parents de Pérochon, petits propriétaires, y exploitent une borderie.
Il fréquente dans son enfance l’école publique de La Tour-Nivelle, actuellement musée-école.
Il est protestant, ou plus exactement de culture protestante, car ses deux parents sont protestants. Les Pérochon sont originaires de Saint-Jouin-de Milly près de Moncoutant, secteur très protestant. Courlay est dans une région particulière puisqu’on y côtoie aussi des catholiques, dont la religion est fortement marquée par les souvenirs de la Guerre de Vendée, et des dissidents, dits de la « Petite Église », mouvement religieux qui a refusé le concordat de 1801 signé entre Napoléon et le pape Pie VII.
Ernest Pérochon ne semble pas avoir été lui-même très religieux, en accord pour cela avec sa formation d’instituteur public. Il parle d’ailleurs parfois de sa « soutane rouge ».
Il restera cependant très attaché à sa région d’origine et aux valeurs familiales.
Brut vous emmène faire la visite de la ferme avant-gardiste du Bec-Hellouin en Normandie.
Brut nature FR vous emmène faire la visite de la ferme avant-gardiste du Bec-Hellouin en Normandie.
31/07/2019 08:57mise à jour : 03/04/2020 16:31
C’est l’une des références de l’agriculture durable en France. Brut nature FR vous emmène faire la visite de la ferme avant-gardiste du Bec-Hellouin en Normandie.
La ferme du Bec-Hellouin est une petite ferme normande qui pratique la permaculture et l’écoculture. Elle est composée d’une « mini forêt-jardin ». Une forêt-jardin, c’est un système étagé, comme une forêt naturelle, sauf que quasiment tous les végétaux sont comestibles. On y trouve une canopée, formée de petits arbres fruitiers et taillés pour qu’ils conservent leur petite taille. Il y a aussi une strate intermédiaire de buissons avec par exemple des framboisiers, groseilliers et cassissiers. Et enfin, au sol, se trouvent des plantes aromatiques.
« C’est un système très efficace d’un point de vue énergétique, parce que la lumière est captée un peu à tous les niveaux » explique Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. « Au Bec-Hellouin, on cherche à redevenir des chasseurs-cueilleurs-paysans. C’est-à-dire, on ne laboure pas le sol, on le travaille de moins en moins et comme on a planté des milliers d’arbres et de plantes pérennes, on devient de plus en plus des cueilleurs » ajoute Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin.
La ferme du Bec-Hellouin est conçue sur le modèle d’un système bio-inspiré : « C’est un système qui prend la nature pour modèle » explique Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Et pour Charles Hervé-Gruyer, c’était un bon pari : « Les résultats des trois premières années ont été au-delà de nos espérances en terme de productivité. La forêt-jardin pose beaucoup moins de contraintes que le maraîchage, où il faut vraiment y être 7J/7 en saison. Elle vit sa vie largement, mais elle nous donne une abondance de bonnes choses » assure Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin.
La ferme du Bec-Hellouin cultive également des cultures légumières. Dès les premières années, Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin, découvre que « contre toute attente, travailler entièrement à la main nous permettait de gagner beaucoup en productivité ». Charles Hervé-Gruyer, assure produire autant, en terme de productivité horaire, que ses confrères qui utilisent des tracteurs.
Une étude, menée dans la ferme du Bec-Hellouin par l’INRA et AgroParisTech, a montré qu’ « en travaillant complètement à la main, avec des outils très simples, on produisait 55 euros de légumes par m2 cultivé » assure Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Comme les cultures prennent moins de place, Charles Hervé-Gruyer a pu planter de nombreux arbres tout autour de la ferme du Bec-Hellouin : « On a planté des milliers et des milliers d’arbres. Et pour nous, ce sont les arbres qui vont sauver la planète, du coup on est plus des arboriculteurs que des maraîchers » assure Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin.
Dans les serres, des mini-jardins créoles ont été plantés, avec des figuiers, des agrumes, et des plantes aromatiques, des fleurs qui attirent les pollinisateurs ainsi que des mares qui permettent de créer un microclimat et d’assurer la présence de pollinisateurs. « On pratique également beaucoup d’associations de cultures » ajoute Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Les différents végétaux se protègent mutuellement et s’entraident.
Divers animaux vivent également à la ferme du Bec-Hellouin. Le poulailler est « une sorte de centrale de compostage des déchets organiques de la serre in situ » raconte Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Lorsqu’ils taillent ou désherbent, ils donnent ces déchets végétaux aux poules qui en font « un super compost ». On trouve aussi une jument de trait, pour remplacer le travail moderne des moissonneuses-batteuses.
« On s’aperçoit que plus on complexifie, plus on se facilite la vie. Et ça, c’est une des grandes leçons que la nature nous donne : la nature va toujours vers des systèmes plus complexes et l’agriculture moderne, elle fait exactement l’inverse. (…) Nous, on cherche à associer étroitement les arbres, les animaux, les plantes cultivées et cette complexité permet aux services écosystémiques de s’exprimer et on intervient de moins en moins » décrit Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Plus besoin donc de fertiliser les sols par exemple. La ferme du Bec-Hellouin s’efforce aussi d’utiliser le moins de matériel fonctionnant au pétrole possible.
À la ferme du Bec-Hellouin, il y a également 25 mares dont un étang. « C’est pour nous un peu un lieu de ressourcement et pour notre équipe aussi et nos stagiaires. Parce que je dirais qu’une ferme comme ça, c’est beaucoup plus qu’un outil de production » explique Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Pour Charles Hervé-Gruyer, la ferme du Bec-Hellouin est avant tout un lieu de reconnexion à la nature, une véritable oasis de biodiversité.
« Tous les jours, on est émerveillés par ce spectacle de la vie qui se déploie et on a l’impression du coup que notre petite vie trouve un sens, c’est-à-dire qu’on peut contribuer à faire du bien à la planète. Ce type de ferme produit de la nourriture, elle produit du lien social, elle produit de la joie, elle produit des connaissances et elle produit aussi du sens quelque part » conclut Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec-Hellouin. Il aimerait que leur ferme donne « à des milliers de gens l’envie de créer leur propre lieu (…) partout, il y aura des fermes, des jardins, des forêts-jardins et par petits points, par petites touches, on va peut-être arriver à guérir la Terre. C’est mon rêve » lance Charles Hervé-Gruyer.
La ferme du Bec Hellouin, un modèle au niveau mondial