Michel Ragon – Les livres de ma terre

Michel Ragon, né en 1924, grandit dans une famille paysanne de Vendée. Arrivé à 14 ans à Nantes avec sa mère veuve, il quitte l’école pour exercer différents petits métiers tout en étant passionné de littérature et de poésie. En 1945, il s’installe à Paris où il alterne toutes sortes d’emplois alimentaires et multiplie les rencontres à la fois avec le milieu littéraire et artistique de la capitale mais aussi avec les écrivains prolétariens dont il se sent très proche. Passionné d’art abstrait, il rejoint aussi le groupe COBRA et s’improvise critique d’art pour des revues. 

Michel Ragon, à partir du milieu des années 1960, ne cesse de publier sur ses nombreux sujets de prédilection que sont la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’art abstrait, l’architecture, l’histoire de l’art. Engagé comme conférencier pour le Ministère des Affaires étrangères, il devient par la suite professeur à l’Ecole des arts décoratifs. Egalement romancier, il publie des romans à succès autour de sa Vendée natale, notamment.

Il meurt le 14 février 2020, à l’âge de 95 ans.

Les Livres de ma terre

Personne ne peut oublier l’image de Dochâgne, mussé dans le vieux chêne d’un pays dévasté. 1796, en Vendée. Après le cataclysme de la guerre, les survivants recommencent l’histoire du monde, les individus s’associent, de nouvelles familles se forment, le cycle des saisons et l’histoire continuent. C’est ainsi que les hommes vivent… Ils ont nom ici Tête-de loup, Chante-en-hiver, la petite Louise, le curé-Noé… Michel Ragon s’est fait historien et ethnographe pour retrouver dans Les Mouchoirs rouges de Cholet, l’histoire véritable de sa terre, irriguée par le sang de la misère, les passions des hommes, leurs croyances indispensables. A travers les cinq livres réunis dans ce volume, il s’acquitte de la dette dont le romancier qu’il est devenu se sent redevable : restituer la mémoire des siens, de tous les siens – ceux d’un monde oublié, ceux de la génération qui l’a précédé, ceux qu’il a lui-même croisés. Ils sont tous là dans ce bel ensemble salué à son commencement par Henri Queffélec comme une  » recherche du temps perdu de la Vendée  » et qui apparaît aujourd’hui comme un pan entier de notre mémoire collective.

Les mouchoirs rouges de Cholet

Editions Albin Michel 1984.
Grand prix des lectrices de Elle.
Prix de l’académie de Bretagne.
Prix Alexandre Dumas.

Il était une fois un chêne, un gros vieux chêne et dans le tronc de ce chêne, se tenait mussé un homme. Si parfaitement intégré à l’arbre, dont il avait d’ailleurs pris la couleur grise, si incrusté dans le creux du bois, souvenir d’une déchirure d’orage, que personne n’eût imaginé que ses membres, qui parfois se détachaient du tronc pour se désengourdir, eussent pu appartenir à une autre espèce que végétale.

La louve de Mervent

Editions Albin Michel 1985.
Livre de poche 1987.

En ce temps là, alors que les vieux démons de la nuit et de l’ignorance semblaient dévorés par les loups, alors que les loups eux-mêmes reculaient avec les forêts défrichées, que la paix sociale étendait les rameaux de ses bienfaits, des bandes de chouans, surgies on ne savait d’où, comme nées par maléfices dans une terre encore mal labourée, des bandes de chouans réapparurent, anachroniques, fantomatiques, invraisemblables.

Le cocher du Boiroux

Editions Albin Michel 1992.
Livre de poche 1994.

Un roman nimbé de mystères et d’angoisses au cœur du marais vendéen.

Ce vouvoiement renvoya Monsieur Henri à sa fonction de maître. Clovis et lui se tutoyaient jadis. Pourquoi Clovis le rejetait-il ainsi de leur enfance ? Pourquoi prenait-il cet air obséquieux qu’il ne lui connaissait pas ? Tout était gris, la jument, Clovis, la voiture, la campagne alentour. Tout était gris et triste, de cette tristesse qui sourd de la monotonie des choses et des êtres

L’accent de ma mère

Editions Albin Michel, 1980.Livre de poche, 1983.
Plon, 1989.

Pendant trente ans, ma mère m’a écrit chaque semaine, me racontant son ennui, ses maladies, ses malaises, c’est-à-dire son inquiétude dont j’étais toujours l’objet. Je n’avais jamais remarqué que ma mère parlait avec cet accent paysan de l’Ouest. Parce que je l’avais perdu. Remontant à mes sources, j’ai recherché mon identité ancestrale et culturelle, cette expression populaire, qui se trouvait derrière l’accent de ma mère.

L’accent de ma mère m’a permis de rassembler ces deux mondes auxquels j’appartenais et de retrouver l’unité entre les deux hommes qui les habitaient. Par la même occasion, il m’a fait basculer dans une aventure dont je ne suis pas encore sorti : je suis devenu romancier.

Ma sœur aux yeux d’Asie

Editions Albin Michel 1982.
Livre de poche 1886.

Ma sœur aux yeux d’Asie, c’est en fond de décor l’Indochine d’avant 1914, colonie du mou, du visqueux, de la fièvre et des moustiques, colonie des congaïs que l’on achète et que l’on abandonne en leur enlevant leur enfant…

C’est aussi l’opposition de deux cultures qui, dans le métissage dégénère en tragédie.

En savoir plus : Michel Ragon libertaire

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