Récits du Poitou et de l’Anjou

Femmes d’Anjou, sortez de l’ombre

Femmes d’Anjou, sortez de l’ombre
Du Moyen Âge à nos jours
240 biographies de Femmes d’Anjou, 250 illustrations et encadrés, pour vous faire découvrir par thématique ces Femmes d’Anjou.

Université Angevine du Temps Libre – UATL
Editions du Petit Pavé

Des femmes angevines qui ont marqué leur époque dans les arts, la littérature, la vie politique, la résistance, la vie culturelle, religieuse, ou tout simplement la vie de tous les jours. Au fil de votre lecture, vous croiserez Aliénor d’Aquitaine, La Mathie, qui reçut Henri IV dans son jeu de paume du Pélican, ou encore La Belle Angevine, dont le mariage a été entériné par le Pape !!! Charlotte Blouin à laquelle de nombreux malentendants sont toujours reconnaissants. Des femmes qui se sont illustrées pendant les Guerres de Vendée, des Résistantes de la Guerre 1939-1945 comme Marie Talet, ou au siècle dernier, des femmes célèbres dans la vie artistique comme Gaby Morlay… la vie politique comme Ginette Leroux, première femme députée en Anjou ! et combien d’autres qui n’ont jamais renoncé à aller jusqu’au bout de leurs engagements. Quelques noms de femmes d’exception, glanés ici et là, ont contribué à faire connaître en leur temps ce beau pays d’Anjou.

L’Université Angevine du Temps Libre (UATL) est une association loi 1901 ouverte à tous les seniors
Son but est de lutter contre l’Isolement, l’Inactivité et le sentiment d’Inutilité dans un esprit d’échange en développant la curiosité et l’acquisition de connaissances. Elle propose plus de 300 activités chaque année ainsi que des conférences, des voyages et une bibliothèque. Fonctionnant, sur la base du bénévolat, elle compte 400 bénévoles animant les ateliers et 3200 adhérents.

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Filles-mères et assistance publique en Deux-Sèvres (1904-1944) – Marie-Danièle Lenne

Marie-Danièle Lenne

Marie-Danièle Lenne est titulaire d’un Master 2 d’Histoire et recherche de l’Université d’Angers, d’un Master 2 de Sociologie et Ethnologie et d’un Diplôme Universitaire de Responsable de Formation. Ancienne enseignante vacataire à l’Université d’Angers, (IUT Carrières sociales) et Assistance Sociale à l’Education Nationale, elle est depuis peu retraitée. Son domaine de recherche concerne principalement l’histoire de l’enfance, des femmes au xixe et xxe siècle et des politiques sociales, éducatives et économiques qui s’y rapportent. Elle est adhérente à la SHAAPT (Société d’Histoire, des Arts et d’Archéologie du Pays Thouarsais) pour laquelle, elle a effectué des conférences. Ce livre est issu de son mémoire de master d’Histoire.

Entre 1904 et 1944, 700 enfants, environ, sont recueillis chaque année par l’Assistance publique des Deux-Sèvres. La grande majorité d’entre eux sont des enfants abandonnés et illégitimes. Leurs mères désignées par le vocable « fille-mère » sont jeunes et sont elles-mêmes « abandonnées » : rejetées par leurs familles, congédiées par leurs patrons, délaissées par le père de l’enfant… Les inspecteurs du service des enfants assistés, fonctionnaires et serviteurs de la Troisième République, forts de leur conviction d’oeuvrer pour le « bien public » vont, par leur politique d’assistance, tenter de réduire le nombre d’abandons en proposant les secours votés dans le cadre de la loi du 27 juin 1904 et ainsi agir pour le redressement moral de la fille-mère. Considérées par la société comme de « pauvres filles » ou filles aux « moeurs légères », elles subissent l’opprobre. Leurs courriers adressés à l’inspecteur révèlent une toute autre réalité. Ignorantes de la loi, elles sont cependant sûres de leur droit de mère et vont parfois même tenter de le faire valoir, en contestant certaines décisions de l’inspecteur.

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Michel Ragon – Les livres de ma terre

Michel Ragon, né en 1924, grandit dans une famille paysanne de Vendée. Arrivé à 14 ans à Nantes avec sa mère veuve, il quitte l’école pour exercer différents petits métiers tout en étant passionné de littérature et de poésie. En 1945, il s’installe à Paris où il alterne toutes sortes d’emplois alimentaires et multiplie les rencontres à la fois avec le milieu littéraire et artistique de la capitale mais aussi avec les écrivains prolétariens dont il se sent très proche. Passionné d’art abstrait, il rejoint aussi le groupe COBRA et s’improvise critique d’art pour des revues. 

Michel Ragon, à partir du milieu des années 1960, ne cesse de publier sur ses nombreux sujets de prédilection que sont la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’art abstrait, l’architecture, l’histoire de l’art. Engagé comme conférencier pour le Ministère des Affaires étrangères, il devient par la suite professeur à l’Ecole des arts décoratifs. Egalement romancier, il publie des romans à succès autour de sa Vendée natale, notamment.

Il meurt le 14 février 2020, à l’âge de 95 ans.

Les Livres de ma terre

Personne ne peut oublier l’image de Dochâgne, mussé dans le vieux chêne d’un pays dévasté. 1796, en Vendée. Après le cataclysme de la guerre, les survivants recommencent l’histoire du monde, les individus s’associent, de nouvelles familles se forment, le cycle des saisons et l’histoire continuent. C’est ainsi que les hommes vivent… Ils ont nom ici Tête-de loup, Chante-en-hiver, la petite Louise, le curé-Noé… Michel Ragon s’est fait historien et ethnographe pour retrouver dans Les Mouchoirs rouges de Cholet, l’histoire véritable de sa terre, irriguée par le sang de la misère, les passions des hommes, leurs croyances indispensables. A travers les cinq livres réunis dans ce volume, il s’acquitte de la dette dont le romancier qu’il est devenu se sent redevable : restituer la mémoire des siens, de tous les siens – ceux d’un monde oublié, ceux de la génération qui l’a précédé, ceux qu’il a lui-même croisés. Ils sont tous là dans ce bel ensemble salué à son commencement par Henri Queffélec comme une  » recherche du temps perdu de la Vendée  » et qui apparaît aujourd’hui comme un pan entier de notre mémoire collective.

Les mouchoirs rouges de Cholet

Editions Albin Michel 1984.
Grand prix des lectrices de Elle.
Prix de l’académie de Bretagne.
Prix Alexandre Dumas.

Il était une fois un chêne, un gros vieux chêne et dans le tronc de ce chêne, se tenait mussé un homme. Si parfaitement intégré à l’arbre, dont il avait d’ailleurs pris la couleur grise, si incrusté dans le creux du bois, souvenir d’une déchirure d’orage, que personne n’eût imaginé que ses membres, qui parfois se détachaient du tronc pour se désengourdir, eussent pu appartenir à une autre espèce que végétale.

La louve de Mervent

Editions Albin Michel 1985.
Livre de poche 1987.

En ce temps là, alors que les vieux démons de la nuit et de l’ignorance semblaient dévorés par les loups, alors que les loups eux-mêmes reculaient avec les forêts défrichées, que la paix sociale étendait les rameaux de ses bienfaits, des bandes de chouans, surgies on ne savait d’où, comme nées par maléfices dans une terre encore mal labourée, des bandes de chouans réapparurent, anachroniques, fantomatiques, invraisemblables.

Le cocher du Boiroux

Editions Albin Michel 1992.
Livre de poche 1994.

Un roman nimbé de mystères et d’angoisses au cœur du marais vendéen.

Ce vouvoiement renvoya Monsieur Henri à sa fonction de maître. Clovis et lui se tutoyaient jadis. Pourquoi Clovis le rejetait-il ainsi de leur enfance ? Pourquoi prenait-il cet air obséquieux qu’il ne lui connaissait pas ? Tout était gris, la jument, Clovis, la voiture, la campagne alentour. Tout était gris et triste, de cette tristesse qui sourd de la monotonie des choses et des êtres

L’accent de ma mère

Editions Albin Michel, 1980.Livre de poche, 1983.
Plon, 1989.

Pendant trente ans, ma mère m’a écrit chaque semaine, me racontant son ennui, ses maladies, ses malaises, c’est-à-dire son inquiétude dont j’étais toujours l’objet. Je n’avais jamais remarqué que ma mère parlait avec cet accent paysan de l’Ouest. Parce que je l’avais perdu. Remontant à mes sources, j’ai recherché mon identité ancestrale et culturelle, cette expression populaire, qui se trouvait derrière l’accent de ma mère.

L’accent de ma mère m’a permis de rassembler ces deux mondes auxquels j’appartenais et de retrouver l’unité entre les deux hommes qui les habitaient. Par la même occasion, il m’a fait basculer dans une aventure dont je ne suis pas encore sorti : je suis devenu romancier.

Ma sœur aux yeux d’Asie

Editions Albin Michel 1982.
Livre de poche 1886.

Ma sœur aux yeux d’Asie, c’est en fond de décor l’Indochine d’avant 1914, colonie du mou, du visqueux, de la fièvre et des moustiques, colonie des congaïs que l’on achète et que l’on abandonne en leur enlevant leur enfant…

C’est aussi l’opposition de deux cultures qui, dans le métissage dégénère en tragédie.

En savoir plus : Michel Ragon libertaire

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L’émancipation des femmes des Deux-Sèvres sous la plume d’Ernest Pérochon

De Nêne à la Misangère des Gardiennes en passant par Marie-Rose Méchain, Lise Balzan ou Babette Rougier, sans oublier les nombreux personnages féminins de sa vingtaine de livres, Ernest Pérochon a fréquemment donné la place d’honneur à des personnages féminins dans ses romans.

Sous la plume d’Ernest Pérochon, les Deux-Sévriennes du bocage, de la plaine ou du marais s’émancipent progressivement des stéréotypes sociaux ou moraux de leur époque et prennent en main leur destin.

Geste éditions a entrepris de publier les œuvres complètes d’Ernest Pérochon (1885-1942.Le premier tome réunit quatre romans qui illustrent l’évolution de la condition féminine dans le milieu rural depuis la fin du XIXe siècle : Babette et ses frères (1939), Les Gardiennes (1924), Le Crime étrange de Lise Balzan (1929), Marie Rose Méchain (1931).

Ce premier tome relie des destins de femmes qui, au-delà de leurs différences, subissent les lois non écrites de codes sociaux dépassés. À travers l’histoire d’amour vécue par une jeune paysanne issue de la Petite Église à la fin du XIXe siècle, un récit de femmes de la terre exploitant seules l’exploitation familiale entre 1914 et 1918 et les portraits de jeunes filles issues de la bourgeoisie provinciale des années 1920, Ernest Pérochon illustre à sa manière le long combat des femmes pour leur émancipation, avec ses succès mais aussi ses échecs cruels.

Prix Goncourt en 1920 pour Nêne et auteur à succès d’une vingtaine de romans, Ernest Pérochon (1885-1942) fut tout d’abord instituteur en Deux-Sèvres et combattant de la Grande Guerre. Écrivain attaché à ses racines, son œuvre révèle aussi les préoccupations d’un homme conscient des mutations et des périls auxquels sa génération fut confrontée.

Babette et ses frères

L’action de « Babette et ses frères » se situe peu après la Guerre de 1870 et se déroule dans le milieu de le Petite Eglise en Poitou (dissidents ayant refusé le Concordat de Napoléon Ier).

La dissidente Babette est amoureuse d’un étranger athée et elle va devoir le payer très cher.

L’émotion engendrée par la lecture de cette dénonciation des violences intrafamiliales faites à l’héroïne ne peut laisser de marbre le lecteur actuel. Trop de faits divers tragiques rappellent que ces comportements d’un autre âge perdurent dans notre société. L’intégrisme religieux a le même visage et engendre les mêmes comportements quel que soit le dogme auquel il se réfère.

Extrait

« En ces cantons, tous ceux des villages avaient pris le fusil lors de la Grande Chouannerie. Tant soit la guerre mauvaise et folle, un jour, la paix vient. Les batailleurs du Bocage avaient donc fini par faire leur paix avec les Bleus. Et, depuis ce temps, personne n’avait plus bougé, hormis quelques fous. Sur le coup, pourtant, un levain de dépit était resté chez certains, notamment chez les prêtres. Ces prêtres, un peu plus tard, avaient blâmé le pape et ses évêques d’avoir accepté le marché que leur avait offert l’Empereur de Paris. Ils avaient parlé de trahison. Ils avaient dit à leurs ouailles :

Nous sommes les seuls vrais prêtres.

Et leurs ouailles les avaient écoutés.

Mais les prêtres étaient morts. Et, alors comment faire ? Il n’y avait plus qu’à rentrer tête basse,

Au giron de l’Eglise romaine. Beaucoup s’y étaient résignés. Mais il était resté quand même un certain nombre d’entêtés qui n’avaient point voulu céder. Ils formaient de petits îlots dans les paroisses. Peu à peu, la plupart de ces îlots, s’étaient effrités, avaient fondu.

Peu après la guerre contre les Prussiens, la Petite Eglise Réfractaire du Bocage ne comptait plus guère que deux milliers de fidèles. Ils habitaient presque tous en voisinage, part dans la paroisse de Fontclairin, part dans celle de Pontchâteau et des Ardriers. C’était là leur canton, en un pays très couvert, un pays d’eaux vives et de bois. Et le lieu de leur rassemblement aux jours des grandes fêtes était le village de Bellevue en la paroisse de Fontclairin.

Depuis que leurs derniers prêtres avaient gagné le Paradis, les Réfractaires, sentant leur faiblesse, se serraient autour de Bellevue. Ceux qui avaient essaimé dans les cantons voisins n’attendaient qu’une occasion pour se rapprocher des autres. C’est que la population catholique les entourait comme une grande eau. Isolés, ils se sentaient perdus, noyés. Au pays de Bellevue, ils étaient chez eux. Ils étaient à touche-touche ; ils se sentaient cœur à cœur et cela fortifiait leur courage.

Les gens d’Eglise guettaient pourtant, là comme ailleurs. Ils tâchaient de tirer à eux les moins fermes ou les plus démunis ou encore, parmi les jeunes, ceux qui se laissaient engourdir d’amour par une personne de l’autre bord.

Ils ne réussissaient pas souvent. Tous les faibles étaient déjà partis. C’était le noyau qui restait ; il ne s’émiettait pas.

« Nous sommes bons chrétiens, disaient les Réfractaires ; nous sommes catholiques mais non catholiques romains. Mieux que les autres, nous honorons Jésus et Notre Dame. Nous honorons tous les Saints ; tous ! Le Bon Dieu ne saurait nous prendre en faute. »

Ils priaient et priaient et non du bout des lèvres. Ils marquaient durement le carême, les quatre-temps, les vigiles. Ils méprisaient les catholiques pour les accommodements qu’ils cherchaient avec la régler ancienne. Eux, tout ce qui avait été ordonné, ils le faisaient. Et même ils passaient outre.

A ce prix, leur conscience était en paix. C’était leur force. »

Les gardiennes

Printemps 1915, dans l’univers rural d’un village du marais poitevin dans les Deux Sèvres.

La guerre dure depuis l’été 1914. Les derniers hommes valides d’âge mûr ont été mobilisés. Ne restent plus que les enfants, les vieux et les invalides. Les femmes doivent désormais faire face, seules aux travaux des champs, qui avant la guerre n’étaient qu’affaires d’hommes.

La grande Hortense, Francine, Léa et Solange se font les gardiennes de leur milieu rural, chargées de préserver leur patrimoine en attendant la paix. Ces femmes au quotidien extraordinaire doivent s’organiser, se mobiliser et se battre pour faire vivre les fermes. Ernest Pérochon illustre à sa manière le long combat des femmes pour leur émancipation, avec ses succès mais aussi ses échecs cruels.

Hortense Misanger, 58 ans, la grande Hortense, femme forte et énergique, dirige l’activité de 4 maisons :

– la sienne, Château-Gallé, située dans la plaine

– celle du Paridier, de sa fille Solange et du gendre Clovis

– celle de la cabane Richoix, ferme maraichine de son fils Norbert et de sa femme Léa

– la boulangerie du cousin Ravisé, veuf parti à la guerre, désormais tenue par Marguerite, 17 ans, et Lucien, 15 ans.

Deux autres fils célibataires, Georges et Constant sont dans les tranchées.

Claude, le mari d’Hortense, est usé par une vie de travail et n’arrive plus à faire face. Pour lui prêter main forte, ils vont recruter une femme à tout faire. Ce sera Francine, 20 ans, gamine de l’assistance publique…

Les deux thèmes récurrents des romans ruraux de Pérochon, la condition de la femme et l’amour impossible, atteignent dans ce livre leur summum. L’intensité mélodramatique a pour support une écriture moderne, avec un style vif qui donne envie de connaitre la suite.

« Les gardiennes » ont fait l’objet d’une adaptation au cinéma de Xavier Beauvois, avec Nathalie Baye et Laura Smet.

Les gardiennes film de Xavier Beauvois

Le crime étrange de Lise Balzan

Marie-Rose Méchain

Lise Balzan (1929) et Marie-Rose Méchain (1931), héroïnes des deux autres romans de cette réédition, incarnent chacune à leur manière l’émancipation des femmes de ce début de XXe siècle. Marie-Rose Méchain, véritable figure de la femme émancipée ressemble à s’y méprendre à l’archétype de la célèbre garçonne aux cheveux courts. Elle parvient à échapper à un destin tout tracé par son milieu social originel. A côté de cet exemple de la réussite féminine, la fragile orpheline qu’est Lise Balzan contrebalance cette idée du triomphe de la femme. Lise plonge progressivement vers la folie. Son « crime étrange », le meurtre de son beau-père, révèle les failles psychologiques laissées par la guerre à la jeune génération.

Nêne

La jeune Madeleine est gagée comme domestique chez Michel Cordier, un fermier veuf, pour s’occuper de deux enfants, Eulalie et Georges, et tenir la maison. Elle s’attache peu à peu aux enfants, allant même jusqu’à dilapider ses économies, pour qu’ils soient au moins comme les autres, et même mieux. Elle doit cependant subir les attaques du diabolique Boiseriot, ancien valet de la ferme, jaloux et catholique de surcroît. Dans une atmosphère oppressante, où trois mondes, catholiques, dissidents (réfractaires) et protestants se supportent difficilement, toujours à la limite du conflit, la situation de Madeleine se dégrade progressivement.

L’attachement, progressivement contrarié, que l’héroïne a envers les deux orphelins (de mère) de la famille de dissidents, où elle a été embauchée, est le ressort essentiel de l’intrigue. S’y ajoute les amours de son frère qui, sous l’emprise de l’alcool, perd un bras dans une machine. La dévergondée qu’il espérait épouser ira vers le père des deux orphelins…

Nêne est le deuxième roman d’Ernest Pérochon, comme « Le Chemin de plaine », il est terminé au printemps 1914. La Grande Guerre empêche la parution de ces deux titres qui ne sortent qu’en 1920. Le roman est édité localement, puis il reçoit le prix Goncourt 1920 ; ceci grâce en partie au gros travail de promotion de l’écrivain niortais et berrichon Gaston Chérau auprès des membres du jury.


Ernest Pérochon naît à Courlay, dans les Deux-Sèvres, à la ferme du Tyran. C’est le Bocage bressuirais, un pays de petites parcelles de terre médiocre, entourées de haies vives (les palisses) et reliées par des chemins creux. Les parents de Pérochon, petits propriétaires, y exploitent une borderie.

Il fréquente dans son enfance l’école publique de La Tour-Nivelle, actuellement musée-école.

Il est protestant, ou plus exactement de culture protestante, car ses deux parents sont protestants. Les Pérochon sont originaires de Saint-Jouin-de Milly près de Moncoutant, secteur très protestant. Courlay est dans une région particulière puisqu’on y côtoie aussi des catholiques, dont la religion est fortement marquée par les souvenirs de la Guerre de Vendée, et des dissidents, dits de la « Petite Église », mouvement religieux qui a refusé le concordat de 1801 signé entre Napoléon et le pape Pie VII.

Ernest Pérochon ne semble pas avoir été lui-même très religieux, en accord pour cela avec sa formation d’instituteur public. Il parle d’ailleurs parfois de sa « soutane rouge ».

Il restera cependant très attaché à sa région d’origine et aux valeurs familiales.

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