Georges et Albertine

T comme Transporteur – T comme Traversée du siècle en camion

Georges Chabosseau, mon grand-père paternel est né le 13 février 1902 à Boucoeur, hameau de la commune de Saint-Varent dans le nord des Deux-Sèvres.
A 9 ans il est placé comme garçon de ferme. A 10 ans, son père meurt de trop d’alcool dans une rue de Thouars. A 14 ans, son oncle Louis Auguste Chabosseau le prend sous son aile. Ils vont ramasser œufs, volailles, cochons dans les fermes puis les transportent et les vendent à Thouars. C’est le début de l’amour de Georges pour la mécanique, les camions, le transport.

Georges assis aux côtés de son oncle Louis Auguste Chabosseau au poste de conduite

Le camion qu’ils utilisent a été construit par le constructeur automobile Marius Berliet à Lyon en 1912 – 1913. A partir de 1914, la production de ce camion sera exclusivement réservée à l’armée pour le transport des troupes et du matériel d’intendance.

Le 13 février 1922, Georges a 20 ans. Il est mobilisé au bureau de recrutement de Niort avec le grade de 2ème classe. Sur le fascicule de mobilisation, il est indiqué qu’il habite Louzy et exerce la profession d’entrepreneur de transports. Il a probablement continué et développé l’activité exercée avec son oncle.

Il est affecté au Centre de mobilisation du Train quartier Langlois (la caserne Verneau, aujourd’hui) à Angers. Il rejoint ensuite Bordeaux pour embarquer, destination Casablanca au Maroc.
Georges fait son service militaire au sein de la 1ère compagnie du 123ème Escadron du Train des Equipages Automobiles. Arrivé simple soldat, il est tout d’abord mécanicien monteur, il obtient le permis de conduire, devient chauffeur de camion puis chauffeur du colonel.

Georges devant la Delahaye du Colonel avec son copain Henri Guindon (1922-1923)

Au début des années 30, Georges avec 3 associés créent une entreprise de transport.

Ils transportent principalement des cailloux pour remblayer les routes et les chemins qu’ils chargent dans les carrières de la Gouraudière et de Ligron.

En juin 1940, lors de l’exode, la famille Chabosseau, celles des associés de mon grand-père et d’autres thouarsais s’entassent dans deux camions et trois voitures, direction le sud. Ils descendent jusqu’à Captieux puis Maillas dans les Landes près de Mont de Marsan ou ils arrivent le 21 juin 1940. Ce jour-là, les Allemands s’emparent de Thouars.

Le 9 juillet 1940, mon grand-père Georges, dépose à la mairie de Maillas, son fusil de chasse et ses cartouches. La famille Chabosseau, les familles des associés et des réfugiés belges s’entassent dans les véhicules pour remonter à Thouars.

Georges au côté du camion Unic 8314 XL 1, utilisé pendant l’exode (photo prise à la fin des années 40)

Le camion est un Unic CD 2 produit dans l’usine Codra (Compagnie des Diesels Rapides, d’où le sigle CD), à Puteaux. Il est équipé d’un moteur diesel quatre temps à chambre de précombustion permettant une charge totale de 8 tonnes. Il a été fabriqué de 1932 à 1938. En mai 1940, la situation militaire de la France se dégrade au point que la direction d’Unic décide de déplacer tout l’outil de production dans l’usine Marot de Niort.

Georges et ses trois associés : Maurice Bréchelier, Marcel Cousin et Adrien Martineau

Au début des années 50, mon grand-père Georges, se sépare de ses associés et crée sa propre société de transport. Mon père Marc le rejoindra quelques années plus tard.

Camion Unic Lautaret

À partir de 1952, Unic est complètement intégré dans le groupe Simca et en devient la division véhicules industriels. Au Salon du véhicule industriel 1954, la nouvelle cabine Unic remporte la médaille d’argent ! Très reconnaissable à sa ligne moderne et à sa calandre ornée de 3 barres, elle préfigure un rajeunissement complet des modèles.

La société de transports Chabosseau a eu une activité artisanale de transport de fourrages, de céréales, de résidus d’huile de palme qui étaient incorporés aux aliments destinés au bétail, d’engrais, de bois pour la menuiserie, de plâtre pour la construction pendant une trentaine d’années des années 50 à sa cessation d’activité en 1978.

Dans les années 1960-1970 j’ai passé de longues journées dans le CD2 des années 30, toujours en service, dans le Lautaret qui m’a bien souvent conduit de Thouars en Normandie, de Normandie à Paris puis de Paris à Thouars

Les moyens de transport existent depuis la nuit des temps et ont évoluer en fonction des évolutions et découvertes : le bateau, la roue, la traction animale, la machine à vapeur, les chemins de fer, l’automobile, l’aviation, les containers…

Le transport routier est depuis les années 50 une composante essentielle de la chaîne d’approvisionnement. Le mot camion tire probablement son origine d’une parenté avec chemin (camino en espagnol par exemple) ou avec le latin chamulcus (« charriot bas »)…

Ce moteur de développement qui a grandement contribué aux 30 glorieuses est désormais remis en question : comment le transport de marchandise va-t-il pouvoir évoluer ? va-t-on trouver de nouvelles technologies plus performantes, plus rapides, plus efficaces et moins coûteuses ? et surtout, plus écologiques ?

T comme Transporteur – T comme Traversée du siècle en camion Lire la suite »

Georges de 1935 à 1987

1935 : Décès de Marie Louise Bichon, la mère de Georges

Au mois d’octobre 1935, Marie Louise la mère de Georges meurt à l’âge de 57 ans. Georges à 33 ans, sa demi-sœur Georgette 16.

1940 : L’Exode de la famille Chabosseau

La famille Chabosseau, celles des associés de mon grand-père et d’autres thouarsais s’entassent dans deux camions et trois voitures, direction le sud. Ils descendent jusqu’à Captieux puis Maillas dans les Landes près de Mont de Marsan ou ils arrivent le 21 juin 1940.
Ce jour la, les Allemands s’emparent de Thouars (lire article juin 1940 à Thouars)
Le 9 juillet 1940, mon grand-père Georges, dépose à la mairie de Maillas, son fusil de chasse et ses cartouches. La famille Chabosseau, les familles des associés et des réfugiés belges s’entassent dans les véhicules pour remonter à Thouars.

Une image contenant texte

Description générée automatiquement
Traduction du document ci-dessous

Laisser-passer
Les cinq voitures n°8341 R M 1 11 C Citroën
1955 XL 2 326 Liberty
46 XL 3 126 Citroën
534 XL 2 116 Renault
8314 XL 1 236 Unic Diesel
sont occupées par des réfugiés de nationalité belge, soit 48 personnes au total.
Ils veulent repartir et retourner dans leur pays en passant par Thouars.
Les postes de commandement et les autorités allemandes sont invités à aider les réfugiés, à faciliter leur déplacement dans la mesure du possible et surtout à les ravitailler en essence.
Captieux le 9 juillet 1940
Le transport nécessite pour 4 voitures environ 98 litres d’essence pour parcourir 100 km (Captieux est à 80 km au sud de Bordeaux) ils sont ravitaillés pour parcourir environ 200 km. Pour la cinquième voiture, le plein de gazoil devrait suffire.

Le camion Unic 8314 XL 1 qui a été utilisé pendant l’exode et mon grand-père Georges, photo prise dans les années 50

De retour à Thouars en juillet 1940, Georges, ses associés et leurs véhicules sont réquisitionnés par les allemands pour assurer les transports publics.
Ils assuraient les transports de personnes vers Bressuire, Parthenay et Saumur.

1943 : Décès de Georgette Pichot, la demi-sœur de Georges à l’âge de 24 ans

Le 28 novembre 1942, la demi-sœur de Georges, Georgette Pichot se marie avec Henri Bonneau. Leur bonheur est de très courte durée car Georgette meurt le 6 mars 1943 à 24 ans.
C’est la guerre, la vie n’est pas facile, Georges a 40 ans, il a perdu tous les siens, son père, sa sœur Emilienne, sa mère et maintenant sa demi-sœur.

1948 : Georges perçoit un héritage qui met fin à son conflit avec son beau-père

Le 13 février 1948 se retrouvent à l’étude de Me Charpentier notaire à Thouars : (Conservation des Hypothèques de Bressuire, Volume 1779, n°6, transcription du 18 mars 1948)
Désiré Victor Pichot le beau-père de Georges Chabosseau,
Les quatre enfants survivants que Désiré Pichot a eu avec sa première épouse Ernestine Gabriel :
Lucien André Pichot et sa femme Angélique Gourgand
Léopold Raymond Pichot et son épouse Antoinette Proust
Léa Lucie Pichot et son mari Louis Ennon
Lucienne Victoria Pichot et son mari Maurice Bulteau
Et mon grand-père Georges Chabosseau.

Désiré Pichot et sa première épouse Ernestine Gabriel ont eu deux autres enfants :
Moïse Léon Pichot mort au combat à 20 ans, le 16 juin 1915 dans le Pas de Calais et
René Hubert Pichot mort le 18 janvier 1942.

Les présents à l’étude de Me Charpentier sont réunis pour régler trois successions imbriquées ; celles de Marie Louise Bichon (épouse de François Constant Chabosseau puis de Désiré Victor Pichot), celle de René Hubert Pichot (fils du 1er mariage de Désiré Pichot) et celle de Georgette Pichot (fille du 2ème mariage de Désiré Pichot et de Marie Louise Bichon).
Un accord fini par être trouvé entre les parties. Mon grand-père Georges se voit attribué, en héritage, un montant de 80 000 Francs.
La famille Pichot lui propose de lui verser cette somme en lui cédant un pré arboré d’une surface d’1 hectare, 89 ares et 16 centiares situé au Pré de la Saulaie à Louzy, cadastré section C n°490p. Ce terrain est estimé à la valeur de 90 000 Francs ; charge è Georges de verser 10 000 Francs à la famille Pichot à titre de soulte. Ce qu’il fait aussitôt en réglant la somme au comptant devant le notaire.

1950 – 1975 : La Société de transports Chabosseau

Au début des années 50, mon grand-père Georges, se sépare de ses associés et crée sa propre société de transport. Mon père Marc le rejoindra quelques années plus tard.

Enveloppe utilisée par la société de transport Chabosseau dans les années 60

La société a eu une activité artisanale de transport de fourrages, de céréales, de résidus d’huile de palme qui étaient incorporés aux aliments destinés au bétail, d’engrais, de bois pour la menuiserie, de plâtre pour la construction.
Les premiers camions utilisés étaient des camions réformés par l’armée américaine à la fin de la deuxième guerre mondiale, les CD2, puis vinrent les Unic (photos ci-dessus) en camion simple ou semi-remorque (modèle Lautaret) et enfin un semi-remorque Mercédès.
La société a cessé son activité en 1978.

1986 – 1987 Décès d’Albertine et de Georges

Ma grand-mère Albertine décède le 10 avril 1986 et Georges, peu de temps après, le 10 février 1987.

Georges de 1935 à 1987 Lire la suite »

Georges et Albertine fondent une famille

Septembre 1923 – Georges vient de finir son service militaire

A son retour de son temps de service militaire, qu’il a effectué au Maroc, Georges est revenu à Louzy en septembre 1923. Il est encore militaire mais bénéficie d’une permission, avant d’être démobilisé en novembre 1923.
A Louzy, il retrouve sa mère Marie-Louise, son beau-père Désiré Pichot et sa demi-sœur Georgette qui va bientôt avoir 5 ans.
Il ne se sent pas chez lui. Il ne s’entendait pas avec son beau-père avant de partir au service militaire mais c’est encore pire à son retour.
D’autres horizons se sont ouverts pour Georges, la confrontation d’idées et de projets avec ses camarades soldats, la découverte de ses propres capacités : lire, écrire, conduire, découvrir… Georges croit au progrès technique. Il a confiance en lui, il a déjà en tête de créer sa propre entreprise de transport.
Pour son beau-père, la réussite consiste à posséder. Posséder des terres surtout. Ne pas dépenser, rogner sur tout pour s’enrichir. La cohabitation est de plus en plus difficile.

En 1925, Georges rencontre sa future femme

Albertine Alphonsine Augustine Cochard est née le 15 mars 1902 à Voultegon. Ses parents Jean Baptiste Cochard et Augustine Charrier ont quitté la campagne pour venir s’installer à Thouars vers 1920. La légende familiale raconte qu’il y tenait un café. Mes recherches tendraient à situer celui-ci rue Saugé, en face de la boulangerie Rifflet devant laquelle est photographiée Albertine (voir les articles « Albertine sur la photo ») et non Porte au Prévost, comme cela a été évoqué quelquefois.
Comment et où Georges et Albertine se sont-ils rencontrés ?
Si comme la légende familiale le raconte, la famille Cochard tenait un café, il est plausible de penser que c’est dans cet établissement que la rencontre eu lieu.

Georges et Albertine se marient le 23 novembre 1926 à Thouars

Georges et Albertine s’installent au 158 rue Louis Blanc à Thouars



Georges et Albertine cherchent une maison à louer pour s’installer en attendant de pouvoir acheter une maison.

Il loue la maison construite par Alphonse Puchault, début 1927. (voir l’article « La maison de mes grands-parents »).

Ils achèteront cette maison « à la bougie » par l’intermédiaire d’Augustin Monory, l’oncle de Georges en 1929.

Cette maison changera d’adresse. La rue Louis Blanc sera pour partie rebaptisée en 1960. La maison située au 158 rue Louis Blanc jusqu’en 1960 devient, ensuite, le 7 rue Frédéric Chopin.

Georges et Albertine vont passer toute leur vie dans cette maison.

Georges crée une entreprise de transport

A la fin des années 1920, début 1930, Georges et ses 3 associés : Maurice Bréchelier, Marcel Cousin et Adrien Martineau ont créé une entreprise de transport.
Ils transportaient des matériaux de construction, du ciment, du plâtre et du bois pour l’habitat, des cailloux pour les routes et les chemins, et aussi, des céréales, de la paille et du foin pour l’agriculture.

Les 2 enfants de Georges et Albertine

Mon père Marc naitra dans la maison, rue Louis Blanc, en août 1927, ma tante Odette également, en mars 1931.

Odette et Marc devant l’ancien château d’eau place du Boël

Georges et Albertine fondent une famille Lire la suite »

Albertine sur la photo – 2ème chapitre  

Dans le 1er chapitre nous avons pu déterminer qu’Albertine avait été photographiée en 1920-1922 devant la devanture de la boulangerie Rifflet rue Saugé à Thouars.

La famille Cochard tenait-elle comme la légende familiale le suggère un commerce rue Saugé et non Porte au Prévost comme évoqué ? un café ?

La rue Saugé en 1910

Sur cette carte postale datée de 1910, deux commerces apparaissent : le café-restaurant Normand et la boutique E.DIACRE.

Sur l’acte de naissance d’Alexandre Louis Rifflet, les deux témoins sont des voisins du boulanger Rifflet :
Anselme Grandin, 59 ans exerçant la profession de sellier et
Eugène Normand, 46 ans, exerçant celle de cafetier ; le patron du café-restaurant Normand de la carte postale.

Emile Diacre tenait quant à lui, un commerce en vins et spiritueux. C’est dans son arrière-boutique qu’est conçu en 1926, un nouvel apéritif purement thouarsais, le Duhomard. Il s’agit d’un quinquina au nom évocateur d’une blague faite à Emile Diacre en 1922 à Massais.

Lors de la naissance des jumeaux Louis et Joseph Rifflet en mars 1910 ce sont d’autres voisins qui sont témoins :
Gustave Moreau, 41 ans, tailleur et
Léon Paindessous, 45ans propriétaire
Ainsi que, lors du décès de Louis, a deux mois, en mai 1910 :
Charles Gabot, 25 ans, sellier et
Georges Guilbault, 22 ans, charcutier (un prédécesseur de la famille Fuzeau)

La rue Saugé en 1920

Sur cette autre carte postale datée de 1920, nous voyons les mêmes commerces et un commerce de sellerie-bourrellerie en premier. Le commerce d’Emile Diacre semble être resté à l’identique mais le café-restaurant ne s’appelle plus le café Normand.

Origine du nom de la rue Saugé
La rue porte le nom de Saugé, en référence à Guillaume Saugé, un huissier venu de Niort en 1820. En 1822, Saugé prend part à l’insurrection organisée et portée par le Général Berton. Les conspirateurs de cette fameuse « affaire Berton » sont jugés à Poitiers. La sentence de la cour d’appel de Poitiers les condamne à la peine de mort. Berton est exécuté à Poitiers mais Saugé et un autre conspirateur nommé Jaglin sont guillotinés place Saint-Médard le 7 octobre. Avant de mourir, Saugé poussera ce cri : Vive la République !

Revenons au portrait de ma grand-mère Albertine sur la photo

Elle est vêtue d’une jupe longue, d’un corsage à rayures, recouverts d’un grand tablier. Elle porte des espadrilles aux pieds et une peau d’animal sur les épaules.
Une tenue bien peu adaptée à un rôle de vendeuse au sein de la boulangerie.
Nous ne pouvons émettre que des hypothèses :
Elle faisait le ménage au sein de la boulangerie…
Elle était venue rendre une visite impromptue à ses amies vendeuses dans la boulangerie…
Elle participait aux travaux du café (l’ancien café Normand) tenu par ses parents en face de la boulangerie et se trouvait là lors de la prise de vue…
En l’état de mes investigations… je n’en sais rien…

Qu’est devenue la boulangerie ?

Au recensement de 1936 rue Saugé

Ce n’est plus la famille Rifflet qui tient la boulangerie mais la famille Taudière. Georges Guilbault tient toujours la charcuterie voisine.

Sur cette capture d’écran de janvier 2021 le commerce du 10 Rue Saugé àThouars existe toujours. Le dernier boulanger s’appelait B. Meunier. La boulangerie a fermé il y a 15-20 ans.
L’immeuble où se situait l’ancienne charcuterie Fuzeau a été déconstruit.

Albertine sur la photo – 2ème chapitre   Lire la suite »

Albertine sur la photo – 1er chapitre

Ma grand-mère Albertine est l’une des descendantes de la tribu Cochard, dont les membres furent signataires du cahier de doléances des Cerqueux (extrême sud du Maine-et-Loire), combattants de l’armée vendéenne puis membres de la Petite Eglise lors la Révolution puis de l’arrivée au pouvoir de Napoléon.
Née en 1902 à Voultegon (Nord des Deux-Sèvres), elle est la deuxième fille de Jean-Baptiste Cochard et d’Augustine Charrier.

Les parents d’Albertine : Jean Baptiste Cochard et Augustine Charrier

Jean-Baptiste Cochard
Jean-Baptiste et Augustine lors du mariage de Georges et d’Albertine en 1926
Augustine « la grand-mère Cochard » de ma petite enfance

Ses parents se sont mariés le 18 avril 1899, à Voultegon, lors d’un double mariage, le leur et celui de la sœur de Jean Baptiste, Agnès Cochard avec le cousin d’Augustine, Auguste Charrier.
Au recensement de 1901, Jean Baptiste Cochard est valet de ferme chez le fermier Billy.
Augustine est lingère, leur fille Marie Louise a 9 mois (née le 22 juin1900).
La famille habite dans le bourg de Voultegon à côté d’une autre sœur de Jean Baptiste, Arsène Elise.
Au recensement de 1906, Jean Baptiste et Augustine habitent toujours le bourg. Jean Baptiste est domestique chez le fermier Gendron. Leur deuxième fille, Albertine, ma grand-mère, née le 15 mars 1902, complète la famille.
La famille viendra, après la première guerre mondiale, habitée à Thouars pour y exercer des travaux moins pénibles que ceux liés à l’agriculture.

Où habite la famille Cochard à son arrivée à Thouars ?

La légende familiale raconte que mon grand-père Georges aurait rencontré sa femme Albertine Cochard dans le commerce que tenait ses parents à Thouars. De quel commerce s’agissait-il ? Où était-il situé ? D’une manière vague, il se serait agi d’un café, rue Porte au Prévost… Pas de trace de ce café dans les archives familiales… mais une photo de ma grand-mère devant un commerce…

Ma grand-mère Albertine qui, de toute évidence (au vu d’autres photos en ma possession), est la personne située à l’extrême gauche de la photo, étant née en 1902, la photo ne peut avoir été prise que vers 1920 – 1922. Albertine serait, alors, âgée de 18 – 20 ans.

De quel commerce s’agit-il ? Où est (était)-il situé ? En dehors de ma grand-mère Albertine, qui sont les autres personnes présentes sur la photo ?

Sur le fronton du commerce, une indication : L . RIFFLET, commençons les recherches de ce côté-là.

Derrière la vitrine, des pains… pas de doute c’est une boulangerie…
A ma requête « Louis Rifflet » (j’ai supposé que le L, pouvait être celui de Louis), le fichier des décès de 1970 à nos jours établit par l’INSEE me livre une piste :

Alexandre Louis Gabriel Rifflet né le 11 octobre 1907 à Thouars, décédé le 24 novembre 1993 à Boulogne Billancourt.

En 1920-1922 Alexandre Louis Rifflet était âgé de 13-15 ans. C’est peut-être lui qui se trouve le plus à droite sur la photo, si c’est bien la famille Rifflet qui correspond à ma recherche…

Pour en savoir plus, recherchons son acte de naissance :

Le père d’Alexandre Louis Rifflet, se prénomme Louis Marie et il exerce la profession de boulanger lors de la naissance en 1907. La piste semble la bonne. Il semble probable que la deuxième personne sur la droite, l’homme à la casquette, les deux mains sur les hanches, soit le boulanger thouarsais Louis-Marie Rifflet.

Pour savoir qui sont les deux femmes au centre de la photo, je vais mener mes recherches dans deux directions :
l’une d’entre-elle, peut-elle être, la sœur d’Albertine, Marie-Louise ? l’une d’entre-elle, peut-elle être, madame Rifflet ? une fille du boulanger ?

Les inconnues de la photo
Albertine debout, Marie-Louise assise, 1920

Après comparaison des photos représentant Marie-Louise jeune avec la photo des personnages devant la boulangerie, j’ai pu déterminer, qu’aucune des deux femmes n’était Marie-Louise. Il me fallait connaître la famille Rifflet pour aller plus loin.

J’ai tout d’abord réussi à trouver l’acte de naissance de Louis-Marie Rifflet, né à La Pouëze (Maine-et-Loire) le 10 novembre 1879 dans une famille de cultivateurs, propriétaire de leur terre.
Cet acte me donne une autre indication précieuse, la date du mariage de Louis-Marie Rifflet, le 26 novembre 1904 avec Charlotte-Alexandrine-Nathalie-Joséphine Perdriau à Saint Georges sur Loire (Maine-et-Loire).

Combien ce couple a-t-il eu d’enfants ? a-t-il eu des filles ? où habitait la famille entre 1904, la date du mariage et 1920-1922, la date présumée de la photo ?

Le recensement de 1906 apporte une réponse.
Louis-Marie Rifflet, sa femme
Charlotte-Alexandrine-Nathalie-Joséphine Perdriau et leur ouvrier boulanger Aristide Raballaud habitent rue Saugé à Thouars !!!

Nathalie Perdriau-Rifflet est née en 1881 à Saint Georges sur Loire. De deux ans, la cadette, de son mari, elle ne peut pas être l’une des deux femmes de la photo. Les deux femmes semblent avoir moins de 40 ans, âge qu’avait madame Rifflet en 1920-1922.
Un autre élément va venir corroborer cette hypothèse. Le 6 janvier 1918, un jugement de divorce est prononcé entre Louis-Marie Rifflet et sa femme Charlotte-Alexandrine-Nathalie-Joséphine Perdriau à Bressuire (Deux-Sèvres). En 1920-1922, elle n’est plus aux côtés de son mari à la boulangerie.

Le couple a-t-il eu d’autres enfants ? des filles ?

Les tables décennales des naissances de 1903-1912 et de 1913-1922 à Thouars ne donnent qu’un résultat : la naissance d’Alexandre Louis en 1907 et de deux jumeaux en mars 1910, Louis et Joseph.

Louis décède, deux mois après sa naissance, en mai 1910. Son frère jumeau Joseph lui survivra et décèdera le 28 février 1979 à Neuilly sur Seine.

Les deux femmes, au centre de la photo, restent des inconnues. Ce n’est pas, ma grand-tante Marie-Louise, ce n’est pas Madame Rifflet, ni une fille de ce couple.
Il est plausible de penser que ces deux personnes étaient des vendeuses de la boulangerie dont j’ignore l’identité.

A ce stade de mes recherches, aucune piste répond aux questions :
Où habite la famille Cochard à son arrivée à Thouars ?

Tient-elle un commerce ? et si oui lequel ?

Albertine sur la photo – 1er chapitre Lire la suite »

1922-1923, Georges fait son service militaire au Maroc, 1ère étape décisive de son ascension sociale

La mobilisation

Le 13 février 1922, Georges Chabosseau, mon grand-père, a 20 ans. Il est mobilisé au bureau de recrutement de Niort avec le grade de 2ème classe. Sur le fascicule de mobilisation, il est indiqué qu’il habite Louzy et exerce la profession d’entrepreneur de transports.

Il est affecté au Centre de mobilisation du Train quartier Langlois (la caserne Verneau, aujourd’hui) à Angers. Il rejoint ensuite Bordeaux pour embarquer, destination Casablanca au Maroc.

La traversée Bordeaux – Casablanca

Ces photographies sur plaques de verre ont été réalisées par Jean Thomas lors de sa traversée Bordeaux – Casablanca sur le Figuig en Mars 1922. Elles retracent, à l’identique, le parcours de Georges à son arrivée au Maroc.

Originaire de Saint Paul sur Sauve, village situé au nord-ouest de Toulouse, Jean Thomas est un scientifique-explorateur. Né le 14 juin 1890, Jean Thomas, après des études scientifiques est gravement blessé durant la guerre de 1914. En voiture ou side-car il accomplit des missions d’exploration au Maroc et dans toute l’Afrique Française de 1922 à 1931 pour le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, et pour l’Illustration et le Ministère des Colonies.
Le Maroc constitue la première mission scientifique exploratoire de Jean Thomas.
Du 14 mars au 4 août 1922, il étudie les pêcheries en vue de leur développement possible.
Les photographies sur plaques de verre prises par Jean Thomas lors de sa traversée sur le Figuig en mars 1922 et celles de son débarquement à Casablanca

Le débarquement à Casablanca

Pourquoi Georges fait-il son service militaire au Maroc ?

L’histoire du protectorat français au Maroc

Au milieu du XIXe siècle, les routes méditerranéennes prennent une nouvelle importance pour les grands Etats européens. En 1856, un traité de commerce, ouvre le Maroc aux produits européens.  En 1863, une convention franco-marocaine voit le jour. Pour la France, le Maroc était très important à cause de sa position stratégique.  Pour développer ses ambitions économiques et territoriales, la France désirait créer un ensemble nord-africain homogène, sous son autorité.

Au début du XXe siècle, le Maroc s’endette de plus en plus envers l’Europe et particulièrement envers la France. En 1912, l’accord de Fès plaça le Maroc sous un protectorat. Le traité du protectorat divise le Maroc en zone française, espagnole, et internationale à Tanger.  
Pendant quatorze ans, le protectorat s’incarna dans la forte personnalité du Maréchal Lyautey, premier résident général (1912-1925) qui fit œuvre de conquête, d’organisation et de mise en valeur. Le ralliement des tribus, au nom du sultan, s’obtint en usant de diplomatie à l’égard des grands caïds ou en effectuant des opérations militaires.  

Pendant son protectorat, la France a imposé plusieurs réformes qui visent en premier lieu à affaiblir l’impact de l’islam dans le pays, notamment chez les populations berbérophones et rurales, en supprimant ou en diminuant les lois de l’islam tout en leur substituant une justice à la française. Une partie du secteur agricole se tourne vers une agriculture moderne orientée vers l’exportation. Tandis que l’artisanat traditionnel connaît des difficultés, une industrie basée d’abord sur la richesse minière du pays se développe. Ces transformations entraînent d’importants mouvements de population à l’intérieur du Maroc (exode rural) et le développement d’un important centre économique sur la côte atlantique : Casablanca.

Georges est affecté au 123ème Escadron du Train des Equipages Automobiles à Casablanca

Le Train des Equipages

En 1807, dans le fracas des combats napoléoniens, le Train des Equipages naissant est en charge du seul transport de la farine, du pain, de la viande et du fourrage.
Les transports de ravitaillement, exclusivement hippomobiles jusqu’en 1914, constituent toujours le centre des activités du Train des Equipages au début du XXe siècle.
Lors de la motorisation des armées, le camion devient l’outil de base de ravitaillements plus variés, massifs et urgents. Transporteur de vivres, d’effets, de munitions et d’équipements, le soldat du Train devient, alors, aussi chargé de l’acheminement des troupes

Le Train automobile du Maroc 1920-1923

Avec ses moyens libérés par la fin de la Grande Guerre, Lyautey reprend ses opérations de pacification interrompues par manque de moyens.

De 1920 à 1921, les compagnies et convois auxiliaires assurent vers les postes un service très chargé et prennent part de façon incessante aux convois de ravitaillement. Les colonnes de pacification et l’installation de nouveaux postes exigent également des moyens importants du Train.
Les comptes rendus parlent peu du Train automobile bien qu’il soit arrivé en cours d’opérations. Contraint de n’utiliser que les routes empierrées ou les pistes en parfait état, les camions du Train sont écartés des opérations de toutes premières lignes. Dispensé de certains périls, le Tringlot automobile essuie fréquemment le coup de fusil de pillards qui attaque bien entendu quand le moteur crée des difficultés. Il n’en demeure pas moins qu’en transportant les troupes et le ravitaillement jusqu’au bout extrême des routes empierrées, le Train automobile a largement contribué à la victoire sur la dissidence.

Le 123e Escadron

Entièrement automobile, le 123e Escadron basé à Casablanca est créé le 1er janvier 1921. Ses compagnies sont ventilées à Casablanca pour la 1ère et la 4ème, à Fez pour la 2e, à Meknès pour la 3e. L’escadron participe aux opérations de pacification du Maroc.
Au plus fort de la campagne l’Escadron comprend 23 officiers, 1200 sous-officiers, conducteurs et ouvriers, des véhicules légers et 150 camions.
Chaque compagnie est spécialisée, 1ère : triage et exploitation, la 2ème : transports sur Fez, Oujda, Taza, la 3ème : transports sur Meknès et Midelt, la 4 ème : transports sur Marrakech, Tadla, Agadir.
En mars et avril, le 123ème Escadron reçoit 120 camions en renfort. En mai, le commandement envoie au Maroc, la 162e compagnie du 14e Escadron de métropole avec 100 camions. Le tonnage transporté est impressionnant compte tenu des matériels employés, 73000 tonnes en 4 mois et 30000 hommes.

Georges fait son service militaire au sein de la 1ère compagnie du 123ème Escadron du Train des Equipages Automobiles

Georges obtient le permis de conduire. Arrivé simple soldat, il est tout d’abord mécanicien monteur, puis il est chauffeur de camion et enfin il devient le chauffeur du colonel.









Georges obtient son permis de conduire militaire le 16 août 1922. Il est autorisé à conduire les camions militaires Berliet et Ford et les véhicules de tourisme.

Bien qu’il soit affecté à la 1ère compagnie dont la mission est le triage et l’exploitation Georges a été en mission à Agadir avec son « copain » Henri Guindon comme les photos ci-dessous nous l’indiquent.

Souvenir d’Agadir 1922-1923

Avec mon copain H Guindon, devant la voiture du colonel et lors de son départ

La démobilisation et le retour en France

Georges termine son service militaire au Maroc en août 1923. Il embarque pour son retour à Cablanca le 16 août 1923. Il est démobilisé le 7 novembre 1923 après avoir bénéficié de 56 jours de permission. Il est de retour à Louzy puis à Thouars.

Il obtient le Certificat de Bonne Conduite.

Georges a franchi un cap, il a amélioré ses compétences en lecture et écriture et a acquis des connaissances en mécanique et en conduite. Et puis, il a commencé à réaliser ses ambitions. Entré à l’armée simple bidasse, il finit chauffeur du colonel.

1922-1923, Georges fait son service militaire au Maroc, 1ère étape décisive de son ascension sociale Lire la suite »

La jeunesse difficile de mon grand-père, Georges Chabosseau

Les parents de Georges, François Constant Chabosseau et Marie-Louise Bichon se marient à Saint Jean de Thouars, le 25 janvier 1897, François a 24 ans, Marie Louise 18 ans.
Le 5 décembre 1897 naît Emilienne Octavie, le premier enfant du couple.

1901, Recensement, Hameau de Boucoeur, commune de Saint Varent, Deux-Sèvres

En 1901, François Constant, Marie-Louise et Emilienne habitent le hameau de Boucoeur sur la commune de Saint Varent. Ils ont rejoint Louis Auguste Chabosseau, le frère de François Constant, qui s’est marié avec Anastasie Gaury, déjà mère d’une petite Célestine Clémence Louise Bernard, fille qu’Anastasie a eu d’un premier mariage.

Georges Emile, mon grand-père, naît à Boucoeur, le 13 février 1902.

Son père, François Constant est porté sur la boisson et quand il a un coup dans le nez…
En 1905 alors qu’il effectue une période d’exercices en tant que soldat de réserve, il écope de 6 jours d’emprisonnement pour coups et blessures.

Aux recensements de 1906 et 1911, la famille Chabosseau : François Constant, Marie-Louise et les deux enfants Emilienne et Georges, est revenue vivre à Saint Jean de Thouars. Ils habitent : Chemin d’intérêt commun n°35 de Thouars à Saint Varent.

1906 et 1911, recensements Saint Jean de Thouars

En 1906, François Constant travaille comme carrier à la carrière Benoist.
En 1911, il travaille comme ouvrier agricole chez Delphin Thiaurs.

Georges va à l’école jusqu’à 9 ans. On le voit, ci-dessous, en blouse d’école avec son père, sa mère et sa sœur Emilienne, sur la seule photo réunissant les quatres membres de la famille qui nous soit parvenue.

A gauche, Marie-Louise au 3ème rang qui tient le drap. A droite, François Constant qui porte les draps sur l’épaule. Au centre, Georges, mon grand-père, qui boude et Emilienne à coté de lui.

A 9 ans, Georges est placé comme garçon de ferme. Il dort au grenier, dans le foin, au-dessus des bêtes. Les rats lui tiennent parfois compagnie.
Le 20 avril 1912, son père François Constant meurt, seul, à l’hospice, dans des circonstances exactes que nous ne connaissons pas, mais vraisemblablement à cause d’un abus d’alcool.



En 1914, Georges a 12 ans et fait sa communion solennelle.

A 14 ans, Georges est pris en charge par son oncle Louis Auguste Chabosseau.
Georges travaille avec lui. Ils vont ramasser œufs, volailles, cochons dans les fermes puis les transportent et les vendent à Thouars.
Le camion qu’ils utilisent a été construit par le constructeur automobile Marius Berliet à Lyon en 1912 – 1913. A partir de 1914, la production de ce camion sera exclusivement réservée à l’armée pour le transport des troupes et du matériel d’intendance.

Le 1er décembre 1917, Marie-Louise Bichon, la mère de Georges se remarie avec Désiré Victor Pichot. Marie-Louise s’installe avec ses deux enfants, Emilienne et Georges chez Désiré Pichot à Louzy.
Georges ne s’entend pas avec son beau-père. Il passe le moins de temps possible à Louzy.

Le 8 février 1919 naît Georgette Pichot, la demi-sœur de Georges et d’Emilienne.

Le 27 octobre 1919, Emilienne, la sœur de Georges, meurt âgée de 22 ans de la maladie bleue (la tuberculose).
Pour Georges qui va bientôt avoir 18 ans c’est une terrible épreuve.
Il perd sa sœur qu’il aime alors qu’il vit chez son beau-père avec qui il ne s’entend pas.

Il ira bien souvent sur sa tombe à l’ombre des cyprès dans le vieux cimetière de Louzy, aujourd’hui détruit.

La jeunesse difficile de mon grand-père, Georges Chabosseau Lire la suite »

L’histoire de la maison de mes grands-parents

L’histoire de la maison de mes grands-parents Lire la suite »

Retour en haut