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La vie d’un simple – Emile Guillaumin

La Vie d’un simple est un livre qui vient du fond du peuple, chose bien rare, et du fond du peuple paysan, chose unique…
D’un grand-père conteur d’histoires Guillaumin tint le goût de conter, et il eut le courage d’ajouter au labeur paysan un labeur d’écrivain. Le plus bel exemple d’homme de lettres pratiquant le deuxième métier, c’est Émile Guillaumin qui le donne…
Le Bourbonnais est loin, et la rumeur parisienne nous distrait d’y connaître et d’y entendre un juste. Mais la rumeur est chose passagère, la valeur ne passe pas, et Émile Guillaumin est sûr d’occuper, dans l’histoire de notre peuple, une place où il est indispensable et seul.

Tiennon Bertin est un paysan pauvre du Bourbonnais dans l’Allier, qui se remémore sa vie, allant de la Restauration, quelques années après l’épopée napoléonienne, à la Belle Epoque au tournant du XXe siècle.
A cette période, la paysannerie des régions pauvres était tout sauf indépendante : obligée de cultiver une terre qui ne lui appartenait pas, elle vivait sous le joug des riches des villes et de leurs régisseurs. Ils lui extorquaient tous ce qu’ils pouvaient par l’intermédiaire de la rente foncière. Trop pauvres pour s’instruire, les métayers, généralement analphabètes, comptant mal, avaient bien du mal à suivre le dédale de droits et obligations qui pesaient sur leurs épaules fatiguées. Corvéables, pouvant être renvoyés à la fin du bail, au bout de trois ans, pour un mot de travers ou un regard déplaisant. Ils risquaient de devoir quitter la ferme voire un procès…

Emile Guillaumin décrit comment le statut du métayage freine tout progrès technique. Le chaulage, grande amélioration de l’époque, n’est pas autorisé par les propriétaires qui comme au XVIIIe siècle privilégie la maintenance de terrains en jachère. La suppression des jachères était supposée ruiner le sol et les propriétaires refusaient d’endosser les frais supplémentaires que ce précieux amendement allait entraîner.
Un autre fléau semble terroriser les paysans encore plus que la rapacité des bourgeois, la conscription, qui arrache les enfants aux familles, parfois pour toujours.
Pourtant, des améliorations se font jour. Tiennon, qui a su se garder depuis sa jeunesse, de la corruption des villes et qui est par ailleurs un bon soigneur de bêtes, vit mieux que ses parents et finit par accumuler 4000 francs de capital sous une pile de draps dans son armoire. Cette somme aurait probablement pu lui permettre d’acquérir la moitié de la terre pour le faire vivre, mais il la perd en la plaçant chez un financier véreux qui s’enfuit en Suisse avec le magot !
Devenu vieux, Tiennon est toujours aussi pauvre et ne pouvant plus faire valoir une ferme par lui-même, il se retrouve à la charge de ses enfants, continuant à travailler tant bien que mal, redoutant le jour où il tombera dans une nouvelle dépendance, celle de la déchéance physique précédant le cimetière.
Alors que la république s’est imposée et que la  » sociale  » pointe le bout de son nez, ulcérant les bourgeois, Tiennon sent les évolutions à venir, l’appartenance de la terre soit à la collectivité, soit à ceux qui la travaillent.

Emile Guillaumin

Emille Guillaumin, en famille, dans l’Allier qu’il refusa de quitter malgré son succès littéraire.

Auteur de La Vie d’un simple et pionnier du syndicalisme agricole, Émile Guillaumin est la voix paysanne de la première moitié du XXe siècle. Sa carrière de journaliste nous présente un véritable panorama des campagnes sur un demi-siècle. Écrivain paysan demeuré volontairement à la terre, cet autodidacte offre un regard unique sur son époque qui a vu les campagnes se transformer : guerres, exode rural, amélioration des rendements par la mécanisation et la science, développement de l’instruction…

Écrivain paysan français, Émile Guillaumin est né à la ferme de la Neverdière, à Ygrande (Allier), le 10 novembre 1873.
Il fait en tout et pour tout cinq années d’études primaires à l’école d’Ygrande avant de commencer à travailler dans la petite ferme familiale dès 1886, après sa première communion et son certificat d’études primaires.
En 1892, la famille quitte la Neverdière pour s’installer dans une autre petite ferme appartenant à son grand-père paternel. Située sur la route de Moulins à Ygrande, le lieu est aujourd’hui devenu le musée Émile-Guillaumin.
En 1893-97, il effectue ses années de service militaire obligatoire, en profitant pour lire tout ce qu’il trouve à la bibliothèque de sa caserne. Grand lecteur de romans, notamment ceux de Pierre Loti et de Charles Dickens, il commence lui-même à écrire quelques contes patoisants et poèmes rustiques.
À sa démobilisation, il redevient simple ouvrier agricole à la ferme de son grand-père paternel mais commence à publier articles, contes et poèmes dans La Quinzaine bourbonnaise et dans Le Courrier de l’Allier. Ses premiers ouvrages paraissent bientôt : Dialogues bourbonnais en 1899, Tableaux champêtres en 1901 (prix Montyon 1902 de L’Académie française), et un recueil de poèmes : Ma cueillette en 1903. Après les travaux de la ferme, « à journée faite », il commence à rédiger La Vie d’un simple pendant les veillées et les dimanches de l’hiver 1903-1904.
La Vie d’un simple est le récit biographique romancé, mais profondément réaliste et humaniste, de la vie de Tiennon Bertin, un vieux paysan voisin de ferme de l’auteur. Pour Émile Guillaumin, inspiré par la lecture du Jacquou le Croquant d’Eugène Le Roy, il s’agit alors de « montrer aux messieurs de Moulins, de Paris et d’ailleurs ce qu’est au juste une vie de métayer ». Témoin privilégié du monde rural — il est lui-même paysan dans ce terroir bourbonnais et commence déjà à s’engager activement dans le syndicalisme agricole — il rend compte de la vie quotidienne de son personnage, décrivant et analysant très finement la condition paysanne et son évolution dans la région, notamment les relations de domination entre les paysans qui cultivent la terre et leurs « maîtres » propriétaires des fermes. Son émouvant récit constitue un document exceptionnel sur la vie paysanne en France pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Publié en 1904, le livre fera d’emblée une très forte impression sur le public. Soutenu par Octave Mirbeau, Lucien Descaves, Charles-Louis Philippe et Daniel Halévy, il manquera de peu le Prix Goncourt. Pour la première fois dans l’histoire de la littérature française la vie rurale se trouve en effet évoquée dans sa sourde réalité par un petit paysan de son état. Avec cette vie d’un simple métayer surgie des profondeurs de la France éternelle à l’aube du XXe siècle, Guillaumin touche le tréfonds du monde paysan et, par-là, le peuple français tout entier dans sa force et sa faiblesse.
Avec ses droits d’auteur, Émile Guillaumin achète à proximité de la ferme paternelle trois hectares de terre où il met quelques vaches, porcs et volailles. Il y fait construire une simple petite maison où il passera le reste de sa vie. Il épouse une jeune femme de la région, Marie Chalmin.
À partir de 1905, Émile Guillaumin s’engage dans le militantisme syndical afin de défendre les métayers, les ouvriers agricoles et les petits fermiers contre les grands propriétaires fonciers. Il épaule en particulier Michel Bernard, paysan comme lui, organisateur des premières coopératives paysannes et fondateur à Bourbon-l’Archambault du premier syndicat agricole. Ensemble ils animent le syndicat local, créent la « Fédération des Travailleurs de la Terre du Bourbonnais » qui s’étend à tout le département de l’Allier, et lancent un bulletin trimestriel, Le Travailleur rural, qu’il dirigera jusqu’en 1911. Ses articles de l’époque ont été rassemblés en volume sous le titre : Six ans de luttes syndicales (publication posthume en 1977).
En 1906, paraîssent Albert Manceau adjudant et Près du sol (d’abord en feuilleton dans la Revue de Paris puis en volume chez Calmann-Lévy), et en 1909 La Peine aux chaumièresRose et sa parisienne est publié en 1907, La Peine aux chaumières (Cahiers nivernais) en 1909, Baptiste et sa femme en 1910, Le Syndicat de Baugignoux, publié en 1911 — sans doute son meilleur livre après La Vie d’un simple —, est pour lui l’occasion de dresser un bilan de l’action syndicale. Lucide, il y évoque les problèmes sociaux et ruraux du début du siècle et retrace le conflit réformisme contre syndicalisme révolutionnaire qui a traversé la « Fédération des Travailleurs de la Terre du Bourbonnais ».
Les Mailles du réseau est publié en 1912. La Guerre de 14-18 interrompt ses activités. Émile Guillaumin est mobilisé comme vaguemestre dans l’armée.
Après la guerre, il revient dans sa petite ferme d’Ygrande. Il entame une nouvelle carrière de journaliste spécialisé dans les questions rurales et collabore entre autres à Pages libresLa Revue des Deux MondeLe Peuple et L’Humanité.
En 1925, paraît Notes paysannes et villageoises. Il reçoit la Légion d’honneur sur proposition du ministre de l’Agriculture.
En 1931 paraît A tous vents sur la glèbe, puis en 1937 François Péron, enfant du peuple (Crépin-Leblond).
Retiré du syndicalisme agricole, il encourage cependant la naissance et le développement dans les années 30 de la « Confédération nationale paysanne », fondée dans l’orbite de la SFIO. En 1940, il est élu maire d’Ygrande mais, refusant de collaborer avec le régime de Vichy, il démissionne dès 1941.
Charles-Louis Philippe, mon ami paraît en 1942. La même année, il est lauréat du prix Sivet de l’Académie française (pour son œuvre poétique) du Prix Sully-Olivier de Serres (pour l’ensemble de son œuvre). Sur l’appui du manche est publié en 1949.
Émile Guillaumin décède à Ygrande le 27 septembre 1951, à l’âge de 77 ans. Il est enterré au cimetière de son village. Son dernier livre, Paysans par eux-mêmes est publié à titre posthume en 1953, suivi de quelques compilations de correspondances, contes et articles divers.
Écrivain, militant syndicaliste, journaliste mais avant tout paysan, dans toute la force du terme, Émile Guillaumin est toujours resté fidèle à son terroir bourbonnais. Il reste l’une des grandes figures rénovatrices du roman rustique français.
Jean Bruno – La République des Lettres

http://musee-emile-guillaumin.planet-allier.com

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Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot : Sur les traces d’un inconnu (1798-1876) – Alain Corbin

Dans ce livre devenu un classique, Alain Corbin s’est penché sur le grouillement des disparus du XIXe siècle, en quête d’une existence ordinaire. Il a laissé au hasard absolu le soin de lui désigner un être au souvenir aboli, englouti dans la masse confuse des morts, sans chance aucune de laisser une trace dans les mémoires. Né en 1798, mort en 1876, Louis-François Pinagot, le sabotier de la Basse-Frêne, n’a jamais pris la parole et ne savait du reste ni lire ni écrire ; il représente ici le commun des mortels. Un jeu de patience infini se dessine, afin d’en reconstituer le destin – mais eut-il jamais conscience d’en avoir un ? Par cette méditation sur la disparition autant que par les méthodes d’investigation nouvelles qu’il met en œuvre, ce livre a fait date dans l’écriture de l’histoire contemporaine.

Pourquoi Pinagot, et pas un autre nom qui figure sur l’état civil ? Parce qu’il a une vie suffisamment longue (78 ans) pour rendre ce travail intéressant.
Dans un parcours en 10 chapitres, Alain Corbin reconstitue le microcosme géographique, le contexte politique, familial, l’univers mental dans lesquels le sabotier a vécu.
Pinagot appartient cependant au monde des confins, des bois, un monde plus marginal que celui des cultivateurs. Bien qu’il appartienne à la fraction la plus pauvre de sa commune, et qu’il fasse partie un temps des « indigents » exemptés de certaines taxes, on vit longtemps dans sa famille, souvent au-delà de 70 ans.
L’Orne n’est pas un pays de régime autoritaire où l’aîné hérite seul du patrimoine familial. Les écarts de richesse au sein de sa parentèle et ses relations amicales sont faibles.
L’analphabétisme reste très prégnant dans le monde rural auquel appartient Pinagot.
Les sabotiers se marient souvent à des fileuses, remplacées de plus en plus par des gantières qui travaillent pour des marchands qui sont aussi fabricants.
Les « arrangements » (contrats oraux) donnent souvent lieu à des litiges : dans la forêt, les vols de bois – bois de chauffage ou bois d’oeuvre – sont fréquents et les gardes forestiers doivent redoubler de vigilance et d’astuce pour démasquer les coupables.
Si l’Orne a été moins directement touché que d’autres départements de l’Ouest par les guerres de Vendée, les communes ont pâti néanmoins de la guerre civile et des déprédations commises par les chouans et les armées républicaines.
Les deux invasions prussiennes (1815 et 1870-1871) sont restées également dans les mémoires car elles ont donné lieu à des réquisitions de vivres, des pillages de linge et d’argenterie.
Il faut attendre les premières années du Second Empire pour que la mendicité dans le département recule de façon sensible. C’est à cette époque que Louis-François Pinagot peut acquérir une petite maison à deux ouvertures et sortir de la classe des indigents.
Quelles furent les convictions politiques de Pinagot ? Comment sa citoyenneté s’est-elle construite ? Difficile de l’estimer. Avant 1848, date de l’instauration du suffrage universel masculin, il ne peut pas voter comme le font certains membres de sa famille qui paient un cens suffisant pour le faire. Il faut attendre une pétition municipale de 1871 pour qu’Alain Corbin découvre pour la première fois la seule trace manuscrite, une croix malhabile, de la main de Alain-François Pinagot.

Cette présence dense laisse supposer la quotidienneté de micro-déplacements effectués à travers champs, selon les brèches qui se creusent dans les haies profondes. L’entraide, l’échange de services entre parents, amis ou voisins, l’éducation sentimentale alimentent ces courts déplacements qui tissent sur le bocage de subtils réseaux, plus ou moins serrés selon la qualité des relations et la teneur des sentiments.
Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis François Pinagot, Flammarion 1998, p 30

Alain Corbin

Alain Corbin, né en janvier 1936 à Courtomer (Orne), est un historien français spécialiste du XIXe siècle en France. Ses travaux ont considérablement fait avancer l’histoire des sensibilités dont il est un des spécialistes mondiaux.
Il suit des études à l’université de Caen où il a notamment comme professeur Pierre Vidal-Naquet. Professeur à l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne, il a travaillé sur l’histoire sociale et l’histoire des représentations. On dit de lui qu’il est « l’historien du sensible », tant il a marqué sa discipline par son approche novatrice sur l’historicité des sens et des sensibilités.
On lui doit plusieurs ouvrages, dont Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876 (1998), biographie d’un sabotier inconnu choisi au hasard dans les archives de l’Orne. Ce travail s’inscrit dans le concept de la micro-histoire.
Par ailleurs, il a travaillé sur le désir masculin de prostitution (Les Filles de noce, 1978), l’odorat et l’imaginaire social (Le Miasme et la Jonquille, 1982), l’homme et son rapport au rivage (Le Territoire du vide, 1990), le paysage sonore dans les campagnes françaises du XIXe siècle (Les Cloches de la terre, 1994) et la création des vacances (L’Avènement des loisirs, 1996). Il a aussi publié un livre d’entretiens avec Gilles Heuré (Historien du sensible, 2000). En 2005, ses étudiants lui ont rendu hommage dans un livre collectif qui rend compte de son itinéraire historiographique : Anne-Emmanuelle Demartini et Dominique Kalifa (dir.), Imaginaire et sensibilités au XIXe siècle: études pour Alain Corbin, Paris, Créaphis, 2006.

Le monde retrouvé en vidéo

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La sommation respectueuse : une procédure juridique pour, obtenir ou passer outre, le consentement des parents afin de pouvoir se marier

L’âge de la majorité : élément déterminant pour pouvoir se marier

Trois types de « majorité » sont à prendre en compte pour pouvoir se marier ou pour être considéré juridiquement comme civilement capable et responsable :

  • L’âge nubile : âge exigé par la loi pour qu’un individu puisse contracter mariage.
  • La majorité matrimoniale : âge au-dessus duquel le consentement des parents n’est plus exigé, par la loi, pour se marier.
  • La majorité civile : âge à atteindre pour être considéré juridiquement comme civilement capable et responsable.

Évolution de l’âge de la majorité en France

La sommation respectueuse : une procédure introduite pour se marier avec ou sans le consentement des parents

Par l’ordonnance royale de Blois promulguée en 1579, la majorité civile est fixée à 25 ans pour les deux sexes et la majorité matrimoniale est à 25 ans pour les filles et 30 ans pour les garçons.
Les enfants de moins de 25 ans étaient obligés d’obtenir le consentement de leurs parents pour se marier, les majeurs devaient « demander leur conseil », mais en cas de refus ils pouvaient passer outre.
Cette ordonnance précisait que tout curé qui célébrait un mariage sans le consentement des familles des futurs époux pouvait être puni pour le crime de rapt, ayant consacré une union « clandestine ».
Une déclaration de 1639 privait de leurs droits successoraux les enfants qui s’étaient unis par un tel mariage.

En 1692 est introduite la possibilité de « sommations respectueuses ».
Cela consistait à recourir à un notaire, qui se déplaçait à domicile, pour adresser une « sommation respectueuse » aux parents. Il fallait y recourir par trois fois, espacées d’un mois. Si les parents continuaient à s’opposer au mariage après le 3ème refus le mariage pouvait être célébré en passant outre, après qu’un Tribunal se fut prononcé sur le cas.

Durant ce laps de temps les parents espéraient voir leur enfant réfléchir et renoncer en se rangeant à leur avis. Cela était censé éviter un mariage précipité. Cela évitait également (principalement ?) d’avoir à verser une dot à la fille ou à procéder à un partage de biens quand on n’y était pas prêt.

Avec le code Napoléon en 1804, les enfants sont toujours obligés d’obtenir le consentement parental s’ils n’ont pas la majorité matrimoniale, fixée à 25 ans pour les garçons et 21 ans pour les filles.

A partir de 1896 au lieu de 3 sommations respectueuses une seule était nécessaire.

La loi du 21 juin 1907 remplaça cette procédure par une simple notification de projet de mariage.
Le 2 février 1933 une nouvelle loi fit disparaître cette obligation pour les enfants ayant atteint la majorité matrimoniale.
La dernière disposition fixant la majorité à 18 ans pour les garçons et les filles par la loi du 5 juillet 1974 leur permet de se marier librement.

A quel âge se mariait on ?

Prenons pour exemple, l’âge de l’épouse lors du mariage, d’une généalogie d’une famille des Mauges entre 1750 et 1800 :

Sur les 77 femmes prises en compte pour l’analyse statistique, 41 ont moins de 25 ans soit 53%. Ce qui explique que dans de très nombreux actes de mariages, il est indiqué : « fille mineure de… ». De même pour les garçons ou il est indiqué : « fils mineur de… ».

Où trouver des sommations respectueuses ?

Les sommations respectueuses restent rares, les jeunes gens acceptant généralement les décisions de leurs parents, surtout en matière matrimoniale. On en trouve toutefois en sous-série E (archives notariales). Elles ne sont, pratiquement jamais, mentionnées dans les actes de mariage. On peut soupçonner leur existence si les parents vivants d’une personne majeure ne sont pas présents dans l’acte de mariage.    

L’étude du notaire qui les détient se trouve nécessairement dans la même ville ou dans l’étude notariale la plus proche du domicile des parents récalcitrants. Comme le mariage a lieu dès les formalités d’actes respectueux puis de publication des bans accomplies, il faut rechercher la sommation dans les répertoires ou les minutes du notaire de la ville dans les trois mois précédant le mariage.

On peut également s’appuyer sur les tables de l’Enregistrement (série C ou sous-série 3 Q) suivant le type d’actes recherchés : table des vendeurs, acquéreurs, contrats de mariage, testaments, etc… ou sur les répertoires des notaires (sous-série 5 E) pour les Archives du Département de Maine-et-Loire.

En exemple : une sommation respectueuse qui se conclut par l’obtention du consentement des parents dès la première présentation : Coron 1805

Alors qu’il projette de se marier, Michel-Victor Chabosseau, bien qu’il soit juridiquement majeur, ne souhaite pas déroger à la coutume, il entend obtenir conseil et consentement de ses parents.
Mais, ses parents, principalement son père, restent sur leur position et font savoir leur opposition à ce mariage à chaque fois que leur fils vient les voir et leur demander de consentir à ce mariage.

Le 27 Floréal an XIII (17 mai 1805) Michel-Victor demande au notaire de Coron, Maître Patou d’adresser une sommation respectueuse à ses parents pour obtenir leurs consentements à son mariage avec Marie Chéné :

Sommation respectueuse par Michel-Victor CHABOSSEAU à Michel CHABOSSEAU et Jeanne BRUNET, ses père et mère
Le 27 Floréal an XIII
Napoléon 1er par la grâce de Dieu et la constitution de l’Etat Empereur des Français et roi d’Italie à tous présentant avenir salut et avenir faisons que
Devant nous Pierre Patou notaire public résident à Coron arrondissement de Saumur Département de Maine et Loire soussigné et en présence des témoins ci-après nommés
A comparu Michel-Victor Chabosseau garçon majeur âgé de 25 ans accomplis du 29 germinal dernier an XIII demeurant présentement au moulin de la Thibaudière commune de La Plaine
Issu du légitime mariage de Michel Chabosseau avec Jeanne Brunet, ses père et mère demeurant à la Petite Chèvrie commune de Coron
Lequel nous a dit que désirant depuis très longtemps se marier légalement avec Marie Chéné fille majeure demeurant avec sa mère aux Bousselières commune de La Plaine, fille probe, laborieuse, ayant de bonnes mœurs et tenant une conduite rangée et régulière qui lui a fait mériter l’estime des honnêtes gens

Et avoir plusieurs fois sollicité avec un profond respect lesdits Michel Chabosseau et Jeanne Brunet, ses père et mère de vouloir bien consentir à se qu’il épousa la dite Marie Chéné sans pouvoir obtenir leur consentement
Pourquoi désirant faire constater sa soumission et son respect envers ses dits père et mère
Acte conforme à l’article 252 arrêté le 21 ventôse de l’an XII additionnel à la loi du 26 ventôse de l’an XI il nous requiert de vouloir bien nous transporter à la métairie de la Petite Chèvrie commune de Coron au domicile de ses susdits père et mère pour leur notifier qu’il désirait instamment obtenir leur consentement pour le mariage qu’il voulait contracter avec la dite Marie Chéné et pour leur dire qu’il les suppliait très respectueusement par notre organe et notre ministère de vouloir bien donner leur adhésion
en conséquence de cette réquisition nous notaire susdit et soussigné accompagné des citoyens Nicolas David et Joseph Dominique Marie Vallée demeurant tous les deux commune de Coron
ou étant arrivés et ayant trouvés les dits Michel Chabosseau et Jeanne Brunet, sa femme nous leur avons dit que leur fils Michel-Victor Chabosseau nous mande ce jourd’hui auprès d’eux par notre organe et ministère sa supplication respectueuse qu’il leur avait fait verbalement  plusieurs fois avant  ce jour et qu’il les priait et suppliait d’abandonner, par la présente de vouloir bien consentir à son mariage avec la dite Marie Chéné  en qui il a mis depuis très longtemps son amitié et qui est un parti qui lui convient
lesquels nous ont dit savoir
la dite Jeanne Brunet, sa mère que puisque Michel-Victor Chabosseau son fils paraissait absolument décidé à se marier avec la dite Marie Chéné, elle ne voulait pas plus longtemps le contrarier en refusant son consentement  pourquoi elle déclarait par la présente consentir à ce mariage
et le dit Michel Chabosseau père qui jusqu’à ce moment avait refusé son consentement à ce mariage dans l’espérance que son fils pourrait changer de sentiment et de décision  mais que voyant qu’il persévérait toujours et qu’étant majeur de 25 ans il employait envers lui le moyen que lui fournit et procure la loi pour parvenir à terminer le mariage
il déclarait par la présente consentir à ce que son fils Michel-Victor Chabosseau se maria avec la dite Marie Chéné aussitôt qu’il le voudra et qu’il le dispensait de lui faire d’autre sommation respectueuse afin d’éviter les frais
De tout ce que nous avons dit le présent acte pour valoir au dit Michel-Victor Chabosseau fils ce que de droit et de raison
Fait et passé à la métairie de la Petite Chèvrie commune de Coron le 27 Floréal An XIII en présence
 des citoyens Nicolas David et Joseph Dominique Marie Vallée témoins et lecture faite les parties ont déclarer ne savoir signer
Mandons et ordonnons à tout huissier de justice de mettre la présente à exécution
A tout officier civil de la force de prêter forte quand ils se seront légalement requis
Et à tout procureurs impériaux près des tribunaux
La minute des présentes est signée David, Vallée et nous Patou notaire soussigné
Enregistré à Vihiers le 1er prairial de l’An XIII
Reçu 1 franc dix centimes
Signé Baranger pour le receveur général » (1)

Par cet acte, Michel-Victor a, enfin, obtenu les consentements de ses deux parents et le 28 mai 1805 (8 Prairial An XIII) il se marie avec Marie Chéné à La Plaine, Département de Maine et Loire :

Du 8ème jour du mois de Prairial An XIII de la république française sur les 6h du matin
Acte de mariage de Michel-Victor Chabosseau meunier âgé de 25 ans né commune de Coron, Département de Maine et Loire ,demeurant en cette commune, fils de Michel Chabosseau cultivateur demeurant commune de Coron, Département de Maine et Loire et de Jeanne Brunet tout les deux consentant d’après la sommation respectueuse à eux notifier par le citoyen PATOU, notaire à Coron le 27 Floréal dernier en présence des citoyens Nicolas David et Joseph Dominique Marie Vallée enregistrée en ce lieu le 1er de ce mois
Et Marie Chéné âgée de 22 ans née et domiciliée en cette commune, Département de Maine et Loire, fille du défunt Germain Chéné, menuisier de son vivant demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire et de Marie Egremond ici présente, ses père et mère
Ses actes préliminaires sont extraits des registres des publications de mariage faites à la mairie le 15 et le 22 Floréal. Ses actes préliminaires sont extraits des registres des publications de mariage faites à la mairie le 15 et le 22 Floréal dernier entre
Michel-Victor Chabosseau, meunier âgé de 25 ans, né commune de Coron, Département de Maine et Loire demeurant en cette commune, fils de Michel Chabosseau cultivateur demeurant commune de Coron, Département de Maine et Loire et de Jeanne Brunet, ses père et mère
Et Marie Chéné âgée de 22 ans née et domiciliée en cette commune Département de Maine et Loire fille du défunt Germain Chéné menuisier de son vivant demeurant en cette commune Département de Maine et Loire et de Marie Egremond ici présente, ses père et mère
Et affichés au terme de la loi le 15 et le 22 Floréal dernier
De tout informé, de tout les quatre actes, il a été donné lecture par moi officier public au terme de la loi les dits époux présent ont déclaré prendre en mariage
L’un Marie Chéné, L’autre Michel-Victor Chabosseau
En présence de
Pierre Froger tisserand âgé de 69 ans demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, frère de l’épouse à cause de Catherine Chéné
Pierre Paquier, tisserand âgé de 35 ans, demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, ami de l’époux
Mathurin Brunet, bordier âgé de 45 ans, demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, ami des époux
Jean Brémond, bordier âgé de 26 ans, demeurant en cette commune, Département de Maine et Loire, ami des époux
C’est pourquoi, moi, Fradin, maire de cette commune, faisant ses fonctions d’officier public de l’état civil, ai prononcé qu’au nom de la loi les dits époux sont unis par le mariage et ont les dits époux et témoins déclarés ne savoir signé sauf le citoyen Paquier
Lecture donné aux parties comparantes – Signatures : Fradin et Paquier (2)

À toutes les époques, la présence des parents à la célébration du mariage, qu’il soit religieux ou civil, valait consentement.
Or dans notre exemple, les parents ne sont pas présents au mariage de leur fils, bien qu’ils aient déclarer consentir à son mariage lors de la sommation respectueuse qui leur a été présentée par le notaire.
Il est probable que leur consentement ne signifiait pas encore acceptation.

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(1 et 2) Archives Départementales du Maine et Loire, La Plaine, Naissances, Mariages, Décès, 1792-1812, 6E240/6
Source de l’image de l’entête : Paysans des Mauges, fin XVIIIe siècle, Archives départementales du Maine-et-Loire, 11Fi 437…

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Thouars et les guerres de Vendée en 1793

5 mai 1793, l’armée vendéenne s’empare de Thouars

A Thouars, les forces républicaines, commandées par le général Quétineau, alignent 3 500 hommes. Les effectifs sont répartis de la façon suivante : 2 650 gardes nationaux divisés en cinq bataillons, 325 hommes du 8e bataillon de volontaires du Var, dit des Marseillais, 113 cavaliers divisés en cinq détachements et 62 canonniers des gardes nationales de Poitiers et Saint-Jean-d’Angély. Des volontaires de bataillons des Deux-Sèvres, de la Charente, de la Nièvre et de la Vienne sont également présents. (1) Les républicains disposent aussi de douze canons.

Les Vendéens sont quant à eux forts de 20 000 à 27 000 hommes. Entre un tiers et la moitié d’entre-eux sont armés de fusils. La cavalerie compte 750 hommes et l’artillerie dispose de six canons. Les insurgés sont menés par Jacques Cathelineau, Maurice d’Elbée et Jean-Nicolas Stofflet, Guy Joseph de Donnissan et Gaspard de Bernard de Marigny, Charles de Bonchamps et Jean-Louis de Dommaigné, Henri de La Rochejaquelein et Louis de Lescure. (2)

Sont présents aux côtés d’Henri de La Rochejaquelein, ceux de Saint Aubin de Baubigné, les Cochard, mais aussi, ceux de Coron, Michel-Victor Chabosseau et ses beaux-frères. Venant de Bressuire, René-Pierre Gellé et ceux de Pierrefitte se portent au pont de Saint Jean sous les remparts du Château. Les combattants vendéens des quatre familles sont tous à Thouars ensemble, sans se connaître et sans imaginer qu’un jour leurs descendants formeront une seule famille.

5 mai 1793 Les Vendéens attaquent Thouars (3)

Le matin du 5 mai, les Vendéens arrivent devant Thouars au niveau du village de Ligron, dans la commune de Sainte-Radegonde, en chantant le Vexilla Regis. Les deux armées sont séparées par un cours d’eau : le Thouet. Les Vendéens sont à l’ouest de la rivière et les républicains à l’est. Le passage est praticable sur trois points : au nord, au Gué-au-Riche, près du village de Pompois, à quatre kilomètres de la ville de Thouars ; au centre sur le pont de Vrines, près du village de Vrines ; et au sud, au pied des vieilles murailles de ville de Thouars, au bac de Saint-Jacques et au pont de Saint-Jean qui deviendra le « pont aux Chouans ».
La bataille s’engage à cinq heures du matin. Bonchamps attaque au Gué-au-Riche, La Rochejaquelein et Lescure au pont de Vrines, d’Elbée, Stofflet et Cathelineau au bac Saint-Jacques et Marigny et Donnissan au pont Saint-Jean.

Quétineau fait déployer 1 000 hommes du bataillon des Marseillais et du bataillon de la Nièvre avec trois canons sur les coteaux pour défendre le pont de Vrines, tandis 300 hommes constitués de volontaires de la Vienne, de gardes nationaux d’Airvault et de gardes nationaux à cheval commandés par Delivenne prennent position au Gué-au-Riche. La ville de Thouars est quant à elle située sur un haut promontoire et est protégée par de vieilles murailles en assez bon état de conservation. (4)

Les affrontements s’intensifient à partir de huit heures du matin et restent longtemps indécis sur tous les points. À Vrines, les républicains ont laissé le pont partiellement coupé et barré par une charrette de fumier renversée. Sur ce point, les chefs vendéens peinent à entraîner leurs hommes et la fusillade est si vive que La Rochejaquelein doit s’absenter un temps pour aller chercher des munitions. Par deux fois, Lescure se présente seul sur le pont, sous le feu des républicains, pour tenter d’entraîner ses hommes, mais sans succès. Finalement, à trois heures de l’après-midi, La Rochejaquelein, Lescure, un chef nommé Forest et un paysan franchissent seuls le pont. La masse des Vendéens s’élance alors et passe sur la rive droite. Pendant ce temps, au Gué-au-Riche, Bonchamps et Dommaigné, à la tête de la cavalerie, parviennent à venir à bout des volontaires de la Vienne et des gardes nationaux d’Airvault. Ils repoussent également la cavalerie républicaine qui fuit et prennent à revers les troupes au pont de Vrines, achevant de les mettre en fuite. Quétineau ordonne la retraite sous les murs de la ville. (5)

Les Vendéens marquent ensuite une pause pour faire traverser le gros de leurs troupes et leurs canons. Les patriotes reprennent un temps courage et se mettent en bataille au nord de la ville, confiants dans la nature du terrain. Mais les tirs des canons vendéens les font fléchir et ils se replient à nouveau derrière les murs de la ville.

Les Vendéens se ruent ensuite sur les remparts au niveau de la rue de Paris et tentent des créer des brèches sur les points les plus faibles des murs, aux moyens de piques et de pioches. La Rochejaquelein se hisse lui-même sur les épaules d’un combattant nommé Toussaint Texier, agrandit de ses mains une brèche de la muraille, depuis laquelle il fait ensuite feu sur les patriotes. Les insurgés parviennent finalement à enfoncer la porte et entrent dans la ville.

Les Vendéens au pied des fortifications (6)

Pendant ce temps, au pont de Saint-Jean, les canons commandés par Gaspard de Bernard de Marigny, ancien officier d’artillerie, finissent également par abattre la porte Maillot. Les forces de d’Elbée, Stofflet, Cathelineau et Donnissan s’engouffrent alors dans la ville par le sud. Les différentes colonnes font leur jonction dans le quartier Saint-Laon. (7)

Les Vendéens traversent le Pont neuf (aujourd’hui renommé Pont des Chouans) (8)

Le général Quétineau fait hisser le drapeau blanc et les combats s’achèvent entre 17 et 19 heures. Le juge de paix Redon de Puy Jourdain est chargé de la capitulation auprès de Maurice d’Elbée.

À l’exception de quelques volontaires marseillais qui s’enfuient à la nage, la petite armée de Quétineau est presque intégralement faite prisonnière. Les républicains laissent entre 500 et 600 morts et 3 000 prisonniers.
Le butin est également important. Les Vendéens capturent douze canons et s’emparent de plusieurs milliers de fusils et de munitions. Ils saisissent un trésor de 500 000 livres constitué d’objets d’or et d’argent dérobés dans les églises et d’une presse aux assignats.
Les prisonniers sont enfermés dans la cour du château, où ils demeurent 24 heures sans manger et presque sans boire, et sont dépouillés de leurs uniformes, qui sont brûlés. Ils sont finalement relâchés le 7 mai en échange du serment de ne plus porter les armes contre la Vendée.
Mis à part quelques insultes de la part de Stofflet, le général Quétineau est traité très courtoisement par les chefs vendéens. Il dîne avec eux au château et partage la chambre de Bonchamps dans l’hôtel Brossier de la Charpagne, son ancien quartier-général devenu celui de l’armée vendéenne. Il refuse les offres faites par les chefs royalistes de rejoindre l’armée vendéenne ou de demeurer comme prisonnier sur parole. Le 8 mai, il obtient un passeport qui lui permet de quitter Thouars et il se présente à Doué au général Leigonyer qui le fait mettre aux arrêts.

14 septembre 1793, la tentative de l’armée vendéenne pour reprendre Thouars, se solde par un échec

Le 14 septembre 1793, le général vendéen Louis de Lescure rassemble 2 000 hommes, pour la plupart, paysans des Mauges dont des membres de la famille Cochard pour empêcher la levée en masse dont les recrues devaient être rassemblées à Thouars.

En raison du faible nombre de gardes nationaux en poste, il aurait pu s’emparer de la ville mais ses hommes refusèrent d’attaquer de nuit. Le lendemain, au point du jour, il s’empare du pont de Vrines puis entre dans les faubourgs. Mais les gardes présents sur place ont été rejoints par les troupes républicaines, au nombre d’environ 20 000 hommes, commandés par le général Gabriel-Venance Rey basées à Airvault. En infériorité, l’armée vendéenne doit battre en retraite. Lescure rappelle ses soldats occupés et se retire en bon ordre. (9)

Les pertes vendéennes furent de 20 morts, les pertes des Républicains de 6 morts et 15 blessés.

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(1) SAVARY Jean-Julien, Guerre des Vendéens et des Chouans, Tome 1, 1824
(2) GABORY Émile, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931réimpression 2009

(3) ROUSSEL Philippe, La croisade vendéenne (1793-1796), Thouars, 5 mai 1793, 1960, p 47
(4) AMIGLIO Daniel-Jean, Thouars et les armées vendéennes, cité dans « Histoire militaire des guerres de Vendée », COUTAU-BEGARIE Hervé et DORE-GRASLIN Charles (direction), Economica, 2010

(5) AMIGLIO Daniel-Jean, Thouars et les armées vendéennes, cité dans « Histoire militaire des guerres de Vendée », COUTAU-BEGARIE Hervé et DORE-GRASLIN Charles (direction), Economica, 2010
(6) Prise ​​de Thouars par les Vendéens en 1793, Lithographie, Anonyme, XIXe siècle
(7) SAVARY Jean-Julien, Guerre des Vendéens et des Chouans, Tome 1, 1824
(8) DRAKE Thomas, (1818-1895), Vue de Thouars, le Pont des Chouans, entre 1856 et 1860, BNF
(9) BLANCHARD Pierre, Histoire des batailles, sièges et combats des Français, depuis 1792 jusqu’en 1815, Imprimerie Imbert, 1818

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René-Pierre Gellé, charron à Pierrefitte (Deux-Sèvres), lors des guerres de Vendée

René-Pierre Gellé est le 3ème fils de Joseph Gellé et de sa deuxième femme Marie Civrais, il est né le 28 juin 1759.
Le 15 novembre 1791, il se marie avec Marie Magdeleine Baudry. Il est alors âgé de 32 ans.
Le couple va donner naissance à 8 enfants entre 1792 et 1814.

René-Pierre exerce le métier de charron à Pierrefitte, berceau de la famille Gellé.
Il met son savoir-faire au service de l’armée royale d’Anjou et du Haut Poitou, en fabricant charrettes et carrioles pour transporter armes et vivres et participe aussi à certains combats.

Destruction et reconstruction de sa maison

La maison de René-Pierre Gellé est partiellement détruite, vraisemblablement lors des incursions des colonnes infernales en 1794.
Le document ci-dessous a été établi en 1808 et 1811. Il fait état des destructions et endommagements faits aux constructions lors des guerres de Vendée à Pierrefitte.
Sont listés : la valeur avant et après la reconstruction, si la maison a été reconstruite et le coût de reconstruction si la maison est toujours en ruine.
La maison de René-Pierre Gellé a été reconstruite en 1803, sa valeur a été estimée à 300 francs avant la destruction et à 600 francs après sa reconstruction.

Archives Départementales des Deux-Sèvres, Dossiers vendéens, destructions

Blessure

Il sera blessé par deux coups de sabre et d’un coup de bayonnette (baïonnette) comme nous l’apprends, la demande de secours de 1824 reproduite ci-dessous.
Dans quelle circonstance a-t-il été blessé ? Lors d’un combat ? Lors de la destruction de sa maison ?
La demande de secours indique : « Manque le certificat d’indigent ».
René Pierre était il indigent en 1824 ? ou est ce que, pour percevoir un secours, il fallait être reconnu indigent ?

Archives Départementales des Deux-Sèvres | 1815 – 1827 | AD79 R69-12, Archives militaires – Secours aux anciens soldats vendéens. Dossiers individuels (Parthenay – Rorthais)

Pourtant, à chaque naissance de ses enfants de 1792 à 1814, René-Pierre est identifié comme charron habitant la commune de Pierrefitte.
En 1824, il a 65 ans et n’est peut-être plus apte à travailler comme charron, travail au combien physique…

Il meurt, 12 ans plus tard, le 25 août 1836, à l’âge de 77 ans.

Le métier de charron

En hiver, le charron s’occupait de rentrer son bois et dès les beaux jours, les commandes affluaient, pour préparer le matériel utile aux moissons, construire ou réparer charrettes, tombereaux et carrioles. Il travaillait avec le forgeron en voiture pour le cerclage et le ferrage des roues. Des commandes lui étaient, aussi, passées pour des échelles, mangeoires, râteliers, brouettes, crèches et tonneaux.
Le charron pouvait être aussi appelé « embatteur de roues », « rodier » ou « royer ».

Au cœur du métier de charron était sa maîtrise de la roue, sa taille dépendant du type de véhicule sur lequel elle serait fixée. Le charron fabriquait les roues en construisant d’abord le moyeu (appelé la nef), les rayons et la jante en les assemblant à partir du centre de la roue vers l’extérieur. Le cerclage était réalisé par forge et cintrage. Cette opération consistait généralement à enfermer la roue dans un bandage en fer, placé à chaud au rouge sur le bois de la périphérie circulaire. Le fer se contractait alors en se refroidissant à température ambiante, le rétrécissement assurant le serrage de toutes les pièces assemblées. La roue devait être suffisamment solide pour supporter une lourde charge, mais surtout, être capable de résister aux surfaces inégales et rugueuses.

Un tour de charron

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La réponse des révolutionnaires aux Vendéens : dépopulation ou génocide ?

Lors des guerres de Vendée, comme dans l’ensemble du territoire dit de la Vendée militaire, les villages de mes ancêtres : Coron, Les Cerqueux, (Maine -et Loire) Saint Aubin de Baubigné, Combrand et Pierrefitte (Deux-Sèvres) ont été quasi-intégralement ou partiellement détruits et les habitants ont fui leurs maisons. Dans un ouvrage collectif, dirigé par l’historien Jacques Hussenet un relevé exhaustif du nombre d’habitants des 735 communes du territoire en 1791, 1800, 1806 et 1820 a été réalisé. (2). La carte ci-dessous illustre la perte d’habitants plus ou moins forte selon les communes entre 1791 et 1800.

Source des données : Détruisez la Vendée, ouvrage collectif sous la direction de Jacques Hussenet, Edition du Centre vendéen de recherches historiques, 2007, pages 583 à 621

La situation spécifique de chacun des villages :

Les réactions des révolutionnaires face aux soulèvements vendéens

Barère en juillet 1793 propose un plan de destruction totale : « L’inexplicable Vendée existe encore… Elle menace de devenir un volcan dangereux… Vingt fois les représentants, les généraux, le Comité lui-même nous ont annoncé la destruction prochaine de ces fanatiques… La Vendée est l’espoir des ennemis du dehors et le point de ralliement de ceux de l’intérieur… Détruisez la Vendée ! » (1)

Dès son arrivée en Vendée, au lendemain de Savenay, Turreau écrit au Comité de Salut Public : « Je vous demande une autorisation expresse ou un décret pour brûler toutes les villes, villages et hameaux de Vendée qui ne sont pas dans le sens de la Révolution et qui fournissent sans cesse de nouveaux aliments au fanatisme et à la royauté. » (2)

Face à la révolte des Vendéens, au nom de l’unité nationale, la répression devait être à la mesure du danger encouru par le régime issu de la Révolution comme Robespierre l’exprima au Comité de Salut Public : « Il faut étouffer les ennemis intérieurs de la République ou périr avec elle ; or, dans cette situation la première maxime de votre politique doit être qu’on conduit le peuple par la raison et les ennemis du peuple par la terreur… Cette terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible. » (3)

Les destructions et massacres s’inscrivent dans cette logique incontestée. Dès le 1er octobre 1793 la Convention le proclame à l’armée de l’Ouest : « Soldats de la liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés ; le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir… » (4)

Dès lors la mission exterminatrice passe avant les opérations militaires : « dépeupler la Vendée » dira Francastel en janvier 1794 ; « purger entièrement le sol de la liberté de cette race maudite » dira le général Beaufort au même moment.

Femmes et enfants sont condamnés avec circonstances aggravantes : les premières en tant que sillon reproducteur, « sont toutes des monstres », « les seconds sont aussi dangereux car brigands ou en passe de le devenir » dira Carrier (5)

Dépopulation ou génocide

Système de dépopulation dira Gracchus Babeuf en 1795 (6), génocide dira Reynald Sécher en 1986, volonté de punir la Vendée de la part de la Convention pour s’être opposé à la Révolution, sans aucun doute.

Combien de morts?

La deuxième question qui fait débat entre les historiens spécialistes des guerres de Vendée est le nombre de morts. Un consensus se dégage autour du chiffre de 170 000 morts.

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(1) CHASSIN, La Vendée patriote Tome 3 p170, cité par SECHER Reynald, «La Vendée-Vengé le génocide franco-français», Perrin 1986, réédition 2006
(2) CARRE, Le général Turreau et les Bourbons, 1980, cité par SECHER Reynald, «La Vendée-Vengé le génocide franco-français», Perrin 1986, réédition 2006
(3,4,5) SECHER Reynald, La Vendée-Vengé le génocide franco-français, Perrin 1986, réédition 2006
(6) BABEUF Gracchus, La guerre de la Vendée et le système de dépopulation, Les éditions du Cerf, Paris 2008

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De l’écu de la Maison de Thouars à l’écu de la ville de Thouars

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Les guerres de Vendée racontées par Pierre Devaud

Qui était Pierre Devaud ?

Pierre Devaud est né le 7 juin 1775 aux Cerqueux de Maulévrier, canton de Cholet, à la limite des Départements des Deux-Sèvres et de Maine et Loire. En 1792, année de sa première campagne, il habitait la ferme de Boisdon, située à quelques 500 mètres du bourg, avec son père Jacques et son frère cadet Jean. Il avait alors 17 ans. C’est à Boisdon qu’il dit avoir achevé la rédaction de ses mémoires, le 10 mars 1800.

Plaque commémorative sur la ferme de Boisdon

Le livre de la Gère

Le Livre de la Gère de Pierre Devaud a été imprimé en 1882 par les soins de l’abbé Augereau, curé du Boupère, sous le titre de « Mémoires de Pierre Devaud ». Le texte de cette première édition a été tirée à 120 exemplaires.


L’abbé Augereau avait d’abord pensé « qu’il convenait de traduire le récit de Pierre Devaud et de rétablir au moins les règles de grammaire ». Mais il jugea « qu’il valait mieux ne pas y toucher et reproduire son style avec sa saveur native ».
Pierre Devaud écrit, ou plutôt s’efforce d’écrire en Français, mais sa langue usuelle n’est pas celle qu’il écrit. Pierre Devaud a été alphabétisé en français, mais visiblement, cette alphabétisation reste incomplète. La faute d’orthographe, la graphie, voire les calques linguistiques, les hypercorrections, révèlent une autre langue.

Extrait du Livre de la Gère : les premiers combats de mars 1793

Le 11 mars 1793 je reprie les arme pour me batre, comme étant fuyand nous parcourions les villages des Cerqueu et St Aubin Baubignier et Yzernais nous fime un rasemblement dans le Bois de St Louis, déeque nous fume 70 homme nous marchime sur Maulevrier, les Bleu nous virre venir de loind il prire la fuite a Chollet nous entrime dans Maulevrier le 12 mars au matin nous prime 40 fusits de gerre et 60 hommes de ranfords.
De Maulévrier nous ont retourné dans le bois de St Louis et nous avont trouvez du ranford au nombre de 8 a 9 cent homme de ranford, de la nous avont prie la route de Termantine par Tout le Monde et les forest, cans nous fume a Termantine nous ont trouvez une autre armée des notre et nous etion plus de 15 mille homme, la, sous les ordres du general Dalbet il nous a conduit à Chollet, nous avion 3 piece de Canon et nous voilla à nous batre contre les Choltais, qui étais 1500 homme et 12 petite pièce de Canon, nous prime les 12 piece de canon et 350 Bleu de mort et le restant prie prisonier, nous ont hue 40 homme des notres de morts, nous ont partie de Chollet de la à Nuallier de Nuallier à Vezin de Vezin a Coron la nous ont trouvez les Bleu a la Barrière des Homme qui nous attendais nous les ont batu et prie une piece de canon nomée Marie Janne et thué 40 Bleu et 6 des notre de mort, de Coron nous ont été a Vihiers dont que les abitant avait prie la fuite a Douai, de Vihiers nous ont retourné à Coron de Coron a Vezin de Vezin a Nuaillier de Nuaillier a Termantine de Termantine a Chemilier la les Bleu nous ont laisés une piece de canon, cette une piece de 4, et de Chemilier a St Lorant de la Plaine de St Lorant de la Plaine a Chalonne la nous ont prie 4 piece de canon, de Chalonne à Névie de Névie a St Lézin de St Lézin a la chapelle Rousselin de la chapelle Rousselin a Termantine de Termantine a Yzernais de Yzernais aux Cerqueux de Maulevrier.
Asanblement a Coron

Parcours décrit par Pierre Devaud du 11 au 27 Mars 1793

172 kilomètres de marche à pied, en sabots, en 15 à 20 jours

En mars 1793 c’est toute la région des Mauges qui se soulève, St-Florent, Tiffauges, Chemillé puis la ville de Cholet le 14 mars. Les symboles de la République sont détruits, renversés ou brulés et des exactions sont commises contre les républicains locaux et leurs biens. La garde nationale tire il y a des morts de part et d’autre, c’est le début d’une insurrection générale. Les débuts sont chaotiques, la révolte gagne plus ou moins rapidement les différentes zones géographiques du territoire insurgé qui sera appelé Vendée militaire (zone comprenant le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire (région des Mauges) et le nord des Deux-Sèvres (le Bocage). Elle était en outre délimitée par les villes de Nantes, Angers, Saumur, Thouars, Parthenay, Luçon, Fontenay-le-Comte et Les Sables-d’Olonne.

Des ancêtres de notre histoire familiale vont se retrouver combattants au côté de Pierre Devaud, la trace d’une dizaine de membres de la famille Cochard et de membres de la famille Chabosseau est attestée aux premiers combats de Mars 1793 décrits par Pierre Devaud, puis en mai 1793, à la bataille de Thouars.

Qu’est ce qui a tant fait marcher Pierre Devaud et ses camarades ? Même si Le livre de la Gère ne dit rien d’explicite sur les motivations du marcheur, le retour systématique à la ferme familiale après chaque marche, l’usage de la langue régionale révélée par l’écriture du français, disent au moins l’attachement à une terre et l’appartenance à une culture.

Extrait du Livre de la Gère : Incendies de Boisdon et de La Sèvrie, massacre de la forêt de Vezins en mars 1794

Redonnons la parole à Pierre Devaud qui relate dans le livre de la Gère, les attaques des Cerqueux et de Saint Aubin de Baubigné, entre le 12 et le 18 mars 1794 :

Zoulerie, le lendemain 12 mars, les Bleu sont venue par les Saulais et ont mie le feu a Boisdon il ont fait brullez la palle, le foin et la grange, et ont prie la route de la Forais de Vezin et ont fait un grand masacre dans cette Forais. Et nous de Puiaubrain jont été a la Cousais, jont passé cette journée sans joie, de la Cousais nous ont retourné le soir par la Troche jont retourné couchez aux logis de Boisdon.
De Boisdon a la Rochemousset, les Bleu venait a la Sévrie de la aux Zoulerie lermé était a St Aubin et sont venue attaquet les Bleu au Zoulerie et ont Batu les Bleu complement, nous de la Rochemousset jont retourné par les Foucherie a la Cousais de la a la Morignière de la Morignière par les Nousperouse jont été aux Plaisir Neuf, la nous avont trouvez du ranford. Nous avont retourné sur nos pas et les Bleu était ant deroutte et jont trouvez des egallier, nous ant non join un a la Charrenaire nous l’avons poursuivez jusque a Cotreuil j’ai tirre sept coup de fuzits sur lui, le dernié coup de fuzits que j’ai tirré sur lui je lui ai donné dans les rain et il a tombé mort dans le grand champs de Cotreuil il avait 60 dasignats et 20 mouchoir de soies.
De la nous somme tombez aux Serneaux et nous avont trouvez un autre Bleu cachez dans un fossés et il sez levez et nous a demandé a parler au general mais jai accoursie ce compliment, je lui ai donné un coup de fuzie dans le vantre je lui ai donné un autre coup de fuzie et après je lai fouillée il avait 5 dasignats et prie ses depoulle, et du Serneau jont été a Boisdon que jont trouvez le feu dans le restant de nos batiments, la fournie a brullé et nos couette dans la maison, le restant de notre menage a brullez ce jour la cetté le 18 mars jont perdu le 12 et le 18 mars plus de 3000 defait j’ai resté avec les hardes que j’avais sur le cors, le reste ai perdu pour mois.

Pierre Devaud nous raconte en creux l’incendie de sa métairie (Boisdon), celle de La Sèvrie et des fermes alentour n’est pas évoquée et le massacre de la forêt de Vezins est juste signalé. Il s’attarde sur le fait le plus marquant pour lui, le fait qu’il ait tué deux soldats bleus.

Mars 1794 : le massacre de la forêt de Vezins

L’événement de la forêt de Vezins, à Yzernay, près de Cholet eu lieu le 25 mars 1794. Conduite par un traître nommé Porcher, la troupe du général républicain Crouzat pénétra dans la forêt qui servait de quartier-général à Stofflet, d’infirmerie et de refuge à toute la population des environs. L’officier savait que les soldats de l’armée vendéenne étaient absents. Une épouvantable tuerie s’ensuivit : les vieillards, les femmes et les enfants ainsi que les blessés furent impitoyablement massacrés. On compta plus de 1200 victimes.
En 1821, le comte de Colbert, propriétaire des lieux, fait édifier une croix à l’endroit du massacre où ont été enterrées les victimes. Et en 1862, c’est une chapelle qui est construite.

Les liens entre les familles Cochard et Devaud

La tragédie des Margirandières – juin et août 1794

Magdeleine Cochard, 11ème enfant du patriarche Pierre Cochard est née le 19 avril 1768 à la Cantinière, en la commune de Saint-Aubin-de-Baubigné. Elle épouse le 21 juillet 1789, le jour précédant la Grande Peur, Mathurin Challet, de 3 ans son ainé, veuf de Marie Berson. Ses témoins sont : son père Pierre Cochard et son beau-frère Jacques Gourdon.
Le couple s’installe dans l’une des borderies des Margirandières. De cette union vont naître 3 enfants : Magdeleine Rose en avril 1790, Marie en mai 1792 et Mathurin Pierre le 2 juin 1794.
10 jours plus tard, le 12 juin 1794, Mathurin Challet est tué par l’incursion d’une colonne républicaine.
Magdeleine meurt, deux mois plus tard, le 25 août 1794. Meurt-elle des suites de son accouchement ? de coups et blessures reçus en juin ? nous ne le savons pas.
Ils laissent leurs trois enfants âgés de 4 ans, 2 ans et 2 mois, orphelins de père et de mère.

Mathurin Pierre Cochard épouse Jeanne Perrine Devaud

Mathurin Pierre, le petit orphelin, épousera le 13 mai 1823, dans l’église des Cerqueux, Jeanne Perrine Devaud, la petite fille de Pierre Devaud, liant ainsi les familles Cochard et Devaud.

Merci à Michel Dénéchère auteur du site http://lescerqueux.com/ pour m’avoir fait découvrir les écrits de Pierre Devaud

Les guerres de Vendée racontées par Pierre Devaud Lire la suite »

Les romans doux-amers de Patrick Gale

Patrick Gale est un écrivain britannique né en 1962. Il est le cadet d’une famille de quatre enfants dont le père était directeur de la prison de Camp Hill sur l’Île de Wight – tradition familiale apparemment puisque le grand-père dirigeait, lui, la prison voisine de Parkhurst. Patrick Gale ne suivit pas les traces de ses ainés. Après avoir déménagé encore enfant à Londres où son père prit la tête d’une autre prison – Wandsworth – puis à Winchester, Patrick Gale décida de suivre des études d’Anglais dont il obtint le diplôme en 1983.

Patrick Gale, à la suite de ses études, ne trouva jamais, selon ses dires, de « boulot d’adulte »… Pendant trois ans il dort à droite à gauche, un soir dans un squat de Notting Hill, le lendemain dans un château en ruine en France. L’important pour lui, à ce moment-là, c’est l’écriture, il a débuté déjà la rédaction de son premier roman, et survit grâce à de petits boulots : copiste, serveur-chanteur, secrétaire, nègre pour une encyclopédie musicale ou le plus souvent critique littéraire.
Il s’installe en 1987 en Cornouailles, une région dont il tombe éperdument amoureux et où il situe l’action de tous ses livres depuis. Ecrivain reconnu et respecté, il se refuse à être étiqueté « écrivain gay en guerre contre les archaïsmes sociaux », il aborde avec beaucoup plus de finesse et de largeur de vue les frictions entre impératif du désir et morale : « le désir me fascine car il est imprévisible, par-delà la morale. »

Roman 1 : Tableaux d’une exposition

Un jour d’hiver, Rachel Kelly, peintre de renom, s’écroule en plein travail dans son atelier, laissant derrière elle une œuvre importante et une famille déchirée. Un homme, d’abord, Antony, qui fut son compagnon, son soutien, son souffre-douleur aussi ; deux fils qui ne se sont jamais sentis à la hauteur de cette mère trop douée ; une fille, Morwenna, qui a choisi de fuir… Réunis dans la demeure familiale des Cornouailles, le passé refait surface, et les secrets de Rachel s’esquissent et se ravivent. Qui était cette peintre de génie qui faisait passer l’art avant toute chose ? Et qu’est-il vraiment arrivé à Petroc, le petit dernier, le fils préféré, disparu trop tôt, dont l’ombre plane toujours sur la maison ? Quels secrets les tableaux de Rachel Kelly ont-ils encore à livrer ?

De son écriture tout en nuances, Patrick Gale nous livre une chronique familiale douce-amère autour de la figure maternelle d’une artiste peintre bohème et excentrique, dans le décor splendide de la Cornouailles.

Premières pages…

VAREUSE DE PÊCHEUR (DATE INCONNUE).
Coton. Bleu marine.
Plusieurs vareuses comme celle-ci ont été ache­tées par Rachel Kelly au fil des années qu’elle a passées à Penzance. Elle se les procurait auprès du shipchandler de Newlyn et s’en servait comme d’une blouse, pour protéger ses vêtements (encore que les taches de peinture ne semblent jamais l’avoir gênée, pas plus que le chaos dans lequel elle travaillait, comme l’attestent, derrière vous, les photographies de ses deux lieux de travail favoris.) Dans la mesure où aucun de ses ateliers n’était chauffé, il est probable que la vareuse la protégeait aussi du froid. Kelly faisait grand usage des poches – seul endroit, confia-t-elle un jour plaisamment à Wilhelmina Barns-Graham, où elle pouvait préserver ses biscuits au chocolat de la peinture (voir le dessin humoristique de la carte postale ci-dessous). Contradiction typique du personnage : Kelly, qui ne mit jamais les pieds sur un bateau de toute sa vie, méprisait la mode des fausses vareuses en coton mélangé et ne jurait que par la couleur bleu marine. Le jour de sa mort, elle portait un modèle encore plus usagé et maculé que celui-ci. C’est dans cette tenue qu’on l’enterra.

Rachel fut réveillée par un tableau, ou plutôt par l’idée d’un tableau. Sa première réaction fut d’angoisse, comme on en éprouve à être arraché au ravissement d’un rêve, et elle referma les yeux, inspirant profondément dans l’espoir de se rendormir aussitôt et de renouer le fil perdu. Mais son réveil était complet et l’état d’ébullition de son cerveau tel qu’elle n’aurait pu éviter la prise de sang et l’ordonnance que Jack Trescothick lui aurait prescrites, s’il l’avait su.
Le tableau persistait, telle l’image brûlante qu’imprime sur la rétine un objet contemplé en plein soleil. Il lui suffisait de cligner des yeux pour le revoir un court instant. Elle voyait les couleurs, percevait leur splendeur vibrante et bourdonnante, mais redoutait de les perdre en bougeant trop tôt ou en se mettant à parler.
Elle avait toujours travaillé ainsi, jeune. Ou du moins, plus jeune. Une image, les éléments d’une image lui venaient de façon soudaine, et si rien autour d’elle ne semblait les appeler, sa tâche à elle, celle de son imagination folle, était de les retenir assez longtemps pour les fixer sur le papier ou sur la toile. Elle éprouvait, à décrire le processus, une réticence superstitieuse, mais si un ami l’avait obligée à le mettre en mots elle l’aurait comparé à une dictée – en supposant qu’une image puisse se dicter – lue par un maître imprévisible qui ne consentirait peut-être pas à répéter ce qu’on n’a pas compris. Dès lors qu’elle trouvait un moyen, même grossier, de traduire l’image en se saisissant d’un pastel, d’un crayon, d’un bâton de rouge à lèvres, de n’importe quel objet lui tombant sous la main – jusqu’à la sucette verte de sa fille, un jour -, elle était presque sûre d’y avoir accès de nouveau pour pouvoir, le moment venu, la parfaire à loisir.

Contrepoint

La peintre GLUCK, née Hannah Gluckstein, qui faisait partie justement du mouvement bohème du Newlyn School à la fin des années 1910, début des années 20 est une figure de l’époque. Adoptant alors une identité d’homme sous ce pseudonyme Gluck, s’habillant en vêtements d’homme et coiffée selon la mode masculine de l’époque, elle, comme beaucoup de ses collègues, porte la vareuse du pêcheur.

Roman 2 : Une douce obscurité

Dido a neuf ans et un caractère bien trempé. Et c’est tant mieux, car la fillette a déjà eu son lot de tragédies. Orpheline, elle vit chez Eliza, sa tante, qui l’a adoptée et élevée avec son ex-mari Gyles, jusqu’à ce que le couple se sépare. Lorsque Eliza apprend que sa mère vient d’être victime d’une attaque, Dido voit l’occasion de connaître enfin sa grand-mère et convainc Eliza de se rendre en Cornouailles au chevet de la malade. Eliza est alors loin d’imaginer que ce voyage du retour va lui donner l’occasion miraculeuse de renouer avec sa propre existence. Silences, révélations et passions troubles, Patrick Gale signe un roman doux amer sur le poids des secrets et la poursuite capricieuse du bonheur.

Roman 3 : Jusqu’au dernier jour

Jusqu'au dernier jour

Bref et bouleversant, le roman des retrouvailles de deux anciens amants. Construite au fil d’une journée d’été entrecoupée de souvenirs, une love story au charme bohème et à l’excentricité tout anglaise, une chronique douce-amère sur le hasard, les rendez-vous manqués et les regrets. Au coin d’une rue, Ben tombe sur Laura. Il est médecin à l’hôpital ; elle, comptable, est revenue vivre dans la maison de son enfance. Il est marié ; elle a enchaîné les liaisons. Il veille sur son frère handicapé, Bobby ; elle prend soin de sa mère. Mais surtout, autrefois, à Oxford, lorsqu’ils étaient étudiants, Ben et Laura étaient tombés fous amoureux. Ils ne se sont pas revus depuis vingt ans. Sauront-ils saisir la seconde chance qui s’offre à eux ? Que reste-t-il de leurs amours ?

Premières pages

LAURA ÉTAIT RÉVEILLÉE DEPUIS PLUSIEURS MINUTES lorsqu’elle s’aperçut qu’il y avait un problème. Elle ouvrait toujours ses rideaux avant de se coucher, préférant être tirée lentement du sommeil par les premières lueurs du jour plutôt que d’en être arrachée par une sonnerie. (Commencer plus tard les mois d’hiver était un des rares plaisirs que lui offrait son travail de comptable free-lance.) Allongée très confortablement, elle rassembla donc doucement ses esprits – où était-elle et pourquoi ? -, huma les doux effluves du rosier Sombreuil qui lui bouchait en partie la vue sur le jardin et écouta les cris affamés des oisillons de la mésange bleue dans le nichoir à côté du rebord de fenêtre. Son esprit nota le roman américain qu’elle s’obstinait à lire malgré son manque de vertus émollientes et l’efflorescence qui empourprait le fond du verre à vin posé sur sa table de nuit. Son bien-être diminuait à mesure que les meubles et les tableaux lui rappelaient qu’elle n’était plus à Paris, mais à Winchester, que ce n’était pas sa chambre, du moins pas encore tout à fait, mais la chambre d’appoint de sa mère.
Elle venait de se dire avec un soupir rentré qu’elle l’occupait depuis assez longtemps pour qu’une telle distinction ait un arrière-goût de lâcheté, lorsqu’elle se rendit compte que le bruit de fond sur lequel se détachaient les cris des bébés mésanges bleues n’était pas, comme elle l’avait cru, le roucoulement d’une tourterelle turque, mais maman qui l’appelait du jardin.
Elle jura à mi-voix en s’apercevant qu’il n’était que six heures et demie et alla jeter un coup d’œil entre les branches du rosier. Elle jura une seconde fois, plus fort, et enfila sa robe de chambre en courant.

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Suite française – Irène Némirovsky

Écrit dans le feu de l’Histoire, Suite française dépeint presque en direct l’Exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toute sorte, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Cocottes larguées par leur amant, grands bourgeois dégoûtés par la populace, blessés abandonnés dans des fermes engorgent les routes de France bombardées au hasard… Peu à peu l’ennemi prend possession d’un pays inerte et apeuré. Comme tant d’autres, le village de Bussy est alors contraint d’accueillir des troupes allemandes. Exacerbées par la présence de l’occupant, les tensions sociales et frustrations des habitants se réveillent…

Roman bouleversant, intimiste, implacable, dévoilant avec une extraordinaire lucidité l’âme de chaque Français pendant l’Occupation (enrichi de notes et de la correspondance d’Irène Némirovsky), Suite française ressuscite d’une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire.

De son village de Saône-et-Loire où elle est réfugiée, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Au fil de l’écriture et de l’avancée allemande, son roman se fait le miroir inquiétant du quotidien d’un pays sous le joug, jusqu’à ce que la réalité dépasse tragiquement la fiction lors de son arrestation en juillet 1942. Ainsi la grande Histoire précipite-t-elle le destin de la romancière et, avec lui, celui de Suite française. Son manuscrit inachevé, ses notes et nombreux écrits sont confiés à ses enfants dans une précieuse valise. Des années plus tard, sa fille, Denise Epstein, en exhume le roman Suite française. Il existait cependant deux versions de la fameuse suite romanesque : une version brute, originelle, la toute première (Denoël, 2004), et puis une seconde remaniée, plus ramassée, plus aboutie, celle que l’auteure envisageait de publier.

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