La réponse des révolutionnaires aux Vendéens : dépopulation ou génocide ?

Lors des guerres de Vendée, comme dans l’ensemble du territoire dit de la Vendée militaire, les villages de mes ancêtres : Coron, Les Cerqueux, (Maine -et Loire) Saint Aubin de Baubigné, Combrand et Pierrefitte (Deux-Sèvres) ont été quasi-intégralement ou partiellement détruits et les habitants ont fui leurs maisons. Dans un ouvrage collectif, dirigé par l’historien Jacques Hussenet un relevé exhaustif du nombre d’habitants des 735 communes du territoire en 1791, 1800, 1806 et 1820 a été réalisé. (2). La carte ci-dessous illustre la perte d’habitants plus ou moins forte selon les communes entre 1791 et 1800.

Source des données : Détruisez la Vendée, ouvrage collectif sous la direction de Jacques Hussenet, Edition du Centre vendéen de recherches historiques, 2007, pages 583 à 621

La situation spécifique de chacun des villages :

Les réactions des révolutionnaires face aux soulèvements vendéens

Barère en juillet 1793 propose un plan de destruction totale : « L’inexplicable Vendée existe encore… Elle menace de devenir un volcan dangereux… Vingt fois les représentants, les généraux, le Comité lui-même nous ont annoncé la destruction prochaine de ces fanatiques… La Vendée est l’espoir des ennemis du dehors et le point de ralliement de ceux de l’intérieur… Détruisez la Vendée ! » (1)

Dès son arrivée en Vendée, au lendemain de Savenay, Turreau écrit au Comité de Salut Public : « Je vous demande une autorisation expresse ou un décret pour brûler toutes les villes, villages et hameaux de Vendée qui ne sont pas dans le sens de la Révolution et qui fournissent sans cesse de nouveaux aliments au fanatisme et à la royauté. » (2)

Face à la révolte des Vendéens, au nom de l’unité nationale, la répression devait être à la mesure du danger encouru par le régime issu de la Révolution comme Robespierre l’exprima au Comité de Salut Public : « Il faut étouffer les ennemis intérieurs de la République ou périr avec elle ; or, dans cette situation la première maxime de votre politique doit être qu’on conduit le peuple par la raison et les ennemis du peuple par la terreur… Cette terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible. » (3)

Les destructions et massacres s’inscrivent dans cette logique incontestée. Dès le 1er octobre 1793 la Convention le proclame à l’armée de l’Ouest : « Soldats de la liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés ; le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir… » (4)

Dès lors la mission exterminatrice passe avant les opérations militaires : « dépeupler la Vendée » dira Francastel en janvier 1794 ; « purger entièrement le sol de la liberté de cette race maudite » dira le général Beaufort au même moment.

Femmes et enfants sont condamnés avec circonstances aggravantes : les premières en tant que sillon reproducteur, « sont toutes des monstres », « les seconds sont aussi dangereux car brigands ou en passe de le devenir » dira Carrier (5)

Dépopulation ou génocide

Système de dépopulation dira Gracchus Babeuf en 1795 (6), génocide dira Reynald Sécher en 1986, volonté de punir la Vendée de la part de la Convention pour s’être opposé à la Révolution, sans aucun doute.

Combien de morts?

La deuxième question qui fait débat entre les historiens spécialistes des guerres de Vendée est le nombre de morts. Un consensus se dégage autour du chiffre de 170 000 morts.

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(1) CHASSIN, La Vendée patriote Tome 3 p170, cité par SECHER Reynald, «La Vendée-Vengé le génocide franco-français», Perrin 1986, réédition 2006
(2) CARRE, Le général Turreau et les Bourbons, 1980, cité par SECHER Reynald, «La Vendée-Vengé le génocide franco-français», Perrin 1986, réédition 2006
(3,4,5) SECHER Reynald, La Vendée-Vengé le génocide franco-français, Perrin 1986, réédition 2006
(6) BABEUF Gracchus, La guerre de la Vendée et le système de dépopulation, Les éditions du Cerf, Paris 2008

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Les guerres de Vendée racontées par Pierre Devaud

Qui était Pierre Devaud ?

Pierre Devaud est né le 7 juin 1775 aux Cerqueux de Maulévrier, canton de Cholet, à la limite des Départements des Deux-Sèvres et de Maine et Loire. En 1792, année de sa première campagne, il habitait la ferme de Boisdon, située à quelques 500 mètres du bourg, avec son père Jacques et son frère cadet Jean. Il avait alors 17 ans. C’est à Boisdon qu’il dit avoir achevé la rédaction de ses mémoires, le 10 mars 1800.

Plaque commémorative sur la ferme de Boisdon

Le livre de la Gère

Le Livre de la Gère de Pierre Devaud a été imprimé en 1882 par les soins de l’abbé Augereau, curé du Boupère, sous le titre de « Mémoires de Pierre Devaud ». Le texte de cette première édition a été tirée à 120 exemplaires.


L’abbé Augereau avait d’abord pensé « qu’il convenait de traduire le récit de Pierre Devaud et de rétablir au moins les règles de grammaire ». Mais il jugea « qu’il valait mieux ne pas y toucher et reproduire son style avec sa saveur native ».
Pierre Devaud écrit, ou plutôt s’efforce d’écrire en Français, mais sa langue usuelle n’est pas celle qu’il écrit. Pierre Devaud a été alphabétisé en français, mais visiblement, cette alphabétisation reste incomplète. La faute d’orthographe, la graphie, voire les calques linguistiques, les hypercorrections, révèlent une autre langue.

Extrait du Livre de la Gère : les premiers combats de mars 1793

Le 11 mars 1793 je reprie les arme pour me batre, comme étant fuyand nous parcourions les villages des Cerqueu et St Aubin Baubignier et Yzernais nous fime un rasemblement dans le Bois de St Louis, déeque nous fume 70 homme nous marchime sur Maulevrier, les Bleu nous virre venir de loind il prire la fuite a Chollet nous entrime dans Maulevrier le 12 mars au matin nous prime 40 fusits de gerre et 60 hommes de ranfords.
De Maulévrier nous ont retourné dans le bois de St Louis et nous avont trouvez du ranford au nombre de 8 a 9 cent homme de ranford, de la nous avont prie la route de Termantine par Tout le Monde et les forest, cans nous fume a Termantine nous ont trouvez une autre armée des notre et nous etion plus de 15 mille homme, la, sous les ordres du general Dalbet il nous a conduit à Chollet, nous avion 3 piece de Canon et nous voilla à nous batre contre les Choltais, qui étais 1500 homme et 12 petite pièce de Canon, nous prime les 12 piece de canon et 350 Bleu de mort et le restant prie prisonier, nous ont hue 40 homme des notres de morts, nous ont partie de Chollet de la à Nuallier de Nuallier à Vezin de Vezin a Coron la nous ont trouvez les Bleu a la Barrière des Homme qui nous attendais nous les ont batu et prie une piece de canon nomée Marie Janne et thué 40 Bleu et 6 des notre de mort, de Coron nous ont été a Vihiers dont que les abitant avait prie la fuite a Douai, de Vihiers nous ont retourné à Coron de Coron a Vezin de Vezin a Nuaillier de Nuaillier a Termantine de Termantine a Chemilier la les Bleu nous ont laisés une piece de canon, cette une piece de 4, et de Chemilier a St Lorant de la Plaine de St Lorant de la Plaine a Chalonne la nous ont prie 4 piece de canon, de Chalonne à Névie de Névie a St Lézin de St Lézin a la chapelle Rousselin de la chapelle Rousselin a Termantine de Termantine a Yzernais de Yzernais aux Cerqueux de Maulevrier.
Asanblement a Coron

Parcours décrit par Pierre Devaud du 11 au 27 Mars 1793

172 kilomètres de marche à pied, en sabots, en 15 à 20 jours

En mars 1793 c’est toute la région des Mauges qui se soulève, St-Florent, Tiffauges, Chemillé puis la ville de Cholet le 14 mars. Les symboles de la République sont détruits, renversés ou brulés et des exactions sont commises contre les républicains locaux et leurs biens. La garde nationale tire il y a des morts de part et d’autre, c’est le début d’une insurrection générale. Les débuts sont chaotiques, la révolte gagne plus ou moins rapidement les différentes zones géographiques du territoire insurgé qui sera appelé Vendée militaire (zone comprenant le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire (région des Mauges) et le nord des Deux-Sèvres (le Bocage). Elle était en outre délimitée par les villes de Nantes, Angers, Saumur, Thouars, Parthenay, Luçon, Fontenay-le-Comte et Les Sables-d’Olonne.

Des ancêtres de notre histoire familiale vont se retrouver combattants au côté de Pierre Devaud, la trace d’une dizaine de membres de la famille Cochard et de membres de la famille Chabosseau est attestée aux premiers combats de Mars 1793 décrits par Pierre Devaud, puis en mai 1793, à la bataille de Thouars.

Qu’est ce qui a tant fait marcher Pierre Devaud et ses camarades ? Même si Le livre de la Gère ne dit rien d’explicite sur les motivations du marcheur, le retour systématique à la ferme familiale après chaque marche, l’usage de la langue régionale révélée par l’écriture du français, disent au moins l’attachement à une terre et l’appartenance à une culture.

Extrait du Livre de la Gère : Incendies de Boisdon et de La Sèvrie, massacre de la forêt de Vezins en mars 1794

Redonnons la parole à Pierre Devaud qui relate dans le livre de la Gère, les attaques des Cerqueux et de Saint Aubin de Baubigné, entre le 12 et le 18 mars 1794 :

Zoulerie, le lendemain 12 mars, les Bleu sont venue par les Saulais et ont mie le feu a Boisdon il ont fait brullez la palle, le foin et la grange, et ont prie la route de la Forais de Vezin et ont fait un grand masacre dans cette Forais. Et nous de Puiaubrain jont été a la Cousais, jont passé cette journée sans joie, de la Cousais nous ont retourné le soir par la Troche jont retourné couchez aux logis de Boisdon.
De Boisdon a la Rochemousset, les Bleu venait a la Sévrie de la aux Zoulerie lermé était a St Aubin et sont venue attaquet les Bleu au Zoulerie et ont Batu les Bleu complement, nous de la Rochemousset jont retourné par les Foucherie a la Cousais de la a la Morignière de la Morignière par les Nousperouse jont été aux Plaisir Neuf, la nous avont trouvez du ranford. Nous avont retourné sur nos pas et les Bleu était ant deroutte et jont trouvez des egallier, nous ant non join un a la Charrenaire nous l’avons poursuivez jusque a Cotreuil j’ai tirre sept coup de fuzits sur lui, le dernié coup de fuzits que j’ai tirré sur lui je lui ai donné dans les rain et il a tombé mort dans le grand champs de Cotreuil il avait 60 dasignats et 20 mouchoir de soies.
De la nous somme tombez aux Serneaux et nous avont trouvez un autre Bleu cachez dans un fossés et il sez levez et nous a demandé a parler au general mais jai accoursie ce compliment, je lui ai donné un coup de fuzie dans le vantre je lui ai donné un autre coup de fuzie et après je lai fouillée il avait 5 dasignats et prie ses depoulle, et du Serneau jont été a Boisdon que jont trouvez le feu dans le restant de nos batiments, la fournie a brullé et nos couette dans la maison, le restant de notre menage a brullez ce jour la cetté le 18 mars jont perdu le 12 et le 18 mars plus de 3000 defait j’ai resté avec les hardes que j’avais sur le cors, le reste ai perdu pour mois.

Pierre Devaud nous raconte en creux l’incendie de sa métairie (Boisdon), celle de La Sèvrie et des fermes alentour n’est pas évoquée et le massacre de la forêt de Vezins est juste signalé. Il s’attarde sur le fait le plus marquant pour lui, le fait qu’il ait tué deux soldats bleus.

Mars 1794 : le massacre de la forêt de Vezins

L’événement de la forêt de Vezins, à Yzernay, près de Cholet eu lieu le 25 mars 1794. Conduite par un traître nommé Porcher, la troupe du général républicain Crouzat pénétra dans la forêt qui servait de quartier-général à Stofflet, d’infirmerie et de refuge à toute la population des environs. L’officier savait que les soldats de l’armée vendéenne étaient absents. Une épouvantable tuerie s’ensuivit : les vieillards, les femmes et les enfants ainsi que les blessés furent impitoyablement massacrés. On compta plus de 1200 victimes.
En 1821, le comte de Colbert, propriétaire des lieux, fait édifier une croix à l’endroit du massacre où ont été enterrées les victimes. Et en 1862, c’est une chapelle qui est construite.

Les liens entre les familles Cochard et Devaud

La tragédie des Margirandières – juin et août 1794

Magdeleine Cochard, 11ème enfant du patriarche Pierre Cochard est née le 19 avril 1768 à la Cantinière, en la commune de Saint-Aubin-de-Baubigné. Elle épouse le 21 juillet 1789, le jour précédant la Grande Peur, Mathurin Challet, de 3 ans son ainé, veuf de Marie Berson. Ses témoins sont : son père Pierre Cochard et son beau-frère Jacques Gourdon.
Le couple s’installe dans l’une des borderies des Margirandières. De cette union vont naître 3 enfants : Magdeleine Rose en avril 1790, Marie en mai 1792 et Mathurin Pierre le 2 juin 1794.
10 jours plus tard, le 12 juin 1794, Mathurin Challet est tué par l’incursion d’une colonne républicaine.
Magdeleine meurt, deux mois plus tard, le 25 août 1794. Meurt-elle des suites de son accouchement ? de coups et blessures reçus en juin ? nous ne le savons pas.
Ils laissent leurs trois enfants âgés de 4 ans, 2 ans et 2 mois, orphelins de père et de mère.

Mathurin Pierre Cochard épouse Jeanne Perrine Devaud

Mathurin Pierre, le petit orphelin, épousera le 13 mai 1823, dans l’église des Cerqueux, Jeanne Perrine Devaud, la petite fille de Pierre Devaud, liant ainsi les familles Cochard et Devaud.

Merci à Michel Dénéchère auteur du site http://lescerqueux.com/ pour m’avoir fait découvrir les écrits de Pierre Devaud

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Les romans doux-amers de Patrick Gale

Patrick Gale est un écrivain britannique né en 1962. Il est le cadet d’une famille de quatre enfants dont le père était directeur de la prison de Camp Hill sur l’Île de Wight – tradition familiale apparemment puisque le grand-père dirigeait, lui, la prison voisine de Parkhurst. Patrick Gale ne suivit pas les traces de ses ainés. Après avoir déménagé encore enfant à Londres où son père prit la tête d’une autre prison – Wandsworth – puis à Winchester, Patrick Gale décida de suivre des études d’Anglais dont il obtint le diplôme en 1983.

Patrick Gale, à la suite de ses études, ne trouva jamais, selon ses dires, de « boulot d’adulte »… Pendant trois ans il dort à droite à gauche, un soir dans un squat de Notting Hill, le lendemain dans un château en ruine en France. L’important pour lui, à ce moment-là, c’est l’écriture, il a débuté déjà la rédaction de son premier roman, et survit grâce à de petits boulots : copiste, serveur-chanteur, secrétaire, nègre pour une encyclopédie musicale ou le plus souvent critique littéraire.
Il s’installe en 1987 en Cornouailles, une région dont il tombe éperdument amoureux et où il situe l’action de tous ses livres depuis. Ecrivain reconnu et respecté, il se refuse à être étiqueté « écrivain gay en guerre contre les archaïsmes sociaux », il aborde avec beaucoup plus de finesse et de largeur de vue les frictions entre impératif du désir et morale : « le désir me fascine car il est imprévisible, par-delà la morale. »

Roman 1 : Tableaux d’une exposition

Un jour d’hiver, Rachel Kelly, peintre de renom, s’écroule en plein travail dans son atelier, laissant derrière elle une œuvre importante et une famille déchirée. Un homme, d’abord, Antony, qui fut son compagnon, son soutien, son souffre-douleur aussi ; deux fils qui ne se sont jamais sentis à la hauteur de cette mère trop douée ; une fille, Morwenna, qui a choisi de fuir… Réunis dans la demeure familiale des Cornouailles, le passé refait surface, et les secrets de Rachel s’esquissent et se ravivent. Qui était cette peintre de génie qui faisait passer l’art avant toute chose ? Et qu’est-il vraiment arrivé à Petroc, le petit dernier, le fils préféré, disparu trop tôt, dont l’ombre plane toujours sur la maison ? Quels secrets les tableaux de Rachel Kelly ont-ils encore à livrer ?

De son écriture tout en nuances, Patrick Gale nous livre une chronique familiale douce-amère autour de la figure maternelle d’une artiste peintre bohème et excentrique, dans le décor splendide de la Cornouailles.

Premières pages…

VAREUSE DE PÊCHEUR (DATE INCONNUE).
Coton. Bleu marine.
Plusieurs vareuses comme celle-ci ont été ache­tées par Rachel Kelly au fil des années qu’elle a passées à Penzance. Elle se les procurait auprès du shipchandler de Newlyn et s’en servait comme d’une blouse, pour protéger ses vêtements (encore que les taches de peinture ne semblent jamais l’avoir gênée, pas plus que le chaos dans lequel elle travaillait, comme l’attestent, derrière vous, les photographies de ses deux lieux de travail favoris.) Dans la mesure où aucun de ses ateliers n’était chauffé, il est probable que la vareuse la protégeait aussi du froid. Kelly faisait grand usage des poches – seul endroit, confia-t-elle un jour plaisamment à Wilhelmina Barns-Graham, où elle pouvait préserver ses biscuits au chocolat de la peinture (voir le dessin humoristique de la carte postale ci-dessous). Contradiction typique du personnage : Kelly, qui ne mit jamais les pieds sur un bateau de toute sa vie, méprisait la mode des fausses vareuses en coton mélangé et ne jurait que par la couleur bleu marine. Le jour de sa mort, elle portait un modèle encore plus usagé et maculé que celui-ci. C’est dans cette tenue qu’on l’enterra.

Rachel fut réveillée par un tableau, ou plutôt par l’idée d’un tableau. Sa première réaction fut d’angoisse, comme on en éprouve à être arraché au ravissement d’un rêve, et elle referma les yeux, inspirant profondément dans l’espoir de se rendormir aussitôt et de renouer le fil perdu. Mais son réveil était complet et l’état d’ébullition de son cerveau tel qu’elle n’aurait pu éviter la prise de sang et l’ordonnance que Jack Trescothick lui aurait prescrites, s’il l’avait su.
Le tableau persistait, telle l’image brûlante qu’imprime sur la rétine un objet contemplé en plein soleil. Il lui suffisait de cligner des yeux pour le revoir un court instant. Elle voyait les couleurs, percevait leur splendeur vibrante et bourdonnante, mais redoutait de les perdre en bougeant trop tôt ou en se mettant à parler.
Elle avait toujours travaillé ainsi, jeune. Ou du moins, plus jeune. Une image, les éléments d’une image lui venaient de façon soudaine, et si rien autour d’elle ne semblait les appeler, sa tâche à elle, celle de son imagination folle, était de les retenir assez longtemps pour les fixer sur le papier ou sur la toile. Elle éprouvait, à décrire le processus, une réticence superstitieuse, mais si un ami l’avait obligée à le mettre en mots elle l’aurait comparé à une dictée – en supposant qu’une image puisse se dicter – lue par un maître imprévisible qui ne consentirait peut-être pas à répéter ce qu’on n’a pas compris. Dès lors qu’elle trouvait un moyen, même grossier, de traduire l’image en se saisissant d’un pastel, d’un crayon, d’un bâton de rouge à lèvres, de n’importe quel objet lui tombant sous la main – jusqu’à la sucette verte de sa fille, un jour -, elle était presque sûre d’y avoir accès de nouveau pour pouvoir, le moment venu, la parfaire à loisir.

Contrepoint

La peintre GLUCK, née Hannah Gluckstein, qui faisait partie justement du mouvement bohème du Newlyn School à la fin des années 1910, début des années 20 est une figure de l’époque. Adoptant alors une identité d’homme sous ce pseudonyme Gluck, s’habillant en vêtements d’homme et coiffée selon la mode masculine de l’époque, elle, comme beaucoup de ses collègues, porte la vareuse du pêcheur.

Roman 2 : Une douce obscurité

Dido a neuf ans et un caractère bien trempé. Et c’est tant mieux, car la fillette a déjà eu son lot de tragédies. Orpheline, elle vit chez Eliza, sa tante, qui l’a adoptée et élevée avec son ex-mari Gyles, jusqu’à ce que le couple se sépare. Lorsque Eliza apprend que sa mère vient d’être victime d’une attaque, Dido voit l’occasion de connaître enfin sa grand-mère et convainc Eliza de se rendre en Cornouailles au chevet de la malade. Eliza est alors loin d’imaginer que ce voyage du retour va lui donner l’occasion miraculeuse de renouer avec sa propre existence. Silences, révélations et passions troubles, Patrick Gale signe un roman doux amer sur le poids des secrets et la poursuite capricieuse du bonheur.

Roman 3 : Jusqu’au dernier jour

Jusqu'au dernier jour

Bref et bouleversant, le roman des retrouvailles de deux anciens amants. Construite au fil d’une journée d’été entrecoupée de souvenirs, une love story au charme bohème et à l’excentricité tout anglaise, une chronique douce-amère sur le hasard, les rendez-vous manqués et les regrets. Au coin d’une rue, Ben tombe sur Laura. Il est médecin à l’hôpital ; elle, comptable, est revenue vivre dans la maison de son enfance. Il est marié ; elle a enchaîné les liaisons. Il veille sur son frère handicapé, Bobby ; elle prend soin de sa mère. Mais surtout, autrefois, à Oxford, lorsqu’ils étaient étudiants, Ben et Laura étaient tombés fous amoureux. Ils ne se sont pas revus depuis vingt ans. Sauront-ils saisir la seconde chance qui s’offre à eux ? Que reste-t-il de leurs amours ?

Premières pages

LAURA ÉTAIT RÉVEILLÉE DEPUIS PLUSIEURS MINUTES lorsqu’elle s’aperçut qu’il y avait un problème. Elle ouvrait toujours ses rideaux avant de se coucher, préférant être tirée lentement du sommeil par les premières lueurs du jour plutôt que d’en être arrachée par une sonnerie. (Commencer plus tard les mois d’hiver était un des rares plaisirs que lui offrait son travail de comptable free-lance.) Allongée très confortablement, elle rassembla donc doucement ses esprits – où était-elle et pourquoi ? -, huma les doux effluves du rosier Sombreuil qui lui bouchait en partie la vue sur le jardin et écouta les cris affamés des oisillons de la mésange bleue dans le nichoir à côté du rebord de fenêtre. Son esprit nota le roman américain qu’elle s’obstinait à lire malgré son manque de vertus émollientes et l’efflorescence qui empourprait le fond du verre à vin posé sur sa table de nuit. Son bien-être diminuait à mesure que les meubles et les tableaux lui rappelaient qu’elle n’était plus à Paris, mais à Winchester, que ce n’était pas sa chambre, du moins pas encore tout à fait, mais la chambre d’appoint de sa mère.
Elle venait de se dire avec un soupir rentré qu’elle l’occupait depuis assez longtemps pour qu’une telle distinction ait un arrière-goût de lâcheté, lorsqu’elle se rendit compte que le bruit de fond sur lequel se détachaient les cris des bébés mésanges bleues n’était pas, comme elle l’avait cru, le roucoulement d’une tourterelle turque, mais maman qui l’appelait du jardin.
Elle jura à mi-voix en s’apercevant qu’il n’était que six heures et demie et alla jeter un coup d’œil entre les branches du rosier. Elle jura une seconde fois, plus fort, et enfila sa robe de chambre en courant.

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Suite française – Irène Némirovsky

Écrit dans le feu de l’Histoire, Suite française dépeint presque en direct l’Exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toute sorte, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Cocottes larguées par leur amant, grands bourgeois dégoûtés par la populace, blessés abandonnés dans des fermes engorgent les routes de France bombardées au hasard… Peu à peu l’ennemi prend possession d’un pays inerte et apeuré. Comme tant d’autres, le village de Bussy est alors contraint d’accueillir des troupes allemandes. Exacerbées par la présence de l’occupant, les tensions sociales et frustrations des habitants se réveillent…

Roman bouleversant, intimiste, implacable, dévoilant avec une extraordinaire lucidité l’âme de chaque Français pendant l’Occupation (enrichi de notes et de la correspondance d’Irène Némirovsky), Suite française ressuscite d’une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire.

De son village de Saône-et-Loire où elle est réfugiée, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Au fil de l’écriture et de l’avancée allemande, son roman se fait le miroir inquiétant du quotidien d’un pays sous le joug, jusqu’à ce que la réalité dépasse tragiquement la fiction lors de son arrestation en juillet 1942. Ainsi la grande Histoire précipite-t-elle le destin de la romancière et, avec lui, celui de Suite française. Son manuscrit inachevé, ses notes et nombreux écrits sont confiés à ses enfants dans une précieuse valise. Des années plus tard, sa fille, Denise Epstein, en exhume le roman Suite française. Il existait cependant deux versions de la fameuse suite romanesque : une version brute, originelle, la toute première (Denoël, 2004), et puis une seconde remaniée, plus ramassée, plus aboutie, celle que l’auteure envisageait de publier.

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Les combattants vendéens de la famille Cochard

Pierre Cochard et son fils ainé François qui étaient membres de l’assemblée communale lors de l’établissement du cahier de doléances des Cerqueux en 1789 ont respectivement, 70 et 45 ans en 1793.
Ils vont, sans doute, encourager, soutenir les membres de la famille qui vont combattre mais aucune trace d’eux en tant qu’acteurs directs n’a été retrouvée.
Trois des fils de Pierre, le patriarche qui a eu 19 enfants et l’un de ses gendres vont être combattants de la Grande Armée Catholique et Royale.

Pierre Cochard, 3ème fils du patriarche Pierre

Pierre Cochard, le troisième fils que Pierre a eu avec sa première femme Marie Madeleine Goupil, a 41 ans en 1793. Il a épousé Perrine Henry en 1772 dont il a eu trois fils, Pierre, Louis et Joseph. Il est cultivateur à la Sèvrie.
Il va être de tous les combats de 1793, ceux de Mars décrits par Pierre Devaud mais il participera aussi, aux victoires vendéennes à Chemillé en avril, à Bressuire et à Thouars en Mai, à Coron, Torfou et Saint Fulgent en septembre. Il sera aussi présent lors de la défaite des vendéens à Cholet le 17 octobre puis il va suivre l’armée catholique et royale lors de virée de galerne. Il va passer la Loire, élire La Rochejaquelein généralissime, prendre, avec lui, Laval le 23 octobre. Il sera à Granville le 14 novembre, au Mans le 12 décembre lors des déroutes des vendéens et sera capturé à Savenay le 23 décembre 1793 (3 nivôse an II). Il sera, aussitôt, condamné à mort comme brigand de la Vendée, et exécuté par la commission militaire séante à Savenay.

Pierre Cochard, fils de Pierre, petit-fils du patriarche Pierre

Pierre va entrainer son fils Pierre Cochard né à la Sèvrie le 7 mars 1774, dans cette aventure. Il a épousé Marie Landré, originaire de la paroisse Saint Pierre de Cholet en 1792.
Il a 19 ans lorsqu’il part combattre le 14 mars 1793, il est blessé d’un coup de baïonnette à la cuisse gauche à Martigné-Briand.
Il est charpentier et charron au bourg des Cerqueux pendant la guerre, il va fournir des roues, des moyeux et des planches à l’armée Vendéenne.
Il déclare que pendant le conflit, il lui a été brûlé 40 charretées de planches, des roues, son mobilier, ses effets, 6 charges de grains, le tout pour 8 000 francs.
Comme son père, il est passé outre Loire pendant la virée de galerne, mais lui en reviendra.
Ils auront, lui et sa femme Marie,9 enfants.
Il s’est battu à nouveau en 1799 aux Aubiers et en 1815 aux Echaubrognes et à Thouars.
En 1825, il possède une petite maison qu’il habite pour 47 frs/an.
Il meurt le 8 janvier 1835 à l’âge de 61 ans. Ce sont ses fils, Pierre, Eustache et Esprit Théodore qui déclarent son décès aux Cerqueux de Maulévrier.

Jean Joseph Cochard, 12ème enfant du patriarche Pierre

Le deuxième fils du patriarche Pierre à avoir combattu est son douzième enfant qu’il a eu avec sa deuxième femme Marie Jeanne Augereau.
Jean Joseph Cochard est né le 28 novembre 1769 à la Cantinière. Il a 24 ans lorsqu’il part combattre en 1793. Lui aussi sera de tous les combats, victoires et défaites et lui aussi va participer à la virée de galerne. Il est fait prisonnier avec 98 autres combattants, probablement à Savenay en Décembre 1793. Il est fusillé à Nantes, dans les carrières de Gigant, le 17 Janvier 1794, après avoir été condamné à mort par la commission Bignon.
« Cochart Jean, domicilié à St Aubin, département des Deux-Sèvres, condamné à mort comme brigand de la Vendée, le 28 nivôse an 2 (17 Janvier 1794), par la commission militaire séante à Nantes ». (1)
« Le 28, Jean Cochart et 96 autres sont condamnés à mort… Total, en 10 séances, 1969 condamnations à mort…C’est hors de Nantes, au lieu-dit les Carrières ou les Rochers de Gigant, que ces malheureux étaient fusillés. On employait surtout des hommes ad hoc, des déserteurs allemands, qui, ne sachant pas le français, étaient sourds aux plaintes ». (2)

(1) Vendée historique, 1906, p.196
(2) Charles Berriat-Saint-Prix, La Justice révolutionnaire à Paris et dans les départements, d’après des documents originaux la plupart inédits, 1865

La « commission militaire et révolutionnaire », la plus importante est la dénommée dans l’historiographie « commission Bignon », instituée par les représentants en mission Bourbotte, Prieur de la Marne et Louis Marie Turreau, le 14 décembre 1793, après la bataille du Mans. Transférée à Savenay, puis à Nantes, elle prononce en Loire-Inférieure, du 19 décembre 1793 au 10 février 1794 pas moins de 2637 jugements, dont 2620 condamnations à mort pour rébellion armée, sur simple constatation d’identité, sans entendre de témoins et sans lecture de procès-verbaux d’arrestation ou de dépositions écrites. L’accusé simplement est appelé, son cas est évoqué, et il reçoit presqu’aussitôt la sentence. Les fusillades sont perpétrées non loin de la grande prison de l’Entrepôt à Nantes, dans les carrières de Gigant » (1)

(1) Bruno Hervé, Noyades, fusillades, exécutions : les mises à mort des brigands entre justice et massacres en Loire- Inférieure en l’an II

Nantes

Pierre Cochard, 13ème enfant du patriarche Pierre

Le troisième fils du patriarche à avoir combattu est son treizième enfant qu’il a eu avec sa deuxième femme Marie Jeanne Augereau. Il s’appelle lui aussi Pierre Cochard. Il est né à la Sèvrie le 7 mai 1771, il a donc 22 ans lorsqu’il participe aux combats en 1793. On retrouve la trace de sa participation dans le « Mémoire de proposition de pensions et gratifications » (1816, archives de Clisson). Il épousera Rose Angélique Michel en 1800 aux Cerqueux. Il est alors laboureur à la Sèvrie. Pierre décédera en 1819 à 48 ans.

Perrine Louise Cochard, 8ème enfant du patriarche Pierre, veuve de Jacques Gourdon

Perrine Louise Cochard, 8ème enfant du patriarche est née en 1761. Elle épouse, en premières noces, Jacques Richard, le 25 septembre 1782 à Etusson. Suite au décès de celui-ci, elle se remarie avec Jacques Gourdon le 29 mai 1786 aux Cerqueux de Maulévrier. Celui-ci sera tué au combat à Saint Aubin de Baubigné en 1793.

Perrine Louise perçoit une pension de 50 francs en 1816, en tant que veuve d’un combattant vendéen.

27 juin 1816 : Pensions accordées à 319 veuves d’anciens combattants et à 2 femmes blessées : noms des militaires, grade, noms des veuves, domicile (commune et arrondissement), montant de la pension. Archives départementales de la Vendée : https://etatcivil-archives.vendee.fr/ark:/22574/s005dfad1e460098/5dfad1e53b510

Louis Cochard, neveu du patriarche Pierre

Louis COCHARD le frère de Pierre le patriarche a eu un fils avec son épouse Jeanne Guesdon, lui aussi nommé Louis Cochard en 1752 à la Grande Goinière de Saint Aubin de Baubigné.
Il est cultivateur à « La Grande Goinière » et « Les Roches Mousset » et enfin à la Sèvrie avec son épouse Marie Banchereau qui lui donnera un fils, Jean, lui aussi blessé pendant le conflit.
Il fera les 3 guerres (1793, 1799 et 1815) et en 1793 recevra un coup de feu au bras gauche qui le gênera par la suite dans les mouvements.
Il figure sur l’état nominatif des militaires de l’armée vendéenne ayant droit à une seule indemnité de 100 francs en1815. (1)

(1) Archives départementales du Maine et Loire,1 M 9-15

Jean Cochard, fils de Louis, petit neveu du patriarche Pierre

Jean Cochard le fils de Louis est né à la Sèvrie, le 7 juillet 1771.
Dans le « Mémoire de proposition de pensions et gratifications » (1816, archives de Clisson), on trouve Jean Cochard, blessé aux combats de Thouars et la Chataigneraie mais aussi aux Archives Départementales des Deux-Sèvres (R67-200) en1824, Aide aux anciens soldats :
Jean Cochard soldat a reçu 2 coups de feu à la jambe gauche et à l’épaule gauche aux batailles de Thouars et de la Chataigneraie

Il ne fera que la campagne de 1793 et sera classé comme « estropié » en 1825.
Il était tisserand Cultivateur à la Sèvrie. En janvier 1810 il épousera Thérèse Chabosseau (qui n’est pas issue de la famille Chabosseau des 4 familles). Jean Cochard décédera en 1838 au village de Gaudy à Saint Aubin de Baubigné, à 67 ans.
Le beau-frère de Jean, Pierre Chabosseau sera, lui aussi, blessé de 2 coups de feu à la cuisse gauche et à l’épaule gauche au combat de Jallais.

Perrine Françoise Cochard, fille de François, petite fille du patriarche Pierre, veuve d’André-Gervais Brouard

André-Gervais Brouard est né en 1777 aux Cerqueux. Il est le fils de Joseph et de Perrine Renaudin. Il est cultivateur à la Petite Foucherie en 1813, année où il épousera Perrine Françoise Cochard, l’une des filles de François Cochard, petite fille du patriarche Pierre, née en 1790 à l’Augerie. Ils auront une fille, Françoise.
Engagé très jeune à16 ans dans le conflit, il servira comme soldat et passera la Loire.
Il décède à 42 ans en 1819 et sa veuve obtiendra un secours de 50 frs après 1830. (1)

(1) Archives départementales du Maine et Loire, Dossiers Vendéens

Son frère François combattit à ses côtés et fut blessé, et 3 de ses cousins : François Martin, Louis et Perrine Brouard furent tués.

Magdeleine Cochard, 11ème enfant du patriarche Pierre et son mari Mathurin Challet

Tragédie aux Margirandièresjuin et août 1794

Magdeleine Cochard, 11ème enfant du patriarche Pierre est née le 19 avril 1768 à la Cantinière, en la commune de Saint-Aubin-de-Baubigné. Elle épouse le 21 juillet 1789, le jour précédant la Grande Peur, Mathurin Challet, de 3 ans son ainé, veuf de Marie Berson. Ses témoins sont : son père Pierre Cochard et son beau-frère Jacques Gourdon.
Le couple s’installe dans l’une des borderies des Margirandières. De cette union vont naître 3 enfants : Magdeleine Rose en avril 1790, Marie en mai 1792 et Mathurin Pierre le 2 juin 1794.

10 jours plus tard, le 12 juin 1794, Mathurin Challet est tué par l’incursion d’une colonne républicaine.

Magdeleine meurt, deux mois plus tard, le 25 août 1794. Meurt-elle des suites de son accouchement ? de coups et blessures reçus en juin ? nous ne le savons pas.
Ils laissent leurs trois enfants âgés de 4 ans, 2 ans et 2 mois, orphelins de père et de mère.

Mathurin Pierre, le petit orphelin, épousera le 13 mai 1823, dans l’église des Cerqueux, Jeanne Perrine Devaud, la petite fille de Pierre Devaud (auteur du livre de la Gère) , liant ainsi les familles Cochard et Devaud.

Les combattants vendéens de la famille Cochard Lire la suite »

Le Poitou

Des Pictes à Charlemagne

Ce sont les celtes Pictes (qui tirent leur nom de l’habitude qu’ils ont de se peindre ou de tatouer le corps) qui vont donner naissance au Poitou. Les tribus pictes s’installent sur tout le territoire allant de la Loire au nord jusqu’à la Charente au sud, et du Massif-central à l’est, jusqu’à l’océan. Le territoire avait deux oppida sur ses extrémités : Limonum (Poitiers) et Ratiatum (Rezé). Ratatium est le premier port poitevin avant l’arrivée des Romains. Les celtes Pictes introduisent la charrue, la herse, la faucille, la faux, et pratiquent la chasse, la pêche, l’élevage, l’apiculture, la culture des céréales, du lin et du chanvre.

A l’arrivée des Romains, les Pictes sont très hostiles et fournissent le plus gros contingent pour libérer Vercingétorix (20 000 picto-santones). Malgré la défaite, les armées pictes, menées par le chef Ande Dumnacus, continuent de lutter pour leur indépendance et assiègent les armées romaines de Caninius réfugiés dans Limonum (Poitiers). Après une première victoire, ils sont défaits et massacrés aux Ponts-de-Cé, par les armées de Caius Fabius venues en renfort.

Au regard de la vaillance du grand peuple Picte, de leur force et de leur courage, les Pictes ne durent pas verser tribu à Rome. Sous Auguste et durant la “Paix Romaine”, Limonum (Poitiers) fut la métropole administrative et militaire tandis que Mediolanum Santonum (Saintes) devint la métropole religieuse et économique du centre-ouest. La confédération celtique à laquelle appartient le Poitou est démembrée et divisée. Durant deux siècles et demi, le Poitou va connaître une grande prospérité. Les oppida gaulois deviennent de belles agglomérations. Limonum atteint 50 000 habitants. Six grandes voies romaines en partaient en direction de Nantes, Angers, Tours, Lyon par Bourges, Bordeaux par Saintes et Toulouse par Limoges.

Au IVe siècle, Limonum restaurée et prospère devient Poitiers. Place forte Poitiers résiste à l’assaut des Vandales, mais les Wisigoths s’installent en Poitou vers 462. En 507, Clovis défait les Wisigoths à Vouillé, à quelques lieues de Poitiers. Alaric qui commandait les Wisigoths, fut tué et ses soldats furent complètement battus.

Intégrée au Royaume des Francs, la région va connaître une période très troublée. Pour la seconde fois le sort de la Gaule va se jouer en Poitou avec l’invasion sarrasine d’Abd-er-Rahman. En 732, les Poitevins et les Francs de Charles Martel sauvent le Poitou, la Gaule et la Chrétienté à Moussais-la-Bataille, en défaisant complétement les armées arabo-musulmanes et en tuant leur chef.
De Clovis à Charlemagne, durant plus de trois siècles, ce sera l’anarchie. L’église en sera l’élément modérateur et l’élément fédérateur du peuple du Poitou et de la Charente. De nombreux monastères et abbayes sont édifiés.

Les comtes-ducs de Poitou

Banniere du Poitou

A partir de 820, la région est régulièrement envahie par les Normands. Les Normands pillent et incendient le Poitou pendant un siècle. Une dynastie prend naissance en ces temps troublés, issue des puissants seigneurs francs qui ont en charge la défense du Poitou. Ils combattent les Aquitains au sud, les Normands sur les côtes, les Bretons au nord. Ranulf Ier (Rannoux Ier) est le fondateur de cette puissante et véritable dynastie.

Les Comtes de Poitou, défenseurs de l’Aquitaine (Berry, Limousin, Auvergne et Gascogne), vont donner au Poitou un rayonnement européen qu’il n’aura jamais plus après. Ils créent une cours, des institutions, Ils partent en croisade et consolident leur pouvoir qui va de la Loire aux Pyrénées. En guerre permanente avec les comtes d’Auvergne et de Toulouse, les comtes de Poitou ne peuvent empêcher les empiêtements au nord du domaine poitevin par les comtes de Bretagne avec l’aide du roi de France et des comtes d’Anjou.

De puissantes seigneuries jalonnent le Poitou (Thouars, Châtellerault, Mauléon, Bressuire, Commequiers, Retz, Parthenay, Lusignan, Chauvigny, Châtelaillon, Surgères, Pons, …). En 1066, le vicomte deThouars est à la tête des guerriers poitevins qui participent à la conquête de l’Angleterre avec Guillaume de Normandie. Il en ramènera une grande fortune, grâce à laquelle il bâtira plusieurs édifices religieux. Le diocèse de Poitiers est très grand en superficie et en rayonnement.

Le XIIe siècle voit émerger une culture intellectuelle remarquable. Langue d’oïl et langue d’oc se côtoient, les troubadours répondent aux trouvères en répandant l’idéal chevaleresque. L’architecture poitevine produit des cathédrales qui servent de modèles aux pays voisins. Guillaume VII comte de Poitou partira avec les armées poitevines en croisade en Palestine, puis en Espagne.

Aliénor de Poitou devient l’héritière du comté, ainsi que du duché d’Aquitaine. Après le divorce avec Louis VII en 1152, elle donne le Poitou à Henri Plantagenêt, roi d’Angleterre, comte d’Anjou et du Maine. Elle retourne en Poitou qu’elle gouverne au nom de son fils, Richard (futur Coeur-de-Lion) comte de Poitou, parti en croisade.

Richard « le Poitevin » (Richard « Coeur-de-Lion ») réprima les révoltes seigneuriales mais mourut au siège de Chalus en 1199. Aliénor gouverne le Poitou et en assure la transmission à Jean sans Terre. En 1204, Aliénor la Grande, la Poitevine, meurt. Philippe Auguste en profitera pour rattacher, en quelque années, le Poitou à son royaume malgré la résistance des seigneurs poitevins. Ainsi prennent fin les grandes heures ou « glorieuses heures » du Poitou et le puissant règne des comtes-ducs. A la fin du XIIe siècle, l’art roman poitevin s’enrichit peu à peu à l’architecture ogivale (du style dit « Français » et Angevin). L’autonomie intellectuelle du Poitou va disparaître avec l’intégration politique dans le royaume de France et la guerre de Cent Ans (1340-1453).

Le Poitou français

Richard Coeur-de-Lion, comte de Poitou, a transmis sa province à son neveu Othon de Brunswick, qui deviendra plus-tard empereur germanique. En 1241 le Poitou est donné en apanage à Alphonse, fils de Louis VIII en 1241, mais la noblesse locale, menée par les Lusignan et le légitime comte de Poitou, Richard de Cornouailles, se révolte et obtient l’appui d’Henri III d’Angleterre. Les deux prétendants au trône comtal du Poitou vont s’affronter à Taillebourg, en 1242. Le roi d’Angleterre soutient les Poitevins, le roi de France soutien son frère Alphonse. Le roi de France bat les armées picto-anglaises. En 1245, Alphonse acquiert la seigneurie de Fontenay et fait de la ville, la tête de pont de l’administration royale en Bas-Poitou.

En 1259, Henri III renonce à ses prétentions sur le Poitou. Alphonse de France, frère de Saint Louis, nouveau comte de Poitiers, établit une ébauche de monarchie absolue en Poitou.
En 1271, à la mort d’Alphonse, le Poitou est réuni au domaine royal et forme la sénéchaussée de Poitiers qui n’inclut pas le Saumurois !
Le Poitou, trop puissant et vaste, est démembré, certaines parties sont données à la Bretagne, d’autres à l’Anjou et aux provinces limitrophes.

Le Haut et le Bas Poitou

Le Bas-Poitou est une partie du gouvernement militaire de Poitou créée par un arrêt du Conseil du 26 avril 1670. Par opposition au Haut-Poitou, il est défini à l’ouest d’une ligne de démarcation établie entre Coulonges et Saint-Martin-de-Sanzay suivant le cours de l’Autise et du Thouet. Sa capitale, située à Fontenay-le-Comte, accueille l’un des deux lieutenants généraux du gouvernement, l’autre étant à Poitiers. Un autre arrêt, daté du 6 juillet 1670 exclut du Bas-Poitou les faubourgs de Thouars, de Parthenay et de Saint-Loup.

Toutefois, la singularité du Bas-Poitou apparait dès le milieu moyen-âge et témoigne de son éloignement vis à vis du reste du Poitou. Cette singularité tient à la fois aux caractéristiques naturelles (marais, collines) du Bas-Poitou, fort différentes des plaines céréalières du Haut-Poitou, mais aussi à la situation géographique de cet espace soumis aux attaques maritimes et aux invasions Bretonnes et Angevines.

Du fait de la proximité de l’Atlantique, le Bas-Poitou a été beaucoup plus influencé que le reste de la province poitevine par le protestantisme. Les liens commerciaux entretenus par La Rochelle avec les espaces calvinistes du Nord de l’Europe ont entrainé la diffusion rapide de cette nouvelle confession dans cette ville ainsi que dans le bocage.

Les guerres de religion

Entre 1621 et 1628 la ligue catholique mène une campagne depuis Nantes et reprend les territoires Huguenots du Bas-Poitou et de l’Aunis. Les Huguenots du Bas-Poitou et d’Aunis affrontent les troupes de Louis XIII. L’armée protestante est défaite et environ 4000 protestants sont massacrés. Le reste de l’armée huguenote du Bas-Poitou se réfugie à la Rochelle, qui finit elle aussi par tomber, en 1628, après un long siège.

Les protestants ayant survécut connaissent des persécutions.
En 1685, l’annonce par l’intendant Foucault de la conversion totale du Poitou à la religion Réformée, sert de justification à la révocation de l’Edit de Nantes.
Après les Guerres de Religion, la province est extrêmement pauvre et désolée. L’émigration de l’élite protestante est une catastrophe économique pour la région. Cette émigration poitevine se fera en direction des Pays-Bas, des Pays Baltes, de l’Amérique et de l’Afrique du Sud. De très nombreux picto-charentais fuient vers l’Amérique du Nord. Ils créeront l’Acadie en Nouvelle-France, mais seront déporté par les troupes britanniques vers la Louisiane. C’est le Grand Dérangement. Certains reviendront en Poitou (dans les Brandes) et en Bretagne (à Belle-Ile).

Disparition du Poitou, lors de la Révolution

Lors de la Révolution française, les départements sont créés. La Constituante divise le Poitou (avec les provinces d’Aunis, de Saintonge et d’Angoumois) essentiellement en cinq départements : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Charente et la Charente-Maritime. De nombreuses parties de l’ancien Poitou se trouvent aujourd’hui en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire et Haute-Vienne.

Pour en savoir plus

Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou

par Henri Beauchet-Filleau et Paul Beauchet-Filleau

Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57394970?rk=64378;0

Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562599j?rk=21459;2

Tome 3 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6560296n?rk=42918;4

Tome 4 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k320140r?rk=107296;4

Traité des fiefs sur la Coutume de Poitou

M. Jean-Baptiste-Louis Harcher, Lieutenant général au siège de la Duché-Pairie de Thouars

Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65340437.texteImage

Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6534044n.texteImage

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Zouleikha ouvre les yeux

Le Roman

Nous sommes au Tatarstan, au cœur de la Russie, dans les années 30. A quinze ans, Zouleikha a été mariée à un homme bien plus âgé qu’elle. Ils ont eu quatre filles mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n’est bonne qu’à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari se fait assassiner et sa famille est expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu’elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin, elle découvre qu’elle est enceinte. Avec ses compagnons d’exil, paysans et intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à l’établissement d’une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c’est là qu’elle donnera naissance à son fils et trouvera l’amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmanes l’empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.

L’auteur

Gouzel Iakhina
Gouzel Iakhina

Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie). Elle a étudié l’anglais et l’allemand à l’université de Kazan, puis a suivi une école de cinéma à Moscou, se spécialisant dans l’écriture de scénarios. Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme Neva ou Oktiabr. Zouleïkha ouvre les yeux est son premier roman. Elle vit aujourd’hui à Moscou, avec son mari et sa fille.

Récits de lecteurs

Dès les premières pages on tombe sous le charme de Zoulheikha, Yeux verts, ce petit bout de femme soumise sans aucun autre choix, peu éduquée mais sensible et délicate, qui en parallèle de sa religion musulmane est profondément attachée aux croyances païennes héritées de sa mère.
Ce n’est pas facile de contenter un esprit… L’esprit de l’étable aime le pain et les biscuits, l’esprit du portail, la coquille d’oeuf écrasée. L’esprit de la lisière, lui, aime les douceurs.
De minutieuses descriptions, comme celle de la préparation de la bania (la salle consacrée au bain rituel, située en dehors de l’isba) accompagnent l’introduction de ce livre qui va ,suite à un rêve prémonitoire, nous emmener vers une aventure longue et douloureuse dans une Russie en pleine ébullition, où sévit la dékoulakisation menée par Staline.

A travers les yeux de Zouleikha, on saisit, l’esprit des steppes, au-delà des arbres, pulsant comme des fleurs dorées, celui de la prison comme un grand organisme concentré sur l’effort de rester en vie. On visualise les peintures d’Ikonnikov, miettes de culture dans une nature la plus hostile, comme des fenêtres et des leçons d’histoire, telles que le jeune Youssouf les voit. On accompagne, le brillant docteur Leibe qui, longtemps, semble préférer le délire psychotique, tiède, aveuglant et protecteur face à tout ce qui fait mal à voir.

La dékoulakisation

Site Les Yeux du Monde – 2013

 

A partir de 1928, l’URSS mène une propagande importante pour convaincre les paysans de rejoindre kolkhozes et sovkhozes, structures présentées comme modernes, possédant des machines agricoles notamment. Ces structures permettaient, selon cette propagande, d’arracher les paysans de l’archaïsme pour se moderniser et avoir une vie meilleure. Cependant, malgré cette propagande active, on assiste à une certaine réticence de la part des paysans. Le seul moyen a donc été la contrainte…

Une affiche de propagande pour les kolkhozes Une affiche de propagande pour les kolkhozes

En décembre 1929, on estime à 13% seulement la proportion de paysans appartenant à des kolkhozes ou à des sovkhozes. Staline trouve que la collectivisation ne se fait pas assez vite. Les koulaks, c’est-à-dire ceux qui ont des grandes fermes employant des ouvriers agricoles, ont notamment du mal à accepter ce nouveau système. En décembre 1929, Staline annonce ainsi vouloir « le passage de la limitation des tendances exploiteuses des koulaks à la liquidation des koulaks en tant que classe », ce qu’approuve le Politburo en 1930. Une entreprise de liquidation des koulaks qui résistent à la collectivisation est alors lancée : c’est la dékoulakisation. Dans la réalité, tous ceux qui s’opposent à la collectivisation sont présentés comme koulaks. Or, la grande masse des paysans s’opposaient à la collectivisation. En 1930, face à la menace collectiviste, de nombreux paysans préfèrent abattre leur cheptel plutôt que de les donner aux structures collectives : plusieurs dizaines de millions de têtes sont ainsi perdues.

Pour faire face au mécontentement paysan, les expropriations et exécutions se multiplient et les camps du Goulag se remplissent. Le Goulag est une administration centrale qui dirige des camps en Sibérie ou au Kazakhstan. Souvent, les koulaks sont déportés en famille dans ces régions périphériques afin de les mettre en valeur. Ce sont les « colons spéciaux » qui, surveillés, ne peuvent quitter leur nouvelle région et travaillent dans des chantiers où la mortalité est élevée. En 1930 et 1931, on compte environ 1,8 million de victimes de la dékoulakisation. Or, ceux qui résistaient étaient souvent les paysans les plus dynamiques. Les campagnes se retrouvent à la fois décapitées et terrifiées.

Des conséquences profondes sur les résultats de l’agriculture

En 1930, l’URSS réalisant de bonnes récoltes, Staline estime que l’on peut prélever encore plus sur la production agricole afin de vendre du blé à l’étranger, notamment à l’Allemagne, contre des crédits et des machines. Ainsi, en 1931 et en 1932, les livraisons, imposées, sont de plus en plus excessives. Les kolkhozes sont soumis à des exigences extrêmes, si bien qu’ils ne peuvent plus nourrir le bétail et même les travailleurs. Par ailleurs, les kolkhozes ne peuvent plus ressemer. Cette situation aboutit à de nombreuses famines, et à l’Holodomor, qui signifie « extermination par la faim » : cette famine frappa durement le Kouban et l’Ukraine, et fit entre 2,5 et 5 millions de morts.

En 1935, la dékoulakisation est jugée comme étant achevée, les koulaks en tant que classe sociale ayant cessé d’exister.

La « dékoulakisation » dans les campagnes d’URSS

Film muet de 1928

Dans un village enneigé d’URSS, des manifestations sont organisées pour dénoncer les « Koulaks », paysans aisés et petits propriétaires s’opposant à la collectivisation des terres et refusant de satisfaire la collecte agricole.
Date de diffusion : 13 juin 1928
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000915/la-dekoulakisation-dans-les-campagnes-d-urss-muet.html

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La vie antérieure

Ta mère et moi faisons partie de ta vie antérieure ?
– Papa, il faut me croire. Maman et toi êtes inscrits en moi, je suis avec vous, y compris lorsque les circonstances ne le permettent pas.
Le jour venu, lorsque tu prendras connaissance des évolutions de ma vie, tu comprendras que je suis relié à vous et, à travers vous, à mes grands-parents et aux Carpates.
Cette nouvelle évolution est étrange, pleine de contradictions, mais je n’oublie pas une seconde que vous êtes mon âme, et que je n’en ai pas d’autre.
Je ne vous ai pas trahis et ne le ferai jamais. Et même si je venais à oublier tous les mots qui faisaient le lien entre nous, nous continuerons à parler comme avant.

Aharon Appelfeld (1932-2018), Le garçon qui voulait dormir

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