Poèmes

Eternel recommencement

Dans la forêt calcinée, le grand arbre est abattu
Seul, le pied, tronc moussu, reste figé en terre
Ecorché par la tronçonneuse meurtrière
L’humidité, le mine, tout entier

Les fourmis attaquent
Galeries, creux, bosses
Du tronc à l’écorce
Tour de Babel structurée

La fourmilière s’agite
Vermisseaux, larves et graines
Les travailleuses s’affairent
Butinent, agglutinent
Pour satisfaire leur reine

Un jour, un enfant
Passant par là
Intéressé par la structure de l’écorce
L’arracha

Les fourmis paniquent
Ne reconnaissent plus, leur univers
L’une grimpe au faîte d’une paille, inutilement
A droite, le vent souffle
Les galeries sont éventrées…
Un mille-pattes dérangé,
Se cavale, effrayé

A cette perturbation
Les fourmis réagissent
Organisons nous, chères sœurs !!!
Elles s’adaptent et reconstruisent.

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Air froid

Les saules frissonnent,
C’est l’automne.
Le froid s’immisce,
Dans les interstices.

L’humidité s’insinue,
A perte de vue.
De grandes étendues s’imbibent
Jusqu’aux abîmes.

Bientôt, c’est le gel
Sur les demoiselles
Les paysages déserts
Du début d’hiver.

Immobile, froid, sec et glacé
L’air pur fait trembler
Les amoureux abonnés
De balades emmitouflées.

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Zappy

Avis !
On recherche Zappy.
Il mange des frites
Au coin du bar de Belgique.
C’est un drôle d’oiseau,
Tout du zigoto.

Les flics sont venus, pour l’emmener
A l’armée.
Zappy
Est insoumis !
Il ne connait rien aux pas,
Et ne s’en remettrait pas.
Il n’est pas de ceux qu’on range
Dans des boites étranges.

Le colonel amusé
L’a regardé, sous le nez :
« Z’êtes pas bavard,
Mon gaillard. 
Psychotique, 4ème degré !
Z’êtes réformé. »

Zappy
Est reparti…
Manger ses frites
Au coin du bar de Belgique.

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Voyage en train

Ils sont restés au pays, les fils d’ouvriers.
Ils ne sont pas blasés par les conversations de comptoir, de troquet ; habitués.
L’omnibus quotidien monotone rythme leur vie monocorde.
Il les emmène pourtant, surplombant la Loire en crue, majestueuse, traversant les forêts ombragées, dévoilant les châteaux d’eau, les vignes alignées, les champs, tout de verdure, endimanchés.

Les bribes du service, les lient au retraité qui rentre chez lui.
Le nivèlement de leurs envies est intervenu ;
La solennité ingrate du terroir leur renvoie son miroir.
Celui de ces moutons qui paissent, de ces champs qui s’étirent, de ce pays plat.

J’ai longtemps envié la quiétude de leurs certitudes.
J’aurai pu être des leurs.
Je suis de ce pays.
Mais, je ne parle plus leur langue.

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Vertu gadin

Des blondes
Rondes et girondes
Les attendent au tournant.

Jalousies magnifiques
Elles proposent leurs tourments
Maléfiques.
Ou d’innocents instants
Mirifiques.

Qu’elles sont ces hôtesses ?
Sont-elles à la hauteur ?
Contre la détresse
Faire le plein de caresses
Quelle valeur ?

Du côté de la tendresse,
Il faut chercher la leur.
Pas de paresse
Ouvre leur ton cœur.

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Tombée de la nuit

Chaque brin se dessine,
Chaque toit se découpe,
Chaque arbre, en sa masse, se précise
Sombre clarté
De la tombée du jour.
Déjà, l’automne laisse deviner ses rouilles
Des lambeaux de nuages gris-rose se trainent
De l’horizon, dans une trouée de lumière
La chauve-souris surgit
Les grillons stridulent
Et c’est bientôt, la nuit.

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