Pierre Cochard, le patriarche prolifique
1747
Pierre Cochard se marie avec Marie Goupil :
« le 27 novembre 1747, après les fiançailles en la publication de trois bans faites tant en cette église qu’en celle de Saint Aubin de Baubigné et en le témoignage de monsieur le curé qu’il n’a été trouvé aucun empêchement canonique je Curé soussigné avoir reçu le consentement mutuel du mariage de Pierre Cochard, fils mineur de François Cochard et de défunte Anne Ouvrard __ de la paroisse de Saint Aubin de Baubigné et de Marie Goupil, fille mineure de défunt Mathurin Goupil et de Louise Jalteau vu en cette paroisse ensuite de quoy je les ay par paroles de présent conjoints en mariage et leur ay donné la bénédiction nuptiale en présence de François Cochard père du proparlé, Hugues Cochard son oncle . Louise Jalteau mère de la proparlée, de Jean Goupil son frère, de Jean Jalteau son oncle et plusieurs autres personnes qui ne disent ne pas savoir signer sauf le soussigné (signature de Jean Goupil) »
Coudrin Curé des Cerqueux de Maulévrier
De cette union vont naitre neuf enfants.
1748
Le 6 novembre 1748 Pierre Cochard qui habite alors La Grande Goinière à Saint-Aubin-de-Baubigné fait baptiser son premier fils François en l’église des Cerqueux de Maulévrier. Le village des Cerqueux étant beaucoup plus près de la Goinière que celui de Saint Aubin.
L’acte est signé par le curé Coudrin. Le parrain est François Cochard, le frère de Pierre, et la marraine est Louise Jalteau.
1763
François Cochard a seize ans lorsque sa mère Marie décède suite à l’accouchement de son neuvième enfant, Jeanne, la petite sœur de François, née le 21 décembre 1763. François est déjà soutien de famille, il aide son père aux travaux des champs et s’occupent de ses frères et sœurs quant-il le peut.
1765
Après le décès de Marie Goupil en 1764, Pierre Cochard se remarie avec Jeanne Ogereau, dont il aura quatre enfants.
1775
Après le décès de Jeanne Ogereau, Pierre Cochard se remarie pour la troisième fois avec Mathurine Charbonnier le 21 février 1775. De cette union vont naitre six enfants.
Pierre Cochard se sera marié 3 fois et aura engendré 19 enfants en 42 ans. Il aura vu la naissance de son premier enfant alors qu’il était âgé de 25 ans et celle du dernier à l’âge de 67 ans.
La tribu Cochard s’ancre sur un territoire regroupé autour du château de la Sévrie
La famille, la tribu (80 individus), Cochard s’implante progressivement entre Les Cerqueux de Maulévrier et Saint Aubin de Baubigné, qui était alors un seul et même territoire, dans les fermes et les métairies propriété de la famille de la Haye-Montbault, occupant du Château de la Sèvrie ou de la famille Monnier propriétaire du Château de la Cantinière.
Archives Départementales des Deux-Sèvres, Saint Aubin de Baubigné, cadastre napoléonien
Archives Départementales des Deux-Sèvres, Saint Aubin de Baubigné, cadastre napoléonien Les Margirandières
Les Cochard vont occuper la ferme de la Sèvrie, celles de la Roche Mousset et de la petite Roche Mousset, de la Goinière et de la Petite Goinière, Le Pinier, La Cantinière et Les Margirandières.
François Cochard, digne successeur de son père
1776
A 28 ans, François, le fils ainé de Pierre, se marie avec Marie Vigneau née en 1753, de cinq ans sa cadette. Ils vont avoir quatre enfants.
Marie, décède, comme la mère de François, des suites de l’accouchement de leur dernier enfant, prénommée également Jeanne.
1783
Le 21 mai 1783, François se remarie avec Marie Chapeau en l’église de Saint-Aubin-de-Baubigné. L’acte est signé par Gautronneau, vicaire, les témoins sont Pierre Cochard, son père, Mathurine Charbonnier, sa deuxième belle-mère, Perrine Logeais, la mère de Marie et Pierre Besson. De cette union naîtront sept enfants.
François se sera marié 2 fois et aura engendré 11 enfants en 25 ans.
Pierre et François, signataires du cahier de doléances des Cerqueux de Maulévrier
Article 1 : Nous demandons l’abolition de la gabelle en général, attendu les inconvénients qui en résultent
Article 2 : L’abolition de la taille en général pour y substituer un impôt tellement fondé en principe que chaque individu connaissant ses facultés puisse connaître sa taxe en raison de celle de la paroisse
Article 3 : La suppression des privilèges pécuniaires et des nobles et des ecclésiastiques
Article 4 : La suppression des privilèges des habitants des villes et des particuliers qui sont taxés d’office pour supporter comme les autres sujets du Roy un impôt égal
Article 5 : Nous désirons l’établissement d’Etats paroissiaux pour la province d’Anjou distincts et séparés de ceux des provinces du Maine et de Touraine, dans lesquels Etats paroissiaux, le Tiers Etat sera pour moitié et dans cette moitié que les habitants des campagnes comme le plus nombreux en forment les quatre cinquièmes
Article 6 : Nous désirons la continuation des assemblées municipales et que ces assemblées soient chargées de la juste répartition des impôts et de présenter aux Etats provinciaux les besoins de la paroisse pour être autorisés à établir des taxes particulières et rendre compte aux Etats provinciaux de la répartition et emploi des fonds sans intervention ni inspection des intendants et subdélégués
Article 7 : Nous demandons l’abolition des huissiers priseurs-vendeurs de meubles
Article 8 : La suppression des droits d’aides et remboursement des traites aux barrières du royaume pour faciliter le commerce interne
Article 9 : Nous désirons que la perception, collecte et comptabilité soit faite et versée par les paroisses aux Etats provinciaux, lesquels verseront eux-mêmes directement dans le Trésor Public le produit des impôts de leur province
Article 10 : Qu’il soit établi un impôt particulier sur les gens à portefeuille, négociants, rentiers
Article 11 : Qu’il soit établi dans la paroisse un hospice pour les pauvres et que l’assemblée municipale puisse être autorisée dans les temps de calamités à établir une taxe pour le soulagement des malheureux sous l’inspection des Etats provinciaux
Article 12 : La réformation des droits de contrôle et la suppression des droits de francs-fiefs et de centième denier pour les successions collatérales
Article 13 : Que les bois et étangs soient sujets aux oppositions comme les autres fonds
Article 14 : Que partie des deniers que la paroisse paye pour la réparation des chemins royaux soit employée et destinée à la réparation des chemins de la paroisse en ayant le plus grand besoin est qu’au lieu d’être occupé à travailler au grand chemin et à un atelier de charité ils ne pourront être occupé qu’à l’un ou l’autre seulement
Article 15 : Nous demandons qu’au lieu d’être forcés au tirage de la milice et de se transporter à la subdélégation, ce qui occasionne de grands frais, la paroisse s’oblige de fournir les hommes de bonne volonté qu’elle sera obligée de fournir au Roy parce qu’un pauvre père qui n’a qu’un fils qui fait toute sa ressource s’en trouve privé
Le présent cahier de doléances (Archives départementales de Maine et Loire, Cahier de doléances 1789, Les Cerqueux de Maulévrier, cote 1B 61, n° de chemise : 11, Le Moy (André), Cahiers de doléances et corporations de la ville d’Angers et des paroisses de la sénéchaussée, Angers, Burdin, 2 vol. 1915-1916) a été fait et arrêté par les habitants de la paroisse des Cerqueux de Maulévrier en présence de nous, Pierre François Mondelet, avocat postulant de la ville et du comté de Maulévrier assisté de Maitre René François Bodi, notaire du comté de Maulévrier que nous avons commis comme notre greffier dont nous avons donné acte aux habitants qui savent signer.
Le cahier de doléance est ensuite lu et soumis à l’assemblée du village réunie :
« Aujourd’hui quatrième jour de Mars 1789 en assemblée convoquée au son de la cloche en la manière accoutumée ont comparu au bourg et paroisse des Cerqueux en la maison de Felix Leroux, aubergiste, lieu désigné à cet effet par devant nous Mondelet avocat postulant de la ville et du comté de Maulévrier assisté de Maitre René François Bodi, notaire du comté de Maulévrier que nous avons commis greffier…
Tous nés français ou naturalisés, âgés de 25 ans compris dans les rôles des impositions, (Votaient au général les hommes de plus de vingt-cinq ans qui payaient au moins 10 livres d’impôts par an (environ 150 euros d’aujourd’hui)) habitants tant de ce bourg que de cette paroisse composée de cent feux ou environ…
…lesquels pour obéir aux ordres de sa majesté, portées par ses lettres données à Versailles le 24 janvier dernier pour la convocation des Etats Généraux du Royaume et satisfaire aux dispositions du règlement annexe ainsi qu’à l’ordonnance de Monsieur le Lieutenant particulier de la Sénéchaussée d’Angers […] du 14 février dernier dont ils nous ont déclaré avoir une parfaite connaissance tant pour la lecture qui vient de leur en être faite, que par la lecture et publication faite le dimanche courant au prône de la messe de la paroisse par Monsieur le Curé dudit lieu et par la lecture, publication et affiche parallèlement faite au-devant de la porte de l’Eglise…
Pierre Cochard et son fils ainé François sont membres de l’assemblée communale et signataires du cahier de doléances, ce qui indique qu’ils faisaient partie des métayers qui payaient au moins 10 livres d’impôts par an, les classant ainsi dans la catégorie des laboureurs évoqués par Ernest Pérochon dans son roman Nêne, ce qui nous laisse présumer qu’à défaut d’être riches ou à l’aise, ils n’étaient pas non plus indigents ou mendiants.
Dans ce cahier de doléances des Cerqueux, les habitants se montrent plutôt progressistes, réclamant notamment avec insistance la suppression de la gabelle et des mesures pour aider les pauvres. Le cahier a été établi avant l’assemblée communale et il est rédigé de la main du greffier, René-François Bodi, notaire. Il reflète, probablement plus, l’opinion de la famille Bodi dont le père avait été Procureur fiscal du comté de Maulévrier et dont l’un des fils, Victor Bodi, devint avocat en 1776 puis fut élu, juge de paix du canton de Maulévrier, que celles des habitants, pour la plupart analphabètes et surement moins au fait des connaissances et informations dont disposait le notaire.
Article 1 : L’Anjou était pays de « Grande Gabelle ». Le Poitou faisait partie des provinces « rédimées » où l’on payait le sel de 8 à 10 fois moins cher qu’en Anjou. Les marches communes d’Anjou et du Poitou consistaient en une bande de territoire située à cheval sur les deux provinces. C’est au travers de cette bande de terrain qu’œuvraient les « faux-sauniers », les contrebandiers de sel.
Article 2 : La taille était l’impôt roturier par excellence. Mais nombre de roturiers étaient exemptés de taille : bas officiers de justice et de finances, bourgeois de certaines villes, laquais des riches, etc. Or la taille était un impôt de répartition, c’est-à-dire que le gouvernement en fixait chaque année le montant. Dès lors, plus grand était le nombre des exemptés, plus lourd était le poids de l’impôt pour ceux qui le payait.
L’article 7 qui réclame l’abolition des huissiers priseurs-vendeurs de meubles semble être une revendication contre les bourgeois. Était-elle le reflet du ressentiment des habitants des Cerqueux ?
Le 8ème article traduit, lui, la volonté de « protéger » le pauvre à ne pas sombrer dans la mendicité, considérée comme un délit. En effet, « un tiers des habitants vivaient de mendicité ; l’autre tiers de gêne ou de mendicité ».
A la lecture du cahier de doléances des Cerqueux, les habitants semblent souhaiter des évolutions ; moins d’impôts, plus d’autonomie dans la prise de décision, expriment des ressentiments vis-à-vis des profiteurs, gens à portefeuille, négociants, rentiers, souhaitent que les fils ne soient pas enrôlés dans la milice et qu’ils puissent réparer leurs chemins plutôt que ceux du Roi.
Ils ne semblent pas défavorables au monde nouveau qui s’annonce… mais pourtant…
Merci pour avoir relaté et m’avoir fait découvrir la vie de la tribu Cochard. Cela complète amplement la visite au château de la Sevrie à l’automne dernier.
Un grand Merci pour toutes ces recherches sur nos ancêtres.
Merci pour ce commentaire sympathique et encourageant et pour tes autres commentaires… A bientôt
Tiens, mais…
Moi aussi j’ai des Cochard et Ogereau et Goupil dans ce coin… (mais zut évidemment je n’ai pas encore remonté cette branche !)