Poèmes

Le lecteur égaré

Rébus, glyphe, graphe
Des signes pour raconter
Des lignes dictées
Pour maitriser l’orthographe

A Sumer les premiers signes
Comptent les ânes
Distribués à un cultivateur
A un forgeron, à un corroyeur

Que de lignes tracées depuis
Pour dire l’histoire
L’amour, la haine
Entre les hommes

Les langues parlées sur terre
Sont-elles issues d’une même langue mère ?
Polémiques ou polyphonies
De livres imprimés

Le cimetière des livres oubliés
N’est pas situé qu’à Barcelone
Nombreux sont ceux
Qui attendent le lecteur égaré

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Les Trésors de Tatie

La Tatie tatouée touche à tout ce qu’elle trouve.
Elle transporte ses trésors trouvés
Dans son trench-coat tout troué.

Elle traverse la ville jusqu’à la tour de la technologie,
Sur la table d’orientation
Elle tapote les touches
Et, ouvre le tiroir des taupes gardiennes de trésors.

Le typhon et le tsunami approchent.
Avant la tempête, il est grand temps
De confier ses trouvailles aux taupes :
Une tomate rouge, un tapis bariolé,
Un tatami tout blanc, un clocher tordu,
Et du thé vert.

Dans le prochain épisode du jeu,
Elle aura toujours d’autres trésors
A transmettre, à ses amies les taupes.

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Questions et réponses

Quelles que soient les querelles
Il est nécessaire de trouver la quiétude.
Beaucoup de questions se posent à la queue leu leu :
Pourquoi mes quatre amis m’ont-ils quitté ?

Je me suis lancé dans la quête, de quoi, de qui…
Sur le quai de mes habitudes quotidiennes,
Je me suis interrogé…
Suis-je une quiche, un quidam quelconque ?

Au vu de ma quantité d’efforts produits,
J’en ai conclu que je valais mieux.
Que mon quotient d’amour et d’amitié
Était élevé.

Il ne me servait à rien d’en quémander
Il me suffisait juste d’en donner
A ces québécois rencontrés
A ces quidams amicaux
A de quelconques personnes rencontrées.

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La fibre sociale du facteur

Mon grand-père, le facteur
Était souvent fatigué.
Était-ce sa faute,
S’il était fréquemment fébrile ?

On le traitait de fonctionnaire
Qui effectuait un travail facile.
La Poste faisait alors partie
De la Fonction publique.

Lors de ses tournées de distribution du courrier
Il réconfortait les personnes fragiles,
De paroles fécondes, sans filtre.
Il était fréquent que ses clients
Le félicite pour sa fibre sociale,
Pour son contact humain fertile
Ce flux, le réconfortait grandement.

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Fais-moi signe

En prémices de l’écriture,
les Egyptiens et les Mésopotamiens
utilisaient le rébus
J’attendrai la pré-Miss à la ré’d’bus
A la raie de bulles
A quelle heure est l’arrêt ?
A l’arrêt de bus
La pré-Miss montrait ses cuisses
Et ses yeux de biche surlignés
Point à la ligne.

En écriture sumérienne encore utilisée
Par les scribes de Babylone
En hiéroglyphes où en alphabets
Arabe, chinois ou romain
Fais-moi signe :
Donne-moi des nouvelles de la pré-Miss,
Au prochain arrêt. 
Elle est tombée, de Charybde en Scylla.

Si la suite en sol
Se conjuguait au présent
Dans un futur lointain
L’écrit serait dépassé
Plus de plume, de parchemin
Plus de crayon, de vélin
Plus de stylo, de papier
Le cunéiforme numérique eu les faveurs
De la pré-Miss, un temps

Temps de chien, temps de gueux
A la queue, leu leu
Le temps s’est obscurci
Pour l’écrit
Par le Cri de Munch,
Les cris s’élèvent
Cri, y es-tu ?

Le dit et le redit
Ont pris la place
Les douleurs se déplacent
La place publique
Est devenue agora
Au fil des arrêts
Jusqu’à la station Javert.

Jean Valjean n’y mendiait plus,
Il regarda passer la pré-Miss
Dans un coup d’œil complice
En un vœu muet,
Il lui demanda de lui faire signe
De lui écrire,
Des lignes de poèmes foutraques
Des envolées fantasques
De tomber le masque
Pour toucher le sensible
Quel que soit le support et l’outil

Deviendra-t-elle utile dans l’urgence ?
Du devoir d’écrire
Des dictées contraignantes
Des emphases délirantes
Des vers, crachats de l’âme
De soi

Galimatias, que tout ça !
Revenir aux rébus
Aux rebuts, aux débuts
Garder le signe en tête,
L’utiliser en en-tête,
En corps de texte
Où en conclusion
En arial, times ou roman,
En vers ou en prose
Ecrire sur soi, sur d’autres
S’écrire à soi ou aux autres

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Nous ne parlerons plus

Nous ne ferons plus revivre
ta maman, Marie-Anne, et son amour des chats.

Nous ne ferons plus revivre
ton papa, Hubert, la ferme de Fontenay,
tes trajets pour aller à l’école, l’hiver, à travers champs.

Nous ne ferons plus revivre
Philomène, ta grand-mère de cœur,
qui avait recueilli Marie-Anne, à l’âge de quatre ans,
au décès de sa maman.

Nous ne ferons plus revivre
Georges, garçon de ferme à neuf ans,
qui apprit à lire tout seul

Nous ne ferons plus revivre
Albertine, qui n’aurait jamais cru,
que tu puisses faire cela pour elle,
lorsque tu l’as accompagné jusqu’à son dernier souffle.

Nous n’évoquerons plus
nous, tes enfants,
nos bobos, petits et gros.

Nous n’évoquerons plus
les études de l’un ou de l’autre,
de tes petits enfants,
leurs débuts dans leur vie d’adultes.

Nous n’évoquerons plus
tes arrière-petits-enfants,
le seul qui était né
avant que tu partes,
et ceux qui sont arrivés depuis.

Nous ne parlerons plus
des ânes, qui te rappelaient ton enfance.

Nous ne parlerons plus
des oiseaux, le Gros Bec qui était venu te rendre visite,
les chardonnerets qui venaient d’arriver,
les mésanges, pour qui, tu préparais des noix,
que nous avions, quelques fois, chapardées ensemble.

Nous ne parlerons plus
de papa, dont tu n’as jamais accepté le décès.

Tu es partie, au même âge que lui,
comme lui, en février, un samedi.

Pour parler de toi,
on ne fait qu’évoquer les autres.

C’était ta vie,
venir en aide, consoler,
les tiens et d’autres.

Tu ne voulais pas déranger,
pas demander,
pas te plaindre.

« tant que ça va comme ça,
il n’y a pas à se plaindre. »
Disais-tu.

Lundi dernier, tu ne parlais presque plus,
alors que je me frictionnais le genou,
tu m’as demandé si j’avais mal.

C’était tout toi.

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Vivre avec la Loire en héritage

L’hiver est rude et rigoureux
Comme on n’en connait plus
Nous ne sommes encore que deux
Le fleuve charrie d’énormes morceaux de glace
Dans un tumulte joyeux, impressionnant
C’est dangereux, ça bouscule et ça réjouit.

Le printemps pointe son nez
Les vaches paissent tranquillement
Entre le fleuve et la levée
Boutd’Zan nous attend à l’Etiage
Pour la leçon d’équitation hebdomadaire.

L’été est déjà là
Les ondulations se dessinent
Sur les longs bancs de sable
Qui permettent de s’aventurer
Au beau milieu du fleuve
Mélody, son égérie, prend la pose
Pour des photos de mode nature.

C’est maintenant l’automne des balades
Au-dessus du Thoureil
Le chemin affleure les toits
Un chat noir et blanc nous accompagne, un moment
Nous dominons le fleuve qui étale sa superbe, au loin
Lors d’une montée plus longue
Les premiers signes de ton cœur défaillant
Apparurent.

Nous sommes quatre désormais
A voguer sur le fleuve
Au gré des courants capricieux
Contourner les iles ensauvagées par les saules
Eviter les bancs de sable piégeux
Découvrir d’un autre regard
La levée, l’abbaye, les bords de Loire.

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Au bord de la côte, entre mer et marais

Moules-frites, à midi, sur le port.

Promenade entre mer et marais

Frôler les épillets des graminées

Longer les ganivelles de clôture

Surprendre les moutons dans les prés salés

S’étonner d’autres, affalés sous un arbre solitaire

Découvrir des carcasses de bateaux

Dressées comme des arbres morts

Dominants les herbes folles et les ronces.

Déboucher, soudain, sur une crique ensoleillée

Descendre s’y tremper les pieds

Récolter quelques bois flottés

Pour en faire de futures sculptures.

Revenir par un long chemin

Sur le bord de la côte.

Avant de conclure la journée

Par des crêpes et des bolées de cidre,

Admirer à la nuit tombante

Les bateaux amarrés, endormis

Sur le clapotis du port.

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Sur les rives de la Dordogne, en Périgord noir

En ce mois d’octobre, nous posons nos valises
En Périgord noir, au Pays de Belves.
Nos premiers pas nous conduisent sous la halle
Forêt de poutres et chevrons construite en 1462.
La porte étroite du castrum franchie,
Nous entrons dans un Moyen-Age alangui
Ou trône, une maison néogothique de 1882.
Ce fut la demeure d’André Dejean de Fonroque
Maire mégalo de Belves de 1904 à 1942
Qui possédait un wagon de chemin de fer
Destiné à son seul usage personnel.

Au détour de chemins, noix et châtaignes abondent.
Nous arpentons, grimpons jusqu’au haut du plateau calcaire
Ou se dresse le fier et austère château de Beynac
Qui domine la Dordogne sur sa rive droite.
Les bruits, des batailles de la guerre de 100 ans
Et des jacqueries des croquants nous parviennent
Au-delà de sa porte et de sa barbacane
Par une étendue herbue qui ouvre l’espace sur la vallée.

Après un arrêt aux jardins suspendus de Marqueyssac
Tout de buis taillés, sculptés en formes douces arrondies
Nous longeons les méandres du fleuve,
Admirons les gabares flottant sur ses eaux,
Découvrons la falaise calcaire qui domine la Roque-Gageac,
Où palmiers, oliviers, bananiers et bougainvilliers
Nous, surprennent et nous enchantent.
C’est à la bastide de Domme que notre voyage
Prend fin, ce jour-là, à la tombée de la nuit.

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