Philomène

Philomène 3 : la famille Cron

La famille de Philomène

Les parents de Philomène, Louis Cron et Justine Gabard se sont mariés à Boussais le1er juillet 1879.
Ils s’installent à la Chévrie, petit hameau perché sur sa colline, de la commune de Boussais, qui sera pour de longues années le lieu de vie principal de la famille Cron.

Ils vont avoir 6 enfants :
Joséphine en 1880
Joseph en 1882
Benoni en 1884
Philomène en 1887
Narcisse en 1891 qui décédera à l’âge de 2 mois
Albeline en 1893

Mais la vie des enfants Cron va n’être quasiment qu’une suite d’événements douloureux.

Le destin tragique de Joséphine Cron

Née le 27 février1880, Joséphine a 22 ans lorsqu’elle donne naissance à un fils, Henri Bénoni, le 8 avril 1902.C’est son père Louis qui vient à la mairie de Boussais pour déclarer la naissance de l’enfant. L’enfant est déclaré, né de père inconnu.

2 jours plus tard, le 10 avril 1902, Joséphine meurt des suites de l’accouchement.

L’enfant Henri Bénoni Cron est alors confié à la famille Bertaud. François Bertaud avec son épouse Eugénie accueille des enfants de l’hospice (recensement de Coût Pompaire Deux-Sèvres de 1891) ou des pupilles (recensement de 1901). A moins de 5 mois, Henri Bénoni meurt, le 25 août 1902.

La déclaration de décès est effectuée par Bachelier Sincère Jean, qui a alors 25 ans. Il est accompagné de François Bertaud. Il nous est permis de présumer que Bachelier Sincère Jean était le père « inconnu ». C’était un homme marié.

En effet, il s’était marié le 3 octobre 1899 à Pompaire avec Marie Euphrosine Fréjoux. A cette occasion le couple reconnut leur enfant « naturel », Clément Bachelier né, hors mariage, le 7 juillet 1894. Ce fils trouva la mort sur le champ de bataille le 28 février1915 à Zonnebeke en Belgique.

Le couple Bachelier – Fréjoux eu quatre autres enfants.

Autre destin tragique celui de Bénoni Cron

Benoni naît le 13 août 1884. Lors du recensement de 1906 à L’Hopiteau de Boussais, nous retrouvons Bénoni qui est laitier chez le fermier Aristide Roy. Il a 22 ans. Benoni meurt en 1910, à 26 ans, sans qu’on en connaisse la cause.

Le prénom Bénoni a été donné à 2 reprises dans la famille Cron. Benoni qui meurt à 26 ans et Henri Bénoni l’enfant de Joséphine mort à 5 mois.

Or l’étymologie du prénom Benoni vient de l’hébreu et se traduit : « fils de ma douleur ».
Nombre de parents, qui pensent, le prénom Bénoni, italien, à cause de sa sonorité, sont donc loin du compte. Par sa signification, c’est du féminin Dolorès que Benoni est le plus proche.

Le nom de « fils de ma douleur » était, hélas, on ne plus approprié… pour la famille Cron.

Le destin non moins tragique de Joseph Cron

Joseph nait le 29 mars 1882. Le 4 juillet 1910 il se marie à Coulonges-Thouarsais avec Marie Louise Mineau. A 32 ans, il est mobilisé le 1er août 1914 comme des milliers d’autres soldats. Il arrive au corps le 11 août 1914. Il est tué à Zonnebeke en Belgique le 27 novembre 1914.

La Bataille de Zonnebeke : « L’hiver oublié 1914-1915 » (BOSSY-GUERIN Sylvie, Histoire du 77ème RI, 18 octobre 2015)
En automne 1914, à Zonnebeke en Belgique, le 9ème corps français composé de 2 divisions dont le 77ème RI de Cholet et le 135ème RI d’Angers, de 2 divisions de cavalerie ainsi que l’armée anglaise combattent contre l’armée allemande.
Cette bataille détruit la ville de Zonnebeke, l’église, les maisons du village, des fermes. La population fuit le village et se dirige vers la France.
Les armes utilisées sont des canons avec des lancements d’obus ainsi que des fusils. Les soldats se réfugient dans des maisons bombardées ou campent dans des fossés et avancent vers l’ennemi en creusant des tranchées. Les conditions de vie sont difficiles avec en permanence le bruit des canons et le sifflement des obus. Les soldats sont souvent dehors dans les tranchées avec beaucoup de morts et de blessés, ils ne peuvent pas toujours dormir. Ils mangent des aliments froids, ils boivent peu d’eau parfois du vin « pinard ». Ils n’ont pas de toilettes, ont souvent des diarrhées et des maladies en lien avec le manque d’hygiène.

Selon les extraits des journaux de Georges Cottenceau et de Joseph Bellouard, la bataille a complètement détruit la ville, c’est une véritable boucherie quotidienne, les canons et les obus n’arrêtaient pas de se faire entendre, les blessés mutilés n’arrêtaient pas de se plaindre. Le bilan militaire Français est très lourd notamment entre le 23 octobre et le 13 novembre 1914.
En 21 jours il y a eu 7 529 morts, 24 571 blessés et 9 150 disparus.

Pour en savoir plus :
https://www.stleger.info/auguste/21le77eazonnebekebis.htm

La vie d’Albeline Cron, ne fut pas, non plus, un long fleuve tranquille

Albeline a 27 ans lorsqu’elle donne naissance à son fils Paul en 1920. Son fils est déclaré de père inconnu et porte le nom de sa mère.
N’étant pas en mesure d’élever son fils, elle le confie à sa sœur Philomène qui « l’adopte ».
Sa fille, Marie Philomène, naît trois ans plus tard dans les mêmes circonstances.

Albeline se marie, ensuite, avec Ernest Poignant en avril 1924, dont elle aura une fille Germaine en 1925.

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Philomène 4 : Auguste et Marie-Anne

Philomène et Auguste

Auguste Bourdin est domestique dans une métairie de Chiché, commune voisine de Boussais avant qu’il ne fasse son service militaire, qui en 1905 vient de passer à une durée de 2 ans. Il rentre au 114ème Régiment d’Infanterie de Parthenay, le 9 octobre 1905. L’entrée à la caserne est un énorme changement pour Auguste, les lieux sont propres, spacieux, il y a l’eau courante, il a son lit rien qu’à lui. Ce n’est pas ce qu’il a connu ni chez ses parents, ni à la métairie. De la viande presque tous les jours, du vin à chaque repas, ce n’est pas, non plus, ce qu’il a connu jusqu’alors. Il prend goût à ce « confort moderne ». Il se dit qu’il quittera la métairie à son retour. Le service, malgré ses avantages, c’est un peu toujours la même chose, des marches, des tirs puis des marches, des tirs. 2 ans c’est quand même long. Il est enfin démobilisé le 28 septembre 1907 et versé dans l’armée de réserve.

A son retour, il retourne à Chiché, mais bien vite, il court les assemblées pour trouver à se placer ailleurs, pour trouver aussi, à se marier. Il rencontre Philomène, une fille de Boussais. Bien vite, ils pensent à se marier et à trouver une bonne place ensemble.
C’est ce qu’ils font, ils se marient le 16 novembre 1908 à Boussais et trouvent en même temps à se placer, lui comme domestique, elle comme servante dans une bonne maison à Saint Varent.
Auguste à 24 ans, Philomène 21.

Marie Albertine Bourdin et Clément Théophile Gellé

La soeur d’Auguste, Marie Albertine Bourdin s’est mariée le 12 juin 1901 à Pierrefitte avec Clément Théophile Gellé.

Marie-Albertine Bourdin est née, le 3 novembre 1881 à Saint-Sauveur de Givre en Mai (aujourd’hui intégrée à Bressuire).
Les parents d’Auguste et de Marie-Albertine sont Louis Bourdin et Rose Louise Beçon.
Ils se marient en novembre 1875, et vont avoir 5 enfants : Louis Florentin en 1877, Marie-Louise en 1879, Marie-Albertine en 1881, Auguste-Alphonse en 1884, Sylvain-Paul en 1890.

Clément Théophile Gellé est né, lui, le 6 juillet 1877 à Pierrefitte (nord des Deux-Sèvres, entre Bressuire et Thouars).
Sur son acte de naissance il est fait état de deux mariages :
Le premier avec mon arrière-grand-mère Marie-Albertine Bourdin le 12 juin 1901
et le second le 2 mai 1929 avec Marie-Augustine Guilloteau.

Lors de leur mariage, le 12 juin 1901, Clément Théophile Gellé a 24 ans, Marie Albertine Bourdin a 20 ans.
De cette union vont naître 5 enfants :
Fernand Clément Louis né le 03 mai 1902, à Pierrefitte
Sylvain Eugène Joseph né le 30 octobre 1903, décédé le19 septembre 1906, à l’âge de 3 ans
Paulette Thérèse née le 10 septembre 1905
Gilbert Fernand né le 23 décembre 1908
Marie-Anne Germaine Frida née le 9 juin 1912

La sœur d’Auguste, Marie Albertine Bourdin ne s’est pas bien remise de son dernier accouchement, elle doit élever quasiment seule ses quatre enfants, son mari Clément Théophile est dur et pas très aidant. Le 22 février 1914, Marie-Albertine meurt à l’âge de 32 ans.
De quoi ? dans quelles circonstances ? dans l’état actuel de mes recherches, je ne le sais pas.
Marie-Anne, ma grand-mère a 20 mois quand sa maman décède, ses frères et sœur ont : Gilbert 5 ans, Paulette 8, Fernand 12.

Philomène et Auguste « adoptent » Marie-Anne

Depuis qu’ils se sont mariés, cela fait déjà 6 ans, Auguste et Philomène n’ont pas eu d’enfant.
La question de s’occuper de Marie-Anne ne se pose pas longtemps.
Auguste et Philomène « adoptent » ma grand-mère Marie-Anne, sans qu’un document ou jugement quelconque soit établi. De fait, Auguste et Philomène deviennent le père et la mère de substitution de Marie-Anne.

Marie-Anne et Philomène 1917-1918

1914 : la 1ère guerre mondiale éclate

Auguste, bien qu’âgé de 30 ans, est mobilisé le 1er août 1914, comme beaucoup d’autres, jeunes appelés ou réservistes. Il est incorporé le 4 août 1914, dans le régiment ou il a fait son service militaire, au 114ème Régiment d’Infanterie de Parthenay.
C’est la guerre, comme on en parle depuis plusieurs mois, mais elle ne va pas être longue, à la fin de l’été ou au plus tard à l’automne, il sera revenu.

Son frère, Sylvain Paul, âgé lui de 24 ans, qui avait été exempté par décision du Conseil de révision en 1912 pour bronchite chronique, est classé dans le Service armé par décision du Conseil de révision, le 14 octobre 1914. Il est incorporé au 114ème Régiment d’Infanterie de Parthenay le 30 novembre 1914 et part au front le 27 février 1915.
Fin mai 1915, une mauvaise nouvelle arrive à Faye l’Abbesse ou habitent maintenant les parents Bourdin : Sylvain est porté disparu depuis le 9 mai 1915, lors d’un combat de son régiment à Loos en Gohelle dans le département du Pas de Calais.
Il sera reconnu officiellement décédé, par jugement, en 1929.

Philoméne raconte cette nouvelle à Auguste dans une lettre, mais elle lui dit, dans d’autres, les progrès, les sourires de Marie-Anne. Auguste n’a pas perdu le moral malgré des moments de découragement. Le 21 avril 1916, il est passé au 92ème Régiment d’Infanterie qui est, bientôt, regroupé avec ceux de Poitiers et d’Angers pour former le 325ème Régiment d’Infanterie.
1918, on annonce que la guerre va bientôt finir, que la victoire se dessine. Auguste est considéré comme un vieux briscard par ses camarades d’infortune, après deux ans de service militaire et bientôt quatre ans qu’il fait cette foutue guerre. Ils avaient dit qu’elle serait courte…

1918 Auguste meurt juste avant la fin de la guerre

Journal de marche opérationnel du 325ème Régiment d’infanterie, Avril 1918, Grivesnes dans la Somme :

4 avril 1918
Le régiment reçoit à 13h l’ordre d’alerte.
Le 5ème bataillon est mis à la disposition du colonel Philippot, commandant le 277ème
Les 4ème et 6ème bataillon et le bataillon Maillochet du 272ème sont placés sous le commandement du colonel Pernin et doivent se rassembler aux environs de la cote 146 (1200 mètres de Chirmont)Les allemands ayant avancé légèrement vers l’Ouest dans la région de Moreuil, les bataillons sont envoyés : le 4ème aux environs de la cote 131 (1km au Sud Est de Louvrechy), le 6ème devant Louvrechy, force au Nord Est et pousse un peloton de la 22ème Compagnie dans le ravin sud de Merville pour assurer la liaison entre les troupes du 6ème Corps qui occupent Merville et le détachement Philippot qui occupe la ligne 217 (Nord Est de Merville) cote 139 (2km Nord de Thory) le bataillon Maillochet à la corne Sud Est du bois Louvet ;
Ces 2 derniers bataillons prêts à la contre-attaque dans la direction de Merville.La fin de l’après-midi se passe sans incidentA 19 heures, le Colonel qui a installé son P.C. dans une maison de Louvrechy, reçoit l’ordre de se rendre avant le jour avec les 4e et 6e bataillons à la côte 74 (1.200 mètres nord-ouest de Grivesnes), pour prononcer, dans la journée du 5, l’attaque qui était prévue pour le 4 et que l’avance des Allemands sur Moreuil a retardée.

5 avril 1918
Départ des bataillons à 2h30. Arrivée à la cote 74 à 4h30.
Le Colonel se rend à Esclainvillers où le Général Commandant la 127ème Division d’Infanterie lui donne les premiers ordres.
A 10 h. 20, le Colonel Pernin reçoit l’ordre d’engagement : les 4ème et 6ème bataillon encadrant un bataillon du 172éme RI (Commandant O’Sullivan) doivent à 14 heures attaquer les positions ennemies entre Aubvillers et Malpart. Le terrain à parcourir est un glacis sans aucun abri.
Le 4e bataillon (Commandant Michel), à droite, doit s’emparer de la crête au Nord de Malpart ; le 6e Bataillon (Capitaine Salel), à gauche, doit prendre Aubvillers, le bataillon du 172ème, au centre, doit relier les deux attaques et occuper la tête du ravin dirigé vers Braches. Conformément au plan d’engagement, les troupes sortent des tranchées à 14 heures et se portent à l’attaque de leurs objectifs, sous le feu des tirs indirects des mitrailleuses ennemies, qu’une préparation d’artillerie de quelques minutes n’a pu détruire.
A 14 h. 14, la route d’Aubvillers à Grivesnes est atteinte par le bataillon Michel ; quelques minutes après cet officier supérieur est blessé.
A 14 h. 20, le Commandant O’Sullivan du bataillon du 172ème RI est blessé à son tour.
Au même moment, le bataillon de droite (Commandant Michel) faisait savoir que les mitrailleuses du parc de Grivesnes n’avaient pas été détruites et lui causaient des pertes assez sérieuses.
Le bataillon O’Sullivan moins gêné par ces mitrailleuses prenait alors un peu d’avance sur le bataillon Michel qui était obligé de ralentir son allure.
A 14h.15 Le bataillon Salel faisait également savoir qu’un nid de 7 mitrailleuses était installé dans un tas de fumier, à 150 mètres en avant de la ferme Fourchon ; que cette ferme elle-même intacte était également garnie de mitrailleuses. Le bataillon Salel enlève cependant les mitrailleuses du tas de fumier et les retourne contre l’ennemi, qui se replie par échelons devant le barrage roulant, non sans subir des pertes sensibles.
A 15 heures, le Colonel, commandant l’attaque, mis au courant de la situation, demande un tir de concentration de quinze minutes sur la ferme Fourchon et sur le parc de Grivesnes.
A 15 h. 15, ce tir ayant cessé, on reprend la marche en avant et la crête est dépassée ; mais les mitrailleuses de la ferme Fourchon et du parc de Grivesnes, encore intactes, concentrent un tir extrêmement violent sur nos vagues d’assaut.
La plupart des officiers et sous-officiers chefs de section sont tués ou blessés ; le Capitaine Salel est blessé.
L’ennemi lance à ce moment sur chacune des deux ailes du bataillon O’Sullivan, qui se trouvait légèrement en pointe, une contre-attaque violente, qui oblige se bataillon à se replier.
Les bataillons de droite et de gauche, privés de leurs chefs, suivent le mouvement et se replient sur les tranchées de départ.
L’ennemi réoccupe ses tranchées et essaie de pousser quelques éléments, qui sont arrêtés immédiatement par un tir de barrage, déclenché par le Commandant de l’attaque. Ce qui reste des troupes d’attaque est regroupé par bataillon et tient les tranchées.
Trois prisonniers restés entre nos mains permettent d’identifier le 8e régiment d’infanterie de la garde contre lequel l’attaque est venue se heurter.
Les pertes sont sensibles ; sur les troupes engagées, il reste :
Au 4ème bataillon, 5 Officiers,18 Sous-officiers, 223 hommes.
Au 6èmebataillon, 3 Officiers, 18 Sous-officiers, 225 hommes.
CHR, 9 Officiers, 8 Sous-officiers, 144 hommes.
Au 1er bataillon du 172ème RI, 1 Officier, 0 Sous-officiers, 135 hommes.
Un avion est abattu par la section Nicolad de la 6ème CM et un autre touché.
Un flottement se produit, néanmoins ; quelques hommes lâchent pied, surtout à droite et se retirent vers l’arrière.
Ce qui reste des troupes d’attaque est regroupé par bataillons et forme une ligne de soutien derrière.
Déclarations du Lieutenant Bonnavent :
« Il ne reste à la 21ème compagnie du 325ème Régiment d’Infanterie qu’un officier et 18 hommes.
Assez grande proportion de tués, beaucoup de blessés légers. Blessures surtout par balles, très peu par éclats d’obus.
Les liaisons ont généralement bien fonctionné. L’évacuation des blessés, en raison du grand nombre de ces derniers et du manque de brancards a souffert quelque retard.
En résumé, les troupes sont parties à l’attaque avec un entrain digne d’éloges et si elles n’ont pas réussi c’est que l’action d’artillerie sur les points d’appui du parc de Grivesnes et de la ferme Fourchon, a été complètement insuffisant pour détruire les nids de mitrailleuses qu’ils contenaient. »
Le Colonel propose une citation à l’ordre de l’Armée qui sous la conduite de son chef, le capitaine Gigon a fait preuve, au combat du 5 avril 1918, d’un courage admirable, en se portant à l’attaque d’une position fortement défendue. A perdu tous ses officiers et est revenu de l’attaque ne comptant plus qu’un sous-officier et 18 hommes.

Auguste est l’un des blessés de ce 5 avril 1918 à Grivesnes :
Son livret militaire indique : « Eclat d’obus – Gros fracas de la face – Ayant eu la mâchoire fracassée par un éclat d’obus a fait preuve du plus grand courage refusant l’aide d’un camarade pour se faire conduire au poste de secours »
Transporté à l’hôpital militaire temporaire n°49 à Orleans dans le Loiret, il y décède le 20 avril 1918.

Philomène va faire le voyage jusqu’à Orleans. Elle assiste à l’enterrement de son Auguste au Carré militaire d’Orléans.

Il sera déclaré « Mort pour la France » et inscrit sur les Monuments aux Morts de Faye-l’Abbesse et de Saint-Varent.

Monument aux morts de Saint Varent

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Philomène 5 : Eléonor, Paul et Marie-Anne

Après 6 ans de mariage, 4 ans de solitude à attendre Auguste, à 31 ans, Philomène se retrouve veuve et doit élever seule, sa petite Marie-Anne. Elle quitte Saint Varent ou trop de souvenirs l’assaillent et trouve une nouvelle place de servante à Coulonges-Thouarsais.

Philomène se remarie avec Eléonor

En 1920, elle se remarie, à Coulonges, avec Eléonor Paindessous de 10 ans son aîné.
Ils s’installent comme métayers au hameau de Fontenay sur la commune de Mauzé-Thouarsais.

La métairie en 2019, 22 rue du centre à Fontenay, commune de Mauzé-Thouarsais (DeuxSèvres)

Philomène et Eléonor « adoptent » Paul

Le 5 novembre 1920, Albeline, la sœur de Philomène donne naissance à son fils Paul, né de père inconnu. Albeline a 27 ans mais elle n’est pas en capacité d’élever son enfant. Passé la période d’allaitement, Albeline confie son fils Paul aux soins de sa sœur. Philomène qui sait qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, « adopte » à nouveau.
Ce sera leur fils à eux deux, à Eléonor et à elle, Philomène.

Philomène en train de filer au rouet et Eléonor prêt à aller labourer avec ses bœufs dans les années 1930

Marie-Anne se marie

A 19 ans, Marie-Anne rencontre Hubert Grégoire. Ils se marient le 23 novembre 1931 à Moutiers sous Argenton.  Le jeune couple vient habiter à Fontenay avec Philomène et Eléonor. Le travail ne manque pas, la ferme peut nourrir toute la famille. Hubert est un gars de la terre, des bras jeunes et vigoureux sont les bienvenus.

La famille ne tarde pas à s’agrandir, le 16 août 1932, naissent deux jumelles : Anne-Marie et Hélène, suivies deux ans plus tard par la naissance de Lucette (ma maman) née le 17 septembre 1934.
Mon oncle Raoul vient compléter la famille le 20 juillet 1936.

1933-1934 une jumelle dans les bras d’Eléonor, une jumelle entre Hubert et Marie-Anne

Recensement, hameau de Fontenay, commune de Mauzé-Thouarsais, 1936

Eléonor et Philomène vont se retirer dans une petite maison de Fontenay  et laisser la famille de mes grands-parents Hubert Grégoire – Marie-Anne Gellé occuper la métairie. Hubert est devenu le chef de famille.

Hubert et Lucette

Le décès de Marie-Anne

Le 28 février 1958, Marie-Anne décède à l’âge de 46 ans.
Ce n’est pas la moindre épreuve que Philomène aura dû affronter.
Après avoir perdu quasiment toute sa famille (lire Philomène 3 : la famille Cron) et son premier mari Auguste pendant la première guerre mondiale, elle perd maintenant sa fille adoptive Marie-Anne.

Je n’ai pas connu ma grand-mère Marie-Anne qui est décédée alors que j’avais un peu plus de 3 ans et j’ai bien peu connu mon grand-père Hubert Grégoire qui est décédé le 12 novembre 1979 à l’âge de 70 ans, alors que j’avais 25 ans.

C’est pourquoi, enfant, ma grand-mère c’était grand-mère Paindessous. Philomène femme de courage et de caractère, qui malgré les épreuves, dont celle de ne pas pouvoir avoir d’enfants ne fut sans doute pas la moindre, contourna les obstacles et mena à bien les missions qu’elle s’étaient assignées.

Eléonor décède en 1968 à l’âge de 90 ans. Philomène en 1970 à l’âge de 83 ans.

La ligne de vie de Philomène

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Philomène 2 : Début de l’enquête, les vrais souvenirs

Qui était Grand-mère Paindessous ?

Grand-mère Paindessous c’était ma grand-mère … Oui, mais ?
Elle a élevé ta grand-mère Grégoire me disait ma mère.
Quand il y a plus de vingt ans j’ai commencé des recherches généalogiques, je n’ai pas commencé par elle…
Et puis… elle m’intriguait, il fallait que je comprenne, que je sache, elle s’appelait Paindessous et le nom de jeune fille de ma grand-mère Grégoire, Marie-Anne c’était Gellé.
Quel était donc le lien ?

Dans un premier temps, j’ai trouvé l’acte de naissance de grand-mère Paindessous :
Philomène Cron née à Boussais dans le bocage bressuirais le 19 janvier 1887.

Les vrais souvenirs et les recherches

Eté 1956 : photos de famille

Ce jour d’été, une photo de famille est prise, ce qui est très rare.
Ci-dessous, de gauche à droite :
Je suis, le bébé au chapeau dans les bras de mon père Marc Chabosseau, il a 29 ans. Derrière son épaule ma mère Lucette Grégoire elle a 22 ans, elle m’a donné naissance à tout juste 20 ans.

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Au centre, mon cousin Marc Bichon est dans les bras de la sœur de ma mère, Anne-Marie Grégoire – Bichon. C’est vraisemblablement mon oncle Roland Bichon qui prend la photo.
Au centre toujours, à l’arrière-plan, mes grands-parents Grégoire encadrent mon cousin Marc. Mon grand-père Hubert Grégoire et ma grand-mère Marie-Anne Gellé.
Au centre derrière mon cousin Marc, entre mes deux grands-parents Grégoire, quelqu’un que j’ai mis bien longtemps à identifier : Paul Cron.
Enfin, au centre, assise, ma grand-mère Philomène Paindessous et debout à ses côtés mon grand-père Eléonor Paindessous. Il est probable, que cette photo ait été prise à l’occasion de la présentation par les deux sœurs de leur progéniture à leurs parents et grands-parents.
Philomène (grand-mère Paindessous) est alors âgée de 67 ans.

Sous le figuier

Philippe
Marc et Philippe
Marc et Anne-Marie

Printemps 1968 : un vrai souvenir que j’avais oublié

La photo ci-contre a été prise en mars ou avril 1968.
Je suis au premier plan à gauche, je me remets doucement d’une péricardite avec mononucléose qui m’a cloué au lit depuis octobre 1967.

Masqué, mon ami et voisin, Jean-Yves Faucon; au fond mon ami Philippe Tascher, ma soeur Anne qui rit derrière ses cartes et grand-mère Paindessous.

C’est la dernière photo où est présente grand-mère Paindessous.
Elle n’habite, alors, plus à Fontenay mais elle réside dans une maison de santé annexe de l’hôpital de Thouars.

Elle y décédera, à peine, deux ans plus tard, le 20 février 1970, à l’âge de 83 ans.

2018 : retour sur les lieux

La maison de Fontenay
maison de Grand-mère Paindessous
l’entrée du jardin

La maison de grand-mère Paindessous, 3 rue de la Patelière à Fontenay commune de Mauzé-Thouarsais, a bien changé…
Elle est inhabitée, les deux cours ont disparues, l’escalier pour monter au grenier a été détruit, le figuier n’est plus là, les herbes folles ont envahies l’espace ainsi que le jardin.
La confrontation de la réalité avec mon vrai-faux souvenir du chapitre 1 ne pardonne pas.
La grange de mon rêve était à gauche alors qu’elle est en réalité à droite.
La distance entre le champ de mon grand-père Paindessous et la maison ne dépasse pas quelques mètres…

Boussais

Quand nous sommes allé à Boussais, je ne savais pas encore que le lieu de vie de la famille de Philomène, la famille Cron était la Chèvrie…
C’est donc le Boussais d’aujourd’hui que nous avons découvert…

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Philomène 1 : un vrai-faux souvenir

Village de Fontenay, commune de Mauzé-Thouarsais, nord du département des Deux Sèvres.

Nous sommes venus voir Grand-mère Paindessous (Philomène).
Nous n’étions pas venus voir Grand-père Paindessous, bien qu’il fût vivant et qu’il fût bien présent lors de cette visite. Je compris bien plus tard pourquoi nous venions voir Grand-mère Paindessous et non pas Grand-père et Grand-mère Paindessous.
Nous, c’était, maman Lucette, papa Marc, mon frère Jean Marc et moi. Je n’ai pas le souvenir que ma jeune sœur Anne ait été du voyage.
Comment étions-nous venus ? avec la 403 du Grand-père Georges ? à vélo ? … Thouars, Fontenay ce n’était pas tout près… (rue Frédéric Chopin Thouars > Fontenay : 1h30 à pied ; 30mn à vélo, 12 mn en voiture)
C’était probablement un dimanche d’Octobre… Pourquoi Octobre ? parce que dans mon souvenir il y a le ramassage des noix… Un dimanche d’Octobre, oui mais de quelle année ? 1962, j’avais 8 ans… 1964, j’en avais 10 ?

Pour arriver à la maison de Grand-mère Paindessous, nous entrions par un portail rouillé à deux battants dans une première cour. Sur la droite, une petite dépendance surmontée d’un grand figuier, sur la gauche une grande grange vide, en pierres, qui avait dû servir à entreposer du foin.
Cette cour, fermée par un mur de pierres donnait accès par un petit portail sur une deuxième cour. S’y trouvait un petit jardin de curé : plantes aromatiques, fleurs, persil, dominé par un arbre fruitier, un cerisier peut-être ?
Nous arrivions alors, enfin, à la maison de Grand-mère. On pénétrait dans la cuisine ou plutôt dans la pièce à vivre, comme nous dirions aujourd’hui. La pièce était basse, au centre s’y trouvait une grande table ronde encombrée de verres, d’assiettes, de tasses, de couverts. Face à nous étaient assis, Grand-mère, petite bonne femme ratatinée habillée de noir et Grand-père, grand bonhomme à la moustache en forme de guidon de course. Ils finissaient de prendre le café, la lampée de gnôle à portée de mains pour faire rincette.

Après que les grands eurent discutés, Grand-père nous emmena voir son jardin. On retraversa les deux cours puis la rue pour accéder par quelques marches, en ayant ouvert la porte étroite, à son jardin. Il était fier de nous montrer ses belles carottes, ses choux, ses bettes-cardes… (bette-carde : poirée)
Il nous entraina, ensuite, en prenant à droite en repartant de son jardin et longeant un haut mur, jusqu’à son champ ; un grand près au fond duquel trônait un noyer. C’était le but de l’expédition.
Les grands nous y rejoignirent… Il y avait encore beaucoup d’herbe pour les lapins et puis encore pas mal de noix.

Sur le chemin du retour, tout à coup, arriva Monsieur Charton avec sa traction avant. Après les salutations de courtoisie avec les grands, j’eu le privilège de monter à l’avant de la traction pour parcourir les quelques mètres séparant le champ de la maison de Grand-mère.

Je savais qu’au-delà de l’endroit d’où venait Monsieur Charton, il y avait le grand porche pour arriver dans la ferme de Grand-père Grégoire. C’était la maison ou avait vécu, jeune, maman Lucette. Il me semblait y avoir vu entrer une charrette de foin tirée par des bœufs.

Je constaterai, plus tard, que la mémoire retisse, retricote, réordonne … Ce souvenir s’est construit sur des bases de réalité, la disposition de la maison de Grand-mère était proche mais inexacte, la grange en particulier est aussi sur la droite et non sur la gauche… il est impossible d’apercevoir la ferme de Grand père Grégoire et il n’y a jamais eu de porche…

Philomène 1 : un vrai-faux souvenir Lire la suite »

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