Philomène 3 : la famille Cron

La famille de Philomène

Les parents de Philomène, Louis Cron et Justine Gabard se sont mariés à Boussais le1er juillet 1879.
Ils s’installent à la Chévrie, petit hameau perché sur sa colline, de la commune de Boussais, qui sera pour de longues années le lieu de vie principal de la famille Cron.

Ils vont avoir 6 enfants :
Joséphine en 1880
Joseph en 1882
Benoni en 1884
Philomène en 1887
Narcisse en 1891 qui décédera à l’âge de 2 mois
Albeline en 1893

Mais la vie des enfants Cron va n’être quasiment qu’une suite d’événements douloureux.

Le destin tragique de Joséphine Cron

Née le 27 février1880, Joséphine a 22 ans lorsqu’elle donne naissance à un fils, Henri Bénoni, le 8 avril 1902.C’est son père Louis qui vient à la mairie de Boussais pour déclarer la naissance de l’enfant. L’enfant est déclaré, né de père inconnu.

2 jours plus tard, le 10 avril 1902, Joséphine meurt des suites de l’accouchement.

L’enfant Henri Bénoni Cron est alors confié à la famille Bertaud. François Bertaud avec son épouse Eugénie accueille des enfants de l’hospice (recensement de Coût Pompaire Deux-Sèvres de 1891) ou des pupilles (recensement de 1901). A moins de 5 mois, Henri Bénoni meurt, le 25 août 1902.

La déclaration de décès est effectuée par Bachelier Sincère Jean, qui a alors 25 ans. Il est accompagné de François Bertaud. Il nous est permis de présumer que Bachelier Sincère Jean était le père « inconnu ». C’était un homme marié.

En effet, il s’était marié le 3 octobre 1899 à Pompaire avec Marie Euphrosine Fréjoux. A cette occasion le couple reconnut leur enfant « naturel », Clément Bachelier né, hors mariage, le 7 juillet 1894. Ce fils trouva la mort sur le champ de bataille le 28 février1915 à Zonnebeke en Belgique.

Le couple Bachelier – Fréjoux eu quatre autres enfants.

Autre destin tragique celui de Bénoni Cron

Benoni naît le 13 août 1884. Lors du recensement de 1906 à L’Hopiteau de Boussais, nous retrouvons Bénoni qui est laitier chez le fermier Aristide Roy. Il a 22 ans. Benoni meurt en 1910, à 26 ans, sans qu’on en connaisse la cause.

Le prénom Bénoni a été donné à 2 reprises dans la famille Cron. Benoni qui meurt à 26 ans et Henri Bénoni l’enfant de Joséphine mort à 5 mois.

Or l’étymologie du prénom Benoni vient de l’hébreu et se traduit : « fils de ma douleur ».
Nombre de parents, qui pensent, le prénom Bénoni, italien, à cause de sa sonorité, sont donc loin du compte. Par sa signification, c’est du féminin Dolorès que Benoni est le plus proche.

Le nom de « fils de ma douleur » était, hélas, on ne plus approprié… pour la famille Cron.

Le destin non moins tragique de Joseph Cron

Joseph nait le 29 mars 1882. Le 4 juillet 1910 il se marie à Coulonges-Thouarsais avec Marie Louise Mineau. A 32 ans, il est mobilisé le 1er août 1914 comme des milliers d’autres soldats. Il arrive au corps le 11 août 1914. Il est tué à Zonnebeke en Belgique le 27 novembre 1914.

La Bataille de Zonnebeke : « L’hiver oublié 1914-1915 » (BOSSY-GUERIN Sylvie, Histoire du 77ème RI, 18 octobre 2015)
En automne 1914, à Zonnebeke en Belgique, le 9ème corps français composé de 2 divisions dont le 77ème RI de Cholet et le 135ème RI d’Angers, de 2 divisions de cavalerie ainsi que l’armée anglaise combattent contre l’armée allemande.
Cette bataille détruit la ville de Zonnebeke, l’église, les maisons du village, des fermes. La population fuit le village et se dirige vers la France.
Les armes utilisées sont des canons avec des lancements d’obus ainsi que des fusils. Les soldats se réfugient dans des maisons bombardées ou campent dans des fossés et avancent vers l’ennemi en creusant des tranchées. Les conditions de vie sont difficiles avec en permanence le bruit des canons et le sifflement des obus. Les soldats sont souvent dehors dans les tranchées avec beaucoup de morts et de blessés, ils ne peuvent pas toujours dormir. Ils mangent des aliments froids, ils boivent peu d’eau parfois du vin « pinard ». Ils n’ont pas de toilettes, ont souvent des diarrhées et des maladies en lien avec le manque d’hygiène.

Selon les extraits des journaux de Georges Cottenceau et de Joseph Bellouard, la bataille a complètement détruit la ville, c’est une véritable boucherie quotidienne, les canons et les obus n’arrêtaient pas de se faire entendre, les blessés mutilés n’arrêtaient pas de se plaindre. Le bilan militaire Français est très lourd notamment entre le 23 octobre et le 13 novembre 1914.
En 21 jours il y a eu 7 529 morts, 24 571 blessés et 9 150 disparus.

Pour en savoir plus :
https://www.stleger.info/auguste/21le77eazonnebekebis.htm

La vie d’Albeline Cron, ne fut pas, non plus, un long fleuve tranquille

Albeline a 27 ans lorsqu’elle donne naissance à son fils Paul en 1920. Son fils est déclaré de père inconnu et porte le nom de sa mère.
N’étant pas en mesure d’élever son fils, elle le confie à sa sœur Philomène qui « l’adopte ».
Sa fille, Marie Philomène, naît trois ans plus tard dans les mêmes circonstances.

Albeline se marie, ensuite, avec Ernest Poignant en avril 1924, dont elle aura une fille Germaine en 1925.

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