PhildeFaire

Larmes

Alarme !
Les larmes
Coulent
Roulent
Sur ses joues
Couvertes de boue.

Malgré le poids des ans,
Les yeux pourtant,
Etincèlent.

Je décèle
Ce qu’elle recèle.
Son port altier
Son costume soigné
Révèlent.

Elégance
Intelligence
Pensées subtiles.

Quel chagrin inutile
A pu la blesser
A l’en faire pleurer ?

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L'œil de Courtès - Livres Hebdo

Franck Courtès – écrivain

Franck Courtes, né en 1964 à Paris a tout d’abord été un photographe reconnu avant de devenir écrivain.
Il a travaillé comme photographe portraitiste et reporter pour Les Inrockuptibles, Libération, Télérama, Le Monde… Il a exposé au Canada, à la galerie Courtieux à Suresne, aux Rencontres d’Arles en 1998, au festival de Cannes en 2000 pour Télérama, et dans diverses expositions collectives…
Il décide en 2011 d’abandonner la photographie pour se consacrer à l’écriture.
Franck Courtès publie des nouvelles et des romans depuis 2013.
Dans À pied d’œuvre, son dernier roman, il raconte son quotidien d’écrivain très pauvre. Sans jamais se poser en victime.

Franck Courtès – la vie en mode précaire – 5/09/2023 – ARTE – 28 minutes

Les ouvrages de Franck Courtès

Toute ressemblance avec le père (Littérature française) par [Franck Courtès]

« Au même âge que mon fils, je m’étais hissé au sommet d’une meule un soir, au bord du plateau. Je dominais la vallée de l’Ourcq. La nuit approchait. Les nuages venaient de loin et j’avais un peu froid. Devant moi, la terre brune, les bois sombres, le vent dans mon dos, dessinaient les contours du bonheur, les points cardinaux d’une boussole imaginaire. J’étais un cristal de garçon.»

Comment se défait-on des fantômes du passé?
Ils sont trois personnages, une mère et ses deux enfants, Mathis et Vinciane, à tenter de survivre après la mort accidentelle de Jacques. Si Mireille, inconsolable, s’est figée dans son destin de veuve d’un héros magnifié, Vinciane, elle, traverse les océans pour oublier. Quant à Mathis, prisonnier de l’image paternelle, il enchaîne les conquêtes et s’abîme dans la séduction. Tous se débattent mais le fantôme de Jacques rôde, un fantôme qui épouserait les fantasmes et les culpabilités de chacun.
Mais vient un jour où il faut solder les comptes et songer à l’avenir.

Sur une majeure partie de la France (Littérature française) par [Franck Courtès]

Comment raconter cette impression de dépossession quand je retourne à la campagne ? Une campagne où je n’ai pas grandi mais où j’ai fait grandir en moi, lors des weekends et des vacances, la certitude que la beauté était en péril ?
Inspiré par mes souvenirs, j’ai voulu dérouler les destins parallèles de deux enfants, Quentin et Gary, sur une période de trente années, dans un village situé à moins de 80 kilomètres de Paris, passé du paradis à l’enfer.
Enfant sensible, Quentin aime profondément la nature ; Gary, lui, inquiète déjà par sa sauvagerie et son agressivité. En grandissant, Quentin s’éprend d’une jeune fille nommée Anne ; ils échangent leurs premières étreintes tandis que Gary s’entoure d’un gang, vole, fume et se met à écouler de la drogue fournie par les Marocains de la cité voisine, allant jusqu’à embringuer le jeune frère de Quentin.

Les liens sacrés du mariage par [Franck Courtès]

« On peut s’aimer, s’en faire une fête, s’en vanter, l’afficher, croire qu’on a découvert le secret du bonheur, un jour les rouages se grippent. »

Les quatorze histoires qui composent ce recueil forment autant d’épisodes liés par deux thèmes communs : l’insoluble question du bonheur dans l’amour et le crépuscule de la passion. Dans cette anthologie du couple contemporain, des hommes et des femmes se débattent avec des sentiments trop grands pour eux. Inattendu, quiproquos et humour s’invitent dans le ballet qui se joue entre ces êtres qui s’attirent, s’affrontent, se blessent et se reconstruisent.
Saisissant avec brio l’essence d’un couple, d’un désir, d’une impossibilité, Franck Courtès confirme ici son talent de nouvelliste.

Autorisation de pratiquer la course à pied (Littérature française) par [Franck Courtès]

Les copains des maisons de campagne, un jeune homme confronté à la lâcheté, un père divorcé qui s’inscrit à un jeu télévisé pour conquérir ses enfants, une jeune femme qui sacrifie tout pour courir le marathon, un bobo parisien qui contemple le monde dans un restaurant japonais. 

Au cours de ces nouvelles, du cœur de la ville au cœur de la campagne, Franck Courtès déroule le fil ténu de nos vies. Il dit avec maestria ces tremblements de terre intimes et silencieux qui font basculer chacun de ses héros et qui les rendent si fragiles.

La dernière photo (Littérature française) par [Franck Courtès]

« La photographie était ma raison d’être. J’étais photographe. J’ai été extrêmement photographe, passionnément photographe, hanté par la photographie.
Mon amour immodéré s’est mué en une haine qui n’a d’égale que celle d’un amant trahi.  »
 
Franck Courtès fut photographe pendant vingt-six ans. Vingt-six années de passion, de voyages autour du monde et de rencontres, qui ont permis à celui qui fut un élève timide et rétif à l’autorité de tutoyer les plus grands. Arletty, Jean-Pierre Léaud, Jacques Demy, Iggy Pop, Michel Polnareff, Joey Starr, Karim Benzema, Jacques Derrida, Pierre Bérégovoy, Patrick Modiano : telles sont quelques-unes des personnalités que l’on croise au gré de ce récit foisonnant d’anecdotes, où Franck Courtès relate ces années au cours desquelles il s’est fait un nom.
En 2011, pourtant, il a remisé ses appareils, ses pellicules et ses archives, et renoncé définitivement à être photographe. Le dégoût du star-system, les exigences de plus en plus délirantes des célébrités comme des patrons de presse, les fins mercantiles des portraits de presse et l’avènement du tout-numérique ont eu raison de sa foi. Dans ce métier, il a bien failli se perdre lui-même ; en choisissant la voie de l’écriture, il s’est retrouvé. 
La dernière photo est le récit de cette passion, de ce désamour et de cette renaissance.

À pied d'œuvre par [Franck Courtès]

« Entre mon métier d’écrivain et celui de manœuvre, je ne suis socialement plus rien de précis. Je suis à la misère ce que cinq heures du soir en hiver sont à l’obscurité : il fait noir mais ce n’est pas encore la nuit. »

Voici l’histoire vraie d’un photographe à succès qui abandonne tout pour se consacrer à l’écriture, et découvre la pauvreté. Récit radical où se mêlent lucidité et autodérision, À pied d’œuvre est le livre d’un homme prêt à payer sa liberté au prix fort.

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Image de couverture de Armen

Armen Lubin – L’exil et l’écriture

Armen Lubin (1903-1974) est né à Istanbul sous le nom de Chahnour Kérestédjian. Persécuté, comme ses compatriotes arméniens, il doit quitter la Turquie à l’été 1923, devenant de fait apatride. À Paris, il fait ses premiers pas de poète français, sous l’aile d’André Salmon et de Jean Paulhan, qui le publiera chez Gallimard. Très vite atteint d’une affection tuberculeuse redoutable, le mal de Pott, il passera sa vie dans des hôpitaux et des sanatoriums de l’Assistance publique. Soutenu par ses amis, parmi lesquels Henri Thomas, Madeleine et Jean Follain, il continuera d’écrire malgré la maladie et la douleur.
Méditation sur l’exil, la perte et l’écriture, Armen est aussi le récit d’une affinité, d’une rencontre entre Hélène Gestern et son sujet. D’une ampleur incomparable, ce texte nous emporte dans les méandres de deux destinées que tout oppose et qui, pourtant, se répondent. C’est la première fois qu’Hélène Gestern livre avec pudeur quelques clés de son univers romanesque.

Quelques bribes de poèmes d’Armen Lubin

Jours de famine
La devanture n’est que rouge
Mais elle devient couleur sang-de-bœuf
Dès que sur la boutique peinte le soleil percute,
On a aussitôt un Bureau de Placement pour des brutes.

Vingt-quatre brutes se suivent dans une seule journée
Mais leur nombre s’était follement multiplié
À cause de la famine qui était grande, qui était debout,
Qui obligeait à manger avec des précautions lentes
Mais comme on ne mangeait que des clous,
Toujours la douleur faisait sentir sa pointe.

Et toujours on rompait les fils d’attente
Vers les hauteurs du boulevard de la Tempête
Où une pique en frappant à l’aveuglette
Restait fichée dans une poitrine vaincue,
Et toujours cela formait un angle aigu.

In Le passager clandestin, © Poésie/Gallimard, 2005

Les sans-patrie ont toujours tort
Puisqu’ils transportent du bois mort
Et campent dans de sombres garnis,
Chaque mur y a ses petites hernies.
Car c’est un hôtel moisi et croulant,
Sur une corde se balancent des piments.
Hôtel borgne dont l’oeil valide s’infecte,
Hôtel où les réfugiés et leurs dialectes
Se glissent par une vieille porte noircie

N’ayant plus de maison ni logis,
Plus de chambre où me mettre,
Je me suis fabriqué une fenêtre
Sans rien autour. […]

Se sont dépouillées les vieilles amours,
Mais la fenêtre dépourvue de glace
Gagne les hauteurs, elle se déplace,
Avec son cadre étonnant,

Qui n’est ni chair ni bois blanc,
Mais qui conserve la forme exacte
D’un oeil parcourant sans ciller
L’espace soumis, le temps rayé.

Et je reste suspendu au cadre qui file,
J’en suis la larme la plus inutile
Dans la nuit fermée, dans le petit jour,
Ils s’ouvrent à moi sans rien autour.

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Jour de pleine lune

Le long de l’eau de la rivière
Galopent les chevaux couleur de pierre
La lune rousse, faune échevelée
Suis le cheval blanc dans son galop ailé

La gazelle alléchée par ces prouesses galantes
Se vautre et se fait plus aimante.
La mouche vibre à l’appel silencieux des notes
L’oiseau piaffe et la croque.

La forêt mugit pour faire entendre qu’elle proteste
Un souffle de vent pousse les nuages
La dame des hautes cimes enrage
Pliée sous son fardeau, elle part, sans un geste

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Je suis le revanchard de toutes les révoltes

Je me sens nègre blanc,
Immigré togolais, arabe ou portugais
Je me sens breton de souche
De couches occitanes ou corses

Je suis le conteur social
De cette mère édentée qui trainent ses lardons
De ce lupen-prolétariat qui grouille
De ces éclopés, noirs émigrés
De ces prolos encagés, sortis de racines alcooliques
auto-mitraillés par la grisaille chaotique
De ces garnements dégoutés d’exister

Je suis la rage au ventre
Aux ventres creux de ces pouilleux
Sous alimentés de culture à 100 balles
De ces télé-fusillés dans leurs chaises bancales

Ce sont eux, les poinçonneurs divins
Qui, d’un coup de clef à molette
Eurent pu trancher la tête
Des banquiers véreux

Je suis le crachat, le dégoût, le vomissement
Je suis le revanchard de toutes les révoltes
Je suis cette appendice canularde
Qui vous bave sous le nez

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Hommage à qui ?

De tout mon cœur
Je me suis battu
Le gilet jaune
J’ai revêtu

Sur le rond-point
J’ai levé le poing
J’y suis venu
Et je t’ai vu

SOS amor
Tu m’as conquis
J’t’adores

L’automne
S’est parée
D’une langueur monotone
De 1er degré

La nuit,
Du satin blanc…
C’était pour une autre vie,
Ce n’était pas le moment

Lavabo
3ème porte à droite.
Dans le dos
Des coups de lattes.

Ne te fais pas
Des nœuds
Au cerveau
Sacrebleu

Croque note
Crois en eux
Adopte
Les mots bleus
Ceux qui font du bien
A son corps comme au tien

Ne laisse pas aller ton corps
Saute à l’élastique
Voleur d’amphores
Au fond des criques
Au pavillon des lauriers
C’est maintenant qu’il faut se réveiller
D’un amour aveugle
Si peu partagé

Au jardin des délices
Goûte à tous les épices
Qu’entre tes cuisses
Je me glisse

Que n’ai-je appris à skier
Que n’ai-je fondu
Sur ton balconnet
Sans m’y être perdu

Que n’ai-je pris l’Everest
Le devant et le reste
Aucun express ne m’emportera
Vers la félicité, vers le walhalla

Dans la généalogie
Je me suis perdu
Dans la géographie
Des petits ensembles
Des grands amphis

Malaxe l’automate
Mes circuits sont niqués
Y’a tout à remplacer
Dans cette boite crânienne
Celle qui était mienne

Paul a dit
Que l’orange était bleue
Mais Jacques a dit
Qu’il fallait ouvrir le parapluie
A Cherbourg ou ailleurs
L’Asie coule à mes oreilles
A Saint Jacques j’irai
A Beaugency ou Orléans
Pour retrouver la mémoire
Sur les tombes

Bombez le torse
Soldat
Par l’au-delà
Tu transmettras le morse
Des morceaux d’histoire
Disloquées, dispersées
Des morceaux de mémoire
A tes descendants

Magdelaine est allée
De Chambéry en Russie
A pied.
Comment est-elle revenue
Sans s’être perdue ?
Elle s’est retrouvée
A vendre des bondieuseries
A prendre des photographies.
Ne prend pas la fuite
Ecrit donc la suite

Ma petite entreprise
A bien connue la crise
Pour s’y retrouver
Dans toutes ces pensées

Soldat, sans joie
Va, déguerpi
L’amour t’a faussé compagnie

Ose ma jolie
Ne tourne pas le dos à la vie
Prends des trains à travers la plaine
Affronte tes tempêtes
Et comble ta quête

Impossible
De te satisfaire
De vaines espérances
Il faut te défaire.

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