Yasunari Kawabata , né le 11 juin 1899 à Osaka et mort le 16 avril 1972 à Zushi, est un écrivain japonais, prix Nobel de littérature en 1968 pour son roman “Pays de neige”.
Considéré comme un écrivain majeur du XXe siècle et obsédé par la quête du beau, la solitude et la mort, il a écrit en particulier des récits très courts, d’un dépouillement stylistique extrême, regroupés plus tard en recueils, mais ses œuvres les plus connues internationalement sont ses romans comme Pays de neige (1935-1947), Le Grondement de la montagne (1954), Les Belles Endormies (1960-1961) ou Kyôto (1962).
L’écrivain japonais Yasunari Kawabata (1899 – 1972), ici en 1968.
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Biographie
Yasunari Kawabata est un écrivain japonais considéré comme un écrivain majeur du XXe siècle.
Second enfant d’une famille de notable, Yasunari Kawabata a une sœur aînée. Son père exerce le métier de médecin. C’est un homme cultivé, se passionnant pour la poésie et la peinture. Mais, atteint de tuberculose, il décède un an après la naissance de Yasunari ; tout comme la mère de celui-ci quelques temps plus tard, des suites de la même maladie. Yasunari est alors confié à ses grands- parents paternels. Son grand-père réalise des investissements hasardeux qui le conduisent à la ruine.
Malgré tous ces évènements, les jeunes années de Yasunari se passent tranquillement. Cependant, l’angoisse et les frayeurs qu’il relate dans ses récits commencent à le hanter.
En 1915, alors qu’il a perdu ses grands-parents, ainsi que sa sœur, il est envoyé dans la pension du lycée de Ibaragi. En 1916, il y fait la connaissance de Kiyono, un camarade de chambrée, avec lequel il se lie intimement (« mon amour homosexuel »). Parti vivre à Tokyo en 1917, Yasunari entretient avec son amant une importante correspondance, qui dure jusqu’en 1921. Il racontera cette histoire dans L’adolescent (1948).
En 1919, il évolue au sein d’un cercle littéraire, qui tient débat dans un café à la mode. Il y rencontre Hatsuyo (Michiko dans ses récits), une jeune serveuse de quatorze ans, qu’il finit par épouser. Mais, celle-ci décide de rompre un mois après leur mariage.
Hatsuyo devient sa muse, son idéal de femme qui hante son écriture. Ce n’est que douze ans plus tard, en la revoyant que le charme semble se rompre définitivement. Déçu, l’artiste doute et se remet en question.
En 1924, il fonde avec des amis le journal littéraire « Bungei Jidai » (l’âge artistique), point de départ de l’école des « néo-perceptionistes », qui s’oppose au naturalisme populaire et au mouvement littéraire prolétarien.
En 1948, il devient Président du Pen Club japonais (association d’écrivains internationale) et en 1954 il est élu membre de l’Académie Japonaise des Arts.
En 1968, il reçoit le prix Nobel de littérature, devenant ainsi le premier écrivain nippon à obtenir cette distinction. Obsédé par la quête du beau, la solitude et la mort, il a écrit en particulier des récits très courts, d’un dépouillement stylistique extrême.
À la suite du suicide de plusieurs de ses amis (notamment Mishima), il se prononce contre le suicide. Pourtant, Yasunari Kawabata finit par se suicider. Il ne laisse ni explication ni testament.
Pays de neige
À trois reprises, Shimamura se retire dans une petite station thermale, au cœur des montagnes, pour y vivre un amour fou en même temps qu’une purification. Chaque image a un sens, l’empire des signes se révèle à la fois net et suggéré. Le spectacle des bois d’érable à l’approche de l’automne désigne à l’homme sa propre fragilité.
« Le rideau des montagnes, à l’arrière-plan, déployait déjà les riches teintes de l’automne sous le soleil couchant, ses rousseurs et ses rouilles, devant lesquelles, pour Shimamura, cette unique touche d’un vert timide, paradoxalement, prenait la teinte même de la mort. »
Les belles endormies
Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d’adolescentes endormies sous l’effet de puissants narcotiques.
Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l’enfance et au pardon de ses fautes.
Le grondement de la montagne
Dans l’air inerte d’une nuit d’été, un vieil homme entend – ou croit entendre – le grondement de la montagne. Ce rugissement venu du cœur de la Terre, lui seul semble le percevoir comme la révélation de sa fin prochaine. Notable en apparence calme et rangé, le vieil homme cache une personnalité hypersensible, inquiète, troublée par une vie intérieure agitée. Seules les splendeurs fugitives de la nature, les arabesques émouvantes des oiseaux et la silhouette blanche et délicate de sa jeune belle-fille parviennent à le distraire de son obsession et de son angoisse. Avec Le Grondement de la montagne, l’écrivain confronte son personnage, hanté par la vieillesse, la mort, le rêve impossible d’un érotisme lumineux, aux grands moments de sa vie, à ses déceptions, à ses échecs, à l’écoulement des saisons ou à la beauté éphémère d’un cerisier en fleur par un matin d’hiver.
La danseuse d’Izu
Yasunari Kawabata ne révéla peut-être jamais aussi bien que dans les cinq nouvelles de La Danseuse d’Izu la poésie, l’élégance, le raffinement exquis et la cruauté du Japon.
Est-ce là ce « délicat remue-ménage de l’âme » dont parlait le romancier et critique Jean Freustié ? Chacun de ces récits semble porter en lui une ombre douloureuse qui est comme la face cachée de la destinée.
Un vieillard s’enlise dans la compagnie d’oiseaux, un invalide contemple le monde dans un miroir, et ce miroir lui renvoie d’abord son propre visage dans une sorte de tête à tête avec la mort…
Rechercher le bonheur est aussi vain et aussi désespéré qu’apprivoiser une jeune danseuse, un couple de roitelets ou le reflet de la lune dans l’eau. Voici cinq textes limpides et mélancoliques, aussi pudiques sans doute dans l’expression que troublants dans les thèmes.
Tristesse et beauté
Chez Kawabata, les beautés élégiaques, qui se laissent dépouiller, abandonner, prostituer, éviscérer par amour, préparent en silence l’avènement des beautés pernicieuses, ces petits démons qui exécuteront autour du mâle la danse de la mort. Dans Tristesse et beauté, la mort esquisse ses premiers pas pendant que sonnent les cloches de fin d’année dans les monastères de Kyôto. Oki, le romancier vieillissant, cherche à revoir un ancien amour. Elle avait seize ans, lui plus de trente. Au lendemain de la rupture, elle avait trouvé refuge chez les fous, lui dans l’écriture d’un roman qui devait lui apporter argent et gloire. En sortant de chez les fous, elle choisit de ne plus se donner qu’à l’art et devint peintre renommé. Un quart de siècle plus tard, il tente de renouer avec le passé. Mais le destin a placé aux côtés de la femme peintre une élève de dix-sept ans, diaboliquement belle et diaboliquement dévouée à son professeur.
Kyôto
L’entente entre la nature et l’homme trouve sans doute son accomplissement dans Kyôto. Deux jumelles ont été séparées à leur naissance. Elevées dans des milieux différents, l’une à la ville, l’autre dans la montagne, vont-elles pouvoir se rejoindre, adultes, et se comprendre ? Au-delà de cette histoire limpide et bouleversante, c’est l’affrontement du Japon traditionnel et du Japon qui s’américanise chaque jour davantage, qui est ici mis en scène.
Ecrit en 1962, Kyôto est sans doute l’œuvre qui exprime le plus profondément le déchirement métaphysique et psychologique de l’écrivain japonais.
Le maître du tournoi de go
La plupart des professionnels du Go aiment aussi d’autres jeux, mais la passion du Maître présentait un caractère particulier : l’incapacité de jouer tranquillement, en laissant les choses suivre leur cours. Sa patience, son endurance s’avéraient infinies. Il jouait jour et nuit, pris par une obsession qui devenait troublante. Il s’agissait peut-être moins de dissiper des idées noires ou de charmer son ennui que d’une sorte d’abandon total au démon du jeu.
Chronique d’Asakusa
Leurs yeux se cherchèrent et au moment où leurs regards allaient se fondre, les bras de l’homme l’attirèrent vers lui et il posa son visage sur la jeune femme.
Imbécile ! dit Yumiko en repoussant la bouche de l’homme de la paume de sa main droite. Les dents n’étaient-elles pas teintées par le poison des pilules que Yumiko lui avait enfoncées dans la bouche ? Elles avaient fondu en libérant le liquide.
Décidément, tu n’es qu’un imbécile !
Akagi blêmit soudain et s’effondra.
Chronique d’Asakusa, ou la banale histoire de Yumiko, une jeune femme qui voulait croire aux merveilles de l’amour dans le Tokyo des années 30.
Les servantes d’auberge
Ici, la vie quotidienne de jeunes prostituées, pensionnaires d’une maison close dans une petite ville d’eaux ; là, les errances intérieures d’une femme frigide ; mais aussi, les vicissitudes sentimentales d’un homme obsédé par l’image d’une morte.
Trois récits, trois nouvelles qui se développent sur trois registres littéraires différents et qui témoignent des grandes orientations de l’oeuvre de Kawabata. La subtile peinture des sentiments et des sensations dans Illusions de cristal. La poésie et la palette colorée des saisons dans Les Servantes d’auberge. Les tours inquiétants d’une passion étrange dans Le Pourvoyeur de cadavres.
Nuée d’oiseaux blancs
Ce qui distingue Kawabata, ce sensualiste, c’est d’arriver à envelopper ses personnages d’une sorte de buée légère et tendre tout en gardant au récit une ligne très lisse, très nette, il fait naître d’étranges rapports entre ses amants…
Ses romans sont dominés par le blanc et nous sommes gagnés par cet éblouissement, par cette lumière incomparable, à ce point que nous avons tendance à oublier un fait majeur : le blanc, s’il est au Japon, comme en Occident, le symbole de la pureté.
Il est aussi la couleur funéraire, et pour bien comprendre Kawabata, il faut sans cesse penser que la vie, et la vie la plus physiquement amoureuse, la plus sensuelle, comporte toujours cet arrière-plan métaphysique le destin mortel de l’homme, jamais nommé et cependant apparent.