Voyage en train

Ils sont restés au pays, les fils d’ouvriers.
Ils ne sont pas blasés par les conversations de comptoir, de troquet ; habitués.
L’omnibus quotidien monotone rythme leur vie monocorde.
Il les emmène pourtant, surplombant la Loire en crue, majestueuse, traversant les forêts ombragées, dévoilant les châteaux d’eau, les vignes alignées, les champs, tout de verdure, endimanchés.

Les bribes du service, les lient au retraité qui rentre chez lui.
Le nivèlement de leurs envies est intervenu ;
La solennité ingrate du terroir leur renvoie son miroir.
Celui de ces moutons qui paissent, de ces champs qui s’étirent, de ce pays plat.

J’ai longtemps envié la quiétude de leurs certitudes.
J’aurai pu être des leurs.
Je suis de ce pays.
Mais, je ne parle plus leur langue.

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