Yasushi Inoué

Yasushi Inoué est un romancier japonais, né à Asahikawa , le 06 mai 1907, mort à Tokyo , le 29 janvier 1991.

Biographie

Fils d’un chirurgien militaire souvent muté, il est pendant un temps élevé par la maîtresse de son arrière grand-père, une ancienne geisha qu’il appelle grand-mère, alors qu’elle est étrangère à la famille Inoué. Il racontera plus tard cette enfance dans son roman autobiographique « Shirobamba ». Il est un pratiquant assidu du judo (ceinture noire).

Il écrit des poèmes dès 1929. Après des études en philosophie à Kyoto et une thèse sur Paul Valéry, il se lance dans la littérature en publiant des poèmes et nouvelles dans des magazines, puis dans le journalisme, carrière entrecoupée par le service militaire (1937-1938).

En 1949, il publie « Le fusil de chasse » et se fait connaître grâce à une nouvelle récompensée la même année par le prestigieux Prix Akutagawa : « Combats de taureaux ». Il se met ensuite à publier un grand nombre de romans et de nouvelles dont les thèmes sont souvent historiques et minutieusement documentés, comme « La Tuile de Tenpyō » (1957) « Le loup bleu » – roman sur Gengis Khan (1959) ou « Le Maître de thé » (1981).

En 1964, il est élu à l’Académie des Arts et préside l’Association littéraire japonaise de 1969 à 1972. Il reçoit l’Ordre National du Mérite en 1976. Il est également élu vice-président du PEN Club International en 1984.

Certaines de ses œuvres ont été adaptées au cinéma. « Le Sabre des Takeda » (en 1953) est adapté par Hiroshi Inagaki. « Asunarô » est adapté en 1955 par Akira Kurosawa et filmé par Hiromichi Horikawa. « Le Maître de thé » inspira Kei Kumai pour son film « La Mort d’un maître de thé » en 1989 qui obtint un Lion d’argent au Festival du film de Venise.

Le fusil de chasse

« A bout de forces, trop fatiguée pour bouger le petit doigt je laissai machinalement mon regard s’attacher à ton reflet sur la vitre. Tu avais fini de frotter le canon et tu remontais la culasse, que tu avais également nettoyée. Alors tu levas et abaissas plusieurs fois le fusil en épaulant à chaque fois. Mais peu après le fusil ne bougea plus. Tu l’appuyas fermement contre ton épaule et tu visas, en fermant un oeil. Je me rendis compte que le canon était manifestement dirigé vers mon dos. »

Le Fusil de chasse, ou les multiples facettes d’une impossible passion. Trois lettres, adressées au même homme par trois femmes différentes, forment la texture tragique de ce récit singulier. Au départ, une banale histoire d’adultère. A l’arrivée, l’une des plus belles histoires d’amour de la littérature contemporaine. Avec une formidable économie de moyens, dans une langue subtilement dépouillée, Yasushi Inoué donne la version éternelle du couple maudit.

Le combat de taureaux

Voici cinq nouvelles réunies par Yasushi Inoué lui-même parmi ses préférées. Combat de taureaux, qui reçut à sa parution le Prix Akutagawa, a placé Yasushi Inoué au premier rang de la scène littéraire japonaise. Avec Le Pic Kobandai de facture plus classique, nous remontons dans le temps, à travers le thème du suicide de deux amants.

Dans les trois autres récits, Yasushi Inoué nous parle de sa propre famille et surtout de quelques personnages marginaux qu’il affectionne particulièrement – une cousine qui aimait trop séduire ou la maîtresse de son arrière-grand-père qui, pour ne pas être chassée, avait littéralement pris en otage l’enfant que lui, Inoué, était alors.

Le faussaire

Le faussaire par Inoué

Le Faussaire est conté par un journaliste qui s’engage à écrire la biographie d’un des peintres les plus brillants de son temps. Les recherches qu’il entreprend dévient sans cesse vers un être mystérieux qui a laissé derrière lui de nombreuses imitations du grand maître. Qui est le faussaire ?

Cette question finit par passionner le narrateur bien plus que la vie du célèbre artiste. Le puzzle se recompose peu à peu, et l’on découvre comment un être ordinaire a été broyé par sa rencontre avec un génie. Le second récit propose une réflexion sur l’exil oscillant entre gravité et humour.

Une ancienne légende raconte qu’autrefois les vieilles femmes étaient abandonnées sur le mont Obasuté. C’est à travers le prisme de cette fable que l’auteur analyse sa propre histoire familiale.

Pleine Lune retrace l’ascension et la chute d’un homme d’affaires. L’écrivain, dans une langue simple et dépouillée, nous révèle toute la solitude et la faiblesse d’un personnage assoiffé de pouvoir.

Les chemins du désert

Les chemins du désert par Inoué

Au début du XIe siècle, un jeune Chinois, Xingte, s’en va vers l’ouest à la recherche d’un peuple en guerre contre la Chine des Song, les Xixia. Enrôlé de force dans l’armée Xixia, Xingte va participer aux batailles qui se déroulent dans des territoires immenses, contre les Chinois, les Ouighours, les Turfans, etc.

Mais cette aventure, de bataille en bataille, dans la violence inouïe de la guerre, dans le décor inhumain des déserts sans fin, est aussi la longue quête de l’homme devant le mystère de la vie.

Poussé par l’amour d’une princesse Ouighoure, Xingte emprunte une route difficile et va rencontrer deux hommes qui seront à la fois ses compagnons et ses ennemis. Mais leurs chemins, un instant réunis, vont se séparer, et chacun s’en ira vers son destin au plus profond des déserts.

Roman d’aventures et voyage initiatique qui n’est pas sans évoquer Le Désert des Tartares de Buzzati, Les chemins du désert est aussi un jeu avec l’Histoire. L’auteur a pris comme point de départ la découverte, au début du XXe siècle des grottes de Dun Huang, à l’ouest de la Chine.

Elles contenaient plus de vingt mille documents bouddhistes datant d’avant le XIe siècle. Personne n’a jamais expliqué le mystère de leur origine, et c’est cette histoire inconnue que nous raconte Yasushi Inoué dans Les chemins du désert.

La favorite

L’histoire des tragiques amours de l’empereur Siuan-tsong et de Yang Kouei-fei est aussi célèbre en Chine que celle de Tristan et Yseult en Occident. Cet empereur de la dynastie T’ang a réellement existé : il régna sur la Chine de 712 à 756, accompagné seize ans durant par la  » Précieuse épouse  » Yang Kouei-fei.

Dans ce livre, qui se lit comme un roman d’aventures, c’est la Chine médiévale qui s’anime avec le talent d’Inoue, sur la toile de fond de la vie luxueuse et insouciante du palais et des intrigues autour de ministres sanguinaires, de généraux ambitieux, d’eunuques intrigants ou de concubines habiles.

En arrière-plan des enjeux du pouvoir, les incursions barbares aux frontières cernent la Cour d’un danger toujours pressant qui se rapproche inexorablement jusqu’au dramatique dénouement.

Roman historique donc, où l’on reconnaît, comme dans les autres œuvres d’Inoue, un constant souci d’exactitude et de vérité qui nous fait entrer de plain-pied dans un huitième siècle chinois d’une étonnante actualité.

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