Je me sens nègre blanc,
Immigré togolais, arabe ou portugais
Je me sens breton de souche
De couches occitanes ou corses
Je suis le conteur social
De cette mère édentée qui trainent ses lardons
De ce lupen-prolétariat qui grouille
De ces éclopés, noirs émigrés
De ces prolos encagés, sortis de racines alcooliques
auto-mitraillés par la grisaille chaotique
De ces garnements dégoutés d’exister
Je suis la rage au ventre
Aux ventres creux de ces pouilleux
Sous alimentés de culture à 100 balles
De ces télé-fusillés dans leurs chaises bancales
Ce sont eux, les poinçonneurs divins
Qui, d’un coup de clef à molette
Eurent pu trancher la tête
Des banquiers véreux
Je suis le crachat, le dégoût, le vomissement
Je suis le revanchard de toutes les révoltes
Je suis cette appendice canularde
Qui vous bave sous le nez
La Crilousière