Village de Fontenay, commune de Mauzé-Thouarsais, nord du département des Deux Sèvres.
Nous sommes venus voir Grand-mère Paindessous (Philomène).
Nous n’étions pas venus voir Grand-père Paindessous, bien qu’il fût vivant et qu’il fût bien présent lors de cette visite. Je compris bien plus tard pourquoi nous venions voir Grand-mère Paindessous et non pas Grand-père et Grand-mère Paindessous.
Nous, c’était, maman Lucette, papa Marc, mon frère Jean Marc et moi. Je n’ai pas le souvenir que ma jeune sœur Anne ait été du voyage.
Comment étions-nous venus ? avec la 403 du Grand-père Georges ? à vélo ? … Thouars, Fontenay ce n’était pas tout près… (rue Frédéric Chopin Thouars > Fontenay : 1h30 à pied ; 30mn à vélo, 12 mn en voiture)
C’était probablement un dimanche d’Octobre… Pourquoi Octobre ? parce que dans mon souvenir il y a le ramassage des noix… Un dimanche d’Octobre, oui mais de quelle année ? 1962, j’avais 8 ans… 1964, j’en avais 10 ?
Pour arriver à la maison de Grand-mère Paindessous, nous entrions par un portail rouillé à deux battants dans une première cour. Sur la droite, une petite dépendance surmontée d’un grand figuier, sur la gauche une grande grange vide, en pierres, qui avait dû servir à entreposer du foin.
Cette cour, fermée par un mur de pierres donnait accès par un petit portail sur une deuxième cour. S’y trouvait un petit jardin de curé : plantes aromatiques, fleurs, persil, dominé par un arbre fruitier, un cerisier peut-être ?
Nous arrivions alors, enfin, à la maison de Grand-mère. On pénétrait dans la cuisine ou plutôt dans la pièce à vivre, comme nous dirions aujourd’hui. La pièce était basse, au centre s’y trouvait une grande table ronde encombrée de verres, d’assiettes, de tasses, de couverts. Face à nous étaient assis, Grand-mère, petite bonne femme ratatinée habillée de noir et Grand-père, grand bonhomme à la moustache en forme de guidon de course. Ils finissaient de prendre le café, la lampée de gnôle à portée de mains pour faire rincette.
Après que les grands eurent discutés, Grand-père nous emmena voir son jardin. On retraversa les deux cours puis la rue pour accéder par quelques marches, en ayant ouvert la porte étroite, à son jardin. Il était fier de nous montrer ses belles carottes, ses choux, ses bettes-cardes… (bette-carde : poirée)
Il nous entraina, ensuite, en prenant à droite en repartant de son jardin et longeant un haut mur, jusqu’à son champ ; un grand près au fond duquel trônait un noyer. C’était le but de l’expédition.
Les grands nous y rejoignirent… Il y avait encore beaucoup d’herbe pour les lapins et puis encore pas mal de noix.
Sur le chemin du retour, tout à coup, arriva Monsieur Charton avec sa traction avant. Après les salutations de courtoisie avec les grands, j’eu le privilège de monter à l’avant de la traction pour parcourir les quelques mètres séparant le champ de la maison de Grand-mère.
Je savais qu’au-delà de l’endroit d’où venait Monsieur Charton, il y avait le grand porche pour arriver dans la ferme de Grand-père Grégoire. C’était la maison ou avait vécu, jeune, maman Lucette. Il me semblait y avoir vu entrer une charrette de foin tirée par des bœufs.
Je constaterai, plus tard, que la mémoire retisse, retricote, réordonne … Ce souvenir s’est construit sur des bases de réalité, la disposition de la maison de Grand-mère était proche mais inexacte, la grange en particulier est aussi sur la droite et non sur la gauche… il est impossible d’apercevoir la ferme de Grand père Grégoire et il n’y a jamais eu de porche…