A la recherche d’un Yashica Mat 124 pour l’anniversaire de Louise
Nous sommes en février 2016. Nous allons fêter les 20 ans de Louise, le 27 avril prochain. La passion de Louise: la photo. Depuis quelques années déjà elle réalise des portraits. Des portraits de ses amies et connaissances qui deviennent devant l’objectif, des mannequins, des égéries pour des marques imaginaires. La découverte des photographes Vivian Maier et Saul Leiter, du peintre Edward Hopper lui ont donné l’envie de réaliser des photos de rue.
Des photos de rue… mais avec un appareil du type que celui que tient Vivian Maier dans son autoportrait ci-dessus, un reflex 6×6 type Rolleiflex. Oui, le Rollei, c’est la rolls de ce type d’appareil… Le prix est en conséquence. Le choix se porte vite sur un Lubitel, bof, bof… ou sur un Yashica. C’est pas mal, le Yashica, ça semble même bien…
La chasse au Yashica s’ouvre dès le début février pour être sûr d’en trouver un avant la date de l’anniversaire. Consultation de sites spécialisés dans la vente d’appareils photos anciens, de journaux, de revues s’enchainent. Peu de pistes réelles existent. Le Bon Coin, pourquoi pas ? Quelques annonces correspondent à ma recherche mais les vendeurs sont situés à Annecy, Strasbourg et Antibes. Un peu loin pour se déplacer et faire l’acquisition…
Une annonce attire mon attention. Un Yashica Mat 124 est à vendre au sein d’un lot d’appareils anciens. Le vendeur habite le Chateau d’Olonne en Vendée à 180 kms de Mazé. C’est jouable!!!
Un échange de mails a lieu avec le vendeur :
Annonce « Collection appareils photos, caméras, polaroïd » sur Leboncoin.fr
Bonjour,
Il reste 15 appareils anciens (2 ont été vendus le premier à droite sur la photo et le mini dans dans une housse cuir) et les caméras.
Pour le reste ils sont dispo, j’ai d’ailleurs en plus quelques plaques photos d’époque…
Faites moi une offre « sérieuse », et surtout dites moi si il faut les expédier, auquel cas prévoir les frais de transport en plus.
Cordialement
Serge Thomer
Monsieur Thomer est un collectionneur. Il se sépare de ses appareils photos. Il collectionne beaucoup d’autres objets et il déménage prochainement dans une maison plus petite. Il est ravi d’apprendre que sa collection est destinée à une jeune fille de 20 ans, passionnée de photos.
Nous convenons de nous retrouver, tout début mars, sur l’aire d’autoroute qui se trouve proche du site du Puy du Fou, pour faire l’échange.
La veille de notre rendez-vous, je reçois un appel téléphonique de l’épouse de Monsieur Thomer. Son mari a fait une chute alors qu’il effectuait une réparation sur le toit de leur maison. Il a été hospitalisé à Nantes, dans un état grave. Il ne pourra pas honorer la rencontre prévue.
La déception est grande.
Quelques jours plus tard, je rappelle Madame Thomer pour prendre des nouvelles de son mari.
Son état de santé est un peu moins grave que ce qu’elle avait imaginée, mais reste sérieux. Ils ont échangé au sujet des appareils. Son mari est désolé pour nous… Il propose que sa femme apporte la collection à Nantes et que notre rencontre ait lieu à l’hôpital…
Fin mars, après d’autres échanges, nous convenons finalement que je vienne au Château d’Olonne, rencontrer Madame Thomer pour prendre possession des appareils photos.
Au Château d’Olonne nous rencontrons Magdeleine
Madame Thomer, nous donne, tout d’abord, des nouvelles de son mari. Il va mieux. Puis, nous apporte les cartons contenant le trésor, dans l’entrée du sous-sol. Et des cartons, il y en a. Appareils photos, caméras, sacs, étuis de transport, le volume est plus important que ce que nous imaginions. Nous époussetons, trions et transportons les cartons dans notre voiture. Après quelques échanges et avoir pu voir les collections de cannes et de solex de son mari, nous prenons congé de Madame Thomer et prenons la direction du centre des Sables d’Olonne pour y trouver un restaurant de fruits de mer.
Alors que nous en étions au dessert, Madame Thomer nous rappelle. Pouvons nous revenir la voir. Elle a d’autres choses à nous montrer…
Elle nous montre une belle chambre photographique que Monsieur Thomer veut conserver et nous informe que l’un des appareils de la collection a été la propriété de l’une de ses ancêtres : Magdeleine Bernard.
Son arrière grand-mère, Magdeleine a eu une vie exceptionnelle. Partie en Russie à pied, elle est devenue préceptrice des enfants du Tsar Alexandre III. Revenue à Ars sur Formans, elle devient l’une des premières femmes photographes françaises.
Un article lui est consacré dans le document que nous montre Evelyne Thomer : « Ars sur Formans – Une grande histoire ».