PhildeFaire

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Philomène et Eulalie

Philomène et Eulalie
Sont devenues amies
Un jour de commémoration
Des morts de la Nation.

Auguste et André
Etaient nés, la même année.
Le 4 août 1914
Ils étaient enrôlés
Dans la grande mêlée.

Les deux poilus
Agés de trente ans
Avaient déjà vécus
Une vie de paysans.

Quitter cette vie
Quitter Philomène et Eulalie
Fut un grand déracinement
Un innommable arrachement.

Philomène et Eulalie
Firent l’apprentissage de la solitude
Leurs journées s’emplirent d’inquiétude
Ce fut le premier grand défi
De leurs jeunes vies

Elles apprirent à se débrouiller seule
Labourer, faucher, confectionner les meules
Par tous les temps, aller à pied
Apporter leurs légumes au marché

André, fut le premier à tomber
Depuis le début des combats
Il était à Verdun, assiégé
Début mars 1916, un shrapnel traversa
Son crâne de haut en bas

Auguste, lui, résista plus longtemps
Il prenait des nouvelles, de temps en temps
De Philomène et de la petite Marie-Anne
Qu’ils avaient adoptée de toutes leurs âmes

En avril 1918, ce fut son tour
A Grivesnes, dans la Somme
Une balle le cueillit au détour
Il n’eut plus de visage d’homme

Au pied du monument aux morts
Une fois que les clairons se turent
Le destin changea leurs sorts
Philomène et Eulalie se reconnurent

De veuves, elles devinrent combattantes
D’envies envahissantes, rassurantes, réconfortantes
Elles allaient, vivre à fond la vie, à chaque instant
Laisser sur le bord du chemin, les tourments

Eulalie se souvenait maintenant
De tous ces délicieux moments
Vécus avec Philomène, son amie
Qui était, elle aussi, à son tour, partie.

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En espoir de cause – 1

Mobilisons-nous !
Battons-nous !
Défendons-nous !
Notre cause est juste
Lynchons les injustes

De quelle cause parlons-nous ?
D’une cause, brève de comptoir ?
Porteuse de désespoir :
De nos élus, tous vendus,
Repus, corrompus…
De la vie chère
Bien trop chère…
De la planète qui s’échauffe, 
Se réchauffe…
De causes perdues
De malentendus
Trop bien entretenus…

De quelles causes causons-nous ?
De l’incapacité à penser l’avenir,
D’anticiper, de prévoir, de planifier…
De l’incapacité à accueillir,
A intégrer, à insérer…
De l’incapacité à réjouir,
La jeunesse
Par de vaines promesses
De travail émancipateur,
De paysages charmeurs…

Engageons-nous
A soutenir nos proches
A nourrir les oiseaux
A prendre soin des ânes

Engageons-nous
Sans gilet jaune,
Vert, rouge ou bleu
A être debout

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Ouverture de l’entaille

Je n’ai pas su voir l’entaille,
provoquée par l’ancienne collision,
que j’avais oubliée.

Je connais pourtant tes cicatrices
par bien des côtés conductrices
et créatrices d’incertitudes.

Le train a poursuivi sa chute
Je ne l’ai pas vu venir
Seules les odeurs de cendres et de rouille
ont été restituées.

Nous pensions bien faire en fermant l’enclos
Nous nous y pensions à l’abri, à niveau.
Il n’en fut rien
La porte s’est ouverte
sur un avenir incertain.

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Impermanence

Lamentations, intransigeance et force
Ne servent à rien
Vieilles photos et souvenirs
Ne sont qu’illusions reconstruites

La permanence des faits
N’existe pas
La fugacité, la fragilité
Sont la réalité

L’instant est roi
Le temps coule entre nos doigts
L’adaptation au déséquilibre,
A l’impermanence
Guide nos pas

Le passé est reconstruit
L’avenir se désire
D’illusions
Nous vivons

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Les hyènes et l’éléphant

L’éléphant de porcelaine
Est très en colère
Il marche avec haine
Sur le troupeau de hyènes
Qui s’est figé dans sa fuite

Va-t-il se lancer à leur poursuite ?
Ou bien s’immobiliser
Dans sa hargne vengeresse ?
La harde montre toute sa détresse
De l’avoir provoqué

La matriarche s’est muée
En protectrice de l’éléphanteau d’albâtre
Posé sur le manteau de la cheminée
Elle reproche aux hyènes
De s’être interposées

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Le dépit des pies

Quatre pies
S’écrient
Postées en sentinelles
A la cime des sapins

Qu’est-ce qu’elles épient ?
De quels ennemis
Se méfient elles
Pour battre ainsi des ailes

J’ai trouvé
Au pied du gros charme
L’un des parents pie
Mort

A-t-il été victime
D’une baie assassine ?
D’un choc brutal ?
D’un vil animal ?

J’ai admiré :
Le puissant bec,
Les serres acérées,
Les plumes vertes et bleues
Etagées
Sur le plumage noir et blanc

J’ai transporté
Le corps
Dans le champ d’à côté
Pour dernière demeure

Je fus surpris
De voir
Les quatre pies
Descendre et tournoyer
S’écrier, s’écrier
En un dernier adieu

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Coup de vent

Le vent
Balaie le jardin
D’un courant d’air
Déplaisant

Deux papillons
Paon de jour
Volettent
Entre les rangs de poireaux

Le thym
Exhale son parfum
A l’effleurement
De la main

Les framboises tentatrices
Laissent entrevoir
Leur couleur pourpre
Au détour du feuillage

Le jardin, sans bruit
S’épanouit, serein
Malgré le vent
A contre-courant

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Caroline Bardua, Portrait de Caspar David Friedrich

Caspar David Friedrich peintre majeur du romantisme allemand

Maître du paysage tragique, Caspar David Friedrich (1774–1840) est l’un des peintres majeurs du romantisme allemand. L’artiste, en quête de transcendance, est connu pour avoir représenté la nature dans sa dimension mystique et spirituelle. Plus que la beauté, c’est du sublime dont il est question dans les œuvres de Caspar Friedrich, très loin des courants réalistes qui s’exprimaient dans les écoles du paysage à cette époque, en France comme en Angleterre.

Biographie

Originaire d’une petite ville dans le nord de l’Allemagne, Caspar Friedrich voit le jour le 5 septembre 1774 à Greifswald dans une famille de commerçants aisés. Le jeune garçon est confronté très jeune à la mort, celle de sa mère puis de plusieurs de ses frères et sœurs. La disparition de son frère Johann, est d’autant plus tragique pour Caspar qu’il est mort en le sauvant d’une noyade certaine dans la mer baltique.

Féru de dessin, Friedrich deviendra véritablement paysagiste au Danemark, lorsqu’il part étudier à l’Académie royale des Beaux-arts, de 1794 à 1798. Le jeune peintre s’établit à Dresde, une ville dynamique sur le plan des arts ou il se fait connaitre principalement comme dessinateur. Il est apprécié pour ses paysages. Le succès tarde et l’artiste est en proie à des crises de dépression sévères qui le poussent à envisager le suicide.

À l’âge de 30 ans, Friedrich voit son horizon s’éclaircir. Il obtient un prix au concours de Weimar grâce à ses dessins. À cette occasion, il entre en contact avec Goethe, son aîné de 20 ans, dont les théories sur la couleur l’influencent. Avec le poète allemand, il voit dans la nature la manifestation du divin. C’est à cette époque seulement, vers 1807, que Friedrich se met à peindre.

Ses paysages sont le reflet de questionnements intérieurs et mystiques. Pour l’artiste, très pieux, la nature était le cadre de la rencontre possible entre l’humain et le divin. Les personnages paraissent généralement fragiles face à la monumentalité de la nature, qui s’impose avec puissance.
Dans les années 1810, Friedrich acquiert une reconnaissance certaine, ses œuvres sont achetées par le roi de Prusse, il devient membre de l’Académie de Berlin, puis de l’Académie de Dresde.

Le peintre se marie en 1818 avec Caroline Boomer. Trois enfants naîtront de cette union.

Friedrich tombe malade en 1824. Son état s’aggrave en 1826, et il souffre d’un délire de persécution qui l’éloigne d’un bon nombre de ses amis. Pendant cette période, il peint peu, mais en 1827, il se remet à la peinture à l’huile. En 1835, une congestion cérébrale le laisse paralysé. Il meurt le 7 mai 1840 à Dresde, à l’âge de 65 ans et est enterré dans le cimetière de la Sainte-Trinité de Dresde

En 1834, lors de la visite de l’atelier de Friedrich, le sculpteur David d’Angers a un mot célèbre pour définir l’art de Friedrich : « Cet homme a découvert la tragédie du paysage. »

Œuvres de Caspar David Friedrich

Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes
L’Abbaye dans une forêt de chênes Caspar David Friedrich – 1809

Acheté par le roi de Prusse, ce paysage représente des moines accompagnant un cercueil vers les ruines d’une abbaye, au crépuscule. Ils sont venus enterrer l’un des leurs. C’est une scène mystique, qui associe la mort à la désolation du paysage. L’atmosphère est pleinement gothique. Il est possible que cette œuvre ait été peinte par un Friedrich animé d’intentions patriotiques, les chênes symbolisant les héros blessés de l’Allemagne après les guerres napoléoniennes.

Caspar David Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages
Voyageur contemplant une mer de nuages – Caspar David Friedrich – 1818

Un homme solitaire, vêtu de manière élégante et nullement apprêté pour affronter la montagne, tourne le dos au spectateur. Il contemple un paysage imaginaire et tragique qui s’étend à l’infini, entre rochers et nuages. Friedrich met l’homme face à sa destinée : elle sera peuplée de périls et de rêves, et son accomplissement se fera au prix d’épreuves. C’est ainsi que Friedrich considérait l’expérience intérieure et spirituelle, comme un chemin ardu devant mener au divin.

Caspar David Friedrich, Falaises de craie à Rügen
Falaises de craie à Rügen – Caspar David Friedrich – 1818–1819

Trois promeneurs se trouvent au bord de l’abîme, symbolisée par une falaise escarpée. Au loin, se déploie la beauté calme et infinie de la mer. Le génie de ce tableau réside dans la composition qui crée un effet de progression du tragique vers l’harmonie. Il s’agit bien plus qu’une peinture de genre ou d’un paysage pittoresque. Friedrich donne à réfléchir sur les épreuves qui conduisent la vie des Hommes, fragiles silhouettes toujours prêtes à basculer dans le vide avant d’atteindre la plénitude. De nombreuses hypothèses ont été tentées quant à l’identité des personnages, qui pourraient compter un autoportrait de l’artiste.

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Le Lever de lune sur la mer – Caspar David Friedrich – 1821
Femme à la fenêtre – Caspar David Friedrich – 1822.
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L’arbre aux Corbeaux – Caspar David Friedrich – 1822
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La Mer de glace – Caspar David Friedrich – 1823-1824
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Homme et Femme contemplant la Lune – Caspar David Friedrich – 1824
Les Âges de la vie – Caspar David Friedrich – 1834

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Zaho de Sagazan : l’ascension d’une sensible

À 24 ans, la chanteuse à la voix profondément remuante est passée de quasi-inconnue à nouvel espoir de la chanson française. Elle a reçu quatre Victoires de la Musique lors de la dernière cérémonie – sur cinq nominations. Lors de la remise de la Victoire de la Chanson de l’année « Être sensible, c’est être vivant, et on n’est jamais trop vivant ! », a déclaré dans son émouvant discours de remerciement l’artiste qui a longtemps cru que son extrême sensibilité était un défaut… jusqu’à ce qu’elle comprenne que c’était sa principale qualité.

Avec son lyrisme, ses textes qui parlent d’amour et qui touchent à l’essentiel, la filiation de Zaho de Sagazan avec Barbara saute aux yeux. Et elle l’assume complètement. « C’est une artiste que j’ai énormément écoutée et je me suis beaucoup inspirée d’elle. »

C’est en écoutant Barbara, mais aussi Brel et d’autres grands noms du répertoire français que Zaho a compris que les émotions transmises par une chanson pouvaient être universelles et qu’elle a découvert le pouvoir des mots. « J’avais de la difficulté à m’exprimer. C’était vraiment horrible d’être incomprise » … Après le pouvoir des mots, elle a découvert celui de la voix, puis de la mélodie, puis celui de la musique électronique.
« Et là je me suis dit ah : si tu mets les quatre ensemble… »

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Jardin torturé

La valériane
Et les lavandes
Se côtoient
Mais, ne s’apprécient pas

Les acanthes
Dressent
Leurs hampes
Avec mépris

Chaque matin
Le romarin
Lance
Des appels incertains

Le lilas
Dévoile
Ses grappes pyramidales
Rose violet suranné

Pas très odorifères
Cette année

Le saule
De bienvenue
A perdu
De sa superbe

Il est amputé
De sa moitié.

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