Georges Chabosseau, mon grand-père paternel est né le 13 février 1902 à Boucoeur, hameau de la commune de Saint-Varent dans le nord des Deux-Sèvres.
A 9 ans il est placé comme garçon de ferme. A 10 ans, son père meurt de trop d’alcool dans une rue de Thouars. A 14 ans, son oncle Louis Auguste Chabosseau le prend sous son aile. Ils vont ramasser œufs, volailles, cochons dans les fermes puis les transportent et les vendent à Thouars. C’est le début de l’amour de Georges pour la mécanique, les camions, le transport.
Le camion qu’ils utilisent a été construit par le constructeur automobile Marius Berliet à Lyon en 1912 – 1913. A partir de 1914, la production de ce camion sera exclusivement réservée à l’armée pour le transport des troupes et du matériel d’intendance.
Le 13 février 1922, Georges a 20 ans. Il est mobilisé au bureau de recrutement de Niort avec le grade de 2ème classe. Sur le fascicule de mobilisation, il est indiqué qu’il habite Louzy et exerce la profession d’entrepreneur de transports. Il a probablement continué et développé l’activité exercée avec son oncle.
Il est affecté au Centre de mobilisation du Train quartier Langlois (la caserne Verneau, aujourd’hui) à Angers. Il rejoint ensuite Bordeaux pour embarquer, destination Casablanca au Maroc.
Georges fait son service militaire au sein de la 1ère compagnie du 123ème Escadron du Train des Equipages Automobiles. Arrivé simple soldat, il est tout d’abord mécanicien monteur, il obtient le permis de conduire, devient chauffeur de camion puis chauffeur du colonel.
Au début des années 30, Georges avec 3 associés créent une entreprise de transport.
Ils transportent principalement des cailloux pour remblayer les routes et les chemins qu’ils chargent dans les carrières de la Gouraudière et de Ligron.
En juin 1940, lors de l’exode, la famille Chabosseau, celles des associés de mon grand-père et d’autres thouarsais s’entassent dans deux camions et trois voitures, direction le sud. Ils descendent jusqu’à Captieux puis Maillas dans les Landes près de Mont de Marsan ou ils arrivent le 21 juin 1940. Ce jour-là, les Allemands s’emparent de Thouars.
Le 9 juillet 1940, mon grand-père Georges, dépose à la mairie de Maillas, son fusil de chasse et ses cartouches. La famille Chabosseau, les familles des associés et des réfugiés belges s’entassent dans les véhicules pour remonter à Thouars.
Le camion est un Unic CD 2 produit dans l’usine Codra (Compagnie des Diesels Rapides, d’où le sigle CD), à Puteaux. Il est équipé d’un moteur diesel quatre temps à chambre de précombustion permettant une charge totale de 8 tonnes. Il a été fabriqué de 1932 à 1938. En mai 1940, la situation militaire de la France se dégrade au point que la direction d’Unic décide de déplacer tout l’outil de production dans l’usine Marot de Niort.
Au début des années 50, mon grand-père Georges, se sépare de ses associés et crée sa propre société de transport. Mon père Marc le rejoindra quelques années plus tard.
À partir de 1952, Unic est complètement intégré dans le groupe Simca et en devient la division véhicules industriels. Au Salon du véhicule industriel 1954, la nouvelle cabine Unic remporte la médaille d’argent ! Très reconnaissable à sa ligne moderne et à sa calandre ornée de 3 barres, elle préfigure un rajeunissement complet des modèles.
La société de transports Chabosseau a eu une activité artisanale de transport de fourrages, de céréales, de résidus d’huile de palme qui étaient incorporés aux aliments destinés au bétail, d’engrais, de bois pour la menuiserie, de plâtre pour la construction pendant une trentaine d’années des années 50 à sa cessation d’activité en 1978.
Dans les années 1960-1970 j’ai passé de longues journées dans le CD2 des années 30, toujours en service, dans le Lautaret qui m’a bien souvent conduit de Thouars en Normandie, de Normandie à Paris puis de Paris à Thouars
Les moyens de transport existent depuis la nuit des temps et ont évoluer en fonction des évolutions et découvertes : le bateau, la roue, la traction animale, la machine à vapeur, les chemins de fer, l’automobile, l’aviation, les containers…
Le transport routier est depuis les années 50 une composante essentielle de la chaîne d’approvisionnement. Le mot camion tire probablement son origine d’une parenté avec chemin (camino en espagnol par exemple) ou avec le latin chamulcus (« charriot bas »)…
Ce moteur de développement qui a grandement contribué aux 30 glorieuses est désormais remis en question : comment le transport de marchandise va-t-il pouvoir évoluer ? va-t-on trouver de nouvelles technologies plus performantes, plus rapides, plus efficaces et moins coûteuses ? et surtout, plus écologiques ?