Poèmes à la une

Le lecteur égaré

Rébus, glyphe, graphe
Des signes pour raconter
Des lignes dictées
Pour maitriser l’orthographe

A Sumer les premiers signes
Comptent les ânes
Distribués à un cultivateur
A un forgeron, à un corroyeur

Que de lignes tracées depuis
Pour dire l’histoire
L’amour, la haine
Entre les hommes

Les langues parlées sur terre
Sont-elles issues d’une même langue mère ?
Polémiques ou polyphonies
De livres imprimés

Le cimetière des livres oubliés
N’est pas situé qu’à Barcelone
Nombreux sont ceux
Qui attendent le lecteur égaré

Le lecteur égaré Lire la suite »

Fais-moi signe

En prémices de l’écriture,
les Egyptiens et les Mésopotamiens
utilisaient le rébus
J’attendrai la pré-Miss à la ré’d’bus
A la raie de bulles
A quelle heure est l’arrêt ?
A l’arrêt de bus
La pré-Miss montrait ses cuisses
Et ses yeux de biche surlignés
Point à la ligne.

En écriture sumérienne encore utilisée
Par les scribes de Babylone
En hiéroglyphes où en alphabets
Arabe, chinois ou romain
Fais-moi signe :
Donne-moi des nouvelles de la pré-Miss,
Au prochain arrêt. 
Elle est tombée, de Charybde en Scylla.

Si la suite en sol
Se conjuguait au présent
Dans un futur lointain
L’écrit serait dépassé
Plus de plume, de parchemin
Plus de crayon, de vélin
Plus de stylo, de papier
Le cunéiforme numérique eu les faveurs
De la pré-Miss, un temps

Temps de chien, temps de gueux
A la queue, leu leu
Le temps s’est obscurci
Pour l’écrit
Par le Cri de Munch,
Les cris s’élèvent
Cri, y es-tu ?

Le dit et le redit
Ont pris la place
Les douleurs se déplacent
La place publique
Est devenue agora
Au fil des arrêts
Jusqu’à la station Javert.

Jean Valjean n’y mendiait plus,
Il regarda passer la pré-Miss
Dans un coup d’œil complice
En un vœu muet,
Il lui demanda de lui faire signe
De lui écrire,
Des lignes de poèmes foutraques
Des envolées fantasques
De tomber le masque
Pour toucher le sensible
Quel que soit le support et l’outil

Deviendra-t-elle utile dans l’urgence ?
Du devoir d’écrire
Des dictées contraignantes
Des emphases délirantes
Des vers, crachats de l’âme
De soi

Galimatias, que tout ça !
Revenir aux rébus
Aux rebuts, aux débuts
Garder le signe en tête,
L’utiliser en en-tête,
En corps de texte
Où en conclusion
En arial, times ou roman,
En vers ou en prose
Ecrire sur soi, sur d’autres
S’écrire à soi ou aux autres

Fais-moi signe Lire la suite »

Nous ne parlerons plus

Nous ne ferons plus revivre
ta maman, Marie-Anne, et son amour des chats.

Nous ne ferons plus revivre
ton papa, Hubert, la ferme de Fontenay,
tes trajets pour aller à l’école, l’hiver, à travers champs.

Nous ne ferons plus revivre
Philomène, ta grand-mère de cœur,
qui avait recueilli Marie-Anne, à l’âge de quatre ans,
au décès de sa maman.

Nous ne ferons plus revivre
Georges, garçon de ferme à neuf ans,
qui apprit à lire tout seul

Nous ne ferons plus revivre
Albertine, qui n’aurait jamais cru,
que tu puisses faire cela pour elle,
lorsque tu l’as accompagné jusqu’à son dernier souffle.

Nous n’évoquerons plus
nous, tes enfants,
nos bobos, petits et gros.

Nous n’évoquerons plus
les études de l’un ou de l’autre,
de tes petits enfants,
leurs débuts dans leur vie d’adultes.

Nous n’évoquerons plus
tes arrière-petits-enfants,
le seul qui était né
avant que tu partes,
et ceux qui sont arrivés depuis.

Nous ne parlerons plus
des ânes, qui te rappelaient ton enfance.

Nous ne parlerons plus
des oiseaux, le Gros Bec qui était venu te rendre visite,
les chardonnerets qui venaient d’arriver,
les mésanges, pour qui, tu préparais des noix,
que nous avions, quelques fois, chapardées ensemble.

Nous ne parlerons plus
de papa, dont tu n’as jamais accepté le décès.

Tu es partie, au même âge que lui,
comme lui, en février, un samedi.

Pour parler de toi,
on ne fait qu’évoquer les autres.

C’était ta vie,
venir en aide, consoler,
les tiens et d’autres.

Tu ne voulais pas déranger,
pas demander,
pas te plaindre.

« tant que ça va comme ça,
il n’y a pas à se plaindre. »
Disais-tu.

Lundi dernier, tu ne parlais presque plus,
alors que je me frictionnais le genou,
tu m’as demandé si j’avais mal.

C’était tout toi.

Nous ne parlerons plus Lire la suite »

Retour en haut